Bien entendu, on peut comprendre le point de vue d'un agent de la Matrice : c'est certes une réflexion qui s'envisage si on nous observe « de l'extérieur »...  Notre croissance exponentielle et notre capacité de propagation impactant la planète au point de la modifier drastiquement fait totalement penser à une stratégie virale (ou à un comportement d'espèce invasive, mais j'y reviendrai).

Et puis le terme « virus » employé par un programme laisse un goût assez savoureux sur la langue ! Mais dans une conversation réelle, bassement matérialiste et actuelle, c'est la principale pierre d'achoppement en ce qui me concerne : même si on peut dénier à certains humains la meilleure part de leur animalité telle que décrite par l'agent Smith, de mon point de vue, l'homme reste pourtant bien un mammifère, et donc une espèce animale avant tout autre chose. Une espèce capable de former une réflexion, certes, mais cela ne nous exonère pas pour autant de la matière qui nous compose, nous comme les autres êtres n'appartenant pas au règne minéral. Ne pas considérer ce fait comme acquis et indiscutable autorise à s'accorder artificiellement une place particulière, et ne permet pas à mon sens de nous analyser correctement : cela revient à nous estimer en bordure des lois du vivant, et de fait, induit une distanciation du monde « naturel », distanciation qui pour moi explique une grande partie de nos problèmes (faut-il dire adaptatifs ?) actuels.

Mais avant d'y revenir plus en détail, il me semble utile de brosser rapidement quelques grandes notions sur ce qu'est l'évolution d'une espèce en général, de quelles grandes lois elle procède, et partant, quels phénomènes elle implique.

Je vais tenter de rester concise et claire, mais l'exercice me sera difficile... Et plutôt nouveau : je m'intéresse assez peu à l'humain, en général. Vous savez bien à quel point je déteste me limiter dans mes explications, mais là je n'ai pas le choix, sauf à tenter de vous écrire une encyclopédie : ce que je vais essayer de résumer ici occupe à temps plein plusieurs centaines de scientifiques, encore aujourd'hui. Et c'est un domaine que je connais, mais qui n'est pas au cœur de mes compétences en tant que chercheur.

De plus, je déroge à mon fonctionnement normal en matière d'articles scientifiques : habituellement je procède tout d'abord à une recherche bibliographique exhaustive dont je synthétise les principales théories pour les confronter entre-elles (ce que nous appelons « état de l'art »), puis je croise cela avec ma propre analyse, et j'en tire in fine les conclusions les plus probables et de nouvelles pistes de recherche éventuelles. Or ce que je vais écrire ici procèdera presque uniquement de ma propre réflexion -à deux collaborateurs près qui ont participé à mes réflexions. D'une part je manque du temps nécessaire à une recherche complète et construite, et d'autre part le sujet confine allègrement à la sociologie et à la philosophie, deux domaines où je suis plus que novice (pour ne pas dire autre chose d'encore moins flatteur, c'est mon article, quand même !)

Bref, maintenant vous êtes prévenus ! N'hésitez pas à apporter vos propres éléments, à réagir et à poser des questions, voire à aborder des cas qui vous semblent déroger aux règles que je vais énoncer.

C'est parti...