Chapitre 15 : Camp Netis
Le départ du prince Vyk de Théis bien que précipité avait éveillé la curiosité, et l'intérêt des soldats. Bien qu'aucun n'oser demander quoi que soit à leurs Généraux, qui n'avait piqué mot.
Tessée avait fini par monter à bord d'un de leurs vaisseaux de guerre, il avait inspecté chaque cale, chaque centimètre de ceux-ci, pour évaluer les différents dégâts. Il en avait fait détruire deux, pour alimenter les feux et pour d'autres travaux sur le camp. Mais dans l'ensemble leur flotte n'avait pas vraiment souffert, ce qui n'était pas le cas de leurs ennemis.
— Général Tessée. Interpella un homme
Tessée porta son attention au guerrier qui devait faire son âge, et un grand roux aux yeux noir encre, du nom de Bromir.
— Oui? Déclara Tessée
— Les matériaux que l'ont à put récupérer des navires endommagés, ont été transportés jusqu'au camp. C'est une aubaine, vue que l'ont manqué de bois. Confia Bomir
— Bien. Bromir, qu'en est-il des vivres? Demanda Tessée
— Nous pouvons tenir encore quatre mois. Déclara Bromir
— Qu'en est-il de nos blessés? Demanda Tessée
— Tous en voient de guérison, enfin, il y a certains qui mettent plus de temps que d'autres mais dans l'ensemble ça va. Répondit Bromir
— Avons-nous beaucoup de pertes? Et les armes? Demanda Tessée
— Nous avons perdu peu d'hommes, environ cinq milles, nous sommes dès à présent soixante-dix mille hommes encore prêt à engager de nouveau le combat. Déclara Bromir
Tessée acquiesça au moins ils n'avaient pas de si grandes pertes.
— Nos armes, nos forgerons comptent les affuter, et leur refaire une beauté. Termina Bromir
— Très bien merci, tu peux partir. Déclara Tessée
Bromir plaqua son poing contre son cœur, s'inclina légèrement, tandis que Tessée faisait de même.
Après le départ du soldat, Tessée continua son inspection, veillant à ne négliger aucun détail. C'était Adessa qui lui avait appris cela, elle disait que c'était ainsi qu'elle établissait à l'avance ces stratégies, prenant en compte, leurs forces, leurs faiblesses, leur force de frappe, les dégâts qui pouvait en découler, les pertes, les morts...
Au début il n'avait pas compris mais au fur et à mesure des batailles, il avait compris, et avait admiré l'intelligence, et l'esprit stratège de leur commandante.
— Tu es partout, dans le cœur de nos hommes, dans le cœur de ces vaisseaux, tu es le reflet qui naquit sur une lame, le visage qui orne nos boucliers. Vraiment, même morte tu ne cesseras jamais de nous surprendre. Souffla Tessée en regardant au loin, les yeux dans la vague
Eros se demandait bien ou avait fait voile la flotte de Thès. Plus aucune trace de celle-ci, il pria intérieurement pour que le Dieu Meros, ait fait couler tout la flotte. C'est ce qu'ils méritaient non?
*Espérant que la mer les a engloutis, tous jusqu'au dernier*songea Eros
Les soldats de Miris avaient accueilli ce repos comme une aubaine, vue les batailles qu'ils avaient mené. Mais la non présence de la commandant de Théis se faisait sentir par les rangs, bien qu'Eros, et Tessée s'efforçait de motiver leurs troupes. Eros avait vagabondait entre les tentes des soldats, saluant, parlant, ou rigolant avec quelques-uns, même si le cœur n'y était pas. Mais il devait se montrer fort pour les siens, pour ces frères d'armes. Le camp était plongé dans la pénombre seule les faisceaux des lanternes et des feux étaient visibles. Exceptionnellement, aucune garde n'avait été mise en place, jugeant qu'il n'y avait aucun danger.
Les soldats étant éparpillaient un peu partout, en petit comité, ou en retrait, tous étant occupés ou juste assis parlant, ou dégustant leur repas.
— Général Eros. Appela une voix
Eros s'arrêta, et porta son attention à un soldat qui devait être plus jeune que lui, brun aux yeux bleus, surement les dernières recrues.
— Oui? Déclara Eros
— Nous nous demandions s'il est nécessaire d'organiser une surveillance ce soir? Demanda le soldat
— Non. Il n'y a rien à craindre, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ce soir. Répondit Eros
Le soldat sourit, et ils échangèrent une accolade, puis le Général continua son chemin.
— Général Eros, arrêtez-vous un instant et mangez ceci! Déclara une voix familière
Eros sourit et porta son attention sur l'homme qui lui parlait, c'était un de ces aînés, grand musclé, ténébreux avec des yeux d'un vert émeraude, l'un de leur meilleur combattant.
— Je n'ai pas faim Diek. Affirma Eros en croisant les bras sur son torse avec un petit sourire
— Ne te fous pas de moi. Allez manger, c'est bon pour la santé, et le chagrin. Recommanda avec sérieux Diek en lui tendant un bol fumant
Eros fut tenté de refuser, mais finit par s'asseoir, et accepter le bol fumant du guerrier.
— Hm, ce n'est pas mal. Souffla Eros après quelques bouchés
— Il le faut, pour leur remonter un peu la morale. Assura Diek en désignant l'ensemble des soldats qui mangeaient
Le Général Eros acquiesça longuement, heureusement, que certains cachés si bien leur chagrin, sinon ça aurait fini d'eux.
— Ne sombre pas dans les ténèbres à cause de sa disparition. Intima d'un ton sage Diek
Eros ne répondit pas à son aîné, ne trouvant rien à redire, bien qu'il resserra son emprise sur sa cuillère.
— Adessa de Théis est morte en guerrière, et personne ne pourrait contester cela. Et c'est tout à son honneur. Commença Diek
Contre toute attente, Diek servit plusieurs coupes de vins, qu'ils partageaient, puis l'homme se releva la coupe en main, attirant de ce fait l'attention de tous.
Peu à peu tous se turent, attendant que Diek parle.
— Messieurs! Au lieu de pleurer la perte de notre commandante, nous devrions lever nos coupes à son honneur, car elle s'est battue jusqu'au bout. Elle a montré à tous la force des hommes de Miris, et même dans la mort, dans les chants, on chantera ces louanges. Commença Diek
— Gloire à Adessa de Théis! Tonna Geo en levant sa coupe
A l'unisson, comme un seul homme, tous les soldats se levèrent et brandirent leurs coupes, en acclamant le nom de leur commandante.
Eros rejoint leurs acclamations en levant sa coupe, et en la buvant en l'honneur de leur commandante, comme ces pairs.
Plus tard, Eros franchit le pas de la tente de sa commandante défunte, une chose qu'il n'avait pas osé faire depuis qu'elle n'était plus de leur monde.
Les lieux étaient déserts, sans vie, terne. Il s'approcha de la couche de celle-ci avait été rangé. Après tout, Adessa avait toujours aimée l'ordre. Un sourire nostalgique naquit sur ces lèvres. Il saisit une tunique de la jeune femme, qu'il observa avec attention, un parfum d'amande s'en dégager.
*Son parfum*songea Eros avec un pincement en cœur
— Elle me manque à moi aussi. Déclara Tessée qui venait de franchir le seuil de la tente
— Jamais elle ne cessera de le faire. Affirma Eros en soupirant tout en reposant la tunique sur le lit
Un silence s'installa entre les deux hommes, aucun d'eux ne fit référence à l'altercation de Eros avec Draco et encore moins l'intervention de Tessée.
— Et maintenant qu'est-ce que l'ont fait? Tonna Eros
— Nous devons attendre les ordres du prince Vyk. Intervint une autre voix masculine
Les seconds ne furent pas surpris de reconnaître Toviàs de Théis, qui venait de faire son apparition.
— Pour le moment, restant juste sur nos positions. J'ignore si la flotte de Thès a survécu à cette tempête, donc on ne peut rien faire pour le moment. Et ce serait une perte de temps de se lancer à leur poursuite. Expliqua Toviàs de Théis
— Mais justement maître, il faut profiter de leur faiblesse pour les écraser, et leur faire payer ! Contra Eros mécontent
— Et prendre le risque de perdre des hommes inutilement? L'empire de Miris à besoin de ces soldats, nous devons nous préparer à éventuelle rappel de nos forces sur les terres. Rétorqua le maître d'arme, d'un ton sérieux
— Mais maître! On ne pas laisser cela ainsi! Il faut se lancer à leur poursuite, quitte à couler avec eux soit! Affirma Eros, en serrant les poings
— Nous ne savons pas s'ils sont morts ou vivants, peut-être qu'ils n'attendent que nous nous lancions à leur poursuite, et qu'ils nous tendent une embuscade. C'est beaucoup trop risqué! Contra le maître d'arme
— Dites plutôt que vous n'avez plus rien à faire d'Adessa maintenant qu'elle n'est plus là! Contre attaqua Eros
Avant qu'Eros ne puisse faire quelque chose, de même que Tessée, Eros se prit un coup de poing monumental, qui l'envoya par terre. Il se releva tant bien que mal, la bouche en sang, tandis que Tessée s'était interposé pour que les deux hommes n'engagent pas une bagarre.
— Il y a des limites à ne pas franchir Eros de Théis. Menaça le maître d'armes
Un silence pesant s'installa entre les trois hommes, dont Tessée se demanda s'il n'allait pas recevoir un coup dans la volée.
— Tu te trompes sur le fait que plus rien ne m'importe concernant Adessa. Je suis le premier à vouloir faire payer la perte d'Adessa, bien qu'ils n'y soient pas totalement les auteurs. Mais rien ne pourra la ramener. Affirma le maître d'armes
Toviàs de Théis avait eu envie de croire en ce présage sur la plage, mais il ne voulait pas non plus se faire des faux espoirs.
— Et de plus, Adessa n'aimerait pas nous voir nous déchirer ainsi, alors que nous devrions nous soutenir, et nous épauler. Conclut le maître d'armes
Toviàs de Théis avait les yeux empreint d'une certaine douleur, dont aucun des deux hommes présents n'avait jamais décelé dans son regard depuis qu'ils l'avaient pour maître.
Le maître d'armes finit par tourner les talons et quitter la tente rapidement sans un regard en arrière.
Tessée aida Eros à se relevait sans qu'ils n'échangent une quelconque parole, il n'avait aucunement envie de s'engager dans une querelle avec son frère d'arme, et il n'en voyait pas l'intérêt.
Tout comme de lui reprocher son emportement envers leur maître, il n'en avait plus la force.
Eros savait pertinemment qu'il n'avait pas bien fait, qu'il avait plus de mal que de bien, qu'il avait blessé leur maître. Et de surcroît il savait que ces paroles n'avaient aucun sens.
Car d'entre eux, il savait que c'était leur maître qui souffrait le plus de l'absence d'Adessa. Sa meilleure élève, mais aussi celle qu'il avait considéré comme sa propre fille.
*T'es vraiment un con. *Hurla la conscience de Eros
Tessée finit par quitter à son tour la tente, sans un regard en arrière, alors qu'Eros se laissait tomber sur le lit de la commandante de Théis, la tête entre les mains.
— Ö Déesse Hyelt, donne-moi la force de surmonter cette épreuve! Pria Eros avec désespoir
Les pas de Tessée l'avaient mené sur la plage, il s'assit en tailleur face à la mer, la nuit était tombé depuis un moment, le camp était un peu agité mais sans trop exagérer.
Devant lui, un peu en retrait, on pouvait apercevoir l'ombre des coques de leurs vaisseaux de guerres, la mer s'était calmée.
La tempête qu'ils avaient aperçue, avait semble-t-il disparut, et n'était pas parvenu jusqu'aux terres, ni même la plage, ou ils étaient.
Depuis qu'ils avaient perdu Adessa, Tessée ne s'était pas permit de pleurer la mort de celle-ci, peut être espérer-t-il au fond de lui qu'elle allait réapparaître sur la plage? Mais il savait qu'elle ne reviendrait pas, pas cette fois.
Elle ne leur reviendrait pas, il le savait. Car même si elle avait survécu par miracle à cette avalanche de vague, vue sa fatigue les monstres marins l'aurait dévoré.
Il se souvint de la discussion et de l'étreinte qu'il avait échangée avec elle avant la dernière bataille, comme si elle avait pressenti qu'elle ne reviendrait pas.
Ne pouvant retenir la douleur qui lui lacérait le cœur, Tessée laissa le flot de larmes qu'il avait tant retenu dévalait sans fin ces joues. Il pleura alors comme jamais il ne l'avait fait auparavant, pleurant la perte de sa commandante, la perte d'une sœur, d'une amie, d'une sœur d'arme.
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