Chapitre 9 : Sentiments

Les jours passèrent et cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'elle vivait chez l'inspecteur. Elle reprenait goût à la vie, sa cheville était guérie mais elle garderait une cicatrice. Elle adorait la pizza, la crème glacée à la fraise, le café et le sirop d'érable. Elle arrivait parfois à oublier tout ce qui s'était passé, mais les marques sur son corps, les cicatrices et son ravisseur toujours introuvable lui rappelaient qu'elle n'était pas comme les autres. Les cauchemars la réveillaient toujours au milieu de la nuit et elle se précipitait dans le canapé avec lui. Si au début il était gênait de se retrouver dans une telle situation avec elle, au fil des nuits, il s'était rendu compte qu'elle le soutenait autant qu'il la soutenait dans les tourments de la nuit. Certains diraient que ce n'était pas bien mais pour eux ça n'avait pas d'importance.

Il pleuvait ce matin, elle était dehors, dans le petit jardin à l'arrière de la maison, elle adorait être à l'extérieur, sous la pluie. Elle se sentait vivante.

-"Hope ? T'es où ?"

Elle adorait quand il prononçait son prénom. "Hope" Espoir ! oui, quel merveilleux prénom. C'est lui qui en avait eu l'idée, et elle l'adorait.

-"Je suis là David." Il allait encore se fâcher, il détestait quand elle restait sous pluie.

-"Putain, qu'est-ce que tu fais dehors , rentre vite, tu vas chopper froid!" Il se précipita et la fît entrer de force, lui mit la serviette qu'il avait sur la tête, sur ses cheveux mouillés et lui sécha doucement, elle était des fois si inconsciente, et il ne supportait pas qu'elle soit à l'extérieur sans lui. Il s'inquiétait toujours.

-"Tu me traite comme une enfant, je ne risque rien dans le jardin!"

-"Je doit aller au poste, il semblerait que Jacobson ait trouvé quelque chose. Je vais partir, tu te sèche et tu reste à l'intérieure. Garde ton téléphone sur toi. J'en n'ai pas pour longtemps"

L'inspecteur avait acheté un portable pour sa protégée. Il ne l'aurait avoué pour rien au monde mais cette fille lui avait redonné goût à la vie. Il se surprenait des fois à l'observer, regardant ses gestes, cette façon de mettre une mèche de cheveux derrière son oreille, ou quand elle jouait avec ses doigts quand elle pensait à quelque chose ou cet émerveillement dans ses yeux pour des petites choses qui seraient insignifiantes pour d'autres, ses sourires discrets.

Ces derniers temps, l'enquête piétinait, on avait finalement identifié tous les corps mais ça n'avait rien donné. La grange n'était plus qu'un tas de poussière. L'inspecteur devait fournir de gros efforts pour ne pas tout casser, ça le désolait et l'énervait au plus au point de ne rien trouver. C'était presque comme si les preuves s'effaçaient. Il avait toujours une angoisse au fond de lui. Son instinct toujours en première ligne, il dormait avec son arme sous son coussin, et ça il savait que c'était mauvais signe. Mais pour elle, il ne disait rien et continuait à montrer bonne figure. Ceci dit, elle n'était pas folle, elle voyait bien que son tic facial était plus présent, il était nerveux, se passait souvent les mains dans les cheveux, semblait perdu dans ses pensées.

-"Ne t'en fait pas, vas y." Et elle l'embrassa sur la joue. Il cligna des yeux deux fois. Il la serra dans ses bras, déposa un baiser à la racine de ses cheveux châtains. Il pris son carnet qu'il glissa dans la poche de son pantalon gris, enfila son arme dans son étui, mis sa veste et son bonnet et se dirigea vers la porte. Assis du côté conducteur, il boucla sa ceinture et mis le contact. Il était fatigué, ça se voyait. Il roula jusqu'au central. La tête plein de questions encore et toujours.

Il avait fait des recherches, il comptait deux cas d'enlèvement de nouveau-nés dans la région, mais un cas en particulier avait retenu son attention. Cela s'était passé il y a 29 ans, dans l'hôpital de la ville, une petite fille, à peine née et enlevée certainement par la sage-femme qui avait disparu de suite après les faits. Les recherches à cette époque n'avaient rien donné, mais cette femme avait déjà un fils de 10 ou 12 ans selon des témoins mais malheureusement, les informations avait disparut, étrangement, il manquait des pages au dossier. Tout ça n'était pas une bonne nouvelle. Qu'était devenue cette petite fille ? Et si c'était bien Hope, comment le lui dire ?

Il laissa sa voiture sur la première place qu'il trouva devant le poste de police, il n'avait pas envie de chercher plus. Il n'eut pas le temps d'arriver à son bureau que le capitaine lui faisait signe de le suivre.

Assis avec nonchalance sur le gros canapé de cuir noir du supérieur, il y avait un autre inspecteur, d'une quarantaine d'année, il était chauve et un peu plus gros que lui, Erik Jacobson. Loki connaissait cet inspecteur et pour cause, ils s'étaient déjà embrouillés plus d'une fois et on pouvait dire que ces deux là n'étaient pas les meilleurs amis du monde. Alors que le tatoué prenait son travail vraiment trop à coeur, l'autre était doué pour donner des conseils et laisser faire puis récolter les lauriers par la suite. Un inspecteur con au possible et imbus de sa personne, Loki le détestait.

Le quarantenaire regarda le brun presque avec amusement, tout cela ne fit que faire froncer les sourcils du tatoué. Pourquoi le regardait-il comme ça ? C'était quoi son problème ?

-"Dis-moi, Loki , comment ai-je pu trouver ça alors que toi et une dizaine d'agents en uniforme n'avez rien trouvé ?" Et il jeta une paire de chaussures, des bottes à moitié brûlées bien emballer dans un sac, sur le sol du bureau. "C'est une taille 43, c'est quoi ta pointure ?"

-"Putain! tu te fous de ma gueule, Jacobson ? Tu veux qu'on règle ça tout de suite ?"Lui répondit le brun, déjà bien assez énervé par tout le reste.

La tension était montée d'un cran, le capitaine maintenant debout entre les policiers, Loki hors de lui face au canapé et l'autre inspecteur toujours assis l'air de s'ennuyer.

-"Tu me fera toujours rire David, en même temps, ça doit t'arranger toi, que l'enquête traîne, tu as une jolie fille avec laquelle t'amuser à la maison !" Lui dit le chauve avec un clin d'oeil et un geste obscène.

Ce type ne tenait pas à sa vie ou quoi ? Sans plus de cérémonie, le tatoué fit un pas sur le côté afin de contourner son supérieur, l'air menaçant, prêt à tuer ce connard devant lui de ses propres mains mais le capitaine lui attrapa les bras et lui passa dans le dos, appelant d'autres agents en renfort.

-"T'es un connard Jacobson, je te jure, tu vas le regretter!" Loki se débattait, une seule envie sur le moment, celle de punir l'autre inspecteur.

-"T'es vraiment un comique!" Répliqua le chauve en rigolant. Ce qui avait le don d'énerver plus encore le brun.

Trois agents avaient été nécessaire pour retenir Loki, et Jacobson fût prié de partir avant que ça ne dégénère, le capitaine lui dit de se calmer ou il serait obligé de lui mettre un blâme.

-"Allons gamin, tu sais que ce type adore jouer avec les nerfs des autres." Lui dit le capitaine pour le détendre.

-"J'en ai rien à foutre de ce mec, c'est un con fini, mais ces putains de bottes n'étaient pas sur les lieux, il n'y avait rien là bas!" Le souffle court, les points serrés a en avoir mal, son tic facial de retour, l'inspecteur Loki se frotta les yeux! Il en avait marre.

-"Rentre chez toi, on se voit plus tard s'il y a du nouveau. Et tâche de te reposer un peu, t'as une sale gueule!"

Le brun ne pris même pas la peine de répondre.

De retour dans sa voiture, l'inspecteur pris une grande inspiration, souffla par le nez mais la pression trop élevée et cette matinée de merde étaient la goutte d'eau, il se lâcha complètement, il frappa sur le volant avec les poins fermés, il évacua tout son stress.

Elle avait entendu la voiture arriver et elle l'attendait dans l'entrée, elle n'aimait pas beaucoup quand il était loin d'elle.

-"Salut!" Lui dit-elle quand il eut franchit la porte. "Est-ce que tu vas bien ?" Lui demanda la jeune femme voyant son air renfrogné. Il avait du se passer quelque chose, mais il restait fermé comme une huître. Il enleva sa veste, passa devant elle sans un mot, se dirigea vers sa chambre, s'assis sur son lit, les coudes sur les genoux, les mains posées sur les yeux, putain, il n'en pouvait plus, ce con de Jacobson avait touché un point sensible, il s'était promis que ça ne se reproduirait plus et il ne voulait pas qu'on pense qu'il profitait de Hope. Il frotta son visage, lassé de tout ceci sa main passant dans ses cheveux.

Il l'entendit arriver, il découvrit ses yeux et la regarda et vit qu'elle s'était accroupi devant lui, ses mains fines délicatement posées sur les jambes de l'inspecteur. Il ne pouvait pas se le cacher plus longtemps, c'était vrai, il aimait cette fille. Ces sentiments confus. Il avait envie qu'elle reste avec lui pour toujours.

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