"- Essayez de vous mettre à l'aise au mieux. On ne devrait pas tarder à commencer l'accouchement." Me dit l'infirmière.
J'hochai la tête en respirant fortement. Fred avait sa main serrée dans la mienne et caressait le dos de celle-ci avec son pouce, sans broncher parce que je broyais littéralement la sienne tellement la douleur me coupait en deux.
"- Ça va ?" Me demanda-t-il.
"- J'en chie ma race, mais oui, tout va bien." Dis-je en grimaçant, essayant de me placer au mieux en sentant une violente contraction m'assaillir.
Je le vis sourire, ce que je ne compris pas, et il posa une main sur mon front pour en dégager quelques mèches qui s'y collaient. J'étais une fontaine. Je n'avais jamais eu aussi mal de ma vie qu'à cet instant.
"- Respires bien... Inspire longuement, expire doucement. Tout par la bouche, mon cœur. Vas-y, t'es parfaite."
J'hochai la tête et écoutai Fred qui me rassurait, me glissait des mots doux et fis ce qu'il m'avait dit de faire. Je régulai ma respiration avec difficultés, gémissant de douleur à chaque contraction qui s'intensifiaient à chaque seconde. Le médecin qui m'avait suivie durant toute ma grossesse arriva et m'informa qu'il était temps de commencer. Je soufflai enfin. Petit Pois allait arriver dans les minutes qui suivaient. Et j'espérais que tout se passerait bien. Je le souhaitais tellement fort. Je ne supporterais pas d'avoir attendu neuf mois pour échouer à la plus belle chose qui puisse nous arriver. Aujourd'hui allait être le plus beau jour de notre vie, je ne pouvais pas tout gâcher.
On sangla mes pieds aux étriers, ce qui fit redoubler mon angoisse et ma douleur. Fred le sentit et il posa ses lèvres sur mon front en continuant à me dire que tout se passerait bien. Je sentis que je commençais à trembler et je fermai les yeux pour essayer de me calmer, comme me le demandait le médecin qui vérifiait une dernière fois que tout semblait bien.
"- A la prochaine douleur, vous pourrez commencer à pousser. Il est très bien positionné, on voit presque déjà sa tête !"
En sentant la douleur qui annonçait le début de la poussée, je fis ce que m'ordonnait le médecin et Fred passa une main derrière ma tête pour me soutenir. D'un côté, il serrait ma main, et de l'autre, il soutenait ma tête.
Je recommençai plusieurs fois. Je ne savais même pas combien de fois je continuais. C'était long. J'avais du mal. Je me sentais encore plus trembler. J'avais à la fois froid et à la fois chaud. C'était insupportable et j'avais l'impression de ne pouvoir jamais réussir.
"- Vas-y, mon amour... Tu es parfaite..." Me chuchota Fred.
"- J'y... J'y arrive... Pas..." Haletai-je en commençant à sangloter.
"- Si, je t'assure. Tu t'en sors très bien. Continue, bébé, continue..."
Je pouvais sentir les larmes me piquer les yeux et me mis à frissonner. Je soufflai, pris ma respiration et patientai quelques secondes avant de reprendre.
"- Vous y êtes presque ! Le bébé est juste là ! Vous êtes formidable !" Me rassura l'infirmière.
Je respirai encore, pris un peu de temps, et fis mon maximum avant de voir le médecin et l'infirmière discuter, sentant ma douleur s'atténuer. Le silence prit place dans la pièce. J'entendis un bruit de claque qui me fit froncer les sourcils, puis silence. Pas un pleur. Pourquoi il n'y avait pas de pleurs ?
Le médecin passa à côté de nous sans me montrer le bébé qui ne bougeait pas. Il alla dans une petite salle adjacente et Fred se leva soudainement. La panique dans ma tête se mit à augmenter. Où est-ce qu'ils emmenaient mon bébé ? Pourquoi ils ne me le donnaient pas ?
"- Qu'est-ce qu'il se passe ?" Demanda-t-il. "Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi il ne pleure pas ? Pourquoi il ne bouge pas ?
- Votre fille ne respire pas. Mais on va arranger ça. Le docteur Wallace fait des miracles, vous aurez votre bébé en bonne santé."
Je sentis mon cœur s'accélérer alors que l'infirmière nous laissait avec son autre collègue pour rejoindre la petite salle. Fred avait perdu son sourire et la collègue étant restée avec nous dans la salle était très gentille. Elle essayait de nous rassurer, de nous faire baisser la pression, mais je sentais que ma panique était trop forte. J'entendais des termes que seuls les médecins comprenaient et qui ne voulaient rien dire pour moi, mais toujours aucun pleur. Les bébés devaient pleurer à leur naissance qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Elle bougeait bien !
Elle... C'était une fille. J'avais eu une fille. Une petite fille. Enfin, allais-je vraiment l'avoir ?
Je tournai les yeux vers Fred qui voulait se jeter à la suite des médecins dans la petite salle, mais on lui avait dit qu'il ne le pouvait pas.
"- Fred, assieds-toi..."
Il tourna la tête vers moi, se coupant dans sa plainte.
"- S'il te plaît... Assieds-toi..." Sanglotai-je.
Il s'exécuta en attrapant ma main avec les siennes, voyant que mes yeux étaient remplis de larmes. Il embrassa ma main, stressé, ce qui accéléra encore plus mon cœur. Après avoir cru faire une fausse-couche, je pensais que tout irait mieux. Je pensais qu'elle naîtrait sans problème. Pourquoi je ne pouvais rien faire correctement ? Pourquoi chacun de mes moments de bonheur devaient se compliquer ? Pourquoi je devais être si compliquée à vivre ?
Au bout de ce qui me parut une éternité, un petit cri étouffé parvint jusqu'à mes oreilles, me faisant fermer les yeux. Des larmes roulèrent sur mes joues en entendant le cri continuer et devenir plus fort. Fred posa une de ses mains sur ma joue et je me tournai vers lui, ouvrant de nouveau mes yeux.
"- C'est bon, Alex... C'est fini... C'est terminé, elle va bien..." Sourit-il, les yeux humides.
Il approcha ses lèvres des miennes pour m'embrasser, puis il me serra contre lui. On lui demanda ensuite s'il voulait venir voir le bébé pendant que l'on s'occupait de moi, ce qu'il accepta. J'étais épuisée. Terriblement épuisée. J'étais à l'hôpital depuis des heures maintenant et j'avais perdu toute notion du temps au point de ne même pas savoir combien de temps avait duré l'accouchement. Quand l'infirmière qui avait accompagné le médecin revint pour aider sa collègue, je demandai.
"- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Durant l'expulsion, elle a eu un manque d'oxygène qui l'a empêché de respirer. Elle respire très bien maintenant. C'est terminé."
En entendant les cris et pleurs, je me mis à sourire.
"- J'entends ça...
- Vous avez été parfaite, toutes mes félicitations.
- Merci..."
Une fois que le placenta avait été enlevé et que nous étions sortis de la salle d'accouchement, on m'emmena dans celle que je devrai occuper quelque temps en me disant qu'on me ramènerait mon enfant dans peu de temps. Mon copain me rejoignit, le sourire large et les joues humides. Il avait pleuré, mais voulait me le cacher.
"- Alors ? Comment elle est ?
- Magnifique. Encore plus que ce que je pouvais imaginer. On a fait du bon travail." M'assura-t-il en ricanant.
Je souris en le voyant se rapprocher. Mes yeux étaient mi-clos tant j'étais épuisée.
"- A qui ressemble-t-elle ?
- Ne le prends pas mal, mais je crois qu'elle a hérité de la beauté de son père.
- Oh... Tant pis... Je l'aimerai quand même...
- Qu'est-ce que ça veut dire ça ?"
Je me mis à rire faiblement devant son indignation si mal jouée et il vint m'embrasser la tempe, me serrant dans ses bras.
"- Tu as été parfaite. Comme à ton habitude.
- Toi aussi, tu l'as été. Le parfait futur papa qui rassure l'inquiète future maman."
Il alla s'asseoir sur le siège à ma gauche et soupira.
"- J'ai eu très peur." Annonça-t-il après quelques secondes de silence.
- Moi aussi..." Dis-je en fermant les yeux, me couchant bien au fond de mon lit, profitant de nos dernières secondes de tranquillité avant de voir arriver notre fille.
"- Quel prénom, alors ?
- Je te le dirai une fois que je l'aurais enfin vue." Souris-je. "C'est moi qui l'ai mise au monde et je suis la seule à ne même pas avoir encore vu son visage."
Il ricana en m'assurant que je n'allais pas être déçue en la voyant car c'était la plus belle et nous attendîmes encore quelques minutes durant lesquelles Fred m'avait laissé me reposer en silence avant de voir revenir l'infirmière avec un petit berceau en plastique qu'elle installa auprès de mon lit. Alors que je voulais me redresser, elle m'en empêcha et le médecin entra.
"- On doit vous prendre votre tension.
- Euh... D'accord..."
Elle fit ce qu'elle avait à faire tandis que le médecin discutait avec mon petit ami en affirmant que c'était un beau bébé et nous félicitant.
Voyant que je me portais bien mais que j'avais juste besoin d'un bon repos, l'infirmière me ramena mini-nous près de moi alors que je me relevais.
"- Et voilà. Vous pouvez admirer votre petite merveille."
Et je ne me fis pas prier. Elle avait les yeux ouverts et jouait avec ses doigts. Je sentis mon sourire élargir mes lèvres. Qu'elle était petite ! Elle était... Je n'arrivais même pas à trouver de mot la décrire... Elle était déjà si adorable...
C'est vrai qu'elle ressemblait à Fred. Elle avait exactement ses yeux chocolat dans lesquels j'aimais tant plonger mes yeux verts. Quant à ses cheveux, ce n'était pour l'instant qu'une petite touffe de cheveux bien roux et déjà en bataille. Décidément, je commençais à croire que mon père et son désordre capillaire traverseront les générations !
Son nez était tout mignon et elle avait un petit visage rond juste adorable. Tout était adorable et miniature chez un bébé. Elle me fixait et je souris en sentant arriver Fred derrière moi.
"- Elle est belle, hein ?
- Tellement... Et c'est notre fille..." Dis-je en lui caressant sa petite joue rebondie.
Sa peau était toute douce. Une vraie peau de bébé. Elle gigota un peu, donna un coup de pied dans le vide et plissa les yeux.
"- Elle n'a pas perdu le réflexe du coup de pied, visiblement.
- Effectivement." Ricanai-je. "Mais elle en a dans le pied, cette gamine ! Chez les moldus, je suis certaine qu'elle ferait du foot !"
Fred se mit à rire à ma remarque. Je n'osais pas vraiment la prendre dans mes bras. C'était trop bizarre de se dire qu'elle était ma fille... Être mère à dix-huit ans n'avait jamais été dans mes plans. Mais ma vie était basée sur des imprévus alors plus rien ne m'étonnait. Être connue dans le monde des sorciers pour être avec mon frère la seule personne à avoir survécu au sortilège de la mort n'avait jamais été dans mes plans, tout comme vivre dans un orphelinat durant cinq ans aux Etats-Unis avant d'être adopté par un couple inconnu auquel je me suis pourtant attaché. Avoir déménagé à Londres pour faire mes études à Poudlard, y revoir Harry pour la première fois en dix ans, y rencontrer Fred et m'y faire des amis avec lesquels nous avions traversé bien des épreuves non plus, n'avait jamais été dans mes plans. Voir Cedric mourir devant mes yeux, voir Voldemort ressusciter et tenté de nous tuer non plus. Être sa cible numéro une avec mon frère non plus. Travailler dans un magasin de farces et attrapes créer par Fred et George ne m'aurait jamais traversé l'esprit, ayant toujours été bien trop préoccupée par ma passion pour le métier d'Auror, que ce soit aux Etats-Unis avec le MACUSA ou au Royaume-Uni avec le Ministère. Jamais je ne m'étais imaginé porter et donner vie à l'enfant de Fred trois ans après avoir commencé à le fréquenter. Et pour être honnête, jamais je n'ai pu penser que j'aurais fait un enfant avant même de m'être marié. Mais tout était pourtant arrivée. Ma vie s'est jouée sur des choses que je n'avais jamais prévues, moi qui aimait tout prévoir. Cette vie-là ne l'avait jamais été.
Je me décidai finalement à prendre ma fille dans mes bras après mes réflexions sur mes plans de vie qui avaient prit un tout autre tournant. Je commençai à paniquer, ayant peur de ne pas la tenir correctement. Mais visiblement, je ne m'en sortais pas trop mal. Elle pleura un peu, mais s'arrêta une fois qu'elle fut bien calée contre moi et déposa ses prunelles chocolat dans mes iris vertes.
"- Ta mère a prévenu Remus ?
- George a transplané pour le prévenir. Ils sont déjà là.
- Déjà ?"
Je ne relevai plus mes yeux de ma fille toujours sans nom. J'y réfléchissais encore. Amelia, peut-être ? Serena ou Zoey... Finalement, pas Charlotte.
"- Tu vas les chercher ?
- On ne peut pas rester un peu juste tous les trois ?" Sourit-il.
Je terminai par relever la tête vers lui en acquiesçant. Les petits yeux de mon bébé étaient un peu plus fermés alors que son père venait s'asseoir à côté de moi. Vus de l'extérieur, nous devions ressembler à ce genre de famille écœurante puant le bonheur à plein nez et cul-cul comme jamais... Mais tout ça m'importait bien peu. Parce que pour une fois, je pouvais profiter du bonheur de l'instant présent et oublier ce qui m'attendait dehors.
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