22.Conseil d'ennemi
Au petit matin, Noria se réveilla seule dans sa chambre. Elle s'étira de tout son long à travers les draps. Les braises dans la cheminée n'émettaient plus du tout de chaleur. Les rayons du soleil passaient à travers les interstices des volets pour inonder la pièce de sa lumière. Son estomac gronda, signe qu'il était temps qu'elle prenne son petit déjeuner.
Noria se leva et s'habilla rapidement. La journée n'allait pas être de tout repos. La course poursuite contre l'assassin allait commencer, en espérant que Nagrir ait réussi à récolter des informations pour les lancer sur sa trace. Pour l'instant, elle descendit les marches de bois à la hâte, peur d'être la dernière à se lever. Elle n'aimait pas être une épine dans le pied du groupe.
Mais finalement, elle entendit ses amis manger bruyamment, discutant et rigolant tous ensemble. Nasam était même de la partie, alors qu'ils racontaient leur dernière aventure pour sauver Noria. Contente de les voir s'amuser, elle sourit lorsqu'elle vit Ozia plaisanter avec Hirelda et Allen. Le Wolftang était aussi de la partie en attendant que la Titanomancienne se lève. Nagrir racontait l'histoire de son peuple à Nasam, bien trop curieux. Mais pour une fois, il semblait apprécier de discuter avec l'Ossarien. Néanmoins, quand il vit Noria arriver pour manger à son tour, il se raidit, déjà prêt à lui faire son rapport. Mais pour le moment, Noria avait besoin de se sustenter.
Installée aux côtés d'Allen, elle récupéra une assiette avec quelques fruits et les dégusta avec plaisir. Ceux-ci étaient bien plus juteux que ceux qu'ils avaient l'habitude de manger, et leur gout bien plus prononcé. C'était un véritable régale. Elle les dévora les uns après les autres, avec quelques morceaux de pain et un peu de thé glacé fraichement préparé.
– Bien dormi ? demanda Allen.
Elle acquiesça d'un hochement de tête. Comment aurait-il pu en être autrement ? Entre la cheminée qui crépitait et les bras de son amant, elle s'était retrouvée au paradis pendant toute une nuit.
– Nagrir a des renseignements, lui annonça Ozia. Il attendait que tu te lèves pour te les donner.
– Pourquoi personne ne m'a réveillé ? demanda-t-elle en prenant sa boisson.
Ils se regardèrent, sans répondre à sa question. Finalement, personne n'avait osé venir. Au début, cela la surprenait, mais c'était la première fois qu'ils n'étaient pas pressés par le temps. Ozia était sortie d'affaire, et maintenant, ils avaient jusqu'à l'arrivée de Donas à Shalakir pour retrouver l'assassin.
– Donas n'arrivera que dans trois jours, expliqua Ozia. Cela vous laisse le temps de poursuivre cet individu. Surtout si Nagrir a une bonne piste.
Noria but une lampée de thé puis se tourna vers le Wolftang, tout ouïe. Ce dernier récupéra une carte en tissu qu'il déplia sur la table.
– Voilà la ville de Donas.
Il pointa du doigt le centre.
– Nous sommes arrivés ici, dans l'allée des marchands. J'ai été questionné le voisinage avec Nasam et ils m'ont tous parlé de la personne que l'on recherche. La quarantaine, une tunique rouge qui forme une robe, avec un pantalon noir et de longs cheveux châtain. Tout corrobore avec ce que l'on a vu.
Nagrir semblait vraiment bon quand il s'agissait de retrouver quelqu'un. Elle avait l'impression de revoir Kain en action. Il ne fallait pas oublier que le Wolftang appartenait aux soldats d'Alneim. Entrainé à survivre dans les environnements les plus froids, son flaire lui permettait de dénicher des traces qu'un Humain ne pouvait pas sentir.
– J'ai réussi à suivre sa trace jusqu'ici, déclara-t-il.
Son doigt se déplaça vers une grande sphère, à l'arrière de Donas. Nasam croisa les bras et soupira. Son visage s'assombrit.
– La spirale, annonça-t-il à mi-voix.
Nagrir acquiesça.
– De ce que j'ai pu entendre, les habitations sont toutes regroupées là-bas. Elles forment un gigantesque cercle.
– Qu'est-ce qui a de spécial ? demanda Ozia à Nasam.
Il secoua lentement la tête.
– Je me doutais qu'il se planquerait là-bas. Il n'y a rien de spécial, mais disons qu'il est très facile de s'y cacher. Va falloir que vous vous sépariez.
– Pas de problème, annonça Hirelda. On va retrouver cet enfoiré et le faire parler !
Noria se leva, subitement motivée. Tout le monde l'imita, conscient que les recherches allaient commencer. Ils quittèrent l'auberge, et même si l'aube venait seulement de percer les ténèbres, la chaleur qu'elle amenait était déjà lourde. Hirelda s'en plaignait déjà, elle qui n'aimait pas les températures excessives. Nagrir, lui, s'avançait déjà dans la rue.
– Je pars en éclaireur, décréta-t-il avant de disparaître à la hâte.
Pas le temps de lui dire quoi que ce soit. Mais de loin, Noria le vit courir et s'élancer dans les échelles pour rejoindre les toits des bâtiments. Il s'y déplaçait de l'un à l'autre avec une agilité déconcertante. Les Titanomanciens s'engouffrèrent dans la ruelle. La cité se réveillait lentement avec ses rues encore vides. Cela leur facilita la tâche pour arpenter toute la longueur de Donas, jusqu'à se retrouver vers sa queue, là où la spirale les attendait.
Et son architecture validait son appellation. De la rue, la ville s'étendait en forme de spirale au bord de l'animal et au loin, Noria put voir pour la première fois l'immense désert de sable qui s'étendait à l'horizon. Des dunes s'étiraient à l'horizon. Sous un soleil de plomb, personne ne pouvait survivre dans un environnement aussi dangereux. Noria ne s'imaginait pas tomber de Donas et de survivre dans un endroit aussi dangereux.
– Bon... s'exclama Hirelda en s'avançant d'un pas.
La ville tournait en cercle vers son immense queue qui balayait le sable. Noria trouvait ça incroyable de ne pas sentir chaque pas qu'il faisait.
– Je vais avec Ozia de ce côté, annonça Noria. Allen et toi, descendez de ce côté. On se retrouve au centre.
Hirelda fit volte-face et posa les mains sur les hanches.
– Pourquoi ces équipes ? s'étonna-t-elle.
Sa meilleure amie désirait sûrement y aller avec Ozia, mais Noria n'avait pas fait ces équipes au hasard.
– Parce que le premier qui le trouve lance un signal. Ozia balance un éclair dans le ciel, et Allen un bon coup de vent. Ce sera visible pour les deux équipes et Nagrir. Toi et moi, on va avoir dû mal à faire un signal.
– Mais je...
– Allez, allons-y.
Noria emmena Ozia vers la droite, laissant l'homme qu'elle aime et Hirelda derrière. Ensemble, elles marchèrent dans la ville, sur un chemin de bois qui tournait autour du centre. Des gens sortaient des maisons au fil de leur marche. Le quartier se réveillait, et le brouhaha commença à se faire entendre. Impossible de passer inaperçu dans cette région sans Titanomanciens. Chaque autochtone les dévisageait, murmurant des messes basses inaudibles.
– Pourquoi voulais-tu qu'on soit seule ? demanda Ozia du coin de l'œil.
Noria eut un léger sursaut.
– Je suis si facile à lire ? s'amusa-t-elle.
Ozia lui sourit.
– Oh que oui, ricana-t-elle. Alors ?
Noria continuait de scruter les alentours, espérant que la description de l'assassin suffirait à le retrouver. Elle ne se voyait pas interroger tout le monde dans l'espoir de dénicher sa cachette, surtout qu'elle ne parlait pas leur langue. Pourtant, au vu du nombre de maisons, sans compter les petites ruelles qu'ils croisaient, cela leur prendrait un temps fou à tout explorer.
– Je voulais te demander quelque chose à propos de l'affaire de ton frère... Mais... Je ne savais pas si je devais le faire devant tout le monde.
Ozia se rembrunit. Elle laissa échapper un long soupir avant de fermer les yeux et de les rouvrir.
– Vas-y, je t'écoute. Après tout, tu as affronté tant d'épreuves juste pour m'aider. Je ne sais même pas comment te remercier.
Un sourire sincère s'étira à ses lèvres. Elle semblait si heureuse d'avoir quelqu'un capable de tout faire pour elle. Cela n'était sans doute pas arriver depuis que son meilleur ami était décédé.
– Pourquoi ton frère a-t-il été assassiné ?
Ozia pinça les lèvres.
– Honnêtement, j'en ai aucune idée. Il n'a pas voulu me le révéler, il était terrorisé. Quand je l'ai trouvé le lendemain, il était déjà mort...
Les souvenirs douloureux laissèrent couler une larme le long de ses joues. Noria sentit une boule au travers de la gorge. Honteuse d'avoir ravivé cette douleur, elle s'arrêta et posa une main compatissante sur l'épaule d'Ozia. La jeune femme essuya ses larmes, et sans un mot, Noria la prit dans ses bras. La Titanomage de foudre pleura quelques instants.
– Excuse-moi, murmura Noria.
Noria attendit que la jeune femme finisse de pleurer la mort de son frère. Même si les passants les observaient bizarrement, Noria ne pouvait pas la laisser seule face à cette douleur. La pauvre avait perdu deux personnes chères à son cœur.
– Je n'ai pas envie qu'il vous arrive la même chose, avoua Ozia en se redressant. Je tiens trop à vous...
Ses lèvres tremblaient. Sa sincérité brisa le cœur de la Titanomancienne de terre. Noria caressa les joues de son amie et lui sourit. C'était la première fois qu'elle voyait Ozia déverser ses sentiments aussi promptement. Cela devenait beaucoup trop dur pour elle, et quoi de plus normal après tant de morts à pleurer.
– Je te promets qu'il ne nous arrivera rien, lui dit Noria.
Ozia sourit à son tour et essuya ses larmes. Elle posa les mains sur les siennes et hocha la tête.
– Tu as raison, soupira Ozia en reniflant. Allez, viens. On va aller voir dans les ruelles un peu plus sombres et étroites.
Ozia se retourna et s'engagea dans l'une d'elles.
– Chouette ! Une rue obscure où l'on va s'enfoncer... s'amusa Noria en prenant un ton machiavélique.
Ozia pouffa sous les âneries de son amie. Ensemble, elles s'engouffrèrent vers le bord de la carapace de Donas. De petites maisons de bois bordaient un chemin suspendu, alors que le souffle chaud du désert frappait les deux Titanomages. Il y avait tellement d'endroits où cet assassin pouvait se dissimuler qu'il serait difficile de le débusquer.
Elles passèrent sous un porche. Un couple balayait le sable que le vent ramenait. De l'autre côté, des femmes préparaient un petit déjeuner sur la table extérieure, afin de profiter du paysage incroyable des dunes à perte de vue. Noria n'aurait jamais pensé voir un jour une région si reculée du monde. Heureusement qu'avec le temps, les moyens de se déplacer évoluaient et lui permettraient un jour de faire le tour du monde.
Ozia tendit sa main pour l'arrêter dans sa marche.
– Qu'est-ce qui se passe ? demanda Noria en observant les alentours.
Sans répondre, Ozia la tira contre une maison. Noria suivit ses instructions sans rien dire, consciente qu'elle avait vu quelque chose. Elle pencha la tête pour essayer de voir, puis finalement, Ozia tendit le doigt vers un balcon face à eux deux étages au-dessus.
– Regarde, chuchota la Titanomage.
L'inconnu était là. Avec les mêmes vêtements sur le dos, il scrutait l'horizon, ses longs cheveux châtains dans le vent.
– Comment on procède ? demanda Noria. T'appelles les autres ?
Ozia arqua un sourcil.
– Si je lance un éclair, il va l'entendre et va fuir, expliqua-t-elle. On va le contourner.
Sur ces mots, Ozia recula de quelques pas pour monter une échelle. Noria sur ses talons, elles essayaient de faire le moins de bruit possible, même si le bois craquait sous leurs chaussures. Elles contournèrent une maison et se dissimulèrent à l'arrière, là où l'ombre leur profitait. Plaquées contre le mur, elles se trouvaient à quelques mètres de l'assassin, le regard toujours tourné sur l'horizon.
– Comment on s'y prend ? chuchota Noria.
– On devrait...
Mais au moment où Ozia allait répondre, l'homme tourna la tête vers elles. Face à face, ils s'observèrent l'espace d'un instant avant que l'assassin ne comprenne le problème. Il se leva d'un bond et sauta de son perchoir pour atterrir dans la ruelle. Noria pesta et s'empressa de le poursuivre, quelque soit l'endroit où il allait. Une détonation résonna derrière elle, et d'un simple coup d'œil, elle vit de l'électricité lécher le bras d'Ozia suite à son éclair.
L'inconnu continuait de s'élancer à travers les passants. Les gens se plaignaient d'être bousculés. Noria ne le quittait pas des yeux, alors qu'il tentait de les semer en sautant dans la première maison venue. Il passait de fenêtre en fenêtre, mais les Titanomanciennes le tenaient en chasse, malgré une forte chaleur qui les faisait suer à grosses gouttes.
Il continua de descendre vers la fosse de cette immense spirale. Bientôt, il n'aurait plus les moyens de fuir. Ozia continuait de lancer des éclairs dans le ciel pour guider leurs amis, et l'assassin comprit leur stratagème. Il faisait exprès de bifurquer à chaque couloir. Il renversait des tables et des chaises pour leur barrer la route, mais rien à faire. Noria, d'une concentration maximum, bandait les muscles de ses jambes pour sauter au-dessus des obstacles.
Impossible pour la jeune femme d'user des ronces pour l'arrêter. Elle risquait d'embarquer des innocents avec elle, où même de détruire les structures alentour. Alors la course continuait, et elle tenta de gagner du terrain en usant de sa magie. Comme lui avait appris Gavion, elle pouvait guider sa puissance dans ses jambes pour accélérer, surtout après avoir passé une heure de méditation dans le corps des Titans. Ozia n'arrivait pas à suivre, mais ce n'était pas le problème. Son but était d'attraper cet assassin.
Voyant qu'elle se rapprochait, l'homme sortit un objet de sa ceinture et le lança par terre en faisant une roulade. En forme de cercle métallique, Noria eut à peine le temps de le voir, qu'un éclair en sortit et la décharge électrique parcourut tout son corps. Crispée jusqu'au bout des doigts, elle ne pouvait plus bouger, paralysée par la douleur et la respiration quasiment coupée.
Ozia arriva à son tour pour essayer de sortir Noria du piège, mais contre toute attente, l'électricité se transporta jusqu'à elle alors qu'elle ne touchait pas son amie. Prisonnière aussi, les deux jeunes femmes tentèrent de se sortirent de ce guêpier, mais la douleur tendait leur muscle. Noria n'arrivait même pas à parler. Elle fronça les sourcils, une larme perlant le coin de l'œil, alors que l'assassin se rapprochait d'elle.
– Au lieu de me poursuivre, petit conseil, va à Kartar, dit-il à Noria. On s'y retrouvera sans doute.
Puis suite à cette annonce, il disparut. Après quelques minutes, son piège se désamorça et les deux femmes s'écroulèrent à genoux, la respiration saccadée. Les muscles douloureux, Noria reprit doucement son souffle, alors qu'elle pensait encore à ce que venait de lui dire cet homme. Malheureusement, il avait complètement disparu. Impossible de lui demander pourquoi il voulait qu'elle se rende là-bas.
Noria sentit son esprit vaciller. Sa tête tourna. Elle n'avait aucune idée de la technologie qu'il utilisait, mais cela était diablement efficace. Leurs amis arrivèrent les uns après les autres pour leur portée d'assistance. Allen aida Noria à se relever, et Hirelda s'occupa d'Ozia.
– Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Nagrir, à son arrivée.
Noria avait encore du mal à articuler. Les muscles encore trop raides, elle essayait de reprendre ses esprits. Elle passa la main dans ses cheveux, comme si cela allait aider à diminuer son mal de tête.
– Il nous a envoyé un objet bizarre, grinça Ozia en tapant dans le piège en question. On l'avait, bordel !
Curieuse, Hirelda demanda à Nagrir de soutenir Ozia pendant qu'elle ramassait ce bijou de technologie.
– Il m'a dit de me rendre à Kartar... murmura Noria. C'est quoi ?
Personne ne lui répondit. S'il s'agissait d'une ville dans cette région, il était normal qu'elle n'ait aucune réponse. Le mieux à faire, c'était de demander à Nasam directement. Les Titanomanciens firent demi-tour, malgré la faiblesse des deux jeunes femmes qui peinaient à marcher.
Pendant le chemin du retour, Noria et Ozia récupéraient leurs facultés motrices. Bientôt, elles pouvaient enfin se déplacer sans l'aide de quelqu'un. Hirelda scrutait l'objet inconnu qu'elle avait ramassé sous toutes ses coutures.
– Je n'ai jamais rien vu de tel, avoua-t-elle. C'est dingue !
Comme toujours, les nouvelles inventions l'excitaient comme un enfant devant un cadeau. Elle essayait de le faire marcher, quitte à se faire électriser à son tour. La cité de Donas était maintenant bel et bien réveillée. Le monde affluait dans les ruelles, toujours à discuter dans une langue que Noria ne comprenait pas.
Une fois à l'auberge, les Titanomanciens burent un thé glacé pour se rafraîchir après cette course poursuite en pleine chaleur. La tenancière leur offrit des serviettes pour essuyer la transpiration. Noria n'en pouvait plus, la fatigue commençait déjà à la guetter.
Dans l'après-midi, Nasam leur rendit enfin visite. Il s'installa à leur côté pour entendre leurs dernières aventures. Jusqu'à ce que la question sorte de la bouche de Noria.
– Où se trouve Kartar ?
Sa mine s'assombrit.
– Pourquoi me demandes-tu ça ?
Noria décela une once de crainte dans sa voix.
– Il m'a dit de m'y rendre. Tu sais ce que c'est ?
Il soupira en croisant les bras.
– Kartar est une ancienne cité de Titanomancien abandonnée. Personne ne sait ce qui s'y passait, l'endroit était protégé et interdit. Vous ne devriez pas y aller.
– Même si j'étais d'accord avec vous, lui dit Ozia, le fait qu'il nous demande d'y aller est curieux. Et ce que vous venez de dire prouve qu'il y a quelque chose là-bas.
Allen, qui notait toute la conversation, leva les yeux vers le groupe.
– Tu penses y trouver quoi ? demanda-t-il à Ozia.
Elle haussa les épaules.
– Aucune idée, mais nous devrions y aller.
Pendant la conversation, Nagrir grignotait des biscuits secs. Des clients allaient et venaient, tandis que dans leur coin, les Titanomanciens essayaient de voir plus clair dans les évènements récents.
– Tu sais que c'est un piège ? demanda Hirelda après avoir bu un peu de sa boisson.
– Bien sûr, avoua Ozia. Mais si on veut le capturer, autant y aller.
Nasam émit un long soupir si bruyant que cela arrêta la conversation. Tout le monde le fixait avec étonnement.
– Bon, c'est débile, mais Kartar se trouve à l'est. Dans le désert des roches rouges. Un endroit vraiment dangereux.
– Allons-y ! s'exclama Noria en se levant.
Nasam lui fit signe de s'assoir et de se calmer.
– Donas est encore plein désert, vous ne survivrez pas une journée, expliqua-t-il. Nous arriverons à Shalakir dans trois jours, cela vous laisse largement le temps de vous préparer au voyage. Je vous promets que ça ne va pas être une partie de plaisir.
Après cette ultime prévention, il se leva pour quitter la pièce. Les Titanomanciens restèrent abasourdis, mais déterminés à se rendre dans cette cité. Noria était sûre d'y trouver quelque chose, mais son instinct lui répétait que cela restait un piège fomenter par cet homme. Qu'attendait-il d'elle pour l'envoyer là-bas ?
– J'aurais une faveur à vous demander, osa Ozia.
Elle fut maintenant le centre d'attention de tout le reste de la table.
– Vous pourriez m'apprendre à méditer comme vous ? J'ai un cran de retard au niveau puissance que j'aimerais combler. Et je n'ai pas d'ailes !
Noria sourit et se leva. Elle lui tendit la main.
– Viens, je vais t'emmener dans le monde des Titans, assura-t-elle.
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