chapitre 2

Plus tard dans la soirée, Matteo me présente une jeune femme rousse sortie tout droit d'un magazine de mode. Elle s'appelle Elsie et d'après ce que j'ai compris, elle est très busy dans sa chambre. Elle m'a adressé à peine un regard avant de se réfugier dans sa chambre qui au fond du couloir.

Si son comportement m'a intrigué alors ceux des autres amis de Matteo sont dans un autre level.

Je suis actuellement entourée de mecs. Un verre de coca dans la main, je me sens terriblement mal à l'aise et si je le pouvais j'échangerai ma place avec un grand plaisir.

Quelques potes de Matteo sont arrivés et ce que j'ai compris, ils ont une revanche à faire. Et cette revanche se passe dans un jeu vidéo à la con.

D'un air blasé, je regarde l'écran avant qu'un type prénommé Gael se met à hurler comme une chat victime de ses chaleurs.

— Boom ! Matteo tu me dois un sacré pactole !

Rageux, mon frère lui balance une liasse de billet et je faillis de recracher ma boisson sur le mec en face de moi. J'observe chaque réaction de chaque mec mais aucun semble surpris de tout cet argent ! Genre il n'y a que moi qui suis stupéfaite par ce qu'il vient de se passer ?

Du moins, ce n'est pas une scène banal ce qu'il vient de se passer.

— Tu verras petit enculé, je vais me venger la prochaine fois, siffle Matteo avant de finir sa bière en une traite.

Gael le nargue avant de fourrer l'argent qu'il a gagné dans sa poche avant de s'éclipser à l'étage.

— Ton frère m'avait dire que tu as l'intention de continuer tes études, tu penses que tu vas t'y faire ici ? Ici, ce n'est pas comme aux states, s'exclame Antonio, le mec en face de moi.

Je hausse mollement mes épaules.

— Merci de me le rappeler que le Mexique n'est pas comme les USA. Cependant, ça me tient à coeur de terminer mes études.

— Étudier les plantes t'excitent vraiment ? pouffe-t-il avec un regard taquin. Tu es vraiment le contraire de ton frangin.

— Comment est Matteo ?

Antonio garde le silence et semble songeur pendant quelques instants.

— Matteo est un mec brutal mais attentionné. Il est manipulateur mais il manque de logique. Il est un peu comme l'eau et le feu. Je vais te faire une confession, ton frère était excité du fait que tu viennes vivre ici et c'est rare qu'on le voit dans cet état.

Je me contente d'acquiescer et fixe de loin Matteo bavarder avec ses potes. Je me considère comme chanceuse d'avoir Matteo dans ma foutue vie. Il s'en fiche royalement que nous n'avons pas la même mère ou que nous nos voyons rarement ! Il m'accepte malgré cette différence qui peut prendre une grande importance dans certaines familles.

Papa doit certainement être heureux que ses deux enfants s'entendent à merveille et je sais qu'il est fier que Matteo prend à coeur son rôle de grand frère.

Pour moi, ça me fait chaud au coeur qu'il a pensé à moi. S'il n'avait pas proposé son aide, je serai actuellement à la rue... juste à cette pensée, des frissons d'effroi me parcourent tout le corps.

— Je pense que je vais aller dormir, j'annonce à Antonio en me levant doucement.

— D'accord, bonne nuit et fait attention à toi, me dit-il avant se lever.

Il embrasse le haut de mon front avant de rejoindre mon frère. Moi, telle une conne je reste stoïque face à ce qu'il vient se passer avant de retrouver usage de mes jambes. Je rêve ou bien, il m'a vraiment embrassé le front ?

C'est bien ou non ?

C'est un simple geste ou bien c'est plus que ça ?

En m'avançant dans le couloir qui me mène à ma chambre, j'entends des cris étouffés et cela provient de la chambre d'Elsie. D'abord inquiète si quelque chose de mal se produit, je m'approche de sa chambre mais à chaque pas je distingue que les cris sont... des cris de plaisir ?

Eh bien, moi qui la croyais timide... elle doit sûrement bien s'amuser avec ses deux jambes levées !

Avec un sourire amusé, je tourne les talons et décide de me réfugier dans ma nouvelle chambre.

*
**

Deux jours se sont passés après mon arrivée. Avec Matteo, nous sommes partis au centre ville et je ne savais pas qu'il avait du goût pour la mode. Si au départ j'étais choqué par ce petit détail un autre truc m'a surpris avec lui. Matteo m'a pratiquement emmené dans des magasins de luxe. Oui je parle bien Louis Vuitton, Chanel, Dior...

Le pire c'est qu'il m'a forcé à essayer des vêtements qui sont non seulement affreux mais qui ont  plus de valeur que ma propre personne !

Matteo doit certainement être très haut placé dans son entreprise. Lui même porte des fringues que je n'oserais jamais me le permettre.

Je n'ai jamais été habitué à porter des fringues chères. Papa était simplement un ouvrier et cela arrivait qu'on ne mangeait pas assez bien mais il a tout fait que j'ai un morceau pain à me mettre sous la dent. Grâce à nos conditions de vie, je me suis habituée à me contenter de ce que j'ai et si je voulais m'acheter des fringues, je partais dans des friperies ou dans des brocantes car on peut bien trouver des petites merveilles à des prix imbattables.

Mais là, j'ai l'impression que ma vie a changé de sens et je n'apprécie pas du tout ça. Je n'aime pas porter des bouts de tissus chères, ça ne me correspond pas et là, face à cette paire de talons de Chanel, je pousse un soupir désespéré avant de la ranger.

Je sors de ma chambre accompagné de mon sac à dos. Matteo m'a filé un peu d'argent et j'ai bien l'intention de m'acheter des fringues dans lesquels je me sentirais à l'aise.

Je suis plus la meuf qui adore porter ses salopettes larges que des robes collant qui compressent les poumons !

Non, Mira est fidèle a elle même et pour rien au monde je changerai !

— Eh Almira ! Tu vas où comment ça !

Je pivote sur moi-même avant de croiser le regard ambré d'Elsie. Oh comme par hasard, elle m'adresse la parole !

— En ville, pourquoi ?

— En ville ? Matteo ne t'a pas interdit ? me demande-t-elle avec les sourcils froncés.

— Non... et puis il sait que je l'écoute jamais.

— Je te conseille de ne pas y aller en ville, aujourd'hui. C'est dangereux. Surtout aujourd'hui, m'avertit la rousse avec un regard d'avertissement.

Je réprime mon envie de l'insulter mais me contente de lui lance un sourire aussi faux que sa poitrine car oui, ses seins sont refaits et j'ai l'oeil pour remarquer ce genre de connerie. Ne me demander par pourquoi.

Depuis que je me suis installée dans cette villa, elle me calcule à peine et ne me daigne même pas un regard mais là, elle veut jouer la mystérieuse avec moi. Elle croit qu'on joue dans un putain de film qu'on retrouve sur Netflix ?

— Qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui au juste ?

Señor, Matteo no sé hacer su trabajo correcttamente ( seigneur, Matteo ne sait même pas faire un travail correct)... écoute, fait Elsie en s'adossant contre le mur. Ces clichés qu'on connait tous sur le Mexique...

— Les cartels ? La mafia ? je suppose directement.

Elle hoche la tête et prend une mine grave.

— Eh bien, ça existe. Tous les vendredis, au centre ville, il y a des connards qui taffent avec des trafics d'êtres humains et ils cherchent des meufs comme toi. La peau délicate, candide, des cheveux longs... tu sais pourquoi ? S'ils te choppent, ils vont te réduire comme una puta dans les bordels du sud et ils ne vont jamais te laisser t'en aller. Si un jour, ils se lassent de toi, il te tueront et t'enterrons dans le désert d'à côté.

J'explose de rire après qu'elle termine sa tirade et l'intrigue se lit dans ses yeux clairs. Putain, c'est la meilleure celle-là ! Elle croit sérieusement qu'on est dans le top 10 des séries sur Netflix ! Je sais que la mafia existe, la mafia est le monde ! Mais croyez-moi, j'ai fait mes recherches avant de vouloir fouler le sol mexicain et ces clichés n'existent pas ici !

— Qu'est-ce qui te fait marrer ? demande Elsie, un sourcil haussé.

— C'est juste... tu es prête à passer une audition pour une des télé novelas. Sans déconner, je me casse.

Je lui tourne le dos et claque la porte derrière moi avant de m'élancer vers l'arrêt de bus la plus proche de la maison. Mais à peine je pose mes fesses sur ce miteux banc, une voiture flamboyante s'arrête à ma hauteur avant que la vitre s'ouvre, laissant voir Elsie.

— Monte.

— Non, je préfère prendre...

— Monte ou je te pète le crâne, menace-t-elle d'une voix étrangement calme.

Il ne m'a fallu qu'une seconde pour que je me retrouve sur le siège passager tandis que la rousse se dirige vers le centre ville.
Je suis un peu rebelle de nature et selon papa, ça vient de ma mère. Mais pour une raison inexplicable, avec Elsie je sens qu'il ne faut pas titiller ses nerfs. Elle a l'air grave dangereuse et je ne veux surtout pas me créer d'ennemi ici !

— Ton frère me doit au moins ça, grommelle-t-elle en serrant les mains sur le volant. Quel con ! Comment il veut que sa frangine vit dans un pays pareil ! Sérieusement, il ne t'a pas dit pour les vendredis ?

Je secoue mollement ma tête de gauche à droite, les doigts croisés.

— Mais s'il y a vraiment ces soit disant trafiquants d'être humains, pourquoi on provient pas la police ?

C'est au tour d'Elsie d'exploser de rire comme si j'ai dit la connerie de l'année. Mon visage se rembrunit et je détourne les yeux, mal à l'aise de la situation.  Ai-je vraiment dit une bêtise ? Pourtant ça me paraît logique ! S'il y a vraiment ces putains de trafiquants dans la nature, alors pourquoi ne pas prévenir la police ?

— T'as un raisonnement d'une petite compatriote américaine. Tu es vraiment drôle ! s'esclaffe-t-elle en grillant un feu rouge.

Je préfère faire mine de n'avoir rien remarqué.

— Sans déconner, ici on achète les flics. Si on veut arrêter notre voisin parce qu'il laisse son chien chier sur notre pelouse, on paie les flics et eux ils vont l'embarquer. On est au Mexique, Almira ! Il faut que tu prennes conscience que ce ne sont pas les mêmes conditions de vie qu'en Californie !

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