Chapitre 11

Je me retourne vivement vers lui, les sourcils froncés dès qu'il a mentionné notre père.

— Tu as vécu ici jusqu'à tes trois ans avec papa et ta mère, annonce-t-il gravement.

Qu'est-ce qu'il me raconte encore ! Je suis née au Texas et j'ai même des preuves ! J'ai passé toute ma vie dans ce trou paumé, il est impossible que j'ai vécu ici !

— Matteo, tu veux me faire peur ? Il est écrit sur mon acte de naissance que je suis née au Texas et j'ai même la nationalité...

— On peut frauder des actes de naissance, Mira. Je sais que tu a cet impression de déjà vu, je l'ai remarqué dans tes yeux...

— Oui mais...

— Papa faisait partie du cartel. Mais suite à une mission, il était obligé de migrer avec toi aux States, explique mon frère en fouillant dans un tiroir.

Il me tend un tas de photos que je m'empresse pas à observer.  Ma gorge devient sèche quand j'annalyse chaque photos. C'est bien moi sur toutes ces photos. Ça y est, je suis paumée !

Est-ce vrai... j'ai vécu ici ? Donc papa m'a menti ?

— Mais s'il était lié au cartel, pourquoi on vivait dans un taudis ? On manquait beaucoup de choses,  notamment de la nourriture. C'est compliqué cette histoire, je chuchote, la voix fluette.

Matteo hausse les épaules et balaye la pièce d'un seul regard.

— Sûrement pour ne pas attirer l'attention des flics sur vous. Il avait toujours le statut de migrant, je pense que ça faisait partie de son plan.

Je laisse tomber mes bras le long de mon corps avant de m'en aller de la maison, la tête en feu. Donc mon propre père était lui aussi un criminel. Je vivais avec un criminel. J'ai le sang d'un criminel qui coule dans mes veines.

Tout devient plus clair désormais. Je comprends pour quoi mon père me forçait à apprendre à me défendre malgré je sois toujours nulle. Mais désormais, il y a un truc qui me chiffonne.

— Il est vraiment mort ? je demande subitement.

Matteo semble détecter mon espoir dans ma voix mais il secoue négativement la tête et je ferme mes yeux pendant quelques secondes afin de réprimer mes larmes.

De retour à la maison, Matteo me laisse tranquille afin que je puisse reprendre mes esprits mais c'est le contraire qui se passe ! Il y a un truc qui cloche et c'est la mort de papa. S'il était un criminel, alors il n'aurait pas crevé si facilement dans un incendie !

Et si c'était une façade et qu'en vrai, il est vivant et se cache dans un autre pays ? M'a-t-il abandonnée ? Et si c'était vraiment ça, pourquoi se cache-t-il ?

Ou peut-être que je me fais des films !

Le docteur m'a donné ses cendres et je les ai lâchés sur le haut d'une montagne. Mon père est bien mort. 

Cette histoire devient très étrange...

Tout d'un coup, j'entends un brouhaha depuis le salon et je me précipite à voir mais le regrette aussitôt. Gaël et son frère jumeau ont apporté le cadavre d'un homme et le dépose sur la table. Antonio et l'autre connard psychopathe s'approchent et discutent assez fort. Pourtant, je dois m'habituer à voir des corps sans vie, mais c'est trop dur...

Je retourne discrètement dans ma chambre et passe la nuit avec mes soucis. Le lendemain, comme une fleur, Elsie est de retour parmi nous et j'ai remarqué son bronzage du turfu. Pendant que moi je souffrais, elle est partie en vacances, j'hallucine !

Bref, après quelques excuses, nous partons en vadrouille et nous arrivons à une banque. La rousse me tend une carte bancaire et je suis perplexe devant cette carte rouge où mon prénom est gavré en or. C'est plutôt joli.

— Avant que ton frère parte, il m'a demandé de te donner cette carte. Désormais, elle est à toi, explique-t-elle. D'ailleurs, il m'a dit de faire bon usage.

Elle penche ses lunettes avant de me lancer un regard d'avertissement. C'est donc ça l'excuse de mon frère ? De l'argent ?

Quand j'entre dans l'établissement, une femme m'accueille poliment et me prend en charge. Quand elle m'annonce la somme que j'ai sur cette carte, j'ai dû lui demander si elle ne s'est pas trompée.

— un million de dollars, me répète-t-elle tranquillement, visiblement habituée de prononcer une très grosse somme d'argent.

Après tout, elle est banquière, ça ne devait pas la surprendre !

Pourquoi Matteo m'a filé autant d'argent ?! Ave ce fric, je pourrai réaliser tous mes rêves les plus fous et si je le voulais, je peux même quitter le pays avec ce pactole.

Je n'ai jamais eu autant d'argent dans ma vie. La plus grosse sommes que j'ai pu récolté c'est cinq mille dollars grâce à un jeu d'argent mais là, j'ai affaire à un million... ça me rend heureuse. L'argent rend heureux, faut pas se mentir.

Je demande à la dame de me filer deux cents mille dollars avant de repartir avec l'impression d'être sur un nuage. Je demande à Elsie de me déposer à un concessionnaire bien particulier et pour une fois, elle ne pose pas de question et m'emmène au lieu demandé. Quand j'arrive sur place, je réalise même pas encore que mes rêves deviennent réalités.

J'ai toujours voulu avoir une voiture particulière...

— Almira, tu es sûre que tu connais en voiture ? Celle-là est un peu trop puissante, tique Elsie en croisant les bras. Elle est équipée d'un...

— Surcompresseur électrique au lieu d'un surcompresseur fonctionnant au carburant, donc cela permettra obtenir à peu près quatre cent vingt neuf chevaux. Ce qui signifie aussi que l'AMG CLS coupé peut atteindre les cents kilomètres par heure en quelques secondes, je débite naturellement. Cette voiture est parfaite pour moi.

Elsie cligne plusieurs fois des yeux, surprise de ma grande connaissance en voiture. J'adore faire l'effet surprise, ça me rend intéressante auprès de l'autre.

Papa état un grand fan de voiture, notamment en voiture de luxe. Même si son grand amour pour les voitures était parfois difficile à supporter, j'ai pu apprendre sur les modèles des voitures et leur mécanisme jusqu'au moment j'ai décidé de faire quelques recherches pour mon éventuel voiture de luxe. J'adore les bagnoles de Mercedes. Sa symbiose entre conduite sportive et le confort la rend exceptionnel.

— Je vois que tu as de la connaissance en la matière ! Mais pourquoi tu veux prendre une voiture, désormais ? C'est à cause de mon frère ?

— Que ton frère aille se faire foutre. Je m'en fiche qu'il soit un prétendu mafieux ou même je m'en fiche qu'il soit satan, personne m'interdira de ce que je veux faire, je siffle en faisant signe au vendeur.

— Almira, vraiment évite de tester les limites d'Espen. Il a beau être mon frère mais c'est un psychopathe. Il aime faire souffrir les gens, c'est sa passion.

— S'il est devenu psychopathe c'est à cause d'une raison !

— Notre père lui a rendu la vie tellement difficile, se confesse Elsie, les yeux baissés. Je ne vais pas t'expliquer en détail, mais depuis tout petit, Espen était déjà confronté aux problèmes d'adultes. Il a pas eu une très belle enfance au profit de moi.

Je reste silencieuse, pensive. Donc derrière cette masse de muscle se cache un petit gamin traumatisé ?

Après la commande du véhicule, nous retournons à la maison et Elsie passe le reste de la journée auprès de moi. Du moins, je lui ai supplié de rester toute la journée auprès de moi car si j'étais seule, je suis sûre que son sadique frère viendra me casser les noix.

Je l'observe taper frénétiquement sur le clavier de un de ses ordinateurs avant qu'elle crie d'une manière victorieuse.

— Bingo ! J'ai enfin accès au site secret de la police mexicaine. Maintenant, il ne manque plus d'éffacer certains dossiers et le tour est fait.

— Des dossiers ?

— un casier judiciaire, alors ! Ça arrive qu'on arrive pas corrompre certains policiers et quelques de nos amis ont un casier bien chargé. Le problème avec ces casiers, c'est que on peut les tracer jusqu'à notre cartel, donc là, je surveille les arrières des affaires de mon frère.

— Ça a l'air tellement compliqué...

— J'ai l'habitude.

D'après ce que j'ai compris, Elsie est une des hackers du cartel. Elle peut pirater des sites, des caméras de surveillance, des grands organismes et elle peut même retracer toute la vie d'une personne grâce à seulement un clique !  Donc, pour moi, cette fille peut anéantir une personne en peu de temps et je trouve ça excitant et même temps effrayant.

Qui sait, elle a sûrement fait quelques recherches sur moi...

Je décide de la laisser dans sa petite bulle et pars à la cuisine afin de me servir un verre de jus. Une fois servie, je m'apprête à faire demi-tour avant que je me cogne contre quelque chose, ou du moins contre une personne.

Cette chose crie de manière  stridente et je comprends que cette personne n'est d'autre que la pute éphémère. Alicia ou Olivia ? Je m'en fiche de son prénom.

— Putain, tu ne peux pas faire attention ! C'est une robe de créateur que je porte !

Je recule et scrute sa « robe de créateur » qui ressemble plutôt à un bout de torchon. C'est court, blanc, sans saveur, à ce stade je ne considère pas ça comme une robe mais un morceau de tissu.

Si elle se baisse, on voit la frontière.

— Tu m'as pourtant bien vu que j'étais devant toi, pourquoi tu t'es pas mis sur le côté, idiote ? je souffle, d'un air las.

Elle relève la tête avant de me fusiller du regard.

— Sache que je ne t'ai pas vu, pétasse ! Et c'est à toi de faire attention, tu es dans ma maison. Regarde ma robe, elle est fichue...

— Pas besoin de faire tout un drame. Si tu la trempes dans de l'eau tiède avec un peu de savon, la tache partira. 

Elle peste des insultes. Cette fille est dotée d'une grande débilité déconcertante que ça m'amuse mais je réprime mon sourire quand le diable entre dans la cuisine avec une allure charismatique. Tout de suite, l'ambiance est chargée de tension et l'autre folle se met derrière lui, faisant mine de pleurer.

Merde, ça va barder !

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