♣Chapitre 1.

     L'été semblait être passé à la vitesse de la lumière. Pas un jour ne passait sans que le monde ne grouille à l'intérieur du magasin et la cohabitation avec Fred et George se déroulait de mieux en mieux. Au départ, les disputes étaient plutôt nombreuses car j'étais toujours celle qui s'occupait des tâches ménagères si je ne voulais pas qu'elles s'accumulent. En plus, on avait déjà réussi à casser le pied du canapé dans l'appart de George parce que ces idiots ont trouvé judicieux de me jeter dessus d'un seul coup. L'avantage, c'est qu'on avait bien rit, ce soir-là, une fois que tout était réparé. On passait notre temps à squatter les uns chez les autres. Le seul moment où nous étions chacun chez nous était la nuit. J'engueulais souvent Fred qui prenait toute la couette, c'est vrai... Mais autrement, pouvoir passer mes nuits avec lui à le serrer contre moi sans devoir me faufiler dans son dortoir était l'un des avantages que j'appréciais le plus avec cette nouvelle vie. Les disputes que nous pouvions avoir se finissaient souvent dans le rire et n'étaient jamais très sérieuses. Quand il nous voyait faire, George se moquait de nous en disant qu'on ressemblait déjà à un vieux couple. Mais le début de l'été ne s'était pas réellement passé comme ça. Il m'avait fallu des semaines pour me remettre du départ de Victor et Lou. Aussi bien Remus que moi les avions convaincus que pour leur sécurité, ils avaient le choix entre quitter le pays et ne revenir que lorsque la situation se serait améliorée, ou se faire oublietter. Quand on leur expliqua que cela signifiait qu'ils ne se souviendraient plus de moi et de tout ce que nous avions vécu ensemble, leur choix fut vite fait. Ils devaient partir sans me dire où ils iraient, ce qu'ils avaient fait. Fred avait longtemps fait de son mieux pour me consoler chaque soir et Remus nous rendait visite quand il était de garde au magasin, me demandant à chaque fois comme j'allais et en me rassurant que ça avait été la meilleure chose à faire. Lou et Victor en savaient trop. Si les Mangemorts leur tombaient dessus... Ils savaient qu'ils seraient ma faiblesse, mais surtout, ils ne s'en seraient jamais sortis en vie. Leur petite maison de Londres aux placards vides avait été fouillée peu après qu'ils l'aient quitté. Je le savais, car je m'y étais rendus pour récupérer les derniers objets que je n'avais pas emmenés. Je compris rapidement que Voldemort avait un plan et qu'il aurait voulu le faire passer au plus vite... Je n'avais jamais été aussi heureuse qu'en cet instant de savoir que j'avais eu un coup d'avance sur le Seigneur des Ténèbres. Ça m'avait d'ailleurs largement aidé à aller mieux plus vite pour me concentrer sur Weasley, farces pour sorciers facétieux. En parlant du magasin, celui-ci marchait plus que bien. Les nougats Néansang étaient les produits qui partaient le plus depuis l'ouverture, et nous avions embauché une employée, Verity, qui travaillait avec nous en tant que vendeuse. La seule chose qui m'embêtait en général était les Aurors surveillant le magasin. Je savais que c'était pour la sécurité et dans un sens, j'appréciais de savoir qu'on agissait enfin. Surtout que grâce à cette protection, nous faisions partie des rares magasins encore debout dans ces temps aussi sombres. Même Ollivander avait fermé... Lorsque j'avais appris ça, mon cœur s'était brisé. Ollivander faisait partie de la culture-même des sorciers britanniques. Il était l'Histoire des baguettes. Savoir qu'il avait fermé... C'était terrible, mais c'était surtout signe que les temps s'assombrissaient réellement.

     Ce matin, la chaleur m'avait réveillée. Ce devait faire deux semaines que j'avais beaucoup plus chaud que d'habitude, et j'avais beau baissé le chauffage, c'était comme si rien ne changeait. Fred, lui, dormait comme un bébé, et je fis attention à ne pas le réveiller en me levant pour partir prendre une douche et me préparer. Il était encore assez tôt, et là que j'avais le temps de cuisiner, j'avais envie de préparer le petit-déjeuner avec mes mains. J'aimais cuisiner, et utiliser la magie n'était pas pareil. C'était plus pratique, certes. Mais j'avais besoin d'utiliser mes ustensiles moi-même ! Alors c'est ce que j'avais fait ce matin. J'aurais pu mourir pour des œufs brouillés accompagnés d'une tranche de bacon bien salée ce matin ! J'étais plus du genre petit-déjeuner sucré d'habitude, mais cela faisait deux semaines que j'avais un faible pour le salé... Alors que je faisais chauffer la plaque rapidement en pensant aux remarques que me feraient Fred en se levant à base de "tu n'es pas une cracmol, combien de temps vais-je te le répéter", je jetai un coup d'œil par la fenêtre. Les rues commençaient déjà à se remplir. Bientôt, les pavés seraient invisibles tant il y aurait de monde. J'entendais déjà du monde en bas du magasin s'extasier devant la vitrine et cela me fit esquisser un sourire. Nous comptions ouvrir plus tard aujourd'hui. Nous avions travaillé dur tout l'été, nous pouvions bien prendre une journée avant la rentrée pour faire la grasse matinée ! En voyant des enfants et des adolescents passer avec leurs parents, des listes entre les mains, je compris la raison pour laquelle il y allait avoir du monde aujourd'hui. Nostalgique, je repensai à mon premier passage sur ces pavés. Victor et Lou semblaient près à se décrocher la mâchoire, sous le choc. Ils m'avaient déjà emmenée faire quelques emplettes en Amérique pour Ilvermorny, mais ils n'avaient jamais vu quelque chose comme le Chemin de Traverse. Et s'ils avaient des étoiles dans les yeux, les miens ressemblaient à une galaxie infinie. Revenir en Angleterre et découvrir le Chemin de Traverse... Si on m'avait dit que j'allais finir par y vivre et y avoir un travail à cette époque, j'aurais sûrement rit. Après avoir cassé mes œufs que je commençai à cuisiner, mes yeux se posèrent sur une petite brune qui semblait dans le même état que moi à son âge devant l'étendue de l'allée. Merlin, j'étais sincèrement nostalgique. J'avais encore du mal à réaliser qu'il en était terminé de Poudlard.

     Après avoir attrapé deux assiettes pour y mettre les œufs brouillés enfin terminés, je déposai les tranches de bacon dans ma poêle pour les faire cuire quand je sentis des bras encore chauds à cause de la couette qu'ils venaient de quitter m'entourer la taille. La tête de leur propriétaire vint alors se nicher dans mon cou avec un grognement fatigué, et je frissonnai en sentant ses lèvres m'embrasser rapidement le cou.

"- Salut, marmotte. Bien dormi ?" Lui demandai-je.

"- Comme un énorme bébé." Sourit-il. "Et toi ?

- Bof. Ce soir, on traîne pas trop, s'il te plaît, je suis claquée."

Il se moqua en relevant la tête et je pus terminer nos assiettes avec un large sourire. Je me retournai pour passer mes bras autour de son cou et il m'embrassa le front en souriant pour me serrer contre lui. Il lança un regard par la fenêtre et lança.

"- Y a pas mal d'élèves ce matin. Tu trouves pas ?

- Poudlard a probablement enfin envoyé les lettres. Ça veut dire qu'on va avoir pas mal de monde ces prochains jours.

- Mais ça veut aussi dire..." Commença-t-il, m'incitant à continuer.

Je fis mine de ne pas comprendre ce dont il parlait.

"- Que tu vas revoir Ron et Ginny ?" Souris-je.

Il roula des yeux.

"- Oh, bien sûr, j'attends que ça de les revoir alors que la dernière fois, c'était y a deux semaines !"

J'explosai de rire alors qu'il ajoutait.

"- Tu vas revoir Harry !

- Je sais." Souris-je. "Si tu savais comme j'ai hâte."

     Il se détacha et attrapa nos assiettes pour les déposer sur la table de la cuisine. Nous déjeunâmes rapidement et il m'invita à prendre ma douche en même temps que lui avant de nous préparer et nous pûmes rejoindre la boutique que George avait déjà ouvert. Nous étions un peu en retard puisque même Verity était déjà arrivée. Ça nous apprendre à traîner dans la salle de bains parce qu'on se pousse en nous lavant les dents comme des enfants... La journée passa aussi rapidement que lentement. À la fois, je ne voyais pas le temps passer à cause du monde, mais cette journée semblait aussi interminable à cause du mal de tête qui m'avait pris quelques heures plus tôt et de la fatigue constante que j'avais. Beaucoup d'élèves nous demandaient où se trouvaient les marécages portables, se rappelant de celui de l'année dernière qui, d'après eux, n'avait toujours pas été enlevé, car les professeurs ne savaient pas comment faire, d'autres demandaient les boîtes à flemmes et d'autres encore réclamaient les nougats Néansang. En revenant des toilettes, une voix m'interpella.

"- Alex ! Tu peux venir par-là, s'il te plaît ?" M'appela George.

"- J'arrive !"

En moins de temps qu'il en faut pour le dire, je m'empressai de rejoindre mon meilleur ami pour lui demander.

"- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as besoin d'aide ?" Demandai-je, légèrement essoufflée.

"- Non, t'inquiète. Reprends ton souffle, je voulais juste te dire qu'un client spécial t'attendait." Sourit-il. "Tu me suis ?

- Oh ! Oui, bien sûr !"

Il m'attrapa la main et m'entraîna jusqu'au présentoir des tours de magie Moldus où Fred discutait avec un brun que je reconnus immédiatement.

"- Ah ! Voilà George et Alex !"

Mon frère se retourna et George vint lui serrer la main directement, et quand Harry se tourna vers moi, je m'empressai de le prendre dans mes bras avec un grand sourire.

"- Alex, desserre ton étreinte, je crois qu'il vire au violet." Se moqua George.

Je soupirai et roulai des yeux en me retournant vers lui pour lever mon majeur dans sa direction, ce qui le fit rire.

"- Bon ! On lui fait visiter ?

- Ouais ! Viens dans l'arrière-boutique Harry. C'est là qu'on gagne vraiment de l'argent." Affirma George, avant de lancer à un jeune garçon qui commençait à mettre la main dans le bac de Marque des Ténèbres comestibles. "Essaye de voler quelque chose, toi, et ça te coûtera beaucoup plus cher que des Gallions !"

Le garçon enleva rapidement sa main et je posai la mienne sur l'épaule d'Harry tandis que nous avancions à l'arrière du magasin.

"- Nous sommes en train de lancer une ligne plus sérieuse. C'est drôle, la façon dont ça s'est passé...

- Tu n'imagines pas combien de gens, même parmi ceux qui travaillent au ministère, sont incapables d'exécuter convenablement le charme du Bouclier. Bien sûr, ils ne vous ont pas eu comme professeurs." Sourit George à la suite de son frère.

"- C'est vrai... Au début, on avait pensé que des Chapeaux Boucliers pourraient être amusants. Tu mets ton chapeau, tu défies quelqu'un de te jeter un sort et tu regardes sa tête quand le sort se retourne contre lui. Mais figure-toi que le ministère a acheté cinq cents chapeaux pour son personnel ! Et on continue de recevoir des commandes en masse !

- Du coup, on a élargi la gamme et maintenant, on commence les capes et les gants Boucliers !" Terminai-je.

"- Évidemment, ils ne serviraient pas à grand-chose face à un Sortilège Impardonnable, mais pour des maléfices mineurs ou modérés...

- Ensuite, on s'est dit qu'on devrait se lancer dans la défense contre les forces du Mal d'une manière plus générale, parce que c'est ça qui rapporte. Voilà un truc formidable. Regarde, la poudre d'Obscurité Instantanée, on la fait venir du Pérou. Très commode si tu veux disparaître rapidement.

- Et nos Leurres Explosifs se vendent comme des petits pains. Regarde. Tu en fais tomber un subrepticement, il se met à courir et produit une belle explosion un peu plus loin en t'offrant la diversion dont tu as besoin.

- Pratique."

Je me dirigeai vers l'étagère des Leurres et en attrapai deux.

"- Attrape !" Dis-je en les lui lançant. "C'est pour toi !

- Mr Weasley... Mr Weasley... Ms Potter... Il y a un client qui cherche un Chaudron Farceur." Nous annonça Verity alors que je voyais déjà Harry sortir sa bourse pour payer.

"- Très bien, Verity, j'arrive. Harry, tu choisis tout ce que tu veux, d'accord ? Pour toi, c'est gratuit." Affirma George.

"- Je ne peux pas accepter !

- Certainement que si !" Le contredis-je.

"- Ici, tu ne payes rien !" Continua Fred fermement.

"- Mais...

- C'est toi qui nous as fourni notre mise de fonds, on ne l'a pas oublié. Tu prends tout ce que tu veux, simplement, n'oublie pas de préciser d'où ça vient si jamais on te le demande."

Je regardai George repasser de l'autre côté et hochai la tête à la fin de sa phrase.

"- Il a raison. Tu les as aidés à réaliser tout ça, c'est comme si tu avais déjà payé. Donc maintenant, tu te dépêches de ranger ça et on sort."

Fred entoura ma taille de sa main et nous avançâmes avec Harry qui dût se résoudre à capituler et à accepter sans payer ce que nous lui avions offert.

"- Je te laisse avec ton frère.

- D'accord."

Il m'embrassa et partit satisfaire les demandes des clients en souriant à Harry. Je me tournai vers lui et demandai.

"- Alors ? Tu es là depuis longtemps ?

- Je suis au Terrier depuis quelques jours. Dumbledore est venu me chercher.

- Rien que ça." Souris-je en haussant les sourcils avec un sourire. "Du coup, tu as pu découvrir les mises en place du Ministère."

Il hocha la tête.

"- Alors c'est officiel. Tu habites ici.

- Ouais. Le local venait avec les deux appartements juste au-dessus alors on en a un peu profité. Fred et moi en avons un, George a celui juste en face... Et ça permet aux Aurors de rester sur place pour assurer la sécurité. C'est pratique pour tout le monde.

- Les Aurors sont aussi ici ?"

J'hochai la tête.

"- Ils se perdent dans la foule devant et dedans.

- Excusez-moi..."

Je me retournai vers un jeune homme qui venait de m'interpeller alors que nous avancions parmi les produits.

"- Oui ?

- Je cherche les boursouflets, s'il vous plaît.

- J'arrive tout de suite !" Assurai-je en me tournant vers Harry. "Tu m'excuses ? Le travail m'appelle.

- Bien sûr. Pas de problèmes. Je vais rejoindre Ron et Hermione."

     Je l'observai partir et me retournai vers le client que j'emmenai jusqu'aux boursouflets, profitant de son attention pour le conseiller sur d'autres produits sensibles de l'intéresser et vers lesquels il se dirigea juste après avoir fait son choix. Auprès des philtres d'amour, j'aperçus Ginny vers qui se dirigèrent ses frères. En voyant la tête qu'elle tirait quand ils commencèrent à lui parler, je ne pus m'empêcher de les rejoindre, curieuse quant au sujet qui semblait agacer la rouquine, bien que j'avais mes hypothèses.

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