Chapitre 13

La gamine détourne les yeux et croise les bras, peut-être mal à l'aise de ma présence.

D'après de ce que j'ai compris par Antonio, la gamine est fan de plante et de fleurs. Je conclus rapidement qu'elle n'est pas même pas capable d'éclater une moustique entre les mains, donc dans mon langage à moi, la gamine est faible.

Matteo est cinglé pou envoyer sa soeur sans défense au Mexique. Pour l'instant, elle a réussi à survivre pendant trois semaines mais il est sûr qu'un jour elle tombera face à des malfrats comme nous. Il faut donc l'entraîner un peu.

— Retournons à la villa. Ici n'est pas un endroit sûr.

— Je n'ai pas l'intention de te suivre. Je suis bien ici !

Je m'apprête à lui faire regretter de m'avoir crier dessus. Il a cru que j'étais son frangin pour qu'elle me parle comme ça ? Mais quand je croise son regard brun clair qui m'évoque de la pitié, je me ravise et me contente d'acquiescer. Après tout, je n'ai plus de force pour cette fille. Désormais, je vais la laisser faire ce qu'elle a envie car elle en a assez bavé avec moi.

— Si tu veux mais fais attention, parfois cette maison est un QG pour les junkies du coin, je lui dis avec un sourire carnassier avant tourner les talons.

Bon, j'arrête vraiment... cette pauvre fille a déjà assez peur.

Avant de démarrer la voiture, je passe un coup de fil à mon chef de garde. Je lui ai ordonné de poster quelques gardes autour de la gamine afin que j'ai l'esprit tranquille pour les prochains jours. Non, je ne m'inquiète pas pour elle mais pour ma santé mentale. Le stress et moi nous faisons pas bon ménage.

PDV Almira

Après que l'autre taré est parti, j'avoue que j'ai hésité à le suivre ou pas. Après tout il a raison, cette maison est délabrée et abandonné, c'est un squat parfait pour les junkies !

Mais si je le suivais, je vais devoir encore une fois piétiner ma fierté. Je n'ai pas oublié la manière dont il m'a ridiculisé, surtout devant cette pute blonde.

Le nuit s'avère très compliqué et je n'ai pa réussi à fermer l'oeil peur qu'un junkie débarque de nul part et me viole...

Je fouille davantage les autres pièces que je n'ai pas pu visiter l'autre jour avec mon frère. Je me rends compte que cette maison est immense et qu'il y a même un étage et un sous-sol mais il est impossible de s'y aventurer puisque les escaliers n'existent plus.

Mon téléphone sonne et après un coup d'oeil sur le nom, je fronce les sourcils avant de décrocher.

— Salut, Khloé ! Si tu m'as m'appelles c'est...

— Connasse ! Je sais que la perte de ton père est une étape très difficile mais ce n'est pas la peine de m'ignorer quand je t'appelle dans la rue et me jeter des regards noirs.

Mon froncement de sourcil s'accentue et je me précipite à sortir de la maison, confuse.

— Tu racontes quoi, meuf ? Je suis au Mexique.

— Donne-moi une preuve ! insiste mon amie sur un ton colérique.

Je pousse un soupir agacé avant de balancer notre appel téléphonique en Facetime. Quand la rousse voit enfin mon visage et la végétation qui m'entoure, je détecte de la confusion dans son regard hazel.

— Je... je ne comprends pas...

— Moi aussi je ne comprends pas, Khloé. Tu m'appelles en m'insultant de connasse et en racontant des conneries. Je suis au Mexique depuis quelques semaines maintenant.

— Pourtant, j'avais l'impression de t'avoir vu hier au centre-ville. La meuf te ressemblait physiquement. On dirait toi.

— Tu me fais peur, Khloé...

Cette histoire peut être drôle mais elle me terrifie. Connaissant Khloé, je sais qu'elle ne me ment pas, cette fille ne sait même pas mentir. Donc après le décès de mon père, une fille qui ressemble terriblement fait surface dans ma ville de mon enfance ?

Je ne pense pas que ça soit une coïncidence...

— Si tu la vois encore, prend la en photo et envoie moi. Je trouve bizarre cette histoire, je reprends gravement.

— C'est noté ! D'ailleurs, tu t'amuses bien au Mexique ? Ton frère est sympa avec toi ? reprend de plus belle mon amie.

Les souvenirs de hier me giflent le visage. Puis je m'en rappelle aussi quand ce fou a ôté la vie de trois hommes sous mes yeux.

Un frisson d'effroi me traverse.

— Oui, tout se passe à merveille ! Je dois te laisser, Khloé, mes cours vont bientôt commencer, je mens avec un sourire crispé.

Je raccroche avant qu'elle ne place un mot puis je décide de m'en aller au centre-ville afin d'acheter quelques emplettes avant d'affronter le diable. Hier soir, je ne m'attendais pas qu'il se déplace lui-même pour me retrouver !

Est-ce qu'il s'est inquieté pour moi ?

Cette question est idiote car ce type n'a pas de coeur, non il a plutôt une pierre à la place du coeur ! Je pense qu'il voulait savoir si je me portais bien, après tout c'est Matteo qui lui a demandé si gentiment qu'il soit mon babysitter...

Malgré qu'il se soit montrer avec une autre facette, je n'arrive pas à le cerner. Il est si énigmatique et surtout effrayant. Sa beauté est effrayante, sa personnalité est effrayante.  Il est tout simplement effrayant !

De retour à la villa, je tombe nez à nez avec le diable. Je m'apprêtais à refermer la porte d'entrée et me tirer loin de lui mais je m'en rappelle de ma dernière conversation avec moi-même ; je dois affronter le diable !

Alors, je le contourne mais je sens quelque chose de froide se resserrer autour de mon poignet et interloquée, je baisse mon regard vers mon poignet avant de surprendre que ce sont ses doigts qui sont plus froid que la mort.

C'est sûr, ce type n'est pas humain !

— J'ai contacté l'université et tu peux reprendre tes études, annonce-t-il neutrement.

Confuse, j'ancre mon regard dans le sien.

— Pourquoi ?

Il hausse les épaules.

— Contente-toi de ce que je t'offre. Tes connaissances pourront me servir pour plus tard.

— Je te l'ai dit hier, je n'ai pas l'intention intégrer votre secte !

— Gamine, avant que tu viennes ici, la famille de ton père est liée avec la mienne. Que tu le veuilles ou pas, le sang des Perez coule dans tes veines. Ta vie est liée avec la mienne.

— Garde tes prophéties à la noix pour toi ! J'ai le droit d'aider qui je veux et toi tu es le dernier sur la liste.

Je sens ses doigts se serrer fortement autour de mon poignet. J'essaie de m'en défaire de son emprise mais ce connard serre de plus en plus fort la douleur s'intensifie davantage. Je lui lance un regard suppliant afin qu'il me laisse partir mais son regard est plus sombre que d'habitude. Ses yeux qui sont verts sont d'un noir abyssal. Je vous ai dit que ce mec n'est pas humain !

Aucun mot ne parvient à franchir mes lèvres car la douleur irradie mon corps mais d'un coup, j'entends un « crac » et je comprends que ce connard ma brisé un os. La douleur est tellement insupportable que je pousse un cri, ce qui le pousse à me lâcher.

— Bordel, mais qu'est-ce qui te...

Prise de vertiges, je vacille. Je me sens étrange d'un coup, j'ai l'impression que mon âme va sortir de mon corps. Je tourne les talons et essaie de rejoindre ma chambre mais une force invisible me force à fermer les yeux avant que je sens des bras m'attraper.

PDV Espen

Le docteur de la famille termine son auscultation avec la gamine et se dirige vers moi. Adossé contre le mur, je me redresse.

— Elle n'a qu'une foulure au poignet. Plus de peur de mal, m'informe le toubib.

Je fronce mes sourcils.

— Foulure ? J'ai pourtant bien entendu un « crac », dis-je sceptique.

— Comment tu sais tout ça ? Tu m'avais pas dit que tu l'avais retrouvé avachie dans le couloir ? demande Antonio, suspicieux.

Pris dans mon propre mensonge.

J'évite son regard, mal à l'aise de la situation car je sais que ce petit Antonio a déjà tout deviné. Il sait que je lui ai menti par rapport à cette gamine de merde.

— Voici la liste de médicaments que j'ai prescrit. Il faudra les récupérer dans la pharmacie la plus proche.

—  Vous pensez qu'elle pourra rétablir en deux jours ?

Le docteur me lance un drôle de regard.

— Une foulure prend du temps à guérir. Même si l'hématome disparaît, Almira pourrait sentir de temps en temps la douleur. Une foulure fragilise un poignet pendant un certain temps, explique le toubib.

Je lui fais signe de s'en aller et pousse un long soupir découragé. Bon sang, qu'est-ce qui m'a pris ?!

Je jette un coup d'oeil à la gamine avachie sur son lit qui évite soigneusement mon regard. Niguel est à son chevet et lui essaie de lui faire parler mais depuis qu'elle a repris conscience, elle est silencieuse comme une carpe. Ça me perturbe qu'elle ne parle pas parce que je ne sais pas ce qu'elle mijote dans sa tête. 

Cette fille n'est pas comme les autres filles que j'ai fréquenté durant toute ma vie. Elle est la seule qui ose me tenir tête. Je quitte sa chambre, sachant que mon imbécile de pote me suit, prêt à faire son grand moine.

— Matteo revient demain et toi tu traumatises encore cette pauvre fille ! me gronde Antonio avec un regard sévère. Matteo t'a pourtant bien dit de la surveiller et pas de la blesser.

— Cesse de faire le con, Antonio, tu saoûles. Si elle ne m'avait pas parler de cette manière, peut-être elle ne serait pas dans cet état, je souffle en entrant dans mon bureau. Désormais, elle saura quoi s'attendre si elle ose me répondre comme si j'étais sa pute.

J'avoue que je n'ai pas pu me contrôler et une sensation étrange s'est emparé de moi après que je lui ai blessé le poignet. Cette sensation est toujours présente et j'ai du mal à passer l'éponge.

Je revoie à nouveau son regard suppliant et je savourais chaque secondes de souffrance que je lui ai affligé. Maintenant, j'ai ce putain de sentiment de remord qui me ronge l'esprit !

Pourtant, je ne regrette pas du tout... du moins j'essaie de me convaincre.

— On verra bien.

— Comment ça ?

— Elle est une Perez et les Perez ne passent pas l'éponge facilement. Attends toi qu'elle rispote, répond Antonio voulant rester mystérieux.

Je lâche un rire amusé et me sers un verre de rhum.

— Elle va se venger ? J'ai hâte de voir ça, je chuchote, amusé par l'idée.

— T'as pensé à Matteo ?

— Ne t'inquiète pas pour ça, je sais que la gamine va se débrouiller pour mentir. Tu peux t'en aller, Antonio. Tu commences à me faire chier.

Mais il reste figer devant moi comme une asperge. Je sais qu'il n'a pas fini de déballer tout ce qu'il a sur le coeur mais je crois qu'il y a des personnes spéciales qui ont voué leur vie pour écouter les problèmes des autres. Les psychologues.

Je ne suis pas un putain de psychologues mais un barron de la drogue.

Antonio décide de s'en aller me laissant enfin tranquille.

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