♣Chapitre 23.

J'étais allongée sur le lit que j'occupais, la tête sur les jambes de Fred qui s'amusait avec mes cheveux en les mettant en l'air pour me faire des espèces de cornes. Il les faisait retomber devant mes yeux et je soufflais dessus pour les dégager, ce qui l'amusait comme un gamin.

Le bébé était censé arrivé dans une semaine d'après les prédictions du médecin et j'avais appris que bien des choses s'étaient passées à Poudlard, mais notamment qu'Harry et Ginny sortaient enfin ensemble. Qu'est-ce qu'ils en avaient mis du temps, tous les deux ! Ron et Lavande, quant à eux, avaient rompu, pour le plus grand bonheur d'Hermione.

"- Bébé ?

- Mmh ?

- J'ai de nouvelles idées de prénoms. Vu que Petit Pois préfère son surnom à mes merveilleuses idées."

J'eus un sourire crispé à cause des grosses contractions que j'avais depuis hier soir et ouvris les yeux sur Fred.

"- Ah oui ?

- Oui. J'en ai sélectionné dix ! Cinq de chaque !"

Je ricanai.

"- Ah oui, tu ne fais pas les choses à moitié, toi.

- Jamais !

- Je t'écoute. Vas-y." Dis-je en me relevant difficilement.

"- Alors, si c'est un garçon, j'ai pensé à Oliver, Jacob, Kyle, Damian ou Rhys.

- Rhys ?

- Ouais ! T'aimes bien ?

- Rhys, bof... Mais j'aime bien Jacob.

- Enfin on est d'accord sur quelque chose !"

Je me mis à rire et lui demandai de continuer.

"- Pour les filles, j'ai pensé à Amelia, Victoria, Mona, Serena ou Grace."

Je réfléchis un instant à ce qui pourrait le mieux sonner et annonce.

"- Amelia et Serena sonnent bien. J'ai des idées moi aussi.

- Dis-moi.

- Charlotte ou Zoey."

Il réfléchit un instant et hocha la tête.

"- Sympa.

- Enfin tu es d'accord avec quelque chose que je propose !"

Il ricana et me fit signe de m'asseoir sur ses genoux. Ce que je fis peu après, non sans difficultés. Il posa une main sur mon ventre et attendit un court instant avant de relever les yeux vers moi, les sourcils froncés.

"- Il bouge beaucoup. Je sens bien ses coups. C'est normal qu'ils soient aussi rapprochés ?

- Je ne sais pas, je suppose que c'est parce que l'accouchement approche...

- Mmh..."

Je me levai.

"- Viens, j'ai soif. Je vais me prendre un verre de jus de citrouille. Et puis marcher un peu fera peut-être venir le bébé plus vite.

- D'accord."

Il se leva avec moi et prit ma main. Nous descendîmes les escaliers. Je mis ma main libre sous mon ventre et descendis avec difficultés quand Fred demanda.

"- Tu penses à un garçon ou une fille ?

- Une fille. Même si elle n'est pas très haute et terriblement agitée.

- Donc on aura soit une petite Amelia, soit une petite Zoey, ou une Charlotte ou bien encore une Serena.

- Oui, je suppose. Mais je peux me tromper.

- L'instinct maternel ne se trompe jamais."

Il m'embrassa la joue alors que je versais le jus dans mon verre, manquant d'en mettre à côté à cause des contractions. Était-ce vraiment normal ?

"- Tu en veux ?

- Non merci."

Je reposai la bouteille et pris le verre dans ma main.

"- J'ai tout préparé à l'appartement, tu sais ? J'ai déjà rangé ses petites affaires et préparé ses jouets, son lit..." Sourit-il. "Tu manques beaucoup à l'appart. Surtout que Remus me réveille toujours pour que je lui donne des rongeurs en plein milieu de la nuit." Râla-t-il. "C'est toi qui lui as donné cette habitude ?"

Je me mis à rire.

"- Peut-être qu'il s'y est un peu trop accroché l'année dernière. Je faisais beaucoup d'insomnies après la mort de Ced'.

- Eh bien qu'il s'attache un peu moins à cette habitude avec moi, ton rapace !"

J'éclatai de rire, toujours debout, appuyée sur le plan de travail.

"- Ca me fait bizarre de me réveiller sans toi à côté.

- C'est pour la sécurité de Petit Pois..." Dis-je en terminant par aller m'asseoir, le verre en main.

- Je sais... Mais chaque matin, ça me donne l'horrible impression que tu es partie. Que tu m'as laissé seul et que tu ne me laisseras jamais voir le bébé.

- Je ne suis pas ce genre de personne. Je ne ferais jamais ça. Tu le sais bien.

- Je suis stressé alors je pense n'importe quoi. Ce n'est pas de ma faute.

- Je comprends."

Je bus une gorgée de mon jus avant de me relever pour enlacer le père de mon enfant.

"- Mais je t'aime trop pour t'abandonner comme ça. Crois-moi. Ça va parce que ça ne fait qu'un mois que je viens plus travailler, mais qu'est-ce que je peux m'ennuyer des fois. Il y a des jours où je me retrouve toute seule à la maison parce que ta mère part faire des courses comme aujourd'hui, par exemple, et je ne peux même pas l'accompagner parce que je suis trop grosse et que ça serait trop flagrant. Ça me manque notre petit appartement. Notre intimité rien qu'à nous.

- Moi aussi, ça me manque."

Il m'embrassa doucement et je souris.

"- Par contre, il va falloir comprendre que... Le bébé va tout changer. C'est un peu tard pour le dire, j'avoue, mais il va changer beaucoup beaucoup de choses. Ta mère m'a bien expliqué ça.

- C'est-à-dire ?

- Que toi et moi, lorsque l'on voudra être tranquille et avoir un minimum d'intimité, se faire de petites sorties en amoureux ou ce genre de choses, on ferait mieux de laisser Petit Pois à ses grands-parents ou ses tontons et tata."

J'approchai mon oreille de la sienne et repris.

"- Je pense que tes désirs sexuels seront moins faciles à atteindre vu qu'à n'importe quelle crise, il va falloir s'occuper de lui tout de suite."

Je me reculai et souris.

"- A ce point ?

- Bien sûr, à ce point. En plus, il aura du sang de Fred Weasley dans les veines, alors, crois-moi, il va tout faire pour embêter son très cher papa, même quand il n'y a rien de très urgent. Il va nous faire les mêmes feintes que ce que tu peux faire.

- Impossible, je suis le seul à les maîtriser.

- Eh, ça va être ton enfant, idiot, chez lui, ce sera inné. En tout cas, j'espère qu'il n'est pas aussi chiant que son père parce que je vais faire une overdose sinon !

- Eh ! Viens là toi, je vais te montrer si je suis chiant !"

Je me mis à rire et je m'éloignai de lui sans pouvoir aller très loin puisqu'il me rattrapa très vite et me colla contre un mur de la maison.

"- Tu sais très bien que tu n'aurais pas pu m'échapper !

- Je suis trop enceinte pour courir, c'est surtout ça ! Tu vas voir quand j'aurais accouché ! On se fera une course toi et moi et tu verras que je gagnerai ! Je suis aussi forte à la course qu'à la bataille de regards !

- Ah oui, tu en es bien sûre ? Il me semblait t'avoir entendu dire que tu devrais te remettre au sport parce que tu as perdu pas mal d'endurance, non ?"

Je lui tapai le bras et il se mit à rire en avançant sa tête.

"- Je crois que j'ai touché la corde sensible. Cela veut-il dire que j'ai raison ?

- Non !"

Je me mis à rire avec lui et il glissa ses lèvres dans mon cou, le parcourant d'une ligne de baisers. Je frissonnai et passai mes mains autour de son cou tandis qu'il remontait jusqu'à ma mâchoire, puis ma joue, avant de s'arrêter sur mes lèvres. Il m'embrassa, joueur, et attrapa ma lèvre inférieure avec ses dents. Il tira dessus en reculant légèrement sa tête quand un toussotement nous surprit dans le dos de Fred. Je le repoussai rapidement en sentant rougir mes joues et posai les yeux sur Molly et George qui étaient de retour du village. George avait un sourire en coin, moqueur, et sa mère paraissait légèrement gênée. Le rouge me chauffait les joues. Je devais être couleur pivoine...

"- Vous... Vous voulez de l'aide ?" Proposai-je en les voyant les bras remplis en sentant se rapprocher mes contractions sans y prêter une grande attention.

Je n'avais pas dormi à cause de ces contractions, pour être honnête. Peut-être que la fatigue les avait intensifier, je ne savais pas.

"- Je veux bien, si ça ne te dérange pas."

Je me dépêchai de me rapprocher des deux Weasley, mais posai violemment mes mains sur mon ventre, sentant une plus grosse douleur m'assaillir. Remarquant ma grimace, George fronça les sourcils.

"- Tout va bien ?"

- Oui... Je crois..." Soufflai-je.

"- Le bébé la frappe beaucoup. Elle n'en a pas dormi. Et ses contractions se rapprochent." Annonça Fred.

Molly releva la tête vers moi et posa ses sacs par terre rapidement. J'avais mal. La douleur montait crescendo et j'avais l'impression qu'elle était maintenant à son summum. En voyant Molly se rapprocher comme ça, lâchant tout ce qu'elle tenait, je commençais à comprendre ce qu'il se passait. Alors c'était maintenant ? Ça allait commencer ? Non ! Ça ne pouvait pas ! Il n'y avait que Molly, George et Fred ! Aucun autre membre de l'Ordre n'était là pour m'accompagner, Remus et Tonks étaient censés venir nous rendre visite demain ! Je ne pouvais pas y aller sans plus de sécurité ! Je ne pouvais pas !

Une nouvelle fois, une contraction me rappela à l'ordre et un liquide coula entre mes jambes, m'annonçant ce qui allait suivre.

"- Tout va bien, ma chérie ? C'est le bébé, c'est ça ?"

J'hochai la tête en grimaçant. Cette douleur me lancinait et me pliait en deux.

"- Il arrive...

- Quoi ? Maintenant ?" S'exclama Fred dont les yeux s'ouvrirent en grand.

"- Je viens de perdre les eaux, Fred ! Je pense que c'est bien assez convaincant comme élément déclencheur !"

Il sursauta en hochant la tête avant de s'empresser de venir me soutenir, tout comme George qui avait lâché les courses à son tour.

"- Viens ! Il faut qu'on se dépêche de rejoindre l'hôpital ! Respire bien, ma chérie, respire bien !"

Fred attrapa un manteau et me le mit sur le dos avant d'attraper le sien. On se dépêcha de rejoindre l'extérieur. Le vent frais claqua mon visage et fit légèrement redescendre la chaleur sur mon visage qui, j'avais l'impression, aurait pu faire cuire un œuf.

"- Les garçons, vous conduisez !

- Hein ?

- Vous l'avez déjà fait, vous pouvez bien le refaire ! Cette fois-ci, elle ne vole pas, ça ne devrait pas être plus compliqué !" Dit Molly en m'ouvrant la porte arrière.

Je me glissai dedans en gémissant et jurant contre la douleur et George s'installa du côté conducteur. Molly s'empressa de monter devant, voyant que Fred m'avait rejoint à l'arrière, et nous démarrâmes. Ça approchait. Ça se rapprochait. Ça se rapprochait autant que nous roulions. Nous allions mettre du temps, certes, mais ça laisserait le temps au bébé. J'allais pouvoir accoucher rapidement après être prise en charge à l'hôpital, je l'espérais. Car c'était aujourd'hui que Petit Pois naîtrait. Enfin du moins, je l'espérais.

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