Il me semblait que le temps avait filé à toute allure. Je revoyais encore les images d'Amelia petite passer devant mes yeux alors qu'elle préparait ses affaires. Elle avait reçu sa lettre d'admission à Poudlard il y a quelques mois et elle s'était levé il y a une heure pour finaliser sa valise. Ce côté impatient me faisait plaisir de voir.

"- Tu t'en sors, mon chat ?

- Je pense. Il est quelle heure ? Je veux surtout pas arriver en retard ! Même si ça pourrait être rigolo de faire comme tonton Harry et tonton Ron...

- Oh que non, ça ne peut pas être rigolo de faire comme eux, crois-moi. Il est neuf heures, on a encore le temps. T'as bien pensé à tes fournitures ? Et à Antigone ?

- Oui et oui ! Antigone est en bas et les livres dans ma valise.

- Bon, tu te prépares rapidement, je te prépare le petit-déjeuner et quelques trucs à emmener avec toi pour Antigone.

- Oui, oui..."

Je la laissai s'agiter encore avant de partir pour préparer d'un coup de baguette le petit-déjeuner et ranger assez de paquets de croquettes au cas où Amelia décide de ne pas revenir durant les vacances pour en reprendre. Elle arriva rapidement après avoir posé ses valises devant la porte.

"- Eh voilà !

- Merci, M'Man !"

Elle se jeta presque instantanément sur son assiette alors que je lançais des coups d'œil à la fenêtre.

"- Tonton George vient avec nous ?

- Bien sûr que oui ! Il veut absolument voir sa petite nièce avant qu'elle ne parte à Poudlard." Souris-je avant d'entendre toquer à la porte de l'appartement. "Et il n'est pas le seul.

- Ch'est-à-dire ?

- On ne parle pas la bouche pleine, jeune fille." Dis-je en me dirigeant vers la porte et vérifiant qui était là. "Voilà le début de ta petite surprise."

En la regardant, je pus la voir froncer les sourcils et reposer ses couverts avant de se lever et se mettre à sauter de joie en voyant qui était à la porte.

"- Tonton !"

Elle se jeta dans les bras de mon frère et dans ceux de Ginny avant de demander.

"- Vous m'accompagnez au Poudlard Express, vous aussi ? Salut les microbes !

- Eeeeh !" S'exclama James alors qu'elle lui ébouriffait les cheveux. "Je suis pas un microbe ! Albus, si.

- Pas vrai !

- Bien sûr, on n'allait pas rater ça." Souriait Ginny alors que je serrai Harry dans mes bras.

"- Je me dépêche de finir de manger !" Sourit Amelia. "Maman, t'as dit que c'était que le début de la surprise, y a qui d'autre qui vient ?

- Si je te le dis, c'est plus une surprise."

Elle leva les yeux au ciel en se rasseyant et ce fut George qui arriva peu après, accompagné d'Angelina, Fred et Roxanne. Une fois son assiette terminée et lavée dans l'évier, elle commença à jouer avec ses cousins. Elle allait être la première d'entre eux à aller à Poudlard... Comme si j'avais imaginé voir ma fille être la première à aller à Poudlard. J'avais toujours pensé que ce serait l'enfant de Bill et Fleur le premier à y aller. Ca me foutait un coup de vieux, tout ça.

Finalement, on toqua de nouveau à la porte et je pus aller l'ouvrir aux derniers à venir. Ron, Hermione, Rose et Hugo étaient là et rentrèrent à leur tour.

"- L'appartement est beaucoup trop petit pour cette famille !" M'exclamai-je alors qu'Amelia venait les embrasser.

Après quelques discussions, ma fille se mit à dire qu'il fallait partir pour lui éviter d'être en retard. Elle nous demanda de nous dépêcher à plusieurs reprises en répétant que les vieux parlaient trop.

"- Les vieux peuvent ne pas t'emmener à King's Cross si ça t'agaces tant que ça !

- Non, non, c'est bon...

- Sympa de voir qu'elle ne perd pas son caractère." Se moqua Ron.

"- Comme si en deux jours, quelque chose allait changer." Soupirai-je sous ses rires.

Elle s'empressa d'aller mettre son manteau et ordonna à tout le monde à la manière d'un petit tyran de sortir pour qu'on puisse partir. Alors que nous partions en direction de la gare à pieds. Amelia tenait la main de James et ses bagages de l'autre. Je souriais tendrement en la voyant rire avec son cousin au moment où Harry me sortit de mes pensées.

"- Alex ?"

Je tournai la tête vers lui.

"- Oui ?

- As-tu déjà pensé à déménager ?"

Je fronçai les sourcils.

"- Jamais, non. C'est plus simple pour moi de vivre au-dessus du magasin. Maintenant que George a déménagé, j'ai pu aménager les deux appartements à ma façon pour qu'Amelia et moi ayons notre intimité chacune. On s'y sent bien toutes les deux. Pourquoi cette question ?

- Je voulais savoir si tu aimerais vivre à Godric's Hollow. Une maison est en vente. Ca pourrait te faire changer d'air.

- Qu'est-ce que tu veux dire par changer d'air ?

- Je sais que... Eh bien, depuis la mort de Fred, j'ai peur que tu te fasses du mal dans cet appartement. Tu as des moments d'absence durant lesquels les larmes te montent aux yeux en regardant George ou en regardant Amelia alors je me dis que maintenant qu'Amelia sera à Poudlard, tu vas te retrouver seule là-bas avec tous vos souvenirs. Et puis tu vas peut-être retrouver quelqu'un et là vous serez trop serrés. Tu le dis toi-même, cet appartement est trop petit pour nous tous, on ne fait jamais nos réunions de famille ou nos Noël chez toi, ça pourrait être sympa un jour ou l'autre de le faire, tu ne crois pas ?

- Harry..." Commençai-je en commençant à triturer la bague autour de mon annulaire gauche. "C'est gentil de ta part, mais je... Je n'ai personne. Et je ne pense pas retrouver quelqu'un de si tôt, voir de retrouver quelqu'un tout court. Et puis je m'y sens bien. C'est ce côté petit que j'aime. Passer les Noël chez toi ou les passer au Terrier avec Molly et Arthur me fait du bien, je n'ai pas envie de le passer chez moi avec beaucoup de monde. Avoir Amelia et juste Amelia me va très bien le vingt-cinq au matin. J'adore passer les soirées de réveillon avec vous, mais juste... Pas chez moi. Peu importe si je vis en appartement ou à une maison de Godric's Hollow. J'aime très bien l'endroit où je vis. Et puis pour aller travailler, c'est plus pratique. Au moins, je n'ai pas de problème, je peux me lever tard et quand même arriver à l'heure au magasin.

- Donc je n'aurai pas la chance d'avoir ma sœur plus près de chez moi ? Tu restes quand même ici ?

- Je viendrai plus souvent chez toi si tu veux, mais je reste ici. Mes souvenirs avec Fred, aussi beaux que douloureux se trouvent à la fois à Poudlard et ici. Je les chéris plus que tout, je ne veux pas les oublier en laissant l'appartement. C'est là que je lui ai annoncé que j'attendais un bébé, c'est là qu'on a commencé une vie à deux qu'on n'a pas pu terminer, mais que je ne peux pas abandonner pour y créer une réserve ou je ne sais quoi d'autre. Donc non, ta sœur et ta nièce ne seront pas plus près de chez toi, désolée.

- Au moins, j'aurai essayé." Sourit-il. "Pendant qu'Amelia sera à Poudlard, passe autant que tu veux à la maison.

- Je n'y manquerai pas. Merci, petit frère.

- Même avec la trentaine, tu vas continuer... Grandis un peu, je ne t'appelle plus grande sœur.

- Dommage. Ca me ramènerait au bon vieux temps de tes onze ans.

- Ouais, quand Quirrell a failli nous tuer tous les deux ?

- C'est ce que je dis ! Le bon vieux temps."

Nous nous mîmes à rire tous les deux avant d'enfin voir King's Cross devant nous. Amelia tourna son visage vers moi, joyeuse. Son sourire et ses taches de rousseur éclatants au soleil. Cet air malicieux sur son visage, elle me demanda de venir à côté d'elle.

"- Tu crois que Neville sera gentil avec moi en cours ?

- Un professeur ne fait pas de favoritisme, ma puce.

- Donc il va être pire.

- Je n'en sais rien, je l'avais en camarade pas en enseignant !

- C'était qui ton prof préféré à l'époque ? À part Remus, bien sûr.

- À part Remus ? McGonagall. Je suis sûre que tu vas l'adorer toi aussi. Cette femme est incroyable et je continue encore aujourd'hui de l'admirer. Et sa passion pour le quidditch ! Elle doit être l'une des supporters de Gryffondor les plus enjouées à chaque match !

- Tu crois que je vais pouvoir intégrer l'équipe de ma maison ?

- Je ne sais pas ma puce, tonton Harry a eu de la chance parce que McGonagall l'avait remarqué et que la place était libre, mais toi, je ne sais pas.

- J'espère en tout cas. Je me suis beaucoup entraîné avec tonton Harry, tonton George et tata Ginny !

- J'ai vu ça."

Nous entrâmes dans la gare qui grouillait de monde. Sa main vint agripper la mienne rapidement. Elle semblait commencer à comprendre qu'elle allait vraiment y aller. Qu'enfin l'école dans laquelle ses parents s'étaient rencontrés et qui lui avait permis de naître allait lui ouvrir ses portes. Elle me répétait tous les soirs depuis sa lettre à quel point elle avait hâte d'y être, elle cochait chaque case du calendrier et hurlait à chaque mois qui passait. Elle n'avait jamais été d'une telle impatience.

Albus fonça sans faire exprès dans l'un des sacs de ma fille duquel tomba des tas d'objets que je connaissais très bien. Elle se retourna rapidement et s'empressa de les ramasser alors que son cousin s'excusait. Je croisai les bras.

"- Amelia Molly Lily Lou Weasley, peux-tu me dire ce que ces farces et attrapes provenant du magasin font dans tes bagages ?

- Je... Vais vous faire de la pub ?" Lança-t-elle innocemment alors que Ron et George étaient en train de rire.

Je me baissai et l'aidai à tout ramasser.

"- Disons que je n'ai rien vu." Dis-je en lui faisant un clin d'oeil. "Mais n'utilises pas les nougats dès que tu ne veux pas aller en cours parce que sinon ça va barder en revenant à la maison !

- Merci ! Promis maman !"

Je jetai un coup d'œil à l'heure.

"- C'est où alors ? La voie neuf trois-quart ?

- Suis-moi."

Après avoir rangé ce que je n'avais soi-disant pas vu, Amelia attrapa ma main et nous avançâmes toutes les deux jusqu'à la barrière à traverser. Tout le monde était derrière nous et George arriva derrière elle en posant une main sur son épaule.

"- Prête, Am' ?"

Elle hocha la tête.

"- Tout ce que tu as à faire, c'est foncer sans hésiter, ok ?"

Elle continua de hocher la tête et nous fîmes un décompte avant que je ne me mette à courir avec elle pour traverser la barrière. Soudain, le Poudlard Express apparut et les sorciers grouillèrent sur le quai, ce qui me rappela tous ces souvenirs que j'avais gardés dans un coin de ma tête et qui me faisaient toujours sourire à m'en faire mal aux joues.

"- Maman, regarde, y a Calum !"

Je relevai la tête vers l'endroit que pointait ma fille du doigt et pu voir Gas et son mari discuter avec leur fils, Calum, avec qui ils devaient vérifier les derniers détails de son départ.

"- On attend que tout le monde passe et puis on va les voir ?

- Oui ! Ca fait longtemps j'ai pas vu Calum en plus !

- Je sais. Et moi ça fait longtemps que je n'ai pas vu Gas." Dis-je en le serrant contre moi en attendant ma famille.

Tout le monde passa la barrière. James et Albus observaient avec de grands yeux l'endroit, tout comme leurs cousins. Nous nous dirigeâmes vers mon ami qui, dès qu'il me vit, se tourna vers moi et vint me prendre dans ses bras.

"- Hey ! Comment tu vas, Alex ? Salut tout le monde !"

Une réponse collective s'éleva et Harry vint serrer la main de Gas avant que Calum et Amelia ne se mette à discuter intensément de tout et de rien. Nous discutâmes légèrement avant que je n'arrête ma fille de parler avec son meilleur ami pour la serrer dans mes bras.

"- Bon. Il va bientôt être l'heure que tu montes dans ce wagon pour partir à Poudlard.

- Déjà ?" S'exclama-t-elle.

"- Eh oui."

Elle se jeta à nouveau dans mes bras.

"- Je reviendrai pour Halloween, promis.

- Oh, mais je connais ça." Ricanai-je. "Tu m'enverras une lettre et on verra si tu rentres. Tu te feras vite des amis, j'en suis sûre, tu voudras rester avec eux plutôt que revenir chez ta mère, je le sais.

- Je devrai refaire du stock pour votre pub !"

J'eus un sourire en coin.

"- Et puis je veux pas te laisser seule pendant un an, maman."

Je sentis les larmes me monter aux yeux en voyant les siennes faire briller les siens. Je lui embrassai le haut du crâne en caressant son dos.

"- Je t'enverrai des lettres. Au moins une par semaine. Et je veux tout savoir de ce qu'il se passe à Poudlard ! Tu passeras le bonjour à McGonagall et Neville de ma part.

- Promis.

- Tu m'as bien laissé ton mp3 à la maison ?

- Oui, je t'ai écouté, je sais que la technologie ne fonctionne pas là-bas.

- C'est bien. Je veux au minimum une lettre par semaine, compris jeune fille ? Et s'il se passe, ne serait-ce qu'une petite accroche, tu me préviens et je débarque pour en parler à McGonagall. T'as bien pensé à tout, rien ne manque à la maison ? Au pire, je t'enverrai ce qui te manque si tu le remarque au dernier moment, ok ?

- Oui, maman.

- Bien."

Je posai mes mains sur ses épaules et l'observai encore un instant, détaillant son visage et fixant ses jolis yeux tenus de son père.

"- Ma petite fille va à Poudlard." Dis-je en sanglotant à moitié. "Tu grandis tellement vite, Amelia...

- C'est le temps qui passe trop vite. Je suis juste obligée de le suivre."

À l'entente du sifflet qui annonçait le rapprochement du départ, je la pris une dernière fois dans mes bras et lui murmurais.

"- Ton père serait fier de toi. Je suis fière de toi. Je t'aime ma puce.

- Je t'aime aussi maman."

Nous nous séparâmes et elle partit à la suite de Calum à la recherche d'un compartiment. Gas et moi vîmes réapparaître nos enfants à la fenêtre d'un compartiment qu'ils squattaient. Le train commença à partir et nous continuâmes de leur faire de grands signes avant de les voir partir, emmenés par le train jusqu'à Pré-au-Lard.

"- Alors ?" Me demanda Hermione. "Qu'est-ce que ça te fait ?"

Je retenais mes sanglots.

"- Bizarre." Répondis-je. "Elle a grandi trop vite. Beaucoup trop vite."

Ginny s'approcha pour me prendre dans ses bras.

"- Tu peux le dire, Alex. Elle n'est plus là pour t'entendre le dire."

Une larme roula sur ma joue et pourtant un sourire paisible s'afficha sur mon visage quand mon regard se posa en face, de l'autre côté du quai.

"- J'ai peur d'être seule, Gin'. Et pourtant, je suis heureuse de savoir que je vais finir par l'être."

Et alors que je fixais le quai, la silhouette que je voyais me rendis mon sourire. Ce sourire malicieux. Ce sourire qui me réconfortait au fond.

"- Je suis contente, car je ne serai jamais réellement seule."

La silhouette rousse que je voyais en face termina par disparaître alors que ses lèvres me glissaient un "Je t'aime" que je lisais sur celles-ci. Je ne serai jamais réellement seule au fond, car je savais que ma famille allait être là lorsque j'en aurais besoin. Mais aussi et surtout, car lors de mes nuits agitées, lors de mes cauchemars, lors de ces horreurs que je revois passé devant mes yeux, il est là pour me réconforter. Il est toujours là. Son sourire est toujours là. Car même dans la mort, Fred est encore là, avec moi, et je sais qu'il le sera toujours. Autant pour moi que pour elle.