Alcool et frustration

Une porte s'ouvrît, projetant un rectangle de lumière sur le sol pavé de la rue Bonngasse.
Une dispute s'éleva alors, arrachant voisins et passants à leur quiétude vespérale.
Bientôt, on claqua la porte, et le calme de la rue ne fut plus que troublé par les jurons et les pas d'un homme, qui, chancelant, rejoignit la place Bertha-von-Suttner, dans l'espoir d'y trouver du réconfort.
Un cabaret trônait au centre de celle-ci, l'animant de sa musique festive, de ses clients rieurs et soûl. L'homme entra, et parcourut les lieux de ses petits yeux ridés, s'arrêtant sur les courbes et les poitrines des danseuses. Une fois l'œil rincé, il songea à son gosier et s'approcha du comptoir.
« - Johann ! Enfin ! J't'ai hic ! commandé un Whisky l'ami ! l'interpella un homme le visage rougis par l'alcool, un sourire béat aux lèvres.
Pourtant aussi rouge que son compagnon de boisson, le dénommé Johann ne souriait pas. La dispute qu'il avait eut un peu plus tôt avec sa femme l'avait empli d'une colère sourde qui commençait tout juste à s'atténuer.
« - Décidément, Maria hic ! n'comprendra jamais ! se plaignit-il après qu'il eut but d'une traite son Whisky.
« Elle dit... hic ! qu'j'dois ménager l'ptit... hic ! »
Il n'eut en guise de réponse que de puissants ronflements.
Alors, n'ayant plus que l'alcool pour apaiser sa frustration, il bu jusqu'à sombrer à son tour, dans un sommeil agité: il se trouva ainsi projeté parmi une foule richement vêtue et rassemblée dans une chapelle dont l'ampleur, le faste, ne laissaient aucun doute sur sa situation: on était à Versailles.
Instinctivement, Johann fouilla l'assemblée des yeux à la recherche du roi de France, qu'il trouva en compagnie de Mme de Pompadour et d'un gentilhomme originaire de Bavière, dont il partageait le nom, l'amour pour la musique et qui pouvait se vanter d'être un excellent professeur sans qu'on puisse rien y redire, car il avait fait de son fils l'un des plus grands musiciens  de l'histoire !
Il se nommait Johann Georg Leopold Mozart.
A ses côtés, il reconnu Marie-Anne, sa fille aînée, alors âgée de 12 ans, et dont le talent pour la musique - bien qu'on ne l'avoua jamais en raison de son sexe - rivalisait avec celui de son frère. Il ne vit cependant nul part Wolfgang, et comprit ainsi ce que tous attendaient...
Bientôt, l'orgue retentit. Ce fut d'abord une note, une deuxième, puis un déluge d'harmonies qui stupéfia la Cour.
Johann dissimula son admiration sous un masque d'indifférence: son fils serait bien meilleur à cet âge là ! Oh oui, bien meilleur...

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