PDV Almira

Je grimace de douleur quand Niguel applique des glaçons sur mon poignet mais aucun mot ne sort entre mes lèvres. Non, je ne veux pas leur montrer ma faiblesse surtout devant ce démon qui est à côté de la porte.

Il a le toupet de rester ici après ce qu'il m'a fait ! Pourquoi il est toujours là ? Il savoure mon moment de faiblesse ? Ça l'excite ?

Si avec tout le monde j'ai pu leur mettre une étiquette sur la face, lui, Espen, je n'arrive pas à le cerner. Pour lui, je suis comme un petit animal de compagnie. Il adore me faire souffrir mais ensuite, il s'inquiète pour mon état ?

Il est bizarre.

Une chose dont je suis sûre, il veut me détruire mais bon sang, qu'est-ce que je lui ai fait ? Il n'était pas forcé de m'accepter sous son toit, alors pourquoi me faire du mal ?

Du coin de l'oeil, je le vois partir et enfin, je reprends mon souffle.

— Tu peux respirer, il est parti, chuchote Niguel en tournant la tête vers la porte. Bon sang, qu'est-ce que tu as fait pour qu'il te brise le poignet ? Je t'ai pourtant bien dit de t'éloigner de lui.

Après Elsie, Niguel est celui avec qui j'adore passer mon temps. Je suis bien consciente que mon pote est un assassin de gage mais j'arrive à voir plus chez lui. Niguel est drôle, bon oreille et... sadique.

— C'est lui qui a commencé. Il m'a dit que plus tard, je serai obligée de le servir parce que je suis une Perez et que ma famille a toujours servi la sienne...

— Mais tu as refusé, n'est-ce pas ? Tu vois Almira, d'un côté il n'a pas tord, ta famille et la sienne ont signé un pacte, dit Niguel en se levant.

— Mais je refuse d'être comme lui, je peste en me redressant sur le lit. Je ne veux pas avoir du sang sur les mains.

— Si tu es étais une parente éloignée, je pense que tu pourrais échapper au pacte mais vois-tu, tu es la fille d'Enrique Perez et il était le meilleur ami du père d'Espen. Tu ne pourras jamais t'échapper de lui.

Je ferme mes yeux, désespérée. Ce que dit Niguel m'agace mais pourtant, je sais qu'il dit strictement la vérité. Cette situation m'exaspère et il n'y a aucune issue, aucune sortie de secours dans ce grand merdier.

Donc, je suis vouée à accepter mon sort...

Impossible.

— N'empêche, je n'arrive pas à croire que ton père ne t'a rien dit sur nous, souffle Niguel en croisant les bras. Lui qui était un grand gangster... il a voulu peut-être te protéger mais de quoi ?

— Peut-être il ne souhaitait pas que j'entre dans votre cartel...

— Impossible. Je m'en rappelle quand le père d'Espen lui a demandé quand il va te relever sa vraie nature et il disait tout le temps « bientôt ». Je pense qu'Espen a la réponse mais j'ai peur de lui demander.

Donc papa avait l'intention de me montrer sa vraie nature mais il n'a pas eu le temps...

— Je ne sais pas pourquoi, mais au fond de moi sa mort est fausse, je chuchote avec effroi. Si tu me dis qu'il était un grand gangster, il saurait ses ennemis trouveront son adresse. Enfin, il ne peut pas mourir si bêtement et me laisser derrière lui ! Je sais que mon père ferait tout pour me protéger et il m'a promis de jamais me laisser seule.

Niguel s'approche rapidement de moi, les sourcils froncés et demande :

— Tu penses qu'il est en vie ?

Lentement, j'acquiesce. Il est vraie que le jour de sa mort que j'étais triste et que j'ai un peu pleuré mais au fond de moi, je me disais il est impossible que papa meurt si tragiquement. Il était tellement malin alors comme ça se fait il a pas prévu l'incendie ?

Pourtant, les pompiers ont retrouvé son corps calciné...

— Je trouve depuis qu'il est mort, trop de chose étrange se passe. Niguel, ne le dis à personne mais je pense que je vais repartir au Texas. Je dois élucider toutes ces questions que je me pose.

— Bon sang, Almira, tu m'as dit qu'ils t'ont donné ses cendres ! Tu as jeté ses cendres en haut d'une montagne ! s'écrit Niguel en faisant des grands gestes brutaux. Si tu dis est vraie, ça veut dire que tu as balancé et pleuré pour des cendres d'un parfait inconnu.

Je grimace et soupire.

Il est clair que si on voit ce côté des choses, c'est vraiment bizarre. D'un côté je ne souhaite pas que mon papa est réellement mort parce que j'aurai vraiment du mal à tourner la page, mon esprit refuse à accepter cette réalité si elle est vraiment une. Mais de l'autre côté, j'ai un fort lien avec mon père, nous sommes indéniable. Au fond de moi, je sens qu'il est vivant, qu'il est proche de moi et si cette supposition est vraie, alors mon père doit me fournir une bonne excuse pourquoi il a orchestré cette supercherie.

Une fois quand Niguel me laisse tranquille, c'est Elsie qui me porte compagnie mais pas pour la même raison que Niguel. Elle est surtout là pour me réprimander d'avoir volé son petit bijou.

— Tu as de la chance que ma voiture n'aie rien sinon crois-moi, j'aurai rayé la tienne quand elle sera arrivée ! En plus, le nombre de fois que je te dis de ne pas t'approcher de mon frère. Il est vraiment fou !

— Fou oui mais je pense qu'il manque d'affection, je réponds en me levant tout doucement de mon lit. Mais je m'en fiche. Qu'il soit fou ou qu'il manque d'affection, je ne vais pas fermer mes yeux cette fois-ci. J'ai accepté le fait qu'il m'ait ridiculisé devant sa vilaine pute et qu'il m'a forcé à le regarder à tuer un homme de sang froid mais ça... il m'a blessé physiquement.

— Tu as l'intention de faire quoi ? me demande la rousse, me suivant de près, peur que je m'écroule.

Je tire le tiroir de ma commode mais fronce vite les sourcils quand je ne trouve pas ce que je cherche. Vivement, je balaye la pièce et soupire d'un air frustré. Encore une fois, il m'a eu.

Je fais face à Elsie et son regard sérieux m'hérisse les poils. Mes yeux parlent pour moi et la jeune femme comprend facilement où j'essaie d'en venir car elle ouvre grands ses yeux comme de soucoupes.

— Tu vas vraiment te venger ? De mon frère ? demande-t-elle tout de même.

— Non, je vais planter des roses sur sa tête ! Bien sûr que je vais me venger, c'est évident. Je ne vais pas le laisser s'en tirer comme ça.

— Mais comment tu vas t'y prendre ?

Je croise mes bras et marche au centre de la pièce avec un léger sourire machiavélique.

— Est-ce que tu peux récupérer mon sac ?

Confuse, la rousse récupère mon sac à côté de la porte avant de me le tendre. Je fouille à l'intérieur avant de sortir une petite fiole dont le liquide est d'un bleu clair.

— C'est du poison d'Aconit-tue-loup.

— comme dans Teen Wolf ?surprend Elsie.

Je hoche de la tête.

— En réalité toute la plante de l'aconit est toxique mais les racines sont plus toxiques que les autres parties. Ce que je tiens entre mes mains est le poison extrait des fleurs de l'aconit, c'est un peu dangereux mais si on le mélange avec quelque chose d'autre, il est encore moins dangereux pour l'humain mais il y aura tout de même des effets secondaires, j'explique lentement. J'aimerais que tu m'aides, Elsie.

— Mais tu débloques, meuf ! Je ne veux pas tuer mon frère ! Ok, je sais qu'il est un pur connard mais j'ai jamais pensé à vouloir le tuer !

— Je ne vais pas le tuer. Je ne suis pas comme vous.

— Alors, pourquoi tu as ça entre tes mains ? Tu avais l'intention de l'empoisonner depuis le début !

Parler à Elsie est comme parler à un mur. Elle ne capte pas, elle ne pige rien.

C'est vrai que c'est insensé de faire un truc pareil mais dans cette histoire, je veux juste que ce petit connard comprenne que je ne suis pas une passive et que s'il me cherche encore, il verra encore pire de ce que je réserve pour lui.

— Elsie, je t'assure, ça ne va pas le tuer. Il aura juste des vertiges et des maux de ventre suivit d'une diarrhée explosive mais je t'assure et je te jure sur ma propre tête que ça ne va pas le tuer.

Elsie fronce toujours ses sourcils et attrape la petite fiole avant de l'observer de plus près.

— Où tu as trouvé ça ?

— Chez une fleuriste. Le poison d'Aconit est efficace pour éloigner les petites bêtes près des plantes, je lui réponds avec une moue.

— Si je t'aide, tu dois me promettre..

— Espen ne va pas mourir. Je te le promets.

Lentement, elle acquiesce et cède avant de fourrer la fiole dans la poche de son short.

— Qu'est-ce que je dois faire ? demande-t-elle, prête à participer à mon plan machiavélique.