Jusqu'à l'aube
Le petit Ludwig était couché depuis longtemps, mais ne dormait pas pour autant. Et malgré la tiédeur de la nuit et ses nombreuses couvertures, il tremblait.
Mme Beethoven avait fait mine de croire que son fils avait froid et l'avait ainsi couvert, recouvert, ensevelit. Puis, elle l'avait étreint désespérément, avant de quitter la chambre sans plus un regard.
Désormais, elle attendait, priant que son attente fut vaine, que ce soir fut celui de trop, celui de la délivrance...
Mais la porte d'entrée s'ouvrît bientôt sur un homme annonciateur d'une nuit encore bien longue, orageuse et pluvieuse.
« -Pourquoi le p'tit hic ! n'est pas au piano ! gronda le redouté, faisant trembler mère et fils à l'unisson. »
Et d'un geste malhabile mais brusque, il referma la porte, qui protesta par un grincement sonore.
Le parquet lui reprocha ensuite son pas d'homme enivré, tandis qu'il s'enfonçait dans le couloir qui menait aux chambres.
« Voyons Johann ! osa timidement sa femme, tandis que le bras tendu, il s'apprêtait à ouvrir la chambre de son fils.
« Ludwig a besoin de sommeil ! »
Il se retourna, chancelant. Et, Mme Beethoven, constatant les ravages qu'elle avait déjà causés aux pauvres nerfs de son mari, s'en tint là.
Alors, assuré qu'elle ne dirait plus rien, Johann reprit son geste interrompu.
De l'autre côté de la porte, Ludwig s'était recroquevillé sous ses couvertures, les mains sur les oreilles, les paupières obstinément closes pour échapper à la dure réalité... en vint.
Bientôt, on l'empoignait violemment, on le tirait hors du lit, le bousculait, le cognait...
Bientôt, on l'asseyait au piano, on lui intimait l'ordre de jouer, ce qu'il faisait toujours craignant d'être plus bousculé encore, d'entendre son père gronder plus fort.
Et il jouait jusqu'à ce que l'aube se profile à l'horizon, ne recevant de son père que réprimandes, injures et parfois le silence...
Le silence: sa seule récompense.
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