Chapitre 11 - Un feu de terreur

Les flammes se dissipèrent dans un nuage rouge, mais restèrent encore longtemps imprimées sur les yeux d'Élodie. Elle ne voyait rien. Tout autour d'elle est sombre, embrumé, flou, dangereux. Il n'y a plus aucune lumière. Elle suffoque, ne sachant comment agir, et tourne la tête, dans tous les sens. Elle est perdue au milieu de tout ce noir. Elle s'était perdue.

Une flamme dorée s'alluma dans les mains de son agresseur, et éclaira son visage. Il faisait peur à voir. Elle angoissait.

Alors, elle reprit ses esprits et se tourna haletante vers Léna.

— Reste avec moi.

L'homme lance soudain une bourrasque de feu sur les filles, qui manquent de tomber l'une sur l'autre en tentant de l'éviter. Élodie, une odeur de brûlé dans les yeux, tente désespérément de le foudroyer, mais les rafales de flammes continuent de les aveugler, toujours plus proches et plus mortelles, sans s'arrêter. Soudain, une lame brûlante atteint la main de Léna, qui lâche son téléphone dans un hurlement de douleur. Sa petite amie se tourne alors vers l'origine du feu, sûre d'elle et de ses intentions, et lance un regard meurtrier. Puis elle tend les doigts, et une immense lumière d'un blanc éclatant déchire l'air et vient transpercer le corps de son ennemi.

L'homme rugit de douleur, d'un cri à tordre les entrailles. Léna resta pétrifiée. Élodie baissa le bras. Puis, sans demander son reste, elle se dirigea avec énergie vers la rue, tirant l'autre par le bras.

— Vite, dépêche-toi ! On doit surtout pas rester ici, ceux qu'il a appelés vont bientôt venir, il faut se cacher ! Maintenant !

Les deux jeunes filles traversèrent la rue d'un souffle, pieds nus, leurs chaussures à la main, puis remontèrent vers les montagnes dans la nuit, courant sur le sombre goudron brûlant, le plus vite que leurs jambes leur permettaient. Elles se retrouvèrent bientôt sous les arbres, en sueur, à se demander si l'avenir leur donnait encore un peu de temps à vivre, où si on les attraperait avant qu'elles n'aient pu goûter à nouveau à une existence normale.

Elles tombèrent dans les bras l'une de l'autre.

— Si ça continue comme ça, je vais finir par mieux connaître la forêt que ma maison... souffla Élodie.

Léna sourit, avant de se détacher d'elle, une expression paniquée sur le visage.

— Ils vont nous retrouver... Il faut qu'on se cache. Tu dois bien connaître un endroit, pas vrai... ?

—Je... Oui, mais on doit surtout pas y retourner. Ils savent où j'ai été, ça serait du suicide d'essayer d'y aller à nouveau.

— T'es sûre... ? Je veux dire : ils ne se douteront peut-être pas qu'on y va, si?

— Non, il faut surtout pas y aller.

Élodie se tut. Elle était de nouveau perdue, haletante, au milieu des bois et des ombres, en pleine nuit, poursuivie par une sorte de secte meurtrière. La peur lui enserra la gorge. Ça recommençait. Ça ne s'arrêterait jamais. Elle mourrait ici, que ce soit de leur main, d'épuisement ou bien de désespoir.

Mais cette fois-ci, elle avait Léna. Un simple coup d'œil vers elle lui assura que ça se passerait bien, qu'elles s'en sortiraient ensemble. Sa présence était un don du ciel. Mais d'un autre côté, le fait qu'elle soit là l'effrayait davantage encore. Élodie avait non seulement peur de perdre la vie, mais aussi de perdre celle de sa petite amie.

Pourquoi tout devait-il être aussi compliqué ? Pourquoi ne pouvait-elle juste pas mourir en silence, sans douleur, loin, seule ? Pourquoi se battait-elle encore ?

« Car ton cœur bat pour Léna. », se répondit-elle.

Après avoir enfilé leurs baskets, les deux lycéennes étaient reparties en quête d'un abri qui voudrait bien les accueillir. La marche s'effectua dans un silence inquiet et fatigué.

Quelques heures plus tard, leurs pas les avaient menées à une sorte d'entrée de tunnel, ou de tranchée, très certainement une cicatrice de la seconde guerre mondiale. Avec ses sacs de sable et son sol poudreux, l'endroit n'était pas bien accueillant, mais il était tout juste assez grand pour que Léna et Élodie passent la nuit ici et soient cachées du reste de la forêt.

Elles s'assirent aussi confortablement qu'elles le purent, et se blottirent l'une contre l'autre.

— Je pense toujours qu'on devrait trouver un moyen de contacter la police, lâcha Léna, pour enfin rompre le silence. Par contre, j'ai réussi à perdre mon portable...

— C'est pas grave, ne t'inquiète pas. De toute façon je pense pas que ce soit une très bonne idée, on doit se débrouiller toutes seules.

— Bien sûr que si que c'est grave que j'aie perdu mon portable ! À cause de moi on va crever ! Je suis vraiment conne, putain !

— Non, t'es pas conne, c'est pas grave ! C'est pas de ta faute, si un inconnu essayait de nous tuer ! On va s'en sortir, regarde-moi, Léna, on va s'en sortir.

— D'accord, on va s'en sortir... admit Léna. Merci... Je t'aime.

— Moi aussi je t'aime, et je te promets qu'on va y arriver.

Léna leva ses yeux embués de larmes vers Élodie. Celle-ci n'était pas vraiment sûre d'elle, mais elle devait se montrer assurée pour être rassurante.

— Et par rapport à ton idée d'appeler la police, continua Élodie après un temps, enfin je te l'ai déjà dit, je pense pas qu'on devrait le faire. J'ai plutôt une autre idée. En fait, quand j'étais petite, mon père me disait de pas aller au grenier... Du coup j'y suis allée. Et... Et il y avait plein de feuilles et de documents que je comprenais pas, et je suis quasi certaine que ça parlait de pouvoirs, comme les miens, ou ceux de mon père.

— Ton père aussi a des pouvoirs... ?

—Oui, oui il peut maîtriser le vent et l'air. C'est plutôt sympa, d'ailleurs, en été... Enfin bref. Je suis sûre que s'il y a des documents sur des pouvoirs comme les miens, il y a des informations sur les gens qui nous poursuivent. Je veux dire : ils ont des pouvoirs, et en plus ils ne s'en étaient jamais pris à moi, ça veut sûrement dire que mon père les connaissait et m'en protégeait.

Léna la regarda d'un air ahuri.

— Tu veux aller chercher des... documents ? Tu veux aller jusque chez toi, où on est d'ailleurs sûres l'une comme l'autre qu'ils t'y attendent, pour aller chercher des documents que tu n'as jamais vus, dont tu n'es pas sûre qu'ils existent, et qui, même s'ils existaient, ne t'apprendraient peut-être rien ?!

— Mais, Léna, si on sait qui ils sont, on pourrait plus facilement les combatt...

— Non, non, non. On doit appeler la police. On passe la nuit ici, et demain matin, dès qu'on est reposées, on part chercher un moyen de téléphoner.

— S'il te plaît, tu comprends pas... supplia Élodie.

— Mais Élodie ! On est pas dans un film ! s'énerva Léna. Tu cherches à te faire tuer, ou quoi ? Parce que si c'est le cas, vas-y sans moi !

Élodie écarquilla les yeux. Son cœur venait d'être transpercé par une dure lame de douleur. Elle se leva, brusque.

— Et bien alors, j'y vais.

Élodie s'éloigna d'un pas ferme, bien décidée à montrer qu'elle avait raison. Léna resta d'abord interdite, ne comprenant pas la situation. Puis elle ouvrit la bouche, se tendit, et lança :

— Non, attends ! Reviens ! Tu vas te faire tuer !

Élodie s'arrêta quelques secondes. Puis elle se mit à courir, essuyant une larme.

Léna tenta de la rattraper, mais elle se fit rapidement distancer. Elle était, maintenant, elle aussi, seule.


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Ouais... C'est pas très heureux, comme fin de chapitre, mais bon...  J'espère qu'il vous aura quand même plu ! 😁

Par contre, le prochain mettra un peu de temps à sortir (déjà que celui-ci n'était pas bien rapide 😆), donc je m'excuse d'avance.

Bref, n'hésitez  pas non plus à aller voir ce que je poste sur Beati Pacifici (petit coup de pub, c'est gratuit, ça fait pas de mal x) ) et à la prochaine !

La bise ! ❤

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