4.Arrestation

Noria ouvrit lentement les yeux. Le soleil filtrait à travers les rideaux. La tête posée contre le torse d'Allen, Noria s'étira alors qu'il dormait toujours. Ses ronflements bravaient le silence de la chambre. Un sourire sur le visage, Noria caressa son torse et l'embrassa dans le cou. Vu l'absence de réaction, elle haussa les épaules, prête à aller faire le petit-déjeuner.

En se redressant, elle sentit Allen la pousser à se rallonger sur le dos. Leurs regards se croisèrent, et avant qu'elle n'ait pu le saluer, il posa ses lèvres chaudes contre les siennes et l'embrassa avec passion. Sa langue vint titiller la sienne, et Noria sentit un frisson de désir la parcourir.

– Bonjour, mon amour, dit-il d'une voix mielleuse.

Noria passa la main dans ses cheveux courts d'une belle couleur platine.

– Bonjour, répondit-elle. Bien dormi ?

– Oh que oui, avoua le jeune homme.

Ils s'embrassèrent encore, quand Allen s'écarta et la fixa de son regard amoureux. Noria voyait bien qu'il hésitait à demander quelque chose, mais il restait là à l'enlacer encore.

– Un problème ? demanda la jeune femme.

C'était la première fois depuis longtemps qu'il hésitait. Silencieux, il scrutait Noria avec envie, mais quelque chose semblait le déranger.

– Non, non... Ne t'inquiète pas, ce n'est rien, répondit Allen.

Il allait de nouveau se positionner au-dessus d'elle, mais Noria l'arrêta.

– Attends, tu mens ! s'exclama-t-elle. Tu ne peux plus me cacher des choses, Allen. Il va falloir t'y habituer.

Acculé, il n'avait plus le choix que de lui parler, car Noria n'allait pas lâcher l'affaire si facilement. Il la savait tenace.

– Eh bien...

Il rougit. Noria leva un sourcil, curieuse. Le jeune homme mettait du temps avant de se livrer, mais elle continuait de soutenir son regard, qu'il détourna en se triturant les doigts. Finalement, après avoir pris son courage à deux mains, il osa enfin lui répondre :

– Tu crois que...

Un petit temps de pause pour voir si Noria allait laisser tomber, mais toujours pas.

– Tu pourrais refaire la même chose qu'hier soir ?

Sa demande enfin tombée, Noria sourit, un peu gênée à son tour. Elle hésita, mais après avoir passé une mèche verte derrière son oreille, son sourire s'élargit. Noria n'avait aucune envie de refuser, au contraire, lui offrir ce qu'il désirait lui ferait grandement plaisir. Sans attendre plus longtemps, elle se mit à califourchon au-dessus de lui et approcha ses lèvres des siennes.

– Il suffisait de demander, lui susurra-t-elle à l'oreille.

La peau d'Allen se hérissa, alors qu'il se calait tranquillement dans le lit. Noria l'embrassa à nouveau, puis descendit lentement le long de son corps. Elle se glissa sous les couvertures et arriva près de l'entrejambe. Lorsqu'elle était à deux doigts de réitérer les conseils d'Hirelda, quelqu'un toqua à la porte. Un long soupir s'échappa de sa bouche et elle se redressa en retirant le drap. Elle ne put s'empêcher de rire en voyant le visage outré et déçu d'Allen.

– On fait semblant de ne pas être là ? proposa-t-il. Je ne suis pas trop en état d'ouvrir la porte à quelqu'un...

Noria, amusée, mit la main devant la bouche alors qu'elle ricanait face à la situation absurde. Un hochement de tête et elle s'apprêtait à repartir à ses affaires, mais le tambourinement de la porte se faisait encore plus fort. Suite à ça, elle entendit Mayrine crier son nom d'une voix alarmée.

Cette fois, son cœur rata un battement. Noria descendit en trombe, se revêtit de sa robe de chambre bordeaux, puis traversa le salon à la hâte. Pourquoi sa voisine venait-elle la voir avec autant d'angoisse ? Que se passait-il ? Lorsqu'elle ouvrit la porte, Mayrine affichait une mine affolée.

– Noria, il faut que tu viennes à l'entrée du village ! s'exclama-t-elle.

Derrière, Allen sortit de la chambre en pantalon, curieux de voir ce qu'il se passait.

– Qu'est-ce qu'il se passe ?

– Un Sage est arrivé avec une troupe de soldats pour emmener Ozia. Ils sont en train de la ramener vers la sortie d'Ylvea. Viens vite !

L'information lui serra le cœur. Ses yeux exorbités fixèrent l'horizon. Tout à coup, l'univers de Noria semblait vaciller. Savoir qu'une de ses amies allait se faire emprisonner à Elekya la terrorisait. Elle serra les poings, prise d'un léger vertige face à cette nouvelle dramatique. Mais pas le temps de lambiner.

– J'arrive ! dit-elle en reprenant ses esprits.

À peine de retour dans la chambre, qu'Allen était déjà prêt. Noria se hâta d'enfiler des sous-vêtements, un pantalon et une chemise, puis ils quittèrent la maison en trombe. Tous les trois, ils traversaient le village alors que le soleil arrivait tout juste pour l'éclairer de ses rayons. L'intervention d'Elekya dans leur village n'était pas passée inaperçue. Dehors, des passants parlaient déjà des évènements. Les ragots allaient bon train, jusqu'à viser Ozia alors que Noria était convaincue qu'elle n'avait rien fait de mal.

Arrivée à l'entrée du village, Noria remarqua Ozia au milieu d'une troupe de soldats vêtue d'uniforme blanc, le visage dissimulé derrière un casque. Ils se faisaient insulter par une Hirelda en colère. Elle déchargeait toute son animosité sur eux, alors que Siana tentait de la contrôler. Noria les rejoignit en courant, l'adrénaline coulant dans ses veines. Elle n'allait pas laisser Ozia se faire embarquer par ces Titanomanciens !

Une fois à leur niveau, elle usa de la magie pour former un mur de ronce derrière eux, leur coupant toute retraite. Surpris, les soldats firent volte-face, eux qui ne s'attendaient pas à rencontrer de la résistance. En effet, une loi interdisait l'utilisation de la magie dans leur propre ville. Ylvea comprit.

– Vous ne l'emmènerez pas ! s'exclama Noria.

Hirelda acquiesça d'un hochement de tête.

– C'est exactement ce que je leur répète, s'énerva-t-elle. Laissez là partir, elle n'a rien fait.

Les soldats se mirent en position de défense, mais une voix forte et grave s'éleva derrière leur rang.

– Intéressant !

Ils s'écartèrent pour laisser passer ce qu'il semblait être le Sage en question. Il s'agissait d'un homme d'une quarantaine d'années, avec de longs cheveux attachés en queue de cheval. Sa chevelure se partageait entre plusieurs couleurs distinctes : celle du feu, du violet et du platine. Noria posa son regard sur les trois symboles tatoués sur son cou : une flamme, un éclair et les trois vagues l'une sur l'autre.

Ses yeux marrons se posèrent sur Noria. Un frisson d'horreur la parcourut quand son regard noir darda des éclairs sur elle. Elle déglutit difficilement, mais les poings serrés, elle restait de marbre devant son impressionnante stature. À chacun de ses pas, son ensemble d'armures aux couleurs de feu émettait des cliquetis métalliques. C'était la première fois que Noria voyait ça chez un Titanomancien. D'ordinaire, ils préféraient porter des vêtements légers pour se battre facilement avec la magie, mais lui trainaient une lourde armure avec une longue cape noire déchirée.

– Et que crois-tu pouvoir faire, gamine ? demanda-t-il d'un air mauvais.

Noria ne se laissa pas impressionner. Ozia attendait derrière, les mains attachées par des menottes brillantes d'un rouge vermeil. Jamais elle ne laisserait l'un de ses amis se faire emporter sans raison, alors qu'elle avait tant fait pour l'aider à vaincre sa malédiction. C'était maintenant qu'elle devait montrer toute sa reconnaissance, montrer qu'elle était capable de lui venir en aide comme elle l'avait fait.

– Je ne vous laisserais pas l'emmener à Elekya sur un mensonge ! s'exclama-t-elle.

Une boule se formait dans la gorge, mais elle ne laissait rien paraître. Elle resta de marbre, prête à se battre contre un sage s'il le fallait. Néanmoins, elle sentait que son niveau de puissance était loin de lui arriver à la cheville. Quand bien même, Ozia ne partirait pas !

– Voyons voir ça !

Une énergie tricolore émana de son corps. D'un simple geste de la main, il fit apparaître une hache aussi grosse que lui. La double lame brillait du même rouge que son armure, alors que le manche paraissait recouvert d'écailles.

– Tu es prête à mettre en danger ton village pour une criminelle ? ricana le Sage.

Noria se mit en position de combat. Voyant ça comme un défi, le Sage se mit à rire de plus belle avant de laisser des flammes émaner de son corps. Noria recula d'un pas face à la chaleur. Elle sentit son corps réagir, de la sueur perlant déjà son front. Derrière elle, des villageois se regroupaient pour voir ce qu'il se passait. Il ne tardait pas à murmurer entre eux face aux évènements troublants.

Au moment où le Sage allait s'élancer sur sa cible, trois énormes gorilles de lianes et de terre tombèrent lourdement sur le sol. Le tremblement fit chanceler les deux Titanomanciens. Ils s'approchèrent d'un pas menaçant, prêt à les cogner s'ils faisaient un pas de trop.

– Ça suffit ! ordonna une voix familière.

Noria fit volte-face. Gavion s'approchait d'eux, le visage tiré d'un air mauvais. Jamais elle ne l'avait vu s'énerver. C'était la première fois que le protecteur d'Ylvea montrait autant d'animosité dans sa démarche. Il dépassa Noria puis s'arrêta entre eux.

– Je vous signale, Sage Zion Oyionos, qu'il est interdit de se battre entre Titanomanciens dans les villages.

Zion ricana.

– Ah oui ? demanda-t-il en faisant disparaître sa hache. Je crois que la gamine n'est pas au courant.

Gavion dévisagea Noria. C'était la première fois qu'il semblait aussi en colère contre elle. Noria détourna le regard et claqua de la langue. Cela ne changeait rien à ce qu'il se passait, il était hors de question qu'Ozia disparaisse de sa vie maintenant.

– Qui t'a demandé de venir arrêter Ozia ? demanda Gavion en faisant face à son collègue.

Zion arqua un sourcil.

– Son mandat d'arrêt date de plusieurs mois et on vient de découvrir qu'elle était dissimulée dans ce village. Vu que la première arrestation ne s'est pas bien passée, dit-il en posant un regard sur Noria, on m'a demandé d'intervenir personnellement.

– Et de quoi l'accuse-t-on ? demanda Noria.

Gavion n'aimait pas son intervention. Son visage, lorsqu'il se tourna, la cloua dans un mutisme avant de reprendre sa conversation entre Sages.

– Je n'ai rien à dire à une gamine, expliqua Zion d'un ton moqueur. Ozia Azuri sera emprisonnée, et probablement exécutée, pour ce qu'elle a fait.

Noria sentit son estomac se nouer. Comment pouvait-elle empêcher ça ? Quand le portail s'ouvrit pour téléporter toute l'équipe de Zion, des larmes perlèrent à ses yeux. Elle ne pouvait pas accepter de perdre son amie si facilement, alors qu'ils faisaient tout pour la cacher d'Elekya depuis des mois. Gavion resta de marbre pendant que les soldats passaient le portail petit à petit, et qu'Ozia adressa un dernier regard à Noria. Cela lui déchira le cœur de voir un visage si triste et désespéré. Zion ferma la marche et le portail disparut dans un déluge de lumière, laissant Noria tomber à genoux.

Les gorilles remontèrent bruyamment dans les arbres. Allen s'agenouilla aux côtés de sa bien-aimée et passa son bras autour de ses épaules. Une amie chère venait de disparaître pour de bon, et personne n'avait réussi à l'en empêcher. Noria observa Gavion, toujours immobile, et sentit la colère poindre au fond de son être. Elle se releva, les poings et les mâchoires serrées. Comment avait-il pu laisser faire ?

– Pourquoi n'avez-vous rien fait ? demanda-t-elle.

Gavion se retourna. Impossible de savoir ce qui lui traversait l'esprit à ce moment précis. Il n'avait pas l'air de ressentir quoi que ce soit. Il traversa la petite place sans rien dire, mais Hirelda l'arrêta en se mettant en travers de sa route.

–Réponds ! demanda-t-elle, les yeux rouges.

Gavion resta muré dans le silence. Noria ne voulait pas se mettre à dos leur Sage, mais depuis quelque temps, ses façons d'agir ne lui plaisaient pas. Voyant qu'il ne pouvait plus se mouvoir sans avoir un Titanomancien face à lui, Gavion se tourna vers Noria, l'air un peu plus adouci.

– Il est pourtant interdit de se battre ici, annonça-t-il. Encore un peu, et tu la suivais !

Noria baissa les yeux. Les lois des Titanomanciens étaient strictes et les enfreindre coutait très cher. Comme se retrouver en prison ou être exécuté, c'est pour cela qu'il n'y avait que très peu de rebelles et de guerres dans leur clan. Le glaive de la justice pesait au-dessus de la tête de chacun.

– Ça ne répond pas à la question ! s'énerva Hirelda en posant la main sur l'épaule de Gavion et de l'obliger à lui faire face. Pourquoi vous n'avez rien fait ?

Le Sage Gavion soupira.

– Je vais me rendre à Elekya pour retarder son procès. En attendant, je vais vous obtenir de quoi vous y rendre le plus rapidement possible. Ça vous va ?

Noria sentit un espoir naître. Elle acquiesça d'un hochement de tête et laissa le Sage remonter jusque chez lui, laissant Noria et ses amis seuls. Toujours aussi énervée, Noria se redressa et quitta l'entrée du village en grognant. Personne n'osa la suivre, et c'était tant mieux. Sa colère risquait de se déverser sur ses amis, et elle ne pouvait pas se le permettre. Les murmures et les rumeurs allaient bon train dans les allées. Noria se ferma sur elle-même, n'ayant pas envie d'entendre les quolibets de ses paires. La scène de la disparition d'Ozia tournait dans sa tête, continuant de l'énerver au plus haut point. Ils vivaient enfin tranquillement depuis la fin de sa malédiction, et il fallait qu'un Sage d'Elekya vienne tout gâcher.

Une fois devant la cascade qui se jetait bruyamment dans le petit lac, Noria se posa contre un arbre. Personne ne se baignait à cette heure, et l'absence de monde l'apaisa. Les yeux fermés, elle écoutait la nature se réveiller et les oiseaux piailler. Un léger vent soufflait entre les troncs, faisant virevolter sa chevelure verte. Ses réflexions se portèrent sur la façon de la libérer. Elle n'était jamais allée à Elekya, mais elle espérait que leur Sage allait les aider.

Tant de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi Ozia n'avait jamais parlé de tout ça ? Si elle l'avait fait, peut-être qu'elle aurait pu l'aider à se sortir de ce mauvais pas. Elle se sentait tellement faible et inutile à ce moment précis. Un long soupir lui échappa alors qu'elle enfouit sa tête dans ses mains.

Quelqu'un s'installa à ses côtés. Elle se redressa et observa Hirelda, assise contre le même arbre. Au début silencieuse, les yeux fixés sur la cascade qui était la seule source de bruit dans les environs, puis elle brisa enfin le silence.

– Ça va aller ? demanda Hirelda. Tu as planté tout le monde. Allen est fou d'inquiétude.

Noria avait honte de l'avoir laissé de côté. C'était quelqu'un de charmant, toujours là pour l'aider en cas de besoin, et elle venait de l'abandonner sans rien dire.

– Ça va, souffla-t-elle. Je n'ai pas supporté que toute notre tranquillité éclate d'un coup, comme ça. Je ne pensais pas qu'Elekya viendrait chercher Ozia jusqu'ici. Et en plus, les derniers mots de mon père trottent dans ma tête sans arrêt. Et j'ai l'impression que Gavion en sait plus qu'il ne veut bien le dire !

Hirelda resta de marbre et l'écouta se plaindre jusqu'au bout. Une fois qu'elle eut terminé, Noria croisa les bras, ne sachant pas par où commencer.

– Bon, au moins tu as vidé ton sac, railla Hirelda. Écoute, on va essayer de lui faire confiance. Après tout, il nous a beaucoup aidés pour te défaire de ta malédiction. Même s'il disparaissait pour nous laisser tout le boulot...

Noria revoyait Gavion rester à Unvalia pendant qu'ils allaient chercher l'essence de vie dans les gorges d'Ilrim. Mais au final, Gavion avait grandement aidé Noria à se débarrasser de ce qui risquait d'aspirer sa vie.

– C'est vrai... soupira Noria.

Hirelda passa son bras autour de ses épaules.

– Alors, arrête de t'énerver. Va voir Allen et on attend que Gavion vienne avec notre moyen de nous rendre à Elekya rapidement.

Noria acquiesça. Il n'y avait rien de mieux à faire pour l'instant. Elle retourna chez elle, où Allen préparait déjà leurs affaires pour un nouveau voyage. Sachant qu'Elekya se trouvait à plusieurs semaines de route en caravane, il prévoyait de gros bagages pour se mettre en route. En la voyant arriver près de lui, il s'arrêta pour la scruter avec inquiétude. Il l'enlaça sans un mot. Noria posa sa tête dans le creux de son cou et se laissa bercer par la chaleur de son corps. Sa colère s'évanouit rapidement, puis elle se laissa attendrir par les caresses d'Allen.

– Je suis désolée d'être partie comme ça, lui dit Noria. Mais j'avais trop peur que ma colère ne retombe sur toi.

– Ne t'en fais pas, je comprends parfaitement, répondit le jeune homme.

Il déposa un baiser sur son crâne. Noria se défit de son étreinte pour observer ses préparations. Des valises pleines de vêtements et de boites de rangement s'étendaient sur leur lit.

– Tu as tout prévu ! s'étonna Noria.

– Elekya est vraiment loin à l'ouest. Nous allons traverser des zones dangereuses pour y parvenir, alors je prépare aussi des sacoches de premiers secours.

Noria sourit. La détermination de cet homme n'avait pas d'égal. Dès qu'il avait quelque chose en tête, rien ne pouvait le détourner de sa mission. Elle n'était pas la seule à vouloir sauver Ozia des griffes des Titanomanciens.

– Tu veux de l'aide ? proposa Noria.

Allen lui donna une liste de fournitures à récupérer. Noria s'en occupa pour terminer leur bagage, puis la journée passa d'une lenteur astronomique. Attendre le retour de Gavion prenait beaucoup plus de temps qu'ils ne pensaient, et les trois amis parcouraient le village de bout en bout en espérant le croiser dans la rue.

Le soir venu, Noria n'arrivait pas à rejoindre le reste de la population pendant la fête de l'automne. Mayrine avait bien essayé de la pousser à sortir, mais le fait de penser à Ozia la ramenait dans une angoisse qui gâcherait la fête. Elle préféra profiter de son salon éclairé par des bougeoirs aux cristaux d'essence de feu, attendant le retour de leur Sage. Elle lisait un livre, tandis qu'Allen relatait les évènements du jour dans son journal.

Trop fatigués pour continuer, Noria et Allen allèrent se coucher. Noria ne parvenait pas à s'endormir tout de suite, trop angoissée par les risques qu'encourait Ozia pendant qu'elle trainait dans son village. Si seulement elle savait se téléporter comme les Sages. Elle serait déjà en train d'enquêter sur ce soi-disant meurtre.

Mais d'un côté, l'histoire d'Ozia lui restait inconnue. Comment pouvait-elle la défendre ? Peut-être qu'elle avait vraiment tué quelqu'un, même si au fond d'elle, Noria n'y croyait pas. Impossible pour son amie de tuer gratuitement. Elle en était convaincue. À force de réflexion, la jeune femme s'endormit, l'esprit embrumé et la tête lourde de pensées négatives.

Au petit matin, alors que l'aurore pointait son nez, Mayrine frappa de nouveau à sa porte. Sans attendre, Noria bondit de son lit pour courir lui ouvrir. Lorsqu'elle tira le battant, Mayrine lui tendit trois billets.

– Vous prenez le train dans une semaine à Alanka, expliqua-t-elle. Il mène à la croisée d'Uril juste avant l'avant-poste d'Elekya.

Noria resta bouche bée. Elle récupéra les tickets. Ainsi, les chemins de fer étaient déjà en place dans certaines régions du monde ? Une larme perla à ses yeux, si heureuse d'avoir le moyen de sauver son amie.

– Par contre, Siana ne peut pas venir avec vous. Les non Titanomanciens n'ont pas l'autorisation d'entrer dans Elekya.

C'était triste à dire, mais il était impossible pour un Humain dénué de magie de s'y rendre. Après avoir remerciée sa voisine, Noria s'empressa de rejoindre Allen qui s'habillait déjà. Il était temps de partir pour Alanka en bateau via Orthado, et de se mettre en route pour Elekya.


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