Chapitre 13 - Un vent de liberté
« Bonne nuit, ma chérie... »
Élodie ferma doucement les yeux, épuisée. Son père déposa un baiser sur son front, et sortit de la chambre, en éteignant la lumière.
Élodie ouvrit les yeux.
Une semaine.
Une semaine qu'elle avait vécu la pire épreuve de sa vie. Une semaine que sa maison avait fini en cendres.
Un frisson de terreur parcourut son dos.
Elle revit alors se dessiner les flammes sur le sombre plafond de la chambre. Elle s'était réveillée, quelques instants après s'être évanouie dans les combles en feu. Elle était dehors, et elle voyait sa maison brûler. Des langues de démons léchaient avidement la moindre parcelle de vie et de souvenir que contenaient les murs.
Léna l'avait suivie, de loin, et avait alerté la police de ce qui se passait. Puis les flammes avaient ouvert un bout du toit, et la lumière qui s'en dégageait s'était étalée sur toutes les maisons environnantes. Elle avait alors appelé les pompiers.
Ils n'avaient trouvé personne, dans la maison. Tous disparus. Pas un seul de ces hommes et femmes qui avaient pourtant plusieurs fois essayé de tuer les deux jeunes filles. Seule Élodie avait été secourue par les pompiers. Ainsi que cet homme, retrouvé évanoui avec elle. Grand. Dangereux. Violent. Léna avait tout de suite averti les secours et les forces de l'ordre que c'était un de leurs agresseurs, et il avait tout de suite été enfermé, avant même d'avoir été réanimé. Il était maintenant derrière les barreaux.
Mais dans la mémoire d'Élodie, tout se mélangeait, tout était flou. Tout ce dont elle se souvenait était ces flammes, grandes et magnifiques, qui avaient détruit tout ce qu'elle avait. Et le visage inconnu de ce colosse, qui, bien qu'en prison, hantait chaque recoin de ses cauchemars.
La suite aussi, était trouble. On l'avait prise en charge, son père était immédiatement rentré du Japon. Puis ils étaient allés habiter chez sa grand-mère pour une durée indéfinie, le temps de se trouver un nouveau chez-soi. De se trouver des nouveaux souvenirs.
Les médias avaient appris l'affaire, l'avaient contacté, ainsi que son père, et Léna. Élodie n'avait répondu à aucun d'entre eux. Elle était trop détruite, fatiguée. Elle dormait tout le jour, mais ne se reposait jamais réellement. Elle était vide.
Elle voulait dormir, mais dormir ne suffisait pas.
Elle voulait oublier, mais elle n'y arrivait pas.
Elle n'avait envoyé de messages à aucun de ses amis depuis qu'elle était partie en convalescence. Son téléphone aussi avait fini dans les flammes. Et de toute manière elle n'aurait pas su quoi dire. Mais souvent, elle pensait à eux. À Liam, à Lucas. À Léna.
Léna.
Elle avait beaucoup réfléchi à ce qu'elle aurait pu lui envoyer. Mais elle ne savait pas. Elle aurait pu lui dire merci. Lui dire je vais bien. Lui dire je t'aime.
Mais elle n'allait pas bien.
Et elle n'était pas sûre de l'aimer.
Elle était perdue.
Comme un oiseau sans aile, sous les noirs branchages d'une sombre forêt.
Plus que jamais, elle était perdue. Elle avait peur.
Ses pensées continuèrent de tourner ainsi, dans l'obscurité de la pièce, faisant remonter à la surface de sa conscience ces moments qu'elle voulait tant oublier. La fatigue aussi continuait de s'acharner sur elle, si bien que rapidement, elle ferma les yeux, et le noir emplit son esprit pour ensuite qu'il se teinte de couleurs nouvelles.
Le noir plafond s'ouvrit en deux pour laisser entrer une plaine pleine de laines de mouton. Toutes bêlaient à s'en arracher les oreilles, tant leurs cris étaient aigus. Elles flottaient au dessus de l'herbe jaune, comme des nuages en perdition. De chaque côté de cette étendue de doux-amer se dressaient des rangées de gigantesques montagnes, aussi grandes qu'on pouvait les voir. Leur simple vue était si grisante, qu'Élodie n'hésita pas une seconde lorsqu'elle dut choisir entre rester dans son lit, seule, ou rejoindre les nuages de laine, malgré leurs hurlements.
La jeune fille posa un pied nu sur le sol d'herbe, et les brins se mirent presque immédiatement à lui chatouiller la voûte plantaire. Elle fit un pas. Puis deux. Alors elle se mit à courir, vers l'horizon, du plus vite qu'elle pouvait, sans se soucier de rien, simplement heureuse d'être libre et en vie.
Ses poumons s'emplissaient d'un air frais et le vent faisait onduler ses cheveux, dans des courbes de bonheur et de vie. Elle était vivante. Bien vivante. Juste vivante. Et ça suffisait. Rien n'était plus beau ni plus bon à ce moment précis que de sentir ce souffle d'énergie, cette brise de joie et de liberté. Alors ses pas la portaient, loin, à l'horizon, derrière tout ce qui existait.
Mais d'un coup, ces pieds heurtèrent un nuage de laine. Il était gris et triste, sans une once de bonne humeur. Élodie tenta de continuer à avancer, mais ses jambes s'empêtraient dans la laine, comme si un flot de pétrole avait soudain agrippé ses ailes. Elle regarda au sol, dans la masse de désespoir qui couvrait maintenant toute l'herbe. Et elle se vit en ce gris. C'était elle. Un miroir qui reflétait ses peurs, l'incertitude de la vie et de son avenir.
Elle observa cette eau qui lui ressemblait tant et observa ses propres contours se réfléchir à sa surface. Elle n'avait nul part où aller. Tout autour d'elle, le monde n'existait pas. Elle ne pouvait que plonger dans ses malheurs, elle n'avait pas le choix. Alors elle se fondit dans la masse, et en perça la surface.
De l'autre côté, tout était vrai. Trop vrai. Et trop dur. Le soleil ne parvenait pas à éclairer ces lieux de désespoirs, que l'on ne pouvait voir que grâce à sa propre infortune. Élodie ne ressentait plus ce souffle de vie qui l'animait quelques instants plus tôt. Maintenant, tout était sombre et flou. Tout autour d'elle se nourrissait de sa vie, jusqu'à ce qu'il n'en restât rien. Des lames de peur lui tailladaient la peau, des bourrasques de douleurs la faisaient chanceler, des litres de tourments la noyaient dans la mort.
Puis ses pieds, d'abord pataugeant dans cette infecte souffrance, heurtèrent un sol de pierre dure et froide. Et Élodie roula par terre, dans cette pièce plus sombre encore que ce qu'elle venait de traverser. L'endroit semblait désert et propre, gris et morne. C'était un bloc, de béton, tout rectangulaire et sans ouverture, dont la froideur ravivait les plus cruelles douleurs. La jeune fille tourna sur elle-même. Tout était identique. Seuls des carrés de gris, austères et envahissants. Elle était perdue, seule, la nausée s'emparait d'elle, elle ne comprenait pas, qui était-elle était-ce ça la vie pourquoi la masse était si luisante de noire en ascension de cet escalier toujours plus long qui ne finirait jamais de toute manière ; pourquoi vouloir une fin le début, était pourtant si tant peu vrai pour être dans la douceur de lumière et l'ours de malheurs qui
Tout s'arrêta. Un homme. Une silhouette. Noire. Devant elle. Grande. Immense. Dangereuse. Terrorisante.
Une lame. Blanche. Éclatante. Fine. Froide. Gelée. La gorge d'Élodie.
Élodie ouvrit les yeux. Elle était en sueur. Une fine lame était délicatement posée sur sa jugulaire. Et l'homme, si grand, la toisait, d'un regard triomphant de terreur.
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Ahoy ! Oui, oui, effectivement, Élodie s'est faite attraper deux fois de suite... (C'est qu'elle est douée la petite ! 😆)
Bon alors, par rapport à mon rythme de publication... Euh... Normalement, puisque les grandes vacances arrivent, je vais pouvoir publier plus souvent. Mais je ne m'avance pas trop, parce qu'à chaque fois que je dis que je vais publier plus souvent, je mets quand même trois ans et demi à sortir un chapitre. 😅
Bref, merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère que ça vous a plu, et la bise, à la prochaine ! 😊
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