Chapitre 10 - Lier le beau à l'agréable
Élodie ouvrit les yeux. Elle était seule, dans le grand lit de Léna. Étirant doucement ses membres, elle inspira profondément. Il faisait jour au travers des volets.
La jeune fille était parfaitement reposée, plus qu'elle ne l'avait jamais été. Elle s'était longtemps fait la remarque que « dormir sur ses deux oreilles » n'était pas physiquement possible, mais elle avait si bien dormi qu'elle se demandait si ce n'était pas ce qu'elle venait de faire.
Elle avait le cœur léger, l'esprit clair, le corps détendu. Des stries de lumières filtraient à travers les volets et venaient se projeter sur le mur opposé, créant une douce ambiance lumineuse, propice à un bon réveil. Une journée parfaite se dessinait devant Élodie.
La jeune fille se leva sans trop d'effort, et sortit de la chambre. Elle descendit les escaliers et se dirigea vers le salon, où elle trouva Léna qui préparait le petit-déjeuner. Un court silence embarrassé s'installa. Puis Élodie la prit tendrement dans ses bras pour lui dire bonjour. Alors la gêne se brisa, et elles s'installèrent toutes les deux pour commencer à manger.
La matinée se passa, calme, les filles dans les bras l'une de l'autre, à discuter. Leur complicité, déjà immense, n'avait fait qu'augmenter avec le baiser qu'elles avaient échangé pendant la nuit. Pourtant aucune des deux n'en parla.
Léna fit de nombreuses fois référence au fait qu'Élodie devrait appeler la police ou au moins son père, mais celle-ci en avait tout sauf envie. Elle était si bien, ici, à simplement vivre ce qu'elle voulait comme elle le voulait. Donc elle répondait qu'elle le ferait plus tard, qu'elle profitait juste de cet instant, et surtout de Léna. Alors elles s'embrassaient. Et, implicitement, d'un tendre regard, elles s'affirmaient l'une l'autre qu'elles ne se quitteraient pas ; que désormais, elles étaient ensemble, et qu'on ne les séparerait pas.
L'heure du déjeuner arriva, avec la faim qui l'accompagne. Les filles préparèrent des pâtes, et se mirent à table.
— J'suis désolée, mais je sais faire que ça, s'excusa Léna.
— De quoi ?
— Les pâtes.
— Ah, mais c'est pas grave du tout ! s'exclama Élodie. Au contraire, j'adoooore !
— Ben tant mieux, parce que mes compétences en cuisine s'arrêtent là ! Elles sont vraiment pas très élevées...
Léna porta sa fourchette à la bouche. Élodie l'observa. Elle n'avait jamais remarqué à quel point elle était belle. Elle trouvait ça drôle, qu'elles s'aperçoivent toutes les deux en même temps des sentiments qu'elles partageaient, alors qu'elles se connaissaient depuis si longtemps. Ou peut-être Léna l'aimait-elle ainsi depuis un certain temps. Non, elle le lui aurait dit, elles se disaient tout. Elle le lui aurait dit, n'est-ce pas ?
De toute manière, ça n'avait pas d'importance.
Durant l'après-midi, Léna tenta de parler des pouvoirs d'Élodie, mais celle-ci n'était pas très à l'aise avec le sujet, qui lui rappelait ses journées d'errance et les inconnus qu'elle avait foudroyés. Un frisson parcourut son échine.
Ces inconnus la connaissaient. Ces inconnus avaient plusieurs fois essayé de la tuer. Ces inconnus occupaient maintenant sa maison. Et ils semblaient voler au-dessus du système, comme s'ils se volatilisaient aussitôt qu'on les trouvait. La jeune fille pensait cela à cause de son absence qui était justifiée au lycée. Ou alors peut-être était-ce une erreur ?
Non, c'était trop gros. Ces inconnus ne volaient pas au-dessus du système, ils le contrôlaient. C'était en partie pour ça qu'Élodie avait dit à Léna qu'elle ne voulait pas appeler la police, elle pensait que cela ne servirait à rien. Que d'une façon ou d'une autre, cela se retournerait contre elle, qu'elle faisait mieux de ne rien faire, et de se cacher. La seule personne capable de l'aider était son père, mais elle n'avait pas envie de le contacter maintenant, elle préférait d'abord savourer sa vie chez Léna.
Elle repensa à ses poursuivants. Ce H blanc, cousu à leurs vêtements... Il voulait forcément dire quelque chose. Une organisation secrète, peut-être ? Des sortes d'Illuminati ? L'idée la fit sourire, même si au fond d'elle, elle lui faisait plutôt peur. Rien n'était rassurant dans cette histoire. Ou plutôt, tout l'inquiétait. Son seul réconfort, c'était Léna. Raison de plus pour ne pas partir de chez elle.
Le soir vint, après un après-midi passé à ne plus ou moins rien faire, sauf peut-être jouer à Mario Kart, discuter et rêver.
La table fut dressée et le repas préparé. Cette fois, il s'agissait d'une salade de tomates en entrée, suivie de poulet à l'ananas dont la recette venait d'Internet pour le plat, et de morceaux de pastèque pour le dessert. Les filles avaient commencé à cuisiner tard, si bien que le soleil avait déjà disparu à l'horizon quand elles commencèrent à manger la salade de tomates.
— Eh ben ! Heureusement que t'es là pour faire autre chose que des pâtes ! plaisanta Léna.
— Oui, enfin tu m'as bien aidée, quand même !
— Ben... J'ai coupé les tomates, l'ananas et la pastèque, quoi. C'est pas non plus extraordinaire !
— Mais si, c'est déjà bien ! sourit Élodie
— Mouais, si tu le dis... En tout cas, ça a l'air super bon !
— Ouais ! Bon appétit !
— Bon appétit, mon cœur !
Élodie se sentit fondre et sourire bêtement. Ses entrailles s'étaient liquéfiées. Elle approcha sa tête de celle de sa petite amie et plongea son regard dans le sien. Une vague de doux frissons la parcourut. Elle l'aimait tellement... Comment avait-elle fait pour ne pas l'avoir su plus tôt ? Tout chez elle était magnifique, à tel point que la regarder en devenait enivrant. Et son odeur, si agréable... Élodie ferma les yeux.
Les lèvres des deux filles se rencontrèrent, dans un flot de félicité qui se répandit progressivement dans leurs corps. C'était si doux...
Élodie ouvrit les yeux, pour voir le regard de Léna. Soudain, tout se glaça. Élodie recula vivement, brusquant Léna.
— L... Léna ! Derrière toi... !
Un homme se tenait, dans le noir, par la fenêtre, dans le jardin de Léna. Et il les observait. Les yeux ronds, le teint pâle, la mine sombre. Il ne bougeait pas, comme un cauchemar qui ne voudrait pas s'arrêter. Il les observait, avec dans le regard une terreur encore plus grande que celle qu'il inspirait.
Il sortit un téléphone de sa poche, le mit lentement à son oreille.
Les filles restaient immobiles, terrifiées.
Il avait un H blanc cousu à sa veste.
Élodie s'arracha enfin à sa stupeur. Elle tire Léna par le bras et lui crie :
— Vite, dépêche-toi ! Il faut dégager d'ici ! Prends ton portable !
Puis elle prend ses chaussures à la main, et détale vers la porte d'entrée, suivie de Léna, qui fait de même. Elle ouvre la porte à la volée et court, pieds nus, dans l'herbe du jardin.
Soudain, une immense gerbe de flamme explose devant elle.
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Et oui... Le séjour chez Léna est déjà terminé... J'espère qu'il vous aura plu et que vous le recommanderez à vos proches ! 😝
Bref, encore une fois, Élodie va devoir courir pour sauver sa peau, mais CETTE FOIS, elle n'est pas seule !
J'espère que vous avez aimé ce chapitre, et je vous dis à la prochaine pour voir si Élodie survit encore !
La bise ! ❤
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