Chapitre 8 : Normale
-"Je ne sais pas." Ce n'était qu'un murmure. Elle avait pris son temps avant de réponde, cherchant encore et encore si, ne serait ce qu'une fois, une seule fois, elle avait entendu son prénom.
Il hésita une minutes mais finalement :
-"Je vais te dire ce que je sais, après tout, tout ça te concerne en priorité." Il prit une inspiration et se lança. "Tu n'as aucun dossier, pas d'acte de naissance, pas de dossier médical, rien, je suis désolé de te dire ça, mais officiellement tu n'existe pas." Il tourna la tête vite fait pour voir si elle réagissait, mais pas trop, pour ne pas perdre la route des yeux.
-"Je n'ai aucun souvenir, je crois que je vois une femme des fois dans mes cauchemars mais....ça semble si loin, comme si..., comme si je ne faisait que l'imaginer, je ne sais même pas si j'ai des parents, si j'ai manqué à quelqu'un un jour ? Lui révéla-t-elle. Sa voix n'était pas tremblante mais interrogative. Qui était-elle?
Sans s'en rendre compte, ils étaient arrivés sur la rue menant à la maison de l'inspecteur. Le silence pesant aussi lourd que les interrogations.
Arrivé à l'intérieure, le tatoué posa tous les sacs sur le sol de sa salle à manger, les dossiers qui étaient resté sur sa banquette arrière, sur sa table. Il enleva ses chaussures et sa veste puis se dirigea vers son canapé. La jeune femme l'imita, elle resta en chaussettes, sa nouvelle doudoune accrochée près de la grande veste noire du policier.
Ils s'assirent tous les deux dans le silence, elle plongée dans ses souvenirs et lui écrivant dans son petit carnet de regarder les enlèvements de nouveau-nés il y a entre 25 et 35 ans. Ne sait on jamais.
-"Ecoute." Lui dit-il après quelques minutes trop lourdes de silence. "Si tu n'as pas de prénom, on n'a qu'à t'en trouver un !" Il tourna la tête vers elle.
-"Comment ? Est ce que je peux me faire appeler comme je veux sans que ça ne pose problème ? Demanda-t-elle perplexe en le regardant avec espoir.
-"C'est plus difficile que ça, mais s'il s'avère que tu n'as pas d'identité, tu peux te faire enregistrer au nom que tu veux. Et je suis policier, peut être que ça peut aider...Mais bon, on verra plus tard. Ce que je veux dire c'est que j'aimerais pouvoir t'appeler comme une personne normale, tu comprends ?"
Comme quelqu'un de normal, la dernière phrase marqua la jeune femme plus qu'elle ne voulait le laisser voir ,"normale". Oui, libre, comme les oiseaux de ce matin. Normale. Elle était heureuse comme jamais. Elle en avait mis du temps à enfin comprendre qu'elle était libre.
-"N'y a-t-il aucun prénom qui te plaise ?" Questionna l'inspecteur.
-"J'aime beaucoup "David" lui dit elle avec malice.
L'inspecteur fronça les sourcils, elle se moquait de lui?! Comment pouvait elle savoir, il détestait son prénom, c'était les prêtres du foyer pour garçons qui lui avaient donné et ça ne lui rappelait rien de bon, juste la solitude et le dégoût de soi. Loki était le nom d'un dieu de la mythologie nordique, Dieu de la discorde et là aussi c'était les prêtres qui lui avaient donné. Il était devenu flic pour ça, pour prouver qu'il était quelqu'un de bien, pour aider et s'aider en retour. Rien de son enfance ne lui plaisait, mais il avait au moins une identité.
-"Comment ?" lui demanda-t-il les yeux plissés.
Au son et à l'intonation de sa voix, elle avait compris que ça ne lui plaisait pas. Qu'elle aurait mieux fait de se taire.
-"Ne te fâche pas! Je l'ai vu sur ton diplôme ce matin pendant que tu étais dans la salle de bain."
L'inspecteur avait baissé la tête, se remémorant son enfance à l'orphelinat et son adolescence dans les familles d'accueil.
-"Ce n'est rien, c'est juste que c'est un nom que j'ai du mal à accepter." Il passa une fois de plus sa main tatouée dans ses cheveux. Il était nerveux.
Que lui était il arrivé dans sa jeunesse ? La jeune femme ne savait pas quoi en penser.
-"Je suis désolée, je ne savait pas. Je n'aurais pas dû."
Il pouvait entendre sa peine et il voyait bien qu'elle s'en voulait. Il secoua la tête, dégagea ses cheveux de ses yeux et lui donna un petit coup de coude pour qu'elle le regarde, il avait toujours la tête baissée mais il la regardait et elle pouvait voir dans ses yeux que sa jeunesse l'avait marqué bien plus qu'il ne l'avouerait jamais.
-"Ce n'est rien, ne t'en fais pas...Mais c'est un prénom pour toi qu'on cherche" Il redressa la tête
-"Tu sais j'ai toujours gardé espoir qu'un jour je puisse être comme tout le monde et aujourd'hui, j'entrevois cet espoir." Lui dit elle les yeux brillants.
-"Ne t'en fais dont pas comme ça, on va le trouver ce prénom." Il se leva et se retourna vers la jeune femme." En attendant, on va ranger tous les vêtements, je vais te faire un peu de place dans mon placard, pour dormir, je te laisse ma chambre, je dormirais ici..
-"Mais..." L'interrompit-elle.
-"Ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude, je crois que j'ai dormi plus souvent sur ce canapé que dans mon lit." Après une pause de quelques secondes, il reprit la parole. "Ecoute, il faut que je te pose encore quelques questions à propos de l'enquête et je te promets de te montrer encore un tatouage, de te dire ce qu'il signifie. Ok? T'en penses quoi ?" Il croisa les bras et attendit une réponse.
-"Que veux tu savoir?" Elle était nerveuse, tripotait ses cheveux avec ses doigts.
-"Tu dis que tu n'as jamais vu son visage, mais si tu le croisait comme ça.." Dit-il en faisant un geste avec la main. "Tu penses que tu pourrais le reconnaître?"
-"Je pense oui, j'en suis certaine, je reconnaîtrais sa silhouette et son aspect et je pourrais reconnaître sa voix ça c'est sur. Je l'entends chaque fois que je ferme les yeux"
-"C'est un indice important" Il réfléchit un peu. "Je suis désolé de te poser cette question mais....As-tu vu quelque chose, un quelconque signe, marque sur sa peau pouvant nous aider à l'identifier."
-"A part la cicatrice sur son bras gauche, non rien, rien de plus." Elle eut un frisson et il le vît.
-"Ok c'est bon, on arrête là pour ce soir."
Il rangea son carnet sur le petit meuble et alla s'asseoir près d'elle, il posa une main réconfortante sur son bras, elle tourna la tête vers lui et elle posa ses doigts sur la croix tatouée sur sa main gauche.
-"Et celui-là?"
-"Je l'ai fait il y a 4 ans, à la mort d'un proche." Il inspira. "Je ne suis pas doué pour parler de moi." Elle caressa sa main, et le signe qui s'y trouver.
-"Alors ne dit rien de plus." Elle posa sa tête sur son épaule forte, sans un mot, elle joignit ses doigts à ceux du policier et ils restèrent comme ça encore quelque temps.
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