♦Chapitre 53 (1&2).

Souhaitant prendre un peu d'air, j'avais fini par laisser les Weasley entre eux et était sorti de la Grande Salle. Alors que je reprenais ma respiration lentement, je vis quelqu'un arriver devant moi. En relevant la tête, je pus reconnaître Harry. Il avait le flacon de souvenirs de Rogue en main, moins rempli que lorsque nous les avions récoltés.

"- Il faut que tu vois ça." Annonça-t-il. "Je me suis permis d'utiliser ta pensine et... Il faut que tu les regardes." M'assura-t-il.

Il tendit sa main et je l'attrapai alors qu'il m'emmenait dans l'ancien bureau de Dumbledore. Une fois face à la pensine, il me tendit le flacon que j'attrapai avant de verser son contenu dedans. Faisant confiance à mon frère et ne voulant pas hésiter, je plongeai ma tête dedans immédiatement.

Je tombai alors sur la terre ferme. Le soleil tapait sur une cour de récréation presque abandonnée dans laquelle deux filles jouaient à la balançoire, observées par un garçon maigrichon qui se cachait derrière un buisson. Je n'osais pas beaucoup m'approcher, mais je reconnus Rogue, pas plus âgé qu'un enfant de dix ans. Ses yeux étaient dirigés sur la plus petite des deux sœurs qui se balançait beaucoup plus haut que l'aînée.

"- Lily, ne fait pas ça !"

Mais Lily termina par s'envoler dans les airs après s'être balancée encore plus haut. Elle éclata de rire tout en continuant de voler vers le ciel. Durant un moment, elle était restée dans les airs, gracieuse comme une trapéziste avant d'atterrir comme une plume sur le sol de l'aire de jeu.

"- Maman t'as dit non ! Maman a dit que tu ne devais pas faire ça, Lily !

- Mais je vais très bien. Tunia, regarde ceci regarde ce que je peux faire."

Pétunia jeta un coup d'œil autour d'eux, mais ne vit pas Rogue, toujours caché derrière son buisson duquel Maman s'approcha pour ramasser une fleur qui en était tombé. Pétunia avança. Lily fit attention à ce que Pétunia soit assez proche pour avoir une bonne vue de ce qu'elle faisait avant de tendre la main, paume vers le ciel. La fleur y reposait, ouvrant et fermant ses pétales.

"- Arrête !

- Elle ne te blessera pas." Assura-t-elle en refermant sa main sur la fleur avant de la jeter au sol.

"- Elle n'est pas réelle. Comment fais-tu ça ?

- C'est évident, n'est-ce pas ?"

Rogue apparut de derrière les buissons, effrayant Pétunia qui se recula alors que Lily restait où elle était. Alors qu'il regardait ma mère, ses joues s'empourprèrent.

"- Je sais ce que tu es." Affirma-t-il.

"- Ce qui veut dire ?

- Tu es... Tu es une sorcière."

Mais elle sembla plus insultée que ravie de l'apprendre.

"- Ce n'est pas une chose très gentille à dire à quelqu'un !"

Elle se retourna près de sa sœur alors que Rogue se rattrapait.

"- Non !" Dit-il alors que les filles le regardaient. "Tu es... Tu es une sorcière. Je t'ai observé pendant un moment. Mais il n'y a rien de mauvais là-dedans. Ma mère et moi sommes des sorciers."

Pétunia eut un éclat de rire.

"- Sorcier ! Je sais qui tu es. Tu es ce garçon, Rogue ! Ils vivent en bas à côté du fleuve. Pourquoi nous regardais tu ?

- Je ne vous ai pas regardé. Je ne te regardais pas toi en tout cas. Tu es une moldue.

- Lily, viens, nous partons !" Lança Pétunia.

Puis, Maman la suivit, laissant Rogue en plan, alors que la scène se dissipait.

La nouvelle scène qui prenait place autour de moi montrait deux enfants qui discutaient auprès d'un petit fleuve, allongés dans l'herbe.

"- ...Et le ministère peut te punir si tu fais de la magie en dehors de l'école, tu recevras des lettres." Expliquait Rogue.

"- Mais je n'ai pas fait de magie en dehors de l'école ! Je n'ai même pas de baguette magique !

- Tu ne peux pas en posséder une avant d'avoir 11 ans. Ils commenceront à te former, puis tu apprendras soigneusement."

Il y eut un léger silence. Je m'approchai un peu plus d'eux pour mieux les voir. Les yeux verts de ma mère brillaient sous les rayons du soleil leur tombant dessus. Elle attrapa une brindille à côté d'elle et la fit tournoyer devant ses yeux avant de la laisser tomber et tourner la tête vers le sorcier.

"- Tu dis la vérité n'est ce pas ? Ce n'est pas une plaisanterie ? Pétunia a dit que tu me mentais, elle a dit qu'il n'y avait pas de Poudlard. Mais c'est vrai, n'est-ce pas ?

- C'est vrai pour nous. Mais pas pour elle. Nous recevrons une lettre, toi et moi.

- Vraiment ?

- Certainement."

Ma mère lui chuchota ensuite.

"- Et, elles arrivent vraiment par hibou ?

- Normalement.

-Mais tes parents sont des moldus, du coup quelqu'un de l'école va venir pour leur expliquer.

-Cela fait une différence que je sois née de parents moldus ?"

Il hésita avant de lui répondre.

"- Non. Il n'y a aucune différence.

- Bien." Répondit-elle, de l'inquiétude résidant toujours dans sa voix.

"- Tu as des dispositions pour la magie. Je l'ai vu tout à l'heure quand je t'observais."

Mais elle ne l'écoutait plus vraiment, les yeux dans le vague.

"- Comment vont les choses chez toi ?" Demanda-t-elle finalement.

Un pli apparut entre ses yeux en entendant la question.

"- Très bien.

- Tu ne veux pas en parler ?

- Oh, si nous pouvons en parler. Mais tu n'en parleras à personne.

- Ton père n'aime pas que tu fasses de la magie ?

- Non, il n'aime pas beaucoup.

- Severus ?"

Il se mit à sourire en l'entendant dire son prénom.

"- Oui ?

- Que peux-tu me dire d'autre au sujet des détraqueurs ?

- Pour quelle raison veux-tu en savoir plus sur eux ?

- C'est au cas où j'utiliserais la magie en dehors de l'école.

- Ils ne te donneront pas aux détraqueurs pour cela ! Les détraqueurs sont pour les personnes qui font la magie noire. Ils gardent la prison des sorciers, Azkaban. Tu ne vas pas finir à Azkaban."

Un bruit attira mon attention et je me retournai vers un arbre duquel sortait Pétunia.

"- 'Tunia !

- C'est qui qui nous espionne maintenant ? Qu'est-ce que tu veux ?"

Elle était toute rouge.

"- Avec quoi tu t'es habillé, Rogue ? Le corset de ta mère ?" Ricana-t-elle après avoir cherché comment l'insulter.

Un crac retentit et une branche au-dessus de Pétunia tomba pour toucher son bras. Elle cria et pleura avant de partir. 

"- C'est toi qui a fait ça !

- Non." Mentit Rogue.

"- Si c'est toi ! Tu lui as fait du mal !

- Non ! Non, je n'ai rien fait !"

Mais elle se contenta de partir rejoindre sa sœur, laissant de nouveau Rogue la regarder s'éloigner de lui.

Un nouveau souvenir vint prendre la place du précédent. Cette fois-ci, je me trouvais sur les quais de la gare King's Cross. La voie trois-quart précisément. Voyant le regard du jeune Rogue dirigé vers une famille un peu plus loin et reconnaissant les cheveux roux de ma mère, je m'en avançai.

"- ... Je suis désolé, 'Tunia, je suis désolée ! Écoute ! Peut-être qu'une fois que je serais là-bas, je pourrais aller voir le professeur Dumbledore et le persuader de changer d'avis !

- Comme si je voulais y aller ! Tu pensais que je voulais y aller dans ce stupide château pour apprendre à être un de ces monstres ?"

Alors que Pétunia réussissait à arracher sa main de celle de ma mère, les yeux de celle-ci s'emplirent de larmes.

"- Je ne suis pas un monstre." Pleurait-elle. "C'était horrible de dire ça...

- Où est-ce que vous allez ? Dans une école spéciale pour des monstres comme toi et ce garçon, Rogue. C'est ce que vous êtes tous les deux. C'est bien de vous séparer des personnes normales. C'est pour notre sécurité.

- Tu ne pensais pas que c'était une école de monstres quand tu as écrit au directeur et que tu l'as supplié de te prendre." Répliqua froidement ma mère, faisant rougir sa sœur instantanément.

"- Supplié ? Je ne l'ai pas supplié !

- J'ai vu sa réponse. Elle était très aimable.

- Tu n'aurais pas dû la lire. C'étaient mes affaires, c'est privé, comment as-tu pu ?

- Je...

- Monstre !" S'exclama Pétunia.

Le souvenir disparut de nouveau pour laisser place à un autre se trouvant dans le Poudlard Express lui-même. Rogue courait dans les couloirs du train, sa robe de sorcier déjà enfilée. Il arriva dans un compartiment dans lequel se trouvaient Lily et d'autres garçons en pleine conversation. Ma mère lui adressa un simple regard. Elle avait pleuré.

Rogue vint s'installer en face d'elle.

"- Je ne veux pas parler. Va-t-en.

- Pourquoi ?

- Tunia me déteste. À cause de cette histoire de lettre, de Poudlard...

- Et alors ?

- C'est ma sœur !

- Elle n'est qu'une..."

Moldue. Mais il ravala ce mot et ma mère ne sembla pas s'en rendre compte. Elle essuyait ses yeux.

"- En tout cas, nous sommes presque arrivés à Poudlard !"

Elle récupéra un sourire sur ses lèvres en hochant la tête.

"- Il vaut mieux être à Serpentard." Annonça Rogue.

"- Serpentard ?"

La voix d'un des garçons dans le wagon me fit tourner la tête et mes yeux se posèrent sur mon père. Harry et lui se ressemblaient tellement...

"- Qui a envie d'aller à Serpentard ? Moi, je préférerais quitter l'école. Pas toi ?"

Papa s'adressa au garçon en face de lui qui n'était autre que le parrain de mon frère, Sirius. Il baissa les yeux et soupira.

"- Toute ma famille était à Serpentard.

- Mon Dieu ! Moi qui pensais que tu étais quelqu'un de bien !"

Il eut un sourire amusé.

"- Peut-être ferais-je une entorse à la tradition ? Où voudrais-tu aller si tu avais le choix ?

- Si vous allez à Gryffondor, vous rejoindrez les courageux !" Lança mon père, soulevant une épée imaginaire. "Comme mon père !"

Rogue eut un ricanement dédaigneux qui fit tourner la tête de mon père vers lui.

"- Ca te pose un problème ?

- Non. Mais si tu préfères les muscles à l'intelligence...

- Où espères-tu aller puisque tu n'as ni l'un ni l'autre ?" Se mit à rire Sirius.

Papa se riait aussi et ce fut ma mère qui se leva, irritée et jetant un regard noir aux garçons, avant de dire.

"- Viens Severus, nous allons trouver un autre compartiment.

- Oooooh !"

Papa et Sirius prirent une voix aiguë et mon père essaya de provoquer Rogue.

"- Viens voir, Servilus !"

Une nouvelle fois, le souvenir disparut. Cette fois, je me retrouvai dans la Grande Salle. McGonagall appela ma mère qui se dirigea sous le choixpeau, les jambes tremblantes, avant d'être répartie à Gryffondor, ce qui arracha un gémissement à Rogue. L'appel continua et j'eus un pincement au cœur en voyant mon parrain à cet âge-là alors que j'avais vu son corps sans vie auprès de celui de sa femme quelques minutes auparavant. Rogue fut ensuite appelé et fut réparti à Serpentard. Malefoy lui tapota le dos et la pensée changea pour une nouvelle.

Maman et Rogue étaient en pleine discussion et marchaient dans la cour du château. Ils avaient bien grandi et j'en déduisais que des années étaient passées depuis le dernier souvenir. Je les rattrapai pour entendre ce qu'ils se disaient.

"- ...Pense à ce que nous avons été censés être, des amis. Des meilleurs amis ?

- Nous le sommes, Sev', mais je n'aime pas certaines personnes avec qui tu traînes ! Je suis désolée, mais je déteste Avery et Mulciber ! Mulciber ! Qu'est-ce que tu fais avec lui Sev', il est horrible ! Est-ce que tu sais ce qu'il a essayé de faire à Mary MacDonald l'autre jour ?"

Arrivée à un pilier, elle s'y était adossée pour regarder Rogue.

"- Ce n'était rien. C'était pour rire, tout simplement.

- C'était de la magie noire, et si tu penses que c'est drôle.

- Ah oui et que dirais tu de Potter jetant des sorts avec ses compagnons ?"

Il commença à dire qu'il y avait quelque chose de bizarre avec Remus et qu'ils partaient la nuit. Elle défendait Lupin en affirmant qu'il était malade et qu'elle connaissait la théorie de Rogue avant de lui demander pourquoi les Maraudeurs l'intéressaient tant. Il prétexta que c'était pour lui prouver qu'ils n'étaient pas si merveilleux.

"- Ils n'emploient pas de magie noire. Et tu es vraiment ingrat. J'ai entendu ce qui s'est produit l'autre nuit. Tu es allé en cachette en bas de ce tunnel par le saule cogneur, et James Potter t'a sauvé de ce qui se trouvait là.

-Sauver ? Sauver ? Tu penses qu'il jouait les héros ? Il sauvait simplement sa tête et celle de ses amis ! Tu ne vas pas, je ne te laisserais pas...

-Me laisser ? Me laisser quoi ?!"

Et ils se disputèrent avant de s'éloigner l'un de l'autre avant que la pensée ne se dissolve encore. C'était cette fois-ci un souvenir que je connaissais presque entièrement. Rogue avait insulté ma mère de Sang-de-Bourbe et je n'avais pas eu besoin d'être près pour l'entendre.

La pensée changea une nouvelle fois pour une scène durant laquelle Rogue tenta de s'excuser pour l'insulte. Mais elle ne l'excusa pas et la pensée disparut.

Il y eut un moment plus long que les autres dans la formation du nouveau souvenir. Alors que je semblais flotter dans le vide, le souvenir termina par se solidifier. Là où je me trouvais, je vis un Rogue maintenant adulte haletant, tournant sur place, baguette en main, et attendant quelque chose ou quelqu'un, craintif. Une lumière blanche m'aveugla alors en apparaissant dans les airs alors que Rogue se mit à genoux. Sa baguette se mit à voler hors de ses mains.

"- Ne me tuez pas !

- Ce n'était pas mon intention."

Dumbledore apparut et demanda à Rogue quel message Voldemort envoyait. Mais la réponse de Rogue ne fut pas un message de Voldemort. Il était venu de lui-même qu'il disait. Il parla de la prophétie de Trelawney en affirmant qu'il avait tout dit à Voldemort qui pensait que c'était Lily Evans. Que c'était ma mère. Et Dumbledore annonça que la prophétie parlait de deux enfants dont l'un naîtrait fin juillet. Rogue assura que Voldemort pensait à nous et qu'il allait décimer notre famille. Alors Dumbledore demanda s'il ne pouvait pas demander à Voldemort de l'épargner, chose qu'il avait déjà fait.

"- Vous me dégoûtez."

J'eus un frisson à l'entente de tout ce mépris dans la voix du directeur. Un mépris que je n'avais jamais entendu jusque-là. Rogue sembla se rétrécir alors que Dumbledore continuait en demandant s'il se préoccupait seulement des décès de ses enfants et de son mari. Le professeur de potions termina par regarder Dumbledore en coassant qu'il fallait tous nous cacher dans un lieu sûr. Le vieux barbu demanda alors ce qui l'aurait en retour et, au lieu de protester comme je l'aurais pensé, Rogue assura qu'il aurait ce qu'il voulait.

Le souvenir disparu pour laisser place à un autre, se trouvant dans le bureau du directeur. Rogue, effondré sur une chaise et gémissant comme un animal blessé, était observé par Dumbledore, l'air sinistre. Lorsque l'homme aux cheveux noirs releva la tête, on aurait dit qu'il avait pris cent ans et que toutes les misères du monde lui étaient tombés dessus. Il annonça à Dumbledore qu'il pensait qu'il la mettrait en lieu sûr et, pour toute réponse, Dumbledore affirmait que Papa et Maman avaient mis leur foi en la mauvaise personne, tout comme Rogue avec Voldemort qui avait fini par ne pas l'épargner.

"- Ses enfants ont survécu. Le garçon a les mêmes yeux que sa mère. La fille, elle, lui ressemble déjà. Vous vous souvenez de ses yeux, leur couleur, leur forme. De son visage...

- Non ! Ils sont... Morts...

- Ce sont des remords ?

- Je voudrais... Je voudrais être mort..."

Dumbledore, d'une voix froide, demanda quelle consolation cela pourrait apporter. Puis il ajouta que, s'il aimait vraiment ma mère, il fallait l'aider. Il savait comment et pourquoi elle était morte et il fallait s'assurer que ce n'était pas en vain. Il devait l'aider à nous protéger.

"- Ils n'ont pas besoin de protection. Le Seigneur des Ténèbres est mort.

- Le Seigneur des Ténèbres reviendra. Et Harry et Alexis Potter seront en grand danger. Le danger le plus terrible qu'il puisse y avoir."

Après un long silence, Rogue accepta en demandant au barbu de n'en parler à personne. En lui demandant de jurer que personne ne devait savoir qu'il protégeait les enfants Potter. Et il avait la parole de Dumbledore. La parole que personne ne serait au courant du meilleur de lui s'il insistait.

Alors le bureau disparut pour se reformer aussi rapidement.

"- ... Médiocre, arrogant comme son père, ne respecte pas les règles, ravi d'être célèbre, cherchant l'attention et impertinent.

- Et la fille ?"

Il eut un temps d'arrêt.

"- Moins médiocre et arrogante... Ses résultats sont moins mauvais... Mais elle aussi a un problème avec les règles et cherche l'attention.

- Vous ne voyez que ce que vous voulez voir, Severus. D'autres professeurs rapportent que le garçon est modeste, agréable, et raisonnablement doué. Quant à la fille, on ne m'a rapporté que du bien de ses résultats qui sont très bons, son comportement se rapproche un peu de celui des Weasley mais elle n'en reste pas moins calme et agréable en classe. Elle est plus gênée de cette célébrité qu'autre chose."

Il demanda ensuite à Rogue de garder un œil sur Quirrell avant que le bureau ne disparaisse pour laisser place au hall d'entrée. Des retardataires du bal de Noël passèrent les portes et je sentis mon cœur se serrer. De joie et de tristesse. Cette soirée que j'avais tant aimée, quand le monde n'avait pas encore sombré dans cette terreur et que Voldemort n'était pas encore de retour...

Rogue discutait avec Dumbledore et lui rapportait que la marque de Karkaroff devenait plus foncée également et qu'il craignait la punition et prévoyait de se sauver si jamais Voldemort revenait. Dumbledore demanda s'il allait le faire et si Rogue était tenté de le rejoindre. Il répondit négativement, assurant qu'il n'était pas un lâche. Dumbledore affirma. Et il ajouta que des fois, ils se ressemblaient trop.

Le bureau apparut de nouveau pour laisser voir un Dumbledore à semi-conscient sur sa chaise et un Rogue penché sur sa main, noircie et brûlée. Il demanda, une fois que Dumbledore ouvrît les yeux, pourquoi il avait touché cet anneau maudit qui était cassé, à côté de l'épée de Gryffondor sur son bureau. Pour toute réponse, il grimaça en disant qu'il était un imbécile qui venait de faire une tentative douloureuse. Furieux, Rogue assura que c'était un miracle qu'il soit revenu en vie et qu'il avait enfermé la malédiction dans une main pour l'instant. La main noircie de Dumbledore qui assura qu'il avait bien fait avant de demander combien de temps il lui restait à vivre. Rogue ne pouvait pas répondre précisément. Il devait lui rester moins d'un an, mais il se trouva quand même chanceux.

Alors, ils discutèrent de Drago qui avait été missionné de le tuer et pourquoi il avait été missionné, puis de ce qui se passerait après la mort de Dumbledore, du fait que Rogue directeur pourrait plaire à Voldemort. Dumbledore demanda à Rogue, si jamais l'école venait à tomber aux mains de Voldemort, qu'il protège les étudiants de Poudlard. Puis, Dumbledore termina par demander à Rogue de le tuer. Le tuer au moment opportun pour ne pas déchirer l'âme de Drago. Après un temps de réflexion, Rogue accepta. Et le sens de toute cette histoire commença à me faire comprendre ce qu'il s'était passé durant tout ces seize dernières années.

Le bureau disparut de nouveau pour laisser place aux sous-sols du château dans lesquels Dumbledore et Rogue discutaient d'Harry et de toutes ces fois où Dumbledore le gardait dans son bureau pour lui donner des informations. Sûrement sur les Horcruxes, alors que j'étais chez moi, avec Amelia bien au chaud.

Rapidement, la discussion vira sur esprits et âmes d'Harry, Voldemort et moi. Je ne comprenais pas pourquoi parler d'âme plutôt que d'esprit, mais Dumbledore expliqua vite que dans notre cas, parler de l'un, c'est parler de l'autre.

Ils étaient près de la forêt interdite quand Dumbledore observa autour d'eux pour vérifier qu'il n'y ait personne. Il donna rendez-vous à Rogue dans son bureau le soir-même pour tout lui expliquer.

Et une fois dans le bureau, ils commencèrent à parler.

"- Harry et Alexis ne doivent pas savoir, pas jusqu'au dernier moment, pas jusqu'à ce qu'il soit nécessaire, autrement comment pourraient-ils avoir la force pour faire ce qui doit être fait ?

- Mais que doivent-ils faire ?

- C'est entre eux et moi. Écoutez-moi attentivement, Severus. Il viendra un temps après ma mort, ne discutez pas, ne m'interrompez pas ! Il viendra un temps où le seigneur Voldemort semblera craindre pour la vie de son serpent.

- Pour Nagini ?

- Je précise. Arrivera un moment où le seigneur Voldemort cessera d'envoyer ce serpent pour faire son travail, mais le maintiendra auprès de lui sous sa protection magique, alors, je pense qu'il vous faudra dire à Harry et Alexis...

- Leur dire quoi ?

- Leur dire que quand Voldemort a essayé de les tuer, quand Lily a donné sa propre vie comme un bouclier entre eux, que la malédiction de mort a rebondi sur le seigneur Voldemort, et que deux fragments de l'âme de Voldemort ont été soufflés indépendamment de tout, et se sont enfermées dans les seules âmes vivantes laissées dans ce bâtiment. Une partie de Voldemort vit à l'intérieur d'Harry, une partie de Voldemort vit à l'intérieur d'Alexis, et c'est cela qui leur donne la capacité de parler fourchelang ainsi qu'un raccordement avec l'esprit de Voldemort. Il ne l'a jamais compris. Et alors tant que ces fragments d'âme, donnés par Voldemort, resteront attachés, et protégés par Harry et Alexis, le seigneur Voldemort ne pourra pas mourir."

Je sentis mon cœur s'accélérer. Comment ça un fragment de l'âme de Voldemort vivait en moi ? Et un autre en Harry ?

"- Ainsi, les enfants... Les enfants devront mourir ?

- Et Voldemort doit le faire lui-même, Severus. C'est important."

Il y eut un long silence durant lequel j'eus terriblement mal sans savoir pourquoi. Durant lequel mon esprit semblait réaliser.

"- J'ai pensé. Toutes ces années. Que nous les protégions pour elle. Pour Lily.

- Nous les avons protégés parce qu'il était essentiel de les éduquer, pour les élever, pour les laisser tester leur force. En attendant, le raccordement entre eux se développe toujours plus fort, comme une croissance parasite. Si je les connais bien, ils auront arrangé les choses de sorte que quand ils rencontreront leur mort, cela signifiera vraiment la fin de Voldemort.

- Vous les avez maintenu vivants afin qu'ils puissent mourir au bon moment ?

- Ne soyez pas choqué, Severus. Combien d'hommes et de femmes vous observez mourir?

- Récemment, seulement ceux que je ne pouvais pas sauver."

Puis, il se leva.

"- Vous m'avez employé.

- Ce qui signifie ?

- Je me suis mis en danger mortel pour vous. Tout était censé être fait pour maintenir les enfants de Lily Potter en lieu sûr. Maintenant vous me dites que vous les aviez élevés comme des porcs pour l'abattage. La fille attend un enfant ! Et vous me dites que cet enfant devra vivre sans mère ?

- Ne me dites pas que vous avez fini par avoir de l'affection pour eux ?"

Rogue regarda Dumbledore et sortit sa baguette avant de lancer un "Expecto Patronum". Et du bout de cette baguette sortit une biche argentée. La même que celle que j'avais auparavant, avant que mon Patronus ne change pour celui de Fred. La même que celle de Maman. Après que la biche ait volé partout autour du bureau, elle disparut, laissant Dumbledore se retourner vers Rogue.

"- Lily ! Après tout ce temps ?"

Rogue le regarda fixement et lui répondit.

"- Toujours."

La pensée changea ensuite alors que j'étais toujours aussi secouée par ces révélations qui s'enchaînèrent. Le tableau de Dumbledore demanda à Rogue de donner la date exacte du départ d'Harry de chez oncle Dursley et tante Pétunia, de proposer de prendre du Polynectar et etc. Il fallait que, s'il était mêlé à la bataille, il reste le plus convaincant possible pour rester dans les bonnes grâces de Voldemort. Puis, le souvenir se modifia pour un autre dans lequel Rogue était avec Mondingus dans une cave que je ne connaissais pas. Il lui répéta ce que lui avait dit le portrait du directeur en assurant qu'il ne devait pas dire que c'était lui qui lui avait proposé ces idées.

Une nouvelle fois, le souvenir changea pour la nuit à laquelle je n'avais pas participé. Rogue poursuivait Remus et George en balai et jeta un Sectusempra qui, au lieu d'atteindre le mangemort qui levait sa baguette pour attaquer mon parrain, atteignit George, ce qui m'arracha un sursaut et un terrible frissonnement.

Le souvenir changea encore. Cette fois, Rogue était dans la chambre de Sirius et lisait les lettres de maman square Grimmaurd. Il pleurait et arracha la signature de Maman pour la rouler dans sa cape. Il coupa aussi une photo en deux pour ne prendre que Maman qui riait.

Rogue se retrouva de nouveau dans le bureau du directeur. Phineas Nigellus vint informer Rogue que nous campions dans la forêt de Dean et le tableau de Dumbledore lui dit qu'il ne fallait pas qu'il donne l'épée en mains propres, mais qu'elle devait être récupérée dans un acte de bravoure et dans des conditions de besoin. Il fit pivoter le tableau de Dumbledore derrière lequel se trouvait un trou qui cachait l'épée.

"- Et vous n'allez toujours pas me dire pourquoi il est si important de donner l'épée aux Potter ?

- Non, je ne pense pas. Ils sauront quoi en faire. Et Severus, faites très attention, ils peuvent ne pas prendre avec bienveillance votre venue après l'incident avec George Weasley. Surtout elle.

- Ne vous inquiétez pas, Dumbledore. J'ai un plan."

Sur ces mots, Rogue quitta la salle. Au moment même où la porte claqua, je sortis ma tête de la Pensine en reprenant mon souffle, tombant à la renverse sur le sol du bureau. Je ne comprenais plus rien à ce qu'il venait de se passer. J'étais déboussolée, mon cerveau carburait.

Mais Harry et moi devions mourir.

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