♦Chapitre 33.

  Harry avait désiré enterré Dobby et voir son petit corps inerte me fit instantanément fondre en sanglots.

Mon frère n'avait pas compris. Ron non plus. Bill et Fleur encore moins. Seul Hermione semblait comprendre pourquoi j'étais dans cet état. Elle était peut-être assez éveillée au moment où Bellatrix avait parlé de ça et s'en rappelait. Cependant, elle n'était pas encore venue me voir et tant mieux. Il fallait qu'elle récupère, c'était le plus important. Seule Fleur avait essayé de me tirer les vers du nez, mais c'était trop tôt pour en parler. Beaucoup trop tôt. Je ne pouvais pas m'arracher ces images que j'inventais de ma tête. Ces horribles images qui me blessaient horriblement sans même que je saches si c'était vrai. J'avais besoin d'une confirmation visuelle. Besoin de la voir.

Harry avait voulu parler à Gripsec et Ollivander pour je ne sais quelle raison et avait essayé de me faire venir avec lui, mais je lui avais répondu avec un ton si glacé que je m'étais moi-même fait peur. J'avais passé le reste de ma soirée à pleurer, roulée en boule dans mon lit. Je n'avais pas bougé. Pas d'un pouce.

Et je n'avais même pas tressailli devant les visions que j'avais de Voldemort volant la baguette de sureau des mains du cadavre de Dumbledore.  

  À vrai dire, cette baguette était le cadet de mes soucis. La seule chose dont je m'inquiétais, c'était de savoir où se trouvait le corps de ma fille. Si elle avait été torturée avant de mourir. S'ils avaient vraiment été assez cruels pour faire souffrir un nourrisson avant de me rendre compte qu'un Doloris n'aurait sûrement pas pu être supporté par un enfant en bas-âge.

J'avais raté. J'avais tout raté, d'ailleurs. Tout. Mon rôle de mère, de femme, d'amie, de fille, et même mon rôle de sœur.

Les jours qui passèrent furent tous les mêmes. Harry sortait sur la côte, seul. Je le voyais par la fenêtre de cette chambre que je ne quittais pas. Fleur m'amenait les repas auxquels je ne touchais quasiment pas, ce qui la désolait, car elle faisait déjà un effort en me laissant manger dans une chambre dont elle sortait en soupirant tristement. Bill venait me demander si tout allait bien et essayait de me faire parler, mais abandonnait après que je lui aie lancé des regards meurtriers qui ne signifiaient rien d'autre que me laisser tranquille. Ron passait devant la porte de ma chambre que Bill laissait souvent ouverte en partant sans jamais rentrer et ne me jetait que des regards à la fois tristes et pleins d'incompréhension. Il était mauvais pour cacher ses sentiments.

Quant à Hermione, elle se remettait de sa torture. Je ne l'avais toujours pas vu. Je n'avais même pas pu l'aider là-bas. J'étais une amie de merde. J'étais une femme de merde. Une fille de merde. Une sœur de merde. Une mère de merde. En fait, j'étais une vraie merde. Je me répétais. Ma mère n'aurait vraiment jamais dû laisser sa vie pour moi à Godric's Hollow. Pour Harry, bien sûr que ça aurait valut le coup. Mais pour moi, ça ne servait à rien. Je me détruisais seule.  

  J'entendis la porte grincer lentement, signe que quelqu'un entrait. Mais ce n'était pas Bill ou Fleur. D'habitude, Bill rentrait en me lançant un "Salut" enjoué, espérant que je me tourne vers lui pour lui sourire et lui répondre tandis que Fleur ouvrait rapidement la porte pour ne pas l'avoir dans son chemin et donc éviter de renverser ce qu'elle m'apportait. Harry était dehors, je le voyais par la fenêtre. C'était donc soit Luna que nous avions ramené du manoir, soit Ron, soit Hermione.

Quand la porte se referma, je tournai la tête. Ce n'était pas une tête blonde, ni une tête rousse. Une belle touffe de cheveux bruns désordonnée se retourna pour laisser apparaître le visage de sa propriétaire et Hermione m'observa un instant, hésitant à avancer. Mon visage devait être trop dur.

Je m'empressai de me détendre et lui lançai un léger sourire qu'elle me rendit timidement, sans dire un mot. Elle vint ensuite s'asseoir près de moi tandis que je serrais un coussin contre ma poitrine en ramenant mes jambes à celle-ci.

Durant de longues secondes, elle sembla attendre que je lui permette de parler. Que je lui fasse un geste qui n'allait pas être hostile. Je baissai les yeux et commençai à ouvrir la bouche.

"- Écoute, je..."

Je relevai les yeux vers elle en l'entendant dire la même chose que moi au même moment.  

  "- Vas-y."

Nous avions recommencé. Une nouvelle fois, j'ouvrai la bouche.

"- Non, toi !"

Au bout de la troisième fois, je me mis à rire. Elle me suivit peu après. Quand le silence fut revenu, je m'empressai de reprendre la parole.

"- Je suis désolée de t'avoir fait subir ça.

- Tu ne m'as rien fait.

- Bien sûr que si. C'est à cause de moi qu'elle t'a torturée.

- Elle m'a torturée parce que je suis une Sang-de-Bourbe.

- Ne dis pas ça !" M'indignai-je.

"- Eh bien quoi ? C'est vrai, non ? Je suis une née-moldue. Mon sang est impur, je suis une Sang-de-Bourbe.

- Ne t'insulte pas de la sorte. Si j'avais agi, peut-être qu'on aurait évité ça..."  

  Elle ricana.

"- Tu n'es responsable de rien du tout. Tu as très bien fait. Harry m'a dit qu'il t'avait trouvée plutôt impressionnante au manoir.

- Pourquoi ?

- Avec toute la pression que Bellatrix te mettait en me torturant devant tes yeux, je devine à quel point tu devais paniquer. En plus, Harry nous a dit que sa cicatrice le brûlait à cause de Tu-Sais-Qui alors il devait en être de même pour toi. La douleur plus la panique et la peur... Et tu as quand même réussi à inventer un bobard. Il était impressionné."

C'était à mon tour de ricaner.

"- J'étais ridicule. Je suis certaine que tu aurais trouvé un meilleur mensonge. Et puis je n'ai même pas réussi à t'éloigner de Bellatrix à temps.

- Eh, on s'en fout de ça." Dit-elle en attrapant ma main précipitamment et la serrant. "Tu n'es pas celle qui m'a jeté les Doloris. Tu n'es pas celle qui m'a fait ça." Dit-elle en remontant sa manche et laissant apercevoir une marque sur laquelle était écrit "Sang-de-Bourbe". "Tu n'es pas celle qui tenait le poignard, ok ? Tu n'es pas celle qui..."  

Elle se stoppa alors qu'elle allait continuer et je baissai les yeux.

"- Tu sais... Tu peux tout me dire, Alexis. Si tu as besoin de parler, je suis là. Si tu as besoin d'évacuer, on peut sortir...

- Qu'est-ce que tu essayes de faire, Hermione ?" Demandai-je en relevant la tête vers elle.

Elle s'arrêta de parler et m'observa en fronçant les sourcils.

"- R... Rien du tout...

- Je sais que tu essayes de me faire parler."

J'attrapai sa main de celle qu'elle ne tenait pas.

"- Je sais que tu as tout entendu. Que tu te souviens de ce qu'elle m'a dit. De ce qu'ils ont fait. Alors si tu veux me faire parler, demandes-le moi tout de suite au lieu de tourner autour du pot. S'il te plaît. J'ai assez pleuré. Tu peux arrêter de prendre des pincettes."

Elle se pinça les lèvres et baissa les yeux sur nos mains avant de laisser planer un long silence. Je la lâchai et demandai.

  "- Pourquoi tu es venue me voir ? Pour savoir comment j'allais ? Pour dire aux autres ce que cette folle furieuse m'a dit ? Pour leur confirmer que c'était la raison de ma tristesse ? Que c'était pour ça que j'avais pleuré en voyant Dobby dans cette tombe ? Qu'il me l'avait rappelée ?

- N... Non !

- Alors pourquoi ?

- Je veux juste prendre de tes nouvelles car tu m'inquiètes ! Tu ne nous parles plus, tu nous envoies balader à n'importe quelle occasion, tu ne manges que deux à trois bouchées de ton assiette, tu ne viens plus nous voir, tu ne prends même pas de nouvelles de ton frère !

- Parce qu'il prend des miennes, peut-être ?

- Oui !"

Je tournai la tête vers la fenêtre. Harry était toujours debout face au vent de la côte qui faisait voler ses cheveux et les emmêlait sûrement plus qu'autre chose.

"- S'il en prenait réellement, il viendrait me voir.

- Il a peur.  

  - Peur de moi ?" Ricanai-je.

"- Tu lui as parlé avec tellement de méchanceté qu'il a peur de s'en prendre une. Crois-moi, on a encore tous cette baffe qu'a reçue Seamus il y a deux ans en tête."

Je tournai la tête vers elle.

"- Je sais que cette horrible femme m'a torturée, mais tu es celle qui souffre le plus entre nous."

Sur le point de répondre que c'était faux, elle me jeta un regard noir en levant l'index, signe que je ferais mieux de me taire et la laisser parler.

"- Elle t'a aussi torturée. Pas comme elle l'a fait avec moi parce qu'elle n'en avait pas le droit. Peut-être pas d'une manière aussi impressionnante qu'avec un Doloris. Mais crois-moi, ce hurlement... C'était mille fois plus flippant que sa torture et ça m'en a brisé le cœur. Ta douleur, je la ressentais presque comme si on venait de m'annoncer la mort de ma propre fille et pourtant, je n'en ai pas. Tout le monde dans ce manoir l'avait ressentie."

Elle me coupa une nouvelle fois alors que je commençai à ouvrir la bouche.

"- Tout ceux qui ont un cœur."

Je serrai le coussin contre moi.  

  "- J'ai jeté un rapide coup d'œil aux gens qui étaient là après que tu te sois effondrée. Et je t'assure, Drago en tremblait. Narcissa le tenait pour ne pas qu'il montre sa faiblesse, mais elle aussi se sentait mal pour toi. Ca se voyait sur son visage. Elle est une mère avant d'être une Mangemort. Elle sait ce que c'est que d'avoir un enfant. Elle sait ce que c'est que de ne pas savoir comment il va et imaginer ce que tu peux ressentir a probablement dut la secouer."

Elle m'observa et termina.

"- Tu viens de vivre une torture aussi horrible qu'un Doloris.

- C'est pire qu'un Doloris." Tranchai-je d'une voix froide qui ne ressemblait presque plus à la mienne.

Je fermai les yeux en me rappelant celui dans le cimetière après la mort de Cedric.

"- Elle dit qu'elle est morte et je ne peux pas m'empêcher d'y croire, car je n'ai aucune idée de son état. Je ne peux rien vérifier.

- Alex..."

J'ouvris précipitamment les yeux et la fixais. Elle recula sa tête d'un geste surpris.  

  "- Si elle est vraiment morte, alors elle est morte à cause de moi. Parce que sa mère était assez stupide pour l'abandonner avec son idiot de père. Je n'arrive pas à croire ça... Je ne peux pas imaginer qu'il ait été aussi inconscient pour la laisser sans surveillance... Mais si c'est le cas...

- Ne dis pas...

- Alors j'espère qu'il souffre.

- Alex !"

Elle avait l'air choquée. Je sentis mes nerfs lâcher.

"- Tu sais quoi ? En fait, je ne peux même pas être sincère en disant ça. Je ne peux même pas lui souhaiter d'être mal, d'être triste, de souffrir et de s'en vouloir. Je ne peux même pas. Je l'aime trop pour ça car je le comprends. Et pourtant, il me répétait toujours que je devais être là pour elle et il n'aura pas été là lui-même et pourtant, je n'arrive pas à lui en vouloir. Je ne peux que le comprendre. Je ne peux que me répéter que je comprends sa douleur, que je comprends sa tristesse, que je comprends tout ce qu'il ressent. Mais je veux tellement, tellement lui en vouloir.

- Mais tu le dis toi-même... Tu n'es pas sûre qu'elle soit morte.

- Je sais... Mais si elle l'est, alors c'est de notre faute. De notre putain de faute parce qu'on a rien fait." Sanglotai-je.

En voyant que je commençais à fondre en larmes de nouveau, elle s'empressa de me serrer contre elle et je me sentis pleurer plus fort. Je pleurais sur son épaule tandis qu'elle me frottait le dos pour me réconforter. Je l'entendis renifler. Après de longues minutes dans cette position, je sentis mes yeux se fermer et je m'endormis. Je n'ai pas de preuves qu'elle soit toujours en vie et ça me tuait.

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