♦Chapitre 44.
"- Espèces de fous. À quoi est-ce que vous pensiez, venir ici ?
- Merci. Je ne pourrais pas assez vous remercier. Vous nous avez sauvé la vie !" Dit Harry alors que j'offrais un sourire reconnaissant au barman.
Mais il grogna simplement. J'allais m'asseoir sur un des fauteuils moi aussi en soupirant.
"- C'est votre œil que j'ai vu dans le miroir."
Je tournai la tête vers Harry qui venait de dire ça à l'homme.
"- Vous avez envoyé Dobby."
Il hocha la tête pour répondre avant de regarder autour de nous.
"- Je pensais qu'il serait avec vous. Où l'avez-vous laissé ?
- Il est mort." Annonçai-je. "Tué par Bellatrix Lestrange."
Il tourna la tête vers moi. Son visage restait de marbre. Après quelques secondes de silence, il répondit.
"- Je suis désolé de l'entendre. J'aimais beaucoup cet elfe."
Il alluma les lumières d'un coup de baguette.
"- Vous êtes Abelforth."
Sans vraie réponse, il alla ensuite allumer le feu.
"- Comment avez vous obtenu ceci ?
- L'ai acheté à Dung y a un an environ. Albus m'avait dit ce que c'était. J'essayais de garder un œil sur vous.
- La biche argentée ! C'était vous aussi ?" Haleta Ron.
"- De quoi tu parles ?
- Quelqu'un nous a envoyé un Patronus de biche !
- Avec un cerveau comme celui-là, tu pourrais être un Mangemort, mon garçon. Est-ce que je ne viens pas juste de prouver que mon Patronus était une chèvre ?
- Oh. Ouais... Eh bien, j'ai faim !" Répondit Ron, accompagné par un gargouillis.
"- J'ai de la nourriture." Dit Abelforth avant de sortir de la pièce et y revenir avec du pain, du fromage et un pichet.
Très heureux de voir que nous allions enfin pouvoir manger quelque chose et boire à notre soif, nous furent silencieux tout le temps que nous étions en train de nous remplir la panse.
"- Très bien. Nous devons réfléchir au meilleur moyen de vous sortir de là. Ça ne peut pas être pendant la nuit, vous avez entendu ce qui arrive si quelqu'un sort dans la pénombre : le sortilège de Miaule-Chat se déclenche, et ils se précipitent comme des Botrucs sur des œufs de Doxys. Je ne pense pas qu'ils seront capables de confondre un cerf avec une chèvre la fois prochaine. Attendez le jour, quand il n'y a pas de couvre-feu, puis vous remettrez votre cape et vous sortirez à pied. Partez de Pré-au-Lard, allez dans les montagnes, et de là, vous serez sans doute capable de transplaner. Vous devriez croiser Hagrid. Il se cache dans une cave avec Graup depuis qu'ils ont essayé de l'arrêter.
- Euh... Il y a un petit malentendu."
Abelforth tourna la tête vers moi.
"- On ne repart pas. On doit aller à Poudlard.
"- Mais ne dit pas n'importe quoi !" S'exclama-t-il.
"- On doit y aller." Insista Harry.
- Ce que vous devez faire, c'est partir aussi loin d'ici que vous le pouvez.
- Non, vous ne comprenez pas..." Repris-je. "Nous arrivons bientôt à court de temps.
- Dumbledore... Je veux dire, votre frère, voulait qu'on...
- Mon frère Albus voulait beaucoup de choses et les gens étaient souvent blessés quand ils mettaient à exécution ses plans géniaux. Vous devez partir d'ici, et sortir du pays si vous le pouvez. Oubliez mon frère et ses projets futés. Il est parti ou on ne pourra plus le blesser, et vous ne lui devez rien.
- Vous ne comprenez pas." Répéta Harry.
"- Ah, vraiment ? Tu penses que je ne comprenais pas mon propre frère ? Tu penses que tu le connais mieux que moi, je l'ai connu ?
- Je n'ai pas dit ça. Il nous a... Laissé un travail.
- Vraiment ? Un bon travail, je suppose. Agréable ? Facile ? Le genre de chose qu'un élève sorcier inexpérimenté serait capable de faire les doigts dans le nez ?"
Ron eut un petit rire grinçant alors qu'Hermione semblait épuisée.
"- C... Ce n'est pas facile, non. Mais nous devons...
- Vous devez ? Pourquoi, vous devez ? Il est mort, n'est-ce pas ? Laissez tomber, les enfants. Sauvez-vous ! Surtout toi." Dit-il en me pointant du doigt. "Avec ta fille et son père."
Je baissai les yeux en l'entendant parler d'Amelia et commençai à triturer mes doigts nerveusement.
"- On ne peut pas." Lâchai-je.
"- Pourquoi pas ?
- On..."
Je ne savais pas vraiment quoi répondre, pour être honnête. Mais Harry m'en empêcha.
"- Mais vous vous battez, vous aussi, vous êtes dans l'Ordre du Phénix...
- J'étais. L'Ordre du Phénix n'existe plus. Vous-Savez-Qui a gagné, c'est fini, et ceux qui prétendent le contraire tentent de ne pas voir la vérité. Ça ne sera jamais sûr pour vous ici, il vous désire trop. Alors partez, cachez-vous, sauvez-vous. Et vous feriez mieux de prendre ces deux-là avec vous en plus de ta famille." Lança-t-il en me regardant après avoir pointé Ron et Hermione du doigt. "Ils seront en danger toute leur vie maintenant que tout le monde sait qu'ils travaillent avec vous.
- On ne peut pas partir. Nous avons un travail.
- Eh bien, donnez-le à quelqu'un d'autre.
- Impossible. Ca doit être nous, Dumbledore m'a tout expliqué...
- Oh, il t'a tout expliqué ? Et il t'a tout dit, il a été honnête avec toi ?"
Je tournai la tête vers Harry qui hésita et ne répondit pas. Alberforth le remarqua.
"- Je connaissais mon frère, Potter. Il a appris de ma mère à garder des secrets. Des secrets et des mensonges, c'est comme ça qu'on a grandi, et Albus... C'était naturel pour lui."
Ses yeux se posèrent sur le tableau de la blonde. La seule photo était la sienne.
"- Mr Dumbledore... C'est votre sœur ? Ariana ?
- Oui. Tu as lu Rita Skeeter, pas vrai, jeune fille ?
- Elphias Doge nous en a parlés." Rattrapa Harry.
"- Ce vieux singe... Il pensait vraiment que le soleil brillait par tous les orifices de mon frère. Enfin, c'était le cas de beaucoup de personnes, vous compris, apparemment.
- Le professeur Dumbledore se souciait vraiment de Harry et Alexis." Affirma Hermione.
"- Vraiment ? C'est amusant de voir que les gens dont ils se souciaient ont terminé dans un plus mauvais état que s'il les avait laissés se débrouiller tout seuls.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Peu importe.
- Mais c'est quelque chose de sérieux ! Est-ce que... Est-ce que vous parlez de votre sœur ?"
Abelforth fusilla Hermione du regard avant de lui répondre.
"- Quand ma sœur avait six ans, elle fut attaquée par trois garçons Moldus. Ils l'avaient vue faire de la magie dans le jardin, en l'espionnant à travers la haie du jardin. C'était une enfant, elle ne pouvait pas le contrôler, aucun sorcier ne le peut à cet âge. Ce qu'ils ont vu les a effrayés, je pense. Ils ont forcé leur chemin à travers la haie, et quand ils ont découvert que ce n'était pas une supercherie, ils ont tenté d'arrêter le monstre qui faisait ça."
Je sentis un malaise commencer à monter jusqu'à ma poitrine qui s'était alourdie. Il se leva.
"- Ce qu'ils ont fait l'a détruite : elle n'a plus jamais été la même. Elle ne voulait plus utiliser la magie, mais elle ne pouvait pas s'en débarrasser, et finalement ça la rendit folle, la magie explosait de ses mains quand elle ne pouvait pas la contrôler, et dans ces moments, elle était étrange et dangereuse. Mais le plus souvent, elle était douce et effrayée et elle ne voulait de mal à personne. Et mon père a cherché les bâtards qui avaient fait ça et les a attaqués. Et ils l'ont enfermé à Azkaban pour ça. Il n'avait jamais dit pourquoi il avait fait ça, parce que le Ministère aurait su ce qu'Ariana était devenue, et elle aurait été enfermée à Ste-Mangouste pour son bien. Ils l'auraient considérée comme une sérieuse menace pour le Secret du Statut International, déséquilibrée comme elle l'était, avec la magie qui explosait de ses mains quand elle ne pouvait plus le retenir. On devait la garder en sûreté et au calme. Nous avons déménagé, et fait croire qu'elle était malade, et ma mère était sans cesse avec elle, et tentait de la garder calme et heureuse. C'était moi, celui qu'elle préférait. Pas Albus, il était toujours dans sa chambre quand il était à la maison, à lire des livres, à compter ses prix, à entretenir sa correspondance avec "les noms des mages les plus célèbres de l'époque". Lui ne voulait pas être embêté à s'occuper d'elle. Elle me préférait. Je pouvais la faire manger quand ma mère n'y arrivait pas, je pouvais la calmer quand elle était dans une de ses colères, et quand elle était calme, elle m'aidait à nourrir les chèvres. Puis elle eut 14 ans... Vous voyez, je n'étais pas là. Si j'avais été là, j'aurais pu la calmer. Elle a eu une de ses colères, et ma mère n'était pas aussi jeune qu'elle, et... c'était un accident. Ariana ne pouvait pas se contrôler. Mais ma mère a été tuée."
Je sentis mon cœur battre encore plus fort en écoutant l'histoire d'Ariana. Il y avait tellement de colère et de tristesse dans la manière dont Abelforth racontait cette histoire que je commençais à me demander depuis quand il l'avait sur le cœur. Depuis quand il ne l'avait pas extériorisée.
"- Et le tour du monde d'Albus avec le petit Doge fut annulé. Ils sont venus tous les deux à la maison pour les funérailles de ma mère et Doge est parti tout seul, et Albus a pris la tête de la famille. Ah ! J'aurais pu prendre soin d'elle, je lui ai dit, je me moquais de l'école, j'aurais pu rester à la maison et m'occuper d'elle. Il m'a dit que je devais finir mes études et que lui allait s'occuper d'elle. Ça tombait mal pour M. le Génie, il n'avait aucun prix à recevoir pour s'occuper de sa sœur à demi-folle, à l'empêcher de faire exploser la maison chaque jour. Mais il s'en tira bien pendant quelques semaines... Jusqu'à ce qu'il arrive. Grindelwald. Et enfin, mon frère avait un égal, il pouvait parler à quelqu'un d'aussi talentueux que lui l'était. Et il s'occupa moins d'Ariana, si occupé qu'il était par leur plan pour un nouvel ordre de sorciers, et leur recherche des Reliques, et toutes les autres choses qui les intéressaient. Des grands projets pour faire avancer le monde magique, et si une jeune fille était négligée, est-ce que ça comptait, puisqu'Albus travaillait pour le Plus Grand Bien ? Mais après quelques semaines de tout ça, j'en avais assez, je ne pouvais plus le supporter. C'était bientôt la rentrée à Poudlard pour moi, alors je leur ai dit, à tous les deux, face à face, comme je suis face à toi en ce moment. Je lui ai dit, tu ferais mieux d'arrêter maintenant. Tu ne peux pas la déplacer, elle n'est pas assez forte pour ça ; vous ne pouvez pas la prendre avec vous, où que vous ayez l'intention d'aller pour faire vos discours intelligents et vous créer des disciples. Il n'a pas aimé. Grindelwald n'a pas aimé du tout. Il s'est mis en colère. Il m'a dit que j'étais un petit garçon stupide, à essayer de barrer la route à lui et à mon brillant frère... Est-ce que je ne comprenais pas que ma pauvre sœur n'aurait plus à se cacher une fois qu'ils auraient changé le monde, et tiré les sorciers de l'ombre, et qu'ils auraient remis les Moldus à leur place ? Et il y a eu une dispute... J'ai sorti ma baguette, il a sorti la sienne, et le meilleur ami de mon frère m'a infligé le sortilège Doloris. Et Albus essayait de l'arrêter, et nous étions tous les trois en train de nous battre, et les flashs de lumière et les bruits l'ont effrayée, elle ne pouvait pas le supporter... Et je pense qu'elle voulait aider, mais elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait, et je ne sais pas lequel de nous l'a fait, ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous, et elle était morte."
Sa voix se brisa à la fin de sa phrase et je sentis une violente nausée me rattraper en entendant l'issue qu'avait eu cette histoire. Il se laissa tomber sur la chaise la plus proche. Cette histoire me fit réaliser que pour moi... Dumbledore ne serait plus jamais la même personne.
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