Chapitre 1 - Paris

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Partager son univers pas écrit, c'est un peu comme dire « Voilà ce que j'ai dans le cœur. Traitez-le avec douceur, c'est fragile ».
Là où partager une fanfic ressembleraient plutôt à dévoiler son historique Pornhub.
C'est tout aussi privé, mais beaucoup plus gênant.

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27 octobre

Repartir en tournée lui semblait une bonne idée. Non, c'était une bonne idée. Incontestablement. Les fans étaient hystériques, l'équipe s'entendait bien et Pete... Eh bien, Pete était Pete. Mais surtout, Pete était clean. Ça faisait des mois qu'il l'était, et, bordel, que ça faisait du bien de le retrouver comme ça.

Ils avaient bossé pendant des semaines pour préparer cette tournée qui passerait par le continent et, ce soir, elle débutait par nulle autre ville que Paris. Paris la lumineuse. Paris où ils avaient des souvenirs ensemble. Certains très bons et d'autres, hm, nettement moins agréables.
Il se demandait si Pete se les remémorait également depuis leur arrivée, mais aussi lesquels étaient majoritaires dans son esprit, quand il vit son ami remonter le couloir face à lui.
— Carlos ! Je suis en feu ce soir ! L'apostropha celui-ci en arrivant à sa hauteur avant d'esquisser quelques pas de danse et de repartir vers les loges.
Avant d'y retourner à son tour, Carl se fit la réflexion que si toutes les questions pouvaient recevoir une réponse aussi claire et rapide, la vie serait quand même bien plus simple.

Le concert avait bien commencé. Ils était tous concentrés, l'énergie du public était bonne, et même sur You're my Waterloo, où il leur était souvent arrivé de dépasser le nombre de marques d'affection à la minute recommandé par l'OMS, ils avaient réussis à garder leur calme. La plupart du temps, quand Peter s'approchait du micro de Carl, celui-ci s'éloignait sautiller un peu plus loin l'air de rien, même si, bien sûr, il leur était impossible de ne pas se rapprocher un peu parfois. Le public en avait envie. Pete en avait envie. Et puis, oui, inutile de le cacher, Carl aussi en crevait d'envie.

Savoir qu'ils allaient chanter en cœur dans le même micro, au point que leurs nez se frôlent, que leurs joues se caressent ou que leurs bouches s'entrechoquent, faisait partie des choses qui excitaient les papillons dans son ventre juste avant de monter sur scène. Il avait beau faire comme s'il n'en était rien, il ne contrôlait pas cette partie de lui qui se consumait à cette idée.

Et puis le rappel était arrivé, et toutes ses bonnes résolutions avaient volé en morceaux.

Dés le début le public a sentit que quelque chose avait changé, que les garçons étaient différents.
Était-ce à cause de l'alcool bu en loge ? De l'heure et demie déjà écoulée qui les avait fatigués et avait affaibli les défenses de Carl ? D'une simple envie de leur part qui, frustrée d'avoir été refoulée jusque-là, s'en donnait enfin à cœur joie ?
Toujours est-il qu'ils étaient apparus plus fusionnels que jamais. Entre les regards croisés, les embrassades, la tension palpable entre leurs deux corps, c'est à une parade nuptiale hautement érotique qu'eut l'impression d'assister le public lors des vingt dernières minutes.

Voilà pourquoi il s'était posé toutes ces questions quant au bien-fondé de repartir en tournée. Ce n'était pas l'équipe ou le public qu'il craignait.
Pas même Peter.
Non.
C'était lui-même.

Il n'avait jamais su résister à une telle proximité avec Pete, celui-ci l'attirait invariablement. Il ne pouvait s'empêcher de retomber sous son charme, comme quand il avait 20 ans. Il lui suffisait de se retrouver une demi-heure sur scène avec lui pour que son cœur s'emballe et que tous ses sentiments enfouis resurgissent. Il était dingue de lui bien qu'il n'ait de cesse de se voiler la face à ce sujet. Il pouvait accepter ses caresses et ses simulacres de baisers sur scène, il en redemandait et vacillait, sur le fil en permanence, il aimait ça comme un fou. Et s'il avait dû vivre sur scène, alors oui, il aurait immanquablement fini par le demander en mariage. Mais, une fois les pieds à nouveau ancrés dans le monde réel, une fois redevenu lui-même, ou au moins celui qu'il s'imaginait être en vrai, il ne lui était plus possible de continuer à vivre dans ce rêve éveillé.
Qu'il aime Pete ou non n'y changeait rien. Il ne pouvait baser sa vie sur un fantasme.

Et ils ne passaient pas leurs vies sur scène heureusement, ou malheureusement, il ne savait plus trop.
Bien malgré lui, le concert s'était transformé en lune de miel. Partout où il regardait, il y avait Pete. Partout où il sautait se réfugier il y avait Pete. Dans ces conditions, tomber dans ses bras était si facile, l'enlacer si agréable. Et même sans ça, il y avait les rires, les plaisanteries. Carl aurait aimé que ça soit pour toujours ainsi.

La chanson de fermeture, celle soufflée à l'oreille de Ferdinand, l'enfant monté sur scène pour une dernière requête, par Peter lui-même, sonnait elle aussi comme une déclaration.

Say nighty-night and kiss me
(Dis bonne nuit et embrasse moi)
Just hold me tight and tell me you'll miss me
(Tiens moi juste serré contre toi et dis moi que je te manquerai)

Pete avait envie d'entendre ses mots. Sinon pourquoi avoir soufflé à l'enfant l'idée de cette chanson ? Carl n'avait qu'un désir lui aussi, les lui murmurer à l'oreille, les hurler au monde, pour que tous sachent. Enfin.
Ils avaient vécu tant de moments intimes sur scène, probablement plus encore qu'en-dehors. Mais à cet instant, Carl voulait que ça change. Il rêvait de voir ce moment pouvoir se reproduire à l'infini, dans une véritable intimité, juste tous les deux. Dans un bar, un parc ou une chambre d'hôtel.

Stars fading but I linger on dear
(Les étoiles palissent mais je m'attarde chéri)
Still craving your kiss
(Toujours envie de tes baisers)
I'm longin' to linger till dawn dear
(J'ai envie de m'attarder jusqu'à l'aube chéri)
Just saying this
(Juste en disant cela)

Il s'était collé à lui, l'avait embarrassé dans le cou, avait passé ses bras dans sa nuque. Pete jouait et tous deux chantaient. Quand le souffle vint à lui manquer, il n'accepta pas de comprendre pourquoi il se retrouvait, encore une fois, dans cet état. Amoureux transit, amoureux fini. Les yeux perdus dans les traits du visage aimé. La bouche rivée au micro pour l'empêcher de se compromettre autrement.

Et quand les dernières notes retentissent, que le micro est lâché, qu'il n'y a plus d'excuse pour rester collés serrés, Carl se penche et, d'un signe, il se fait comprendre. Pete saute sur son dos, s'agrippe à lui comme à une bouée. Pour ne pas sombrer. Ne pas se noyer dans un monde sans amour. L'amour d'une vie.
Et s'est ainsi qu'ils quittent leur première scène de la saison.


Dans les coulisses Carl pose Peter, celui-ci garde ses bras autour de son cou un instant et l'embrasse bruyamment sur la joue avant de se décrocher.

Carl voudrait prolonger ce moment, mais déjà l'équipe les entoure et son désir brûlant de l'emmener dans un recoin tranquille pour se blottir contre lui en continuant à l'embrasser pendant qu'il joue sur sa guitare, pendant des heures, des jours même, se dissout. S'évapore. Au rythme des félicitations et des embrassades.

Une première soirée aussi réussie, ça se fête. Après que certains se soient reposés et que d'autres aient tout rangé, toute l'équipe se voit offrir un bon repas dans un restaurant des environs. La bière y coule à flots, les discussions vont bon train et Carl ne peut empêcher son regard de dévier continuellement vers Pete. Celui-ci a l'air heureux, il sourit, rigole et, au bout d'un moment, reprend sa guitare et offre aux convives un agréable fond sonore à leurs discussions, alors que lui s'enferme dans sa bulle. Il ne chante pas, se contente de gratter les cordes, s'arrête parfois pour descendre une bière et reprend le morceau là où il l'avait laissé.
Il s'est déplacé, à moitié allongé dans un divan devant une large fenêtre donnant sur les toits de Paris, quand Carl le rejoint. Il s'affale à coté de lui, tapote sa cuisse pour réclamer un peu de place et se met à chanter, la tête lovée dans le creux de l'épaule de Peter. Maintenant, les bouches se sont tues, tout le monde les écoute et c'est ce qu'ils veulent, ce qu'ils aiment. Être le centre de l'attention, être juste tout les deux. Deux concepts à priori incompatibles, mais qu'ils ont appris à maîtriser au fil des années.



***


Pour celles et ceux qui voudraient voir à quoi ressemble l'incroyable interprétation de Dream a little dream of me, quelqu'un a eu la merveilleuse idée de la filmer quasiment en entier. Qu'on offre des cookies à cette personne. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a rien d'érotique là dedans.

En plus le son est tout à fait correct même si c'est filmé au smartphone. Perso, je ne m'en lasse pas ;)

https://youtu.be/bESV1ndi7Do

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