Chapitre 9 - Soirée apéro


Après que Léna eut entendu le fin mot de l'histoire, un silence soulagé et pesant s'installa. Alors, pour briser le silence, elle lança :

— Mais alors ça veut dire que tu peux faire briller des ampoules !

— Euh... Oui, c'est vrai, rit Élodie, un peu surprise.

— Attends, bouge pas, je crois qu'on en a à la cave, je reviens tout de suite !

Élodie éclata de rire. Ça lui avait manqué. Léna lui avait manqué. Une minute plus tard, celle-ci revint tout sourire, brandissant fièrement une ampoule.

— Tiens, essaie !

— Oui, attends, j'ai juste une question. Je pense que t'avais compris que j'avais pas trop d'endroit où dormir, donc je sais pas trop si ça dérange tes parents, mais...

— Oh, ben t'en fais pas, de toute façon ils sont pas là pour le week-end, donc fais-toi plaisir ! Mais juste, on devrait peut-être appeler la police, quand même, non ?

— Ouais, mais bon... J'en ai tellement marre de courir à droite à gauche que j'aimerais bien juste rester ici, genre... un ou deux jours, bien me reposer, et après on appellera la police.

— OK, si tu le dis... À mon avis, ce serait quand même bien de pas trop tarder. Bref, allume-la, cette ampoule !

Élodie prit le culot entre deux doigts et toucha le plot avec l'index de l'autre main. Le filament se mit quasi instantanément à rougir, puis briller.

— Mais c'est trop bien !!! Toutes les économies d'énergie qu'on pourrait faire si on t'avait à la maison !

— Ah, mais c'est ça que je devrais répondre quand on me demande ce que je veux faire plus tard ! Moi, plus tard, je veux être batterie portable !

Elles éclatèrent de rire. Léna enchaîna :

— Une panne de courant ? Un problème de facture d'électricité ? Pas de problème ! Branchez votre multiprise sur votre Élodie et faites fonctionner votre électroménager comme si de rien n'était !

— Tu vas peut-être un peu trop loin, là, s'esclaffa Élodie.

— Noooooooon, pas du tout !

— Pas du tout du tout !

— Mais... Tu sais faire ça depuis quand ? Moi aussi je veux pouvoir balancer des éclairs ! Comme ça, finis les cours d'histoire !

— ... Je sais pas si je devrais m'inquiéter, ou bien...

— T'inquiéter ? Pour quoi faire ?

Élodie lui lança un regard à la fois exaspéré et amusé.

— Rhôôô, c'est bon, me regarde pas comme ça ! Bon, allez, dis, tu sais faire ça depuis quand, et puis... Ben comment tu fais, en fait ?

— Aucune idée, et aucune idée ! Ça répond à ta question ?

— Alors, j'aurais souhaité quelque chose d'un peu plus précis, s'il-te-plaît... répliqua Léna en souriant.

— Ben en fait, je sais pas... Je crois que j'ai toujours pu faire ça... Enfin je me souviens pas ne pas avoir pu le faire. Et pour comment je fais, euh... Je crois que c'est quand je respire, je récupère de l'énergie, et puis après je la concentre en une boule, après je la brise, je crois, et j'ai plus qu'à la guider jusqu'à la sortie.

— Il faudrait que j'essaie, un de ces quatre ! Mais... Mais quand t'étais petite, t'as jamais eu envie d'utiliser la foudre, comme ça ?

— Ben non, je me suis jamais vraiment demandé d'où ça venait, mais mon père me disait qu'il ne fallait surtout pas que je le montre, donc je le faisais pas. Enfin si, un coup je l'ai fait. Et il m'avait sacrément engueulé, d'ailleurs !

— Ah bon, t'avais fait quoi ?

— T'étais là, j'te signale ! lâcha Élodie en riant. C'était en... CE1 ou CE2 si je dis pas de bêtise.

— Sérieux ? Mais donc t'avais fait quoi ?

— Je m'étais aperçue que je pouvais faire de l'électricité statique, du coup je m'étais amusée à faire flotter mes cheveux à la récré !

— Oh oui, je m'en souviens ! J'avais cherché pendant des jours comment t'avais fait ! s'exclama Léna, avant de regarder l'heure sur son portable. Il faudrait bientôt que je fasse à manger, mais j'ai un peu la flemme. Ça te dit de faire un apéro ?

— Carrément !

Les deux amies se levèrent et se dirigèrent vers la cuisine, en quête de biscuits apéritifs et de boissons.

— Tu peux prendre les Pringles, indiqua Léna en désignant la boîte en forme de tube.

— Ok ! Et sinon, question qui n'a rien à voir, comment ils vont, Liam et Lucas ?

— Ben ça va, comme d'hab'. Oh ! D'ailleurs il faut que je leur dise de pas s'inquiéter pour toi ! On s'était dit qu'il fallait qu'on appelle ton père.

— Ah oui, c'est vrai ça, personne a encore appelé mon père ou la police ?

— Ben il y avait que nous qui nous demandions ce que t'avais.

— Oui, mais j'étais pas en cours, au lycée aussi on devait se demander ce que j'avais, non ?

— Ouais, mais... En fait, tes absences étaient justifiées, expliqua Léna d'un ton grave.

— Quoi ?! Mais attends... Tu veux dire que les gens qui me poursuivaient sont allés au lycée et ont dit « Oui, bonjour, Élodie Morgen ne sera plus en cours jusqu'à une date indéterminée, merci, au revoir » ?

— Nan, mais je sais pas... Nous on trouvait ça bizarre, déjà tu répondais pas mercredi soir, et en plus t'étais pas là en cours. On t'a envoyé des messages, et je suis même allée chez toi prendre de tes nouvelles hier soir, mais tes volets étaient fermés, et tu répondais pas.

— Mes volets étaient fermés ?! J'ai tout laissé ouvert pourtant, en m'enfuyant.

— Ben après, arrête-moi si je me trompe, mais je pense que les gens qui t'ont attaquée savent se servir d'un volet.

— Ah oui, c'est vrai, rit Élodie, avant de prendre un air presque horrifié. Mais attends, c'est glauque quand même, ça veut dire qu'ils sont encore chez moi...

— Ouais... Le plus bizarre, quand même, c'est qu'ils aient pu justifier ton absence. Mais bon, nous on savait que ton père était au Japon, donc si tu répondais toujours pas, on s'est dit qu'on l'appellerait.

— Bah du coup, tu peux tout de suite dire à Liam et Lucas de ne pas appeler mon père.

— OK je fais ça. Tu peux ramener ça à table, du coup, en attendant, répondit Léna en désignant un plateau couvert de victuailles et en attrapant son téléphone.

Arrivées dans le salon, les filles s'assirent sur le canapé et commencèrent à manger. Élodie, intriguée, reprit la parole :

— Tout-à-l'heure, t'as pas dit qu'Alexis était pas allé au lycée non plus ?

— Ouais, il est pas venu depuis mercredi matin. En même temps, tu parles, bien sûr qu'il est pas venu, ce connard ! Il avait trop honte ! Et ben tant mieux ! Qu'il ait honte !

Élodie acquiesça en souriant, silencieuse. Mais quelque part au fond d'elle, elle n'aimait pas que Léna l'insulte. Elle n'arrivait pas encore à se faire à cette idée qu'Alexis était un ennemi, qu'Alexis voulait son mal.

Les deux amies passèrent le reste de la soirée à discuter, rire et manger. C'était un tel bonheur pour l'une comme pour l'autre de passer ce moment ensemble.

Ce n'est que vers onze heures et demi, alors qu'Élodie commençait à s'endormir, à cause des derniers jours passés à s'épuiser, que Léna décida qu'il était temps de se coucher. Elle montra à son amie la chambre dans laquelle elle dormirait, puis elle se dirigea vers sa propre chambre pour se coucher.

Élodie était exténuée, mais elle n'arrivait pas à fermer l'œil. Quelque chose la rongeait, la maintenait éveillée. La peur, peut-être. Ses yeux restaient alertes, ne voulant pas se fermer. Elle ne se sentait pas vraiment en sécurité, comme si on l'observait toujours. Il lui manquait quelque chose. Alors, environ une demi-heure après s'être couchée, elle se leva.

La porte de la chambre de Léna grinça sur ses gonds. Élodie s'avança, doucement, et son amie se redressa.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, chuchotant.

— J'arrive pas à dormir. Et...

Elle s'assit sur le lit, près de Léna. Il régnait dans la pièce une ambiance tranquille, apaisante.

— Et... continua-t-elle, hésitante. J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps. J'ai peur de te perdre, avec tout ce qui se passe, et j'ai vraiment cru te perdre. En fait, tu as toujours été là pour moi. Je veux dire : on se connaît depuis toujours, et... Et... Je crois que je t'aime, Léna. Vraiment.

Le cœur d'Élodie battait à lui rompre les côtes. Son regard, vif, cherchait dans le noir les yeux de celle qui comptait peut-être le plus pour elle, et disait ce que ses lèvres n'osaient pas. Léna, la regardait, silencieuse. Puis, tendrement, elle répondit, dans un murmure :

— Moi aussi, je t'aime.

Tout le corps d'Élodie s'apaisa, et elle soupira de bonheur. Elle s'allongea aux côtés de Léna qui posa elle aussi sa tête sur l'oreiller. Cette dernière tendit la main pour lui toucher la joue. Elle se fixaient, dans la pénombre de leur tendresse, l'une ne pouvant plus quitter l'autre des yeux. Leurs souffles se mélangeaient, caressaient leurs visages. Élodie ferma les yeux ; alors, instinctivement, elle entrouvrit la bouche, et ses lèvres rencontrèrent celles de celle qu'elle aimait.

Pendant un instant, le monde s'arrêta. Élodie ne pensait plus à rien. Elle était juste là, baignant dans le plus pur bonheur. Le baiser qu'elles échangèrent était chargé de tendresse, de douceur, et d'amour.

Les deux filles ne faisaient maintenant plus qu'une. Leurs bras enlacés, leur chair, leurs cheveux se mélangeaient. Le feu, doux et puissant, à l'intérieur de chacune d'elles, était le même. Et doucement, chacune bercée par le souffle de l'autre, elles s'endormirent.


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Voilà, voilà... Bon, je suis pas expert dans ce genre de fin de chapitre, donc n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ce que je devrais changer... Ou pas !

Normalement, le prochain chapitre devrait pas être aussi long à venir que ces deux derniers ^^

J'espère que ça vous a plu, et plein de bisous sur vous tous !

À la prochaine, la bise ! 😊❤️

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