21.La carapace de Donas

Quand Noria fut recrachée de ce vortex, elle se trouvait loin au-dessus du sol. Une brusque chaleur s'empara de son être, alors que son corps tombait lourdement vers la ville qui s'étendait en dessous d'elle. Les bâtiments de bois se rapprochaient dangereusement d'elle alors qu'elle continuait sa longue descente.

Noria reprit ses esprits et fit apparaître ses ailes pour atterrir en pleine rue. Elle chancela lorsque ses bottes frappèrent le sol. Elle se rattrapa et scruta les environs, à la recherche du criminel. Des tas de personnes s'affairaient le long de la rue remplie de commerces en tout genre. Vêtus de vêtements légers, mais très colorés, ils observaient l'inconnue d'un œil interrogateur. Noria se pinça les lèvres. Elle était bien loin de chez elle. Les personnes au teint basanées murmurèrent entre eux. Les enfants la pointèrent du doigt avec curiosité, mais leurs parents les poussaient à s'éloigner.

Plusieurs personnes se posèrent à leur tour. Noria fit volte-face et se retrouva avec Allen, Hirelda et Nagrir. Mais une dernière s'écrasa dans un bâtiment, dont le toit s'écroula dans un fracas. Curieuse, Noria s'élança dans ce petit entrepôt. Lorsqu'elle poussa la porte en bois, elle entendit une femme se plaindre de douleur.

Ozia se leva avec peine, alors qu'elle se frottait le dos.

– Merde... Je n'ai pas d'aile pour voler moi... se plaignit-elle.

Si heureuse de la retrouver, Noria sauta dans ses bras, les larmes aux yeux. Ozia grogna de douleur, mais caressa le dos de son amie.

– Je vais bien, la rassura-t-elle. Tu as réussi à m'innocenter...

Les deux jeunes femmes se regardèrent, les yeux dans les yeux.

– Je ne pouvais pas te laisser comme ça, décréta Noria. Tu m'as sauvé de ma malédiction, c'était la moindre des choses que je pouvais faire. Tu ne pouvais pas être quelqu'un de mauvais.

Ozia sourit.

– Merci d'avoir cru en moi...

Noria l'aida à se relever. Ozia épousseta son uniforme de prisonnière recouvert de poussière.

– Où est-ce qu'on est ? demanda-t-elle en observant la ville.

– Aucune idée, avoua Noria. Il faut que nous explorions les environs. Et...

Elle observa Ozia.

– Il va falloir te trouver des vêtements...

Ozia se regarda elle-même, consciente qu'elle risquait d'attirer l'attention. Surtout avec le numéro qu'elle portait dans le dos, preuve qu'elle était une prisonnière. Allen et Hirelda arrivèrent eux aussi, et comme pour Noria, ils se jetèrent dans ses bras. Ozia câlina ses deux amis, malgré son dos toujours douloureux.

– Je suis tellement contente de te retrouver, avoua Hirelda.

– Moi aussi, compléta Allen.

Ozia pleura de joie de revoir tous ses amis. Elle enfouit sa tête dans leur cou, les remerciant de l'avoir sauvé des griffes d'une fausse justice. Les uns contre les autres, Noria sourit à la vue de ces retrouvailles.

– Je ne voudrais pas gâcher l'ambiance, mais on devrait sortir d'ici avant que des gardes ne rappliquent, grogna Nagrir.

Les Titanomanciens séchèrent leurs larmes avant de se remettre en route. Mais avant ça, Ozia fit un geste de la tête vers le Wolftang.

– C'est qui lui ?

– On va tout te raconter, mais pour l'instant, trouvons des vêtements et un abri.

Une fois dans les rues, les Titanomages se fondirent dans la foule. Même s'ils ne passaient pas inaperçus, ils esquivèrent les gardes arrivés sur place pour voir l'ampleur des dégâts. Le sol en bois grinçait sous leur pas, tandis que des immeubles de deux à trois étages bordaient la rue. Il faisait une chaleur étouffante, si bien que Noria aurait aimé avoir une tenue aussi légère qu'Hirelda.

– Vous dites ça, mais est-ce qu'ils utilisent nos pièces d'or en monnaie ? questionna Nagrir. Il faudrait vérifier.

Les Titanomanciens se séparèrent et se mêlèrent aux commerçants. Noria s'approcha d'un marchand d'amphores. Aucun prix d'affiché, les gens autour d'elle vendaient au plus offrant. Une technique qu'elle ne connaissait pas. Mais quand elle vit les pièces que sortait le vieil homme, cela n'avait rien à voir avec les leurs. Elles brillaient d'un éclat argenté.

Elle remarqua néanmoins une chose intéressante. Une autre personne ne paya pas avec leur monnaie, mais lui proposa d'échanger un objet contre un autre. S'ils acceptaient le troc, peut-être pouvaient-ils donner leurs vêtements en échange ?

Noria retourna auprès de ses amis, et ensemble, ils s'écartèrent de la foule. Ils profitèrent d'un coin d'ombre pour discuter.

– On n'a pas d'argent, soupira Hirelda. Ils utilisent autre chose. Et je ne comprends rien à ce qu'ils disent...

Allen essayait désespérément de faire du vent avec sa main pour se rafraichir. Hirelda suait à grosses gouttes, tandis que Nagrir réfléchissait à un plan, adossé contre le mur.

– J'ai vu une personne faire du troc, expliqua Noria. Peut-être qu'on peut échanger nos vêtements contre des nouveaux ?

Nagrir haussa les épaules. Cela valait le coup d'essayer. Ils reprirent la route et s'arrêtèrent dans une boutique de vêtements. Rien ne ressemblait à ce dont ils avaient l'habitude de porter, mais le tissu très fin leur permettrait de supporter bien mieux la chaleur de cette nouvelle région.

Quand la vendeuse vint vers eux avec un large sourire, elle leur parla dans leur langue étrangère. Noria supposa qu'elle les saluait, mais elle mima qu'elle ne comprenait pas ce qu'elle disait. La femme saisit tout de suite. Noria lui fit comprendre qu'ils n'avaient pas d'argent, mais qu'ils étaient prêts à lui laisser leur vêtement en échange. D'abord réticente, Hirelda lui proposa de lui donner à contrecœur son briquet. Mais la vendeuse ne voulait toujours pas. Les Titanomanciens avaient beau lui proposer plein de choses, celle-ci n'acceptait que des pièces.

Désespérée, Noria allait ressortir quand un homme d'âge mûr pénétra dans la boutique. Vêtu d'une longue tunique blanche et d'un gilet bleu, il avait un turban sur la tête pour se protéger du soleil. Un cimeterre à la ceinture, il ricana en voyant les Titanomanciens se battre pour acheter des vêtements.

– Elle ne veut pas de vos guenilles, dit-il, amusé par la situation.

Contente d'entendre quelqu'un parler leur langue, Noria s'adressa à l'inconnue.

– Nous n'avons rien d'autre à lui proposer... murmura-t-elle.

L'homme se redressa. Il claqua la langue avant de jeter une bourse pleine à la jeune femme. Les yeux écarquillés, elle fixa le vieil homme avec surprise.

– Mais... Pourquoi ?

Il montra du doigt sa chevelure.

– Vous êtes des Titanomanciens, non ? demanda-t-il. Je vous ai vu arriver par un téléporteur. Vous venez d'Elekya ?

Allen posa une main sur l'épaule de Noria et se mit devant elle, comme pour faire bouclier.

– Comment nous connaissez-vous ? questionna-t-il, l'air sombre.

L'homme tendit les mains pour calmer le jeu.

– Hé ho, on se calme gamin. Je m'appelle Nasam El-Kasim. Je suis un garde du corps pour l'auberge de la Péline bleu. C'est un endroit pour les gens de votre espèce, alors magnez-vous d'acheter de quoi passer inaperçu, que je vous y emmène.

Noria hocha la tête et opta pour un sarouel d'un jaune sable, avec une brassière de la même couleur, dont un voile de tissu très fin tombait jusqu'à ses hanches. Elle se sentait déjà bien plus à l'aise. Hirelda, comme à son habitude, ne semblait avoir rien sur le dos. Un soutien-gorge en tissus recouvrait juste ce qu'il fallait. Elle opta ensuite pour une robe fendue des deux côtés avec juste une culotte en dessous, le tout d'une belle couleur orange. Elle testa le tout en faisant quelques coups dans le vide, pour voir si elle pouvait se battre facilement avec ça.

– C'est parfait ! s'exclama-t-elle.

Allen, quant à lui, récupéra une tunique à carreau blanc et bleu, avec un sarouel comme le vieil homme. Avec deux ceintures, il y plaça ses épées courtes et sa claymore grâce à un harnais de cuir. Ozia faisait le tour, pressée de se débarrasser de sa tenue de prisonnière. Noria essayait de l'aider à choisir, quand Nasam les rejoignit d'un pas nonchalant.

– Hé, la taularde. Tu es encore recherchée par Elekya ?

La question la frappa. Ozia déglutit alors qu'elle regardait sa tenue.

– Non. J'ai été innocenté il y a quelques minutes.

Nasam fronça les sourcils.

– Va falloir m'expliquer ce que tu fous là alors... Vous ne fuyez pas ?

– Emmenez-nous à l'auberge, et on vous racontera ce qui se passe, gronda Noria.

Nasam leva les mains en signe de résignation.

– D'accord, gamine. Allez-y.

Elle n'aimait pas du tout le ton qu'il employait, mais il leur sauvait sûrement la vie. Alors, Ozia accéléra son choix et pour cela, elle choisit la même chose que Noria dans un beau bleu ciel. Nagrir, quant à lui, .

Enfin, Nasam leur confia des turbans blancs pour se protéger du soleil s'ils se retrouvaient en plein désert. Une fois payés, les Titanomanciens suivirent Nasam dans les rues. Le brouhaha ambiant ne s'arrêtait jamais, même quand une poignée de garde vêtu de jaune et armé de cimeterre passait pour patrouiller. Des coups de marteau résonnaient un peu partout. Des travailleurs consolidaient les routes et les bâtiments de bois.

Aucun Titanomancien ne circulait dans la ville. Les habitants avaient tous les cheveux noirs et aucun n'appartenait à un élément d'un Titan. Nasam passa dans des ruelles un peu plus étroites, où l'ombre offrait un peu de fraicheur. Ce n'était pas pour déplaire à Hirelda, qui ne faisait que de se plaindre des températures étouffantes.

– Tu verras cette nuit, prévint Nasam, il va faire tellement froid que tu préfèreras la température de la journée.

Noria fronça les sourcils. Elle rattrapa leur guide et marcha à ses côtés.

– Les nuits sont si froides ? s'étonna-t-elle.

– Ouais gamine. Tu verras, vous allez vous les geler si vous sortez dans la nuit sans être couvert.

– Je m'appelle Noria, pas gamine, gronda-t-elle.

Nasam ricana.

– Désolé ma p'tite dame. Il va falloir que je vous explique où vous avez mis les pieds, sinon vous ne tiendrez pas deux jours.

Même si elle n'aimait pas les expressions de cet homme, elle devait reconnaître qu'elle était contente de l'avoir rencontré. Grâce à lui, ils allaient pouvoir connaître la région plus facilement, et peut-être retrouver le tueur. Noria était déjà curieuse d'en découvrir un peu plus sur la ville où il se trouvait. Il n'y avait pas l'air d'y avoir de pauvreté, et les rues paraissaient sûres, surtout vu le nombre de soldats qui garantissaient la sécurité.

Arrivé dans une petite impasse, le groupe se retrouva face à l'auberge dont le nom figurait sur une pancarte en bois. À l'extérieur, une terrasse offrait de l'ombre aux clients, peu nombreux, qui buvaient un verre en discutant. Impossible de comprendre leur conversation avec leur langage inconnu, même quand ils chuchotèrent au passage des Titanomanciens. Une fois à l'intérieur, Noria fut happée par une décoration simple, mais charmante. Pour masquer le bois, des tapisseries aux motifs de toutes formes drapaient les murs. Des fenêtres laissaient passer suffisamment de lumière pour permettre aux clients de voir leur assiette garnie de fruits gorgés d'eau.

Noria reconnue enfin des Titanomanciens. Ils ne se cachaient pas, mais restaient entre eux pour discuter dans un langage familier. À une table, deux personnes d'une trentaine d'années parlaient des Chimères qui se baladaient dans le désert. Sachant cela, Noria comprit ce qu'ils venaient faire dans cette région.

Nasam commanda des breuvages tandis qu'il installa les nouveaux clients dans un coin de la pièce. Assise avec Allen sur une large banquette qui encerclait une petite table, Noria espérait désaltérer sa gorge sèche. Ozia se mit à ses côtés, et les autres prirent les chaises alentour. Une fois servi, Noria se retrouva avec un . Ils furent servis dans de petits verres et une belle théière en verre aux motifs ouvragés. Nasam tendit sa coupe.

– Bienvenue dans la région de Ra-Ossara, les enfants, annonça-t-il avec gaieté.

Même s'ils n'avaient pas le cœur à faire la fête, ils levèrent leur petit bol pour trinquer. Noria but une lampée de ce breuvage bien frais. La note fruitée était assez forte, et cela la réconforta malgré cette forte chaleur. Nasam reposa brutalement son verre et s'essuya la bouche d'un revers de main.

– Bon, qu'est-ce que vous faites ici ? questionna-t-il.

Noria raconta ce qui venait de se passer et la raison pour laquelle Ozia portait une tenue de prisonnière. Nasam se frotta le menton, attentif, puis se cala dans le fond de son siège.

– Pour retrouver ce voyou, cela peut être aussi simple que compliqué.

Allen, qui avait déjà la tête dans son carnet, le dévisagea d'un air intrigué.

– Pourquoi ça ?

Nasam soupira.

– Vous êtes à Donas ici, il ne peut pas sortir de la ville avant plusieurs jours.

Les Titanomanciens se regardèrent, incrédules. Noria arqua un sourcil, observant Nasam qui s'apprêtait à continuer ses explications.

– La ville de Donas est construite sur la carapace d'une gigantesque tortue, qui traverse les sables du désert d'Orkalar.

La révélation étonna tout le monde. Noria ne sentait même pas les déplacements de la bête. Mais celle-ci devait être absolument gigantesque pour supporter toute une ville et se déplacer dans un immense désert de sable. Nasam attendit que son effet de surprise s'estompe avant de poursuivre.

– Donc il ne peut pas en descendre. Il est forcément caché quelque part. Le problème, c'est que la ville est grande et labyrinthique. Ça va vous prendre du temps de le débusquer.

Les espoirs de Noria volèrent en éclat. Elle pesta et s'affala dans le canapé, sa coupe à la main, et continua de boire le thé glacé.

– De plus, continua-t-il. Donas va bientôt faire une halte à Shalakir. S'il descend sans que vous vous en rendiez compte, c'est fini.

C'était de pire en pire. Noria observa de nouveaux clients arriver pour prendre un verre. Ils dévisagèrent les Titanomanciens avant de quitter le bar avec des boissons fraiches.

– Ils n'aiment pas les Titanomages dans le coin ? demanda Noria, curieuse.

Nasam se retourna pour voir ce dont elle parlait. Les deux hommes quittèrent le bar, non sans murmurer sur la présence de ces personnes. Nasam se remit en face des jeunes gens. Il balaya l'air d'un geste de la main vers les inconnus.

– Ne vous préoccupez pas de ça. En fait, la population de Ra-Ossara n'utilise pas du tout la Titanomagie et ont toujours refusé de laisser Elekya construire un avant-poste ici.

– Ah bon ? s'étonna Ozia. Pourquoi ça ?

Nasam but une gorgée de thé glacé. Noria se demandait bien ce qui poussait la population à refuser l'aide de leur magie.

– Que je vous explique, continua Nasam. Les Ossariens ont toujours vécu entre eux depuis des centaines d'années. Grâce aux mines de Titanites très abondantes, ils ont réussi à en extraire et à le vendre à travers le monde. La région de Ra-Ossara est très riche. Vous ne verrez jamais de pauvre et de mendiant. Donc voir des Titanomanciens, qui ont les moyens d'extraire ce minerai, arriver dans la région, cela risquerait de leur faire perdre ce qui fait leur renommée.

Noria comprenait bien mieux maintenant.

– Comment ça se fait qu'il y ait tant de Titanite ici ? demanda Hirelda, curieuse. Le Titanite est issu de l'essence que laissent trainer les Chimères, c'est difficile à récupérer.

Nasam ricana. Il croisa les jambes et son visage s'illumina. Fier de son pays, il s'apprêtait à tout raconter dans les moindres détails.

– Nous possédons la technologie pour nous protéger de l'essence. C'est d'ailleurs nous qui avons inventé les masques et les brassards pour l'extraire sans danger. De plus, le Titan de l'eau Shivaraneva dort à l'est, ce qui nous laisse des mines de Titanites pleines. Et comme les chimères pullulent dans le désert, nous pouvons nous servir une fois qu'elles sont passées. Donc du Titanite, il y en a à foison !

Noria acquiesça, écoutant son histoire avec attention. Même si cela n'allait pas l'aider à retrouver l'assassin, cela lui permettait d'avoir une idée de la région dans laquelle ils se trouvaient.

– Ce n'est pas dangereux de laisser des Chimères dans le coin ? demanda Ozia. Pour en avoir affronté tous ensemble, elles sont très dangereuses...

Nasam balaya sa remarque d'un geste de la main.

– De temps en temps, nous faisons appel à des Titanomanciens pour limiter leur prolifération, surtout avec Shivaraneva dans la région.

– Mais... coupa Allen. Il faut qu'il y ait infection par l'essence pour se transformer en Chimère ?

Un air sombre traversa le visage de Nasam. Il soupira longuement.

– Pendant la collecte du Titanite, il arrive qu'il y ait des accidents. En plus de ça, les criminels sont jetés dans le désert, près des Chimères.

Sa phrase laissa un blanc s'installer dans la conversation. Tout le monde accusa le coup. Mais cette fois-ci, pas question de s'emmêler. S'il y avait de nombreuses Chimères qui rôdaient dans le désert, Noria n'était pas sûre de pouvoir faire face à autant d'ennemis. Pour l'instant, il leur fallait retrouver cet assassin.

– Bref ! s'exclama Nasam. Pour cette nuit, rester dormir dans vos chambres. Par contre, une chacun...

– Juste trois, répondit Noria. Ça nous ira.

Nasam claqua des doigts.

– Superbe alors !

Ils se levèrent et se rendirent au comptoir pour payer les chambres. Noria termina son verre et s'apprêta à rejoindre leur nouveau coin pour dormir, mais Nagrir l'interpella.

– Noria, J'aurais une proposition à te soumettre, dit-il.

La jeune femme, intriguée, le laissa continuer.

– Je suis habitué à me promener la nuit et sous une température très froide. Je pourrais explorer un peu les environs pour voir si je déniche des traces de l'assassin.

Noria avait déjà oublié que Nagrir provenait d'une région glaciale. Son idée était plutôt bonne, et lui permettait de laisser un de ses amis partir en reconnaissance. Elle avait juste peur qu'il lui arrive quelque chose, alors qu'il serait livré à lui-même. Elle serra les poings, indécise, mais le regard que lui lançait le Wolftang était sans équivoque. Même si elle n'acceptait pas, il irait quand même en reconnaissance.

– D'accord, accepta-t-elle finalement. Mais, s'il te plait, fais attention à toi.

Il se leva en acquiesçant d'un hochement de tête.

– Je te ferais un rapport demain matin, je te le promets.

Il disparut ensuite à l'extérieur, alors que le soleil disparaissait petit à petit pour draper le ciel d'une lueur orangé. Noria rejoignit sa chambre avec Allen, et se retrouvèrent dans une petite pièce avec un grand lit et quelques meubles pour leur permettre de ranger leurs affaires. Noria ouvrit les volets de sa fenêtre pour scruter la ruelle.

Impossible de voir Nagrir. Il se dissimulait trop bien dans la foule, même si ce travail était parfait pour Kain. Elle soupira en pensant au jeune homme. Elle espérait qu'il allait toujours aussi bien, à gérer l'orphelinat d'Oktarim avec la femme qu'il aimait.

– Tout va bien ?

La voix d'Allen l'interpella. Elle fit volte-face, alors qu'il préparait du bois pour la cheminée de pierre qui trônait sur le mur du fond. Comme les nuits étaient très froides, il se préparait déjà à la supporter. Ils avaient tout le matériel nécessaire dans un petit pot en cuivre, et avec tout ça, il réussit à allumer de belles flammes dansantes.

– Oui, soupira Noria.

Allen sourit. Il savait très bien qu'elle mentait. Sans attendre, il prit Noria dans ses bras avec tendresse et la serra dans ses bras. Elle posa la tête dans son cou et se laissa aller. Les yeux fermés, elle profita de cet instant de douceur pour calmer ses nerfs à vif. Au final, s'ils étaient coincés ici pour longtemps, c'était de sa faute. Elle avait sauté dans le vortex de téléportation avec impulsivité, et elle ne savait même pas comment repartir.

– Qu'est-ce qui se passe ? demanda Allen en caressant son dos.

Impossible de lui échapper. Allen savait se montrer insistant quand elle ne se sentait pas bien. De toute façon, ce n'était pas dans ses habitudes de lui dissimuler quelque chose.

– C'est à cause de moi si on est bloqué ici. Si je n'avais pas été si impulsive, et compter sur les Sages, on serait à Elekya en attendant qu'ils le retrouvent.

Allen déposa un baiser sur son front, calmant ses angoisses. Noria l'aimait tellement. Il avait le don de réussir à la rassurer, quoi qu'il arrive.

– Ne t'en fais pas, on va le débusquer et retourner chez nous. Et à mon avis, Gavion doit déjà être sur le coup pour nous retrouver.

Noria opina. Il avait raison. Il fallait qu'elle se concentre sur leur mission et rien d'autre. Avec Hirelda, Ozia et Nagrir à ses côtés, la réussite semblait inévitable. La jeune femme redressa la tête. Elle se noya dans le regard angélique de son bien aimé. Un sourire s'étira sur ses lèvres. Allen passa la main sur sa joue pour l'embrasser tendrement. Tous les troubles de la jeune femme s'évaporèrent en l'espace d'un instant.

– Qu'est-ce que je ferais sans toi ? murmura Noria. Merci d'être toujours à mes côtés.

Allen l'embrassa à nouveau.

– Je serais toujours là pour toi.

Ils restèrent l'un contre l'autre quelques instants. Le feu crépitait dans la cheminée, alors que la nuit envahissait les cieux, amenant avec lui un froid glacial. Ils fermèrent les volets et les fenêtres pour aller se coucher. Une longue journée les attendait demain.


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