♣Chapitre 3.

     Je voulus avancer vers Papa pour me mettre devant lui, mais Maman m'attrapa la main pour m'en empêcher. Harry dans ses bras, elle essayait de me tirer avec elle vite, mais j'avais vu que le monsieur levait sa baguette vers Papa, et la grosse lumière verte qui en sortit toucha Papa. Papa toucha le sol avec les yeux grands ouverts.

"- Papa !"

Alors que je criais, Maman se dépêchait de me faire courir avec elle jusqu'à l'étage. Harry était toujours dans ses bras et avait pas l'air de comprendre ce qui se passait. Quand on arriva dans la chambre et que la porte se referma, la scène se figea, et l'écran noir devant mes yeux se transforma pour laisser réapparaître la maison de mes parents.

"- Papa !"

Je voulais descendre les escaliers pour aller savoir si il avait pas mal. J'avais l'impression qu'il devait avoir super mal et je voulais lui faire un bisou magique pour qu'il aille mieux. J'aimais pas quand Papa ou Maman avaient mal alors j'avais les yeux qui piquaient et je voyais tout flou. Mais avant que j'arrive aux escaliers, Maman m'attrapa vite et me ramena avec elle et Harry dans notre chambre. Là, je voulais pleurer. Je comprenais pas pourquoi Papa était encore en bas avec le monsieur à capuche. Je comprenais pas pourquoi Maman faisait cette tête et était avec nous et pas en bas avec Papa. Je comprenais rien.

"- Maman... Pourquoi Papa bouge plus ? Pourquoi il est encore en bas ? C'est qui l'autre monsieur ?"

Elle me répondait pas mais me demanda de l'aider à bloquer la porte. Mais moi, j'étais pas très forte, alors j'avais pris la girafe pour aider Maman à bloquer la porte. Elle, elle avait réussi à bouger plein de trucs avec Harry dans ses bras parce qu'elle était plus forte que moi. Elle se retourna vers moi en serrant mon frère fort contre son cœur. Elle avait l'air triste et j'aimais pas qu'elle ait l'air triste. J'avais l'impression que ce qui était en train de se passer était grave et pas bien du tout. Papa était pas tout seul à avoir mal. Mais Maman, elle essayait de pas trop le montrer. Je le voyais. Je le sentais. Et moi, ça me rendait triste que Maman soit triste mais qu'elle veuille pas nous le montrer. Quelque chose de mauvais arrivait... Et j'aimais pas ça du tout du tout.

"- Mes petits anges..."

Elle nous ramena à côté du berceau de Ryry et elle le mit dedans.

"- Mes chéris... Je vous aime... Votre père aussi vous aime... Ne l'oubliez pas, d'accord ?

- Vous nous aimez plus Papa et toi ?

- Si." Elle souriait. "Si, et on vous aimera toujours. On n'arrêtera jamais de vous aimer, Alexis. Ce n'est pas ça..."

En bas, il y avait des bruits. Quelqu'un marchait et il riait. Son rire faisait peur... C'était pas mon Papa, j'étais sûre de ça. Parce que Papa rit pas comme ça du tout. Il rit pas comme les méchants. Et là, on dirait un méchant, comme dans les dessins animés. Mais c'était pas un méchant qui pique juste les dalmatiens comme Cruella. C'était un méchant vraiment méchant avec les gentils, comme dans les films que Papa et Maman regardent et qu'on n'a pas le droit de voir avec Ryry... Et c'était nous, les gentils.

"- Ma puce..." Dit Maman pour me faire retourner la tête vers elle. "Promets-moi quelque chose."

Je secouai la tête pour lui dire oui.

"- Promets-moi de ne jamais abandonner ton petit frère. Promets-moi de toujours le protéger, ma princesse...

- Maman..."

J'avais du mal à parler de plus en plus parce que je comprenais rien et que ça m'énervait. J'avais envie de taper du pied et pleurer.

"- Promets-le moi, Alexis...

- Oui." Je disais en hochant la tête vite vite. "Oui je protégerai Ryry. Je le protégerai toujours ! Jamais je l'abandonnerai !"

Elle me faisait un grand sourire et elle attrapa mon visage avec ses mains pour me faire un bisou sur le front. Ça avait suffi pour me faire sourire.

"- Je t'aime mon petit cœur. Je t'aimerai toujours peu importe où je serai, d'accord ? Papa aussi t'aime et t'aimera toujours, tu comprends ? Je t'aime, Alexis.

- Je sais Maman." Je souris. "Je t'aime aussi Maman."

Après qu'elle ait caressé mes joues, elle avait attrapé ma main et elle s'était tournée vers Harry en serrant fort ma main et en faisant des caresses avec son pouce. Ça me calmait.

"- Harry... Tu es aimé, toi aussi. Vous l'êtes tous les deux... Prends soin de ta sœur, mon petit bonhomme... Elle t'aime comme Papa et Maman... Elle te donnera tout l'amour que tu veux... Parce que c'est ta grande sœur."

Elle caressa sa joue.

"- Mon fils... Ton père t'aime... Je t'aime Harry. "

     D'un coup, la porte s'était ouverte dans un grand bruit qui faisait mal aux oreilles et qui m'avait fait sursauté fort tellement j'avais eu peur. En fait, je crois qu'elle était cassée en plein de morceaux de bois, parce qu'il y en avait un à mes pieds qui était aussi grand que ma jambe. Même notre girafe était cassée maintenant... Il y avait quelqu'un avec une capuche qui était là. La capuche d'en-bas. J'avais vraiment peur et je tournai la tête vers maman qui se levait, me lâchant la main et me laissant toute seule devant Harry sans que je bouge. Je voulais pas qu'elle me lâche ! Je voulais aller dans ses bras parce que j'avais trop peur ! Je voulais jamais qu'elle me lâche !

"- Pas mes enfants ! S'il vous plaît, ne tuez pas mes enfants !"

J'avais pas l'air d'être la seule à avoir peur. Même Maman avait l'air d'avoir peur. Mais ma Maman avait jamais peur d'habitude et c'était trop bizarre de la voir comme ça. Une petite main attrapa mon pouce et m'avait fait sursauter. Je tournai la tête vers Harry. Maman a dit que tout irait bien. Papa va se réveiller, le méchant s'en ira et Maman va nous faire plein de câlins et de bisous ! Comme Papa !

"- Pousse-toi, idiote.

- Non ! S'il vous plaît, ne tuez pas Alexis ! Ne tuez pas Harry ! Ne tuez pas mes enfants !"

Tuer Alexis ? Tuer Harry ? Tuer... Mourir ? Le monsieur voulait que mon frère et moi on meurt ? Harry mourra pas ! J'ai promis à Maman que j'allais le protéger ! Alors je vais le protéger ! Je serrai la main de Ryry en silence en regardant ce qu'ils faisaient. Le monsieur semblait s'agacer devant Maman.

"- Je perds patience...

- Pas mes enfants, je vous en supplie, tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à leur place..."

Maman était en train de supplier le monsieur à la voix qui sifflait. Harry serrait un peu plus mon pouce comme si lui aussi, il avait peur, et ça me mit en colère contre le méchant encore plus. Je fixais maman. Papa aussi, il l'avait tué ?

"- C'est mon dernier avertissement...

- Non ! Pas mes enfants ! Je vous en supplie... Ayez pitié... Ayez pitié... Pas Harry ! Pas Alexis ! Je vous en supplie... Je ferai ce que vous voudrez...

- Je t'aurai prévenu... Avada Kedavra !"

Ma maman cria. Je sursautai. Jamais je l'avais entendu crier comme ça. Quand je faisais des bêtises ou même quand j'avais cassé son joli vase bleu, elle avait pas crier si fort. Mais là, c'était pas pareil. C'était pas pour me gronder. Ça faisait peur et j'avais peur. Mais il fallait pas que j'aie peur ! Pour Harry. Pour montrer à Papa et à Maman que j'avais pas peur et que je pouvais aller dans la maison lion à Poularve. Elle tomba par terre, comme Papa était tombé en bas. Ses yeux tout verts étaient ouverts et elle était juste à côté de nous, allongée. J'avais presque crié, mais j'avais pas réussi. C'était resté dans ma gorge tellement j'avais eu peur. C'était comme un cauchemar... Si ça se trouve, c'était ça ! C'était juste un mauvais rêve ! Oui ! Ou alors, Maman et Papa nous faisaient une blague ! Papa aimait faire des blagues avec tonton Mumus, tonton Sirius et tonton Peter ! Maman voulait peut-être faire la blague avec lui ! Même si elle était pas très drôle...

"- À votre tour, maintenant..."

J'avais tourné la tête très vite et je m'étais mise juste devant mon frère en lui lâchant la main, regardant le monsieur avec colère. On touche pas à mon frère ! Et là, le monsieur voulait s'en prendre à mon frère !

"- Pas touche à mon petit frère !" J'avais crié.

Il avait encore rigolé de son rire de vilain.

"- Tu lui fera pas mal, espèce de moche !

- Comme sa mère et son père. Idiote... Mais téméraire... Avada Kedavra !"

En entendant couiner derrière moi, j'avais tourné la tête vers mon frère quand je sentis quelque chose toucher mon front. Et c'était quelque chose qui faisait mal... Je tombai par terre en voyant bouger le méchant qui s'empressa de faire la même chose avec Harry après avoir grogné comme un animal en disant des mots à cause desquels il devrait remplir la boîte à gros mots. Mais juste après, il était plus là. Pouf, il avait disparu. Cette fois, je pleurais. Je pleurais beaucoup parce que j'avais trop mal. D'habitude, Maman se dépêchait de me faire un bisou magique pour me faire arrêter de pleurer. Mais là, elle bougeait plus... Et Papa aussi, il bougeait plus... Plus personne ici bougeait... Plus personne ici parlait... J'avais juste moi qui pleurais et Harry qui commençait à faire comme moi... On était tout seuls... Je me redressai et tournai la tête vers Harry. Il saignait du front et j'avais tout de suite eu peur pour lui. Harry avait quelque chose qui ressemblait aux éclairs qu'on dessinait dans les livres sur le front. J'espérais qu'il avait pas aussi mal que moi. C'était vraiment pas gentil d'avoir fait ça. En le voyant pleurer, je posai ma main sur son épaule et la serrai au travers des barreaux du lit. Je pouvais pas lui faire un gros câlin à cause des barreaux que je pouvais pas passer parce que j'étais trop grosse. Alors j'avais juste mis ma main sur sa toute petite épaule de bébé.

"- Pleure pas, Ryry..."

Il tourna les yeux vers moi. J'avais pas que mal à la tête, j'avais aussi mal dans la poitrine. C'était comme si mon cœur, il s'était cassé... C'était trop bizarre. J'avais jamais eu mal ici et jamais eut mal comme ça. J'arrivais pas à faire un sourire à Harry pour lui dire que c'était fini. Parce que c'était comme si ça l'était pas. En tournant la tête vers ma Maman, je dégageai ses beaux cheveux de son visage, toujours en pleurant.

"- C'est... C'est bon..." J'avais dit. "C'est pas... Pas marrant de jouer au m... Mort... Il est parti le mon... Monsieur..."

Je caressai la joue de maman et appuyai dessus avec mon doigt. J'aimais bien faire ça. D'habitude, elle attrapait ma main pour faire comme si elle mordait mon doigt après et ça me faisait rire très fort. Sauf que là, elle faisait rien.

"- Maman... Te plaît... C'est pas... Pas drôle..." Je pleurais.

Mon frère avait fait un petit bruit comme un petit hoquet et je tournai la tête vers lui.

"- Calmes-toi s'il te... Te plaît... Calme-toi... Je... Je sais ! T'aimes bien "Petite Etoile" hein ? Oui... Elle chante ça... Ça comment déjà Maman ?"

Je commençai à chanter la chanson tout doucement. Ryry me regardait et j'essuyai ses petites joues de hamster. Je continuai de chanter avant de tourner la tête vers maman qui bougeait toujours pas. Je fermai les yeux et continuai à chantonner.

     Mais en les rouvrant, le lieu dans lequel je me trouvais était complètement différent. Je n'étais plus à Godric's Hollow, assise par terre contre le berceau de mon petit frère et je n'avais plus trois ans. Je me trouvais au Chemin de Traverse, dans mon appartement, allongée dans mon lit, et j'avais déjà dix-huit ans. Cette nuit que je venais de revivre s'était déroulée il y a bientôt quinze ans. Quinze ans que la mort de mes parents continuait de me hanter de cette manière, et je pouvais sentir mon estomac se retourner et se tordre, me donnant une violente nausée.

"- Alex...?"

Je sursautai et attrapai ma baguette sur ma table de nuit pour la pointer contre la personne à ma droite, croisant des yeux chocolat qui m'observaient avec inquiétude. Il eut un mouvement de recul et je repris mon souffle avec difficulté. Calmement, Fred approcha sa main pour attraper la mienne et m'inciter à abaisser ma baguette. Je pouvais sentir mon front dégouliner de sueur et ma vue devenir floue.

"- C'est moi, Alex." Me rassura-t-il. "Tu commençais à pleurer dans ton sommeil, j'allais te réveiller..."

Je redéposai ma baguette sur ma table de chevet et essuyai mes joues humides avant de relever les yeux vers mon copain.

"- Fred..."

Ma voix était méconnaissable. C'était un gémissement larmoyant et ridicule causé par des sanglots, coincés au fond de ma gorge, m'empêchant d'avaler ma salive.

"- Je suis là, mon cœur... Je suis là..."

J'explosai en sanglots soudainement, et le Weasley apporta ses mains dans mon dos pour me rapprocher de lui et m'enlacer avec force, frottant ses mains dans mon dos et sur mes bras pour essayer de me réconforter du mieux qu'il le pouvait. Il embrassa le haut de mon crâne et déposa un autre baiser sur mon front avant d'y coller le sien.

"- C'est fini, Alexis... C'était un mauvais rêve..."

Non. Non, ce n'était pas un mauvais rêve malheureusement. Mais je pleurais trop pour le lui articuler. Revoir cette scène en détails m'avait fait beaucoup de mal. Me rappeler de cette promesse était douloureux. Me rappeler tout ça, toutes ces pensées qui se bousculaient dans ma tête qui me faisait maintenant mal et tout ce qui s'en était suivi... Je me souvenais des cris des voisins dans la rue, je me souvenais de ces nombreuses minutes passées à chanter et répéter les seules paroles que je connaissais à mon frère en fixant ma mère allongée au sol en pensant qu'elle allait se réveiller. Je ne me sentais pas bien. Pas bien du tout, même. En sentant un haut-le-cœur me remuer les entrailles, je me détachai rapidement de Fred et sortis du lit en rejoignant les toilettes. Il s'en fallu de peu pour que je me retrouve à vomir devant la porte que j'avais fermé derrière moi.

"- Tu te sens bien ?" Entendis-je de l'autre côté de la porte.

Je restais quelques secondes à me calmer, secouée de spasmes, sans avoir donné de réponse à Fred. Après m'être nettoyée la bouche, je sortis des toilettes et le rejoignis immédiatement pour le serrer dans mes bras. Ses bras, depuis la mort de mes parents, avaient probablement été l'endroit où je me sentais le mieux, le plus en sécurité. Et même mon foyer d'adoption n'avait pas pu me donner une telle sensation de bien-être et ne réussissait pas à me calmer aussi bien qu'il le faisait. Il avait un don. C'était de la sorcellerie.

"- Sacré cauchemar... Il avait l'air horrible..." Dit-il après une longue hésitation.

"- C'est parce que ce n'était pas un cauchemar...

- Oh..."

Il patienta un instant en continuant de me bercer si efficacement contre son torse.

"- Je suis désolé, Alexis..."

Je ne répondis pas, sentant une nouvelle larme rouler sur ma joue.

"- Si je pouvais faire quoi que ce soit pour t'aider... Pour que tu passes, ne serait-ce qu'une nuit sans revoir ça... Je le ferais sans hésiter..."

     Malheureusement, il ne pouvait rien faire. Je ne pouvais rien faire. Personne ne pouvait rien faire. Je savais que j'allais devoir vivre avec ces souvenirs et ces cauchemars pour le reste de ma vie, car personne ne pouvait rien faire pour m'aider à oublier cette soirée.

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