Chapitre 19
J'essaie de retrouver dans mes souvenirs un seul moment partargé avec cette femme qui prétend être ma daronne. Pourtant sur les photos que mon père me montrait, Léna ne ressemble pas du tout à la femme que mon père me montrait, c'est-à-dire, une femme aux cheveux châtains et aux yeux d'un bleu océan.
Depuis toute petite on m'a bourré dans mon crâne que ma mère était morte d'un accident de voiture et qu'elle était une jolie brunette. Qui a tord entre mon père et Léna ?
Je ne veux pas croire que mon père m'ait menti sur son existence mais cette fille qui me ressemble à deux gouttes d'eau est la ultime preuve que cette Léna ne ment pas.
Je touche mon front, prise de vertige et l'air commence à manquer dans mes poumons. Je sens un bras m'entourer la taille d'un geste presque possessif et tout se passe vite. On me fait entrer dans la maison et je m'assois sur un des canapés disposés.
— Bois un peu d'eau, me chuchote Espen en me tendant le verre.
Eh ben alors ! Une abeille lui a piqué le cul pour qu'il change de comportement ?
L'eau me soulage un peu mais je me sens toujours pas bien. Cependant, je ne dois pas reculer et si je veux connaître la vérité !
— Mon père... mon père m'avait dit que ma mère était morte durant un accident de route. Il m'a montré des clichés d'une femme brune, prétextant qu'elle était ma génitrice.
— Enrique et son imagination débordante ! souffle Léna en levant des yeux au ciel. Écoute chérie, je pense qu'il ne t'a pas tout dit ou bien il ne t'a rien dit sur ta nature ! Ta mère est toujours bien et vivante et c'est moi. Tu as une soeur jumelle avec qui vous vous êtes séparées depuis de si longues années. J'ose imaginer ce sentiment d'absence que tu as senti...
— Je n'ai rien senti car mon père m'a omis tous ces détails, je réplique avec sarcasme. Bon sang, pourquoi les dieux s'acharnent sur ma personne ! Je crois devenir folle...
— Tu ne deviens pas folle, chérie. C'est la situation qui l'est.
Les yeux clos, je ris jaune et appuie ma tête contre le mur.
— Enrique était l'ami le plus fidèle de Francisco qui lui était à la tête du cartel. Ce dernier avait une mission de haute importance pour Enrique, c'était une mission qui a brisé notre famille, explique Léna d'une voix nostalgique.
J'ouvre les yeux, mon attention sur elle.
— La mission était pourtant simple mais dangereuse. Je savais quoi m'attendre en épousant un mafieux car je viens d'une famille de mafieuse mais je ne pensais que l'homme que j'aimais allait se jeter sur un terrain risqué.
— Quelle était cette mission ? Je meurs d'envie de le savoir...
Les bras croisés, Léna m'oberve avec un éclat dans les yeux.
— Infiltrer le cartel du Texas et entrer dans le cercle d'ami d'Eduardo Rodriguez, déclare-t-il d'un air froid. Quand il m'a avoué qu'il a accepté cette mission suicide, il était hors de question pour moi et pour mes filles de le suivre dans ce jeu dangereux ! Si Eduardo ait eu vent que nous étions des espions de Francisco, nous serions tous morts.
Je me redresse. Eduardo... c'est sûrement le mec à la tête du cartel de Texas. Comme si le soleil apparaît dans mon esprit pour chasser ce permanent brouillard, j'arrive à assembler les pièces du puzzle.
— Alors, vous vous êtes séparés et tu m'as abandonné avec lui sachant que je courais un grand risque, dis-je d'une voix amer.
— On était prêt à se séparer mais comme dans tous les divorces, il y a toujours un sujet fâcheux. Enrique aimait ses filles plus qu'au tout au monde, il était impossible qu'il reste éloigné de ses filles, raconte-t-elle avec amertume. Le soir même j'étais prête à fuir avec vous mais...
D'un geste maternel, elle effleure la joue de ma prénommée soeur jumelle et celle-ci lui rend un semblant sourire.
Une sensation étrange m'empare et je m'en rappelle que mon père adorait m'enlacer.
— Mais une fois arrivée dans votre chambre, il y avait deux berceaux mais un était vide et c'était le tien. Comme un lâche, il est parti t'emmenant dans cette mission suicidaire. On m'a arraché un enfant et ce sentiment m'a hanté durant des longues années. Mais maintenant te voilà, tu es devenue une femme.
Mais à quoi elle joue ? Elle croit sérieusement que je vais l'accepter de faire partie de ma vie ? Et qui me dit qu'elle et cette fille sont juste des imposteurs ?
La vie m'a fait plusieurs fois comprendre d'être méfiante avec les gens qui veulent faire partie de mon cercle d'ami et même si Léna prétend dire la vérité, il y a quelque chose qui m'agace venant d'elle. Elle n'est pas totalement honnête avec moi.
D'un coup, Espen s'esclaffe en tournant légèrement sa tête. Lui qui était silencieux à côté de moi, il semble se réveiller.
Il lève son regard rempli de fureur et je suis son trajectoire.
— Et vous pensez sérieusement que votre fille va vous accepter facilement dans sa vie ? raille-t-il d'une voix froide.
Léna perd ses couleurs.
— Je... enfin oui. Elle a perdu son père et elle a besoin d'un parent, bredouille-t-elle.
— Avec tout sauf votre respect madame Léna, vous n'êtes pas honnête. Je sais que vous jouez un jeu dangereux mais je le vois très clairement.
— Mais qui êtes-vous ? Ça ne vous regarde pas !
Je décide de m'interpose et me lève avant de m'approcher d'elle.
— Fais attention, il est le fils de Francesco.
Léna attrape ma main et me regarde avec inquiétude mêlé avec un air supliant.
— Mira chérie. Je sais que tu as du mal à faire ton deuil mais Enrique est mort et tu as besoin désormais d'une famille. Alira et moi sommes prêtes à t'acceuillir et t'éloigner de cette boucherie.
— Pourquoi maintenant ? Pourquoi tu n'as pas venue récupérer avant que papa meure ? je murmure, les battements de mon coeur résonnant dans mes tempes.
Déstabilisée, elle ouvre la bouche mais aucun mot n'y sort. Je ris froidement et arrache ses doigts autour de ma main.
— Tu prétends être une bonne mère mais tu n'as jamais pris le risque de venir me récupérer ! Une fois la mort de mon père est annoncé, vous débarquez comme de la mauvaise herbe et vous pensez sincèrement que je vais vous faire confiance avec les yeux fermés ? Désolée mais vous faites fausse route ! je siffle entre les dents.
— De plus, elle n'a pas besoin de vous. Elle est sous ma protection. Dommage pour vous, vos plans ne fonctionneront pas, note Espen en craquant sa nuque comme pour évacuer sa fureur.
Je peste des insultes et m'apprête à m'en aller mais Léna me saisit le bras et ancre ses ongles dans ma chair. Cette fois-ci je vois rouge. La colère m'emporte et je le pousse si fortement qu'elle perd l'équilibre. Elle gémit en tenant sa cheville et je regrette instantanément mon geste.
— Mais c'est quoi ton putain de problème ?! s'écrit Alira en postant en face de moi. On est venu ici pour te récupérer et c'est comme ça que tu remercies ta mère ?
— C'est ta mère, pas la mienne. Ma mère est morte dans un accident quand j'avais l'âge de un an.
— Tu es complètement folle, peste-t-elle me froudroyant du regard.
C'est déstabilisant de s'adresser à son propre reflet.
— Je te remercie du compliment. Que c'est la dernière fois que je vois toutes les deux, je leur avertis avant de quitter la maison de Georges avec un pas nerveux.
**
PDV Espen
De retour au Mexique, j'ai repris les rennes de l'empire rapidement car Gaël n'a pas les compétences pour gérer en mon absence. Il a fait tellement de conneries que j'ai dû téléphoné nos associés et rectifier ses erreurs.
Ça n'aurait jamais dû y arrivé si Niguel, Elsie et la gamine n'ont pas élaboré un plan pour retrouver un mort.
Il s'est passé tellement de choses au Texas et j'avoue que je n'étais serein sur place. À tout moment, on pouvait me tuer.
La gamine n'a pas eu les réponses qu'elle souhaitait mais au moins elle nous laissera tanquille avec ses idées farfelues.
Elle croyait vraiment que son daron était encore vivant.
Je ris, amusé et Paola roule sur son dos avant de se blottir entre mes bras.
— Qu'est-ce qui te fait autant rire, mon chou ? me demande-t-elle d'une voix suave.
— Ça te regarde pas.
Elle fait une moue, pas satisfaite de ma réponse. Les yeux brillant de désir, elle glisse sa main sous la couette et se mord la lèvre inférieure avant de toucher mon membre. Je la pousse, l'éloignant de moi et me redresse.
— Paola, tu me donnes plus envie. Tu devrais t'en aller, je lui annonce la voix sèche.
Je me lève, m'exposant nu à elle et je sens son regard perplexe sur mon dos.
— Mais, Epsen... qu'est-ce qui t'arrive ? Pourtant tu as aimé notre partie de jambe en l'air.
J'attache le peignoir et me tourne vers elle avec un sourire mesquin.
— Qui t'a dit que j'ai aimé ?
Elle bafouille et cela accentue plus mon amusement.
— C'est à cause de cette salope ? Tu vas me quitter et elle va me remplacer ! grince-t-elle en se levant aussi.
— Sans te mentir, tu es la plus salope entre vous deux. Ce n'est pas Almira qui va écarter les cuisses pour un peu d'argent, je souffle en me dirigeant vers le dressing.
Almira... c'est la première fois que je prononce son prénom. Mes lèvres se mettent à piquer comme si c'était un mot interdit à prononcer.
— Je comprends mieux, elle t'intéresse ? Je te connais Espen, mais...
— Mais quoi ?! je tonne, la voix sèche. Je t'en prie, Paola, dis-moi de ce que tu penses.
— Tu vas la détruire. Vous êtes tous les deux des contraires. Cette Almira respire l'innocence, on dirait même un ange mais toi Espen, tu es le contraire. Tu as du sang sur les mains, tu as vécu dans un monde sombre et jamais elle pourra s'y faire contrairement à moi.
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