14.Monstres miroirs

Une fois sortis de la forêt de pin, Noria et ses amis sillonnaient de larges plaines enneigées. Cette fois, le temps n'était plus aussi clément. Une forte chute de neige tombait, au grand dam de Noria. Même s'il neigeait à Ylvea l'hiver, ce n'était rien comparé à ce qui les empêchait d'avancer sereinement. En l'espace d'un instant, la nature les poussait à se protéger les yeux pour voir dans quelle direction ils marchaient. Néanmoins, impossible d'y voir clair, et encore moins les ennemis qui risquaient d'apparaître n'importe où.

– Il faut qu'on s'arrête, décréta Nagrir. On ne peut pas continuer comme ça.

– Je sais, opina Serah. D'autant que le soleil se couche dans une heure.

Noria et Hirelda jetèrent un œil au Sage, qui regardait sa mini horloge. Férue de nouvelle technologie, son amie n'avait qu'une envie : avoir sa propre montre. D'ailleurs, elle ne se séparait plus du briquet que lui avait offert Noria avant de se lancer à l'assaut d'Iznarum. Peut-être qu'un jour, lorsqu'ils partiront faire le tour du monde comme prévu, ils pourraient découvrir d'autres technologies incroyables.

Mais pour l'instant, leur avancée devenait de plus en plus difficile. Allen tenait fermement la main de Noria, tandis qu'Hirelda prenait les devants. Serah à ses côtés, elles cherchaient du regard un endroit où se protéger de la tempête. Et d'un coup d'œil, Noria ne voyait même plus Nagrir. Il avait disparu dans la tempête.

– Nagrir ? cria Noria.

Tout le monde s'arrêta pour observer les alentours.

– Merde, il est où cet abruti ? grinça Hirelda.

Tout en formant un cercle, les Titanomanciens examinèrent les alentours dépourvus de vie. Seul le désespoir semblait imprégner la région, avec ses plaines blanches qui s'étendaient à perte de vue. Noria claquait des dents, le nez et les lèvres gelés. Comment avait-il pu les abandonner en plein milieu de nulle part ?

Un hurlement de loup survint non loin d'eux. En garde, les Titanomages se préparaient à une attaque, quand ils virent l'animal s'approcher d'eux tranquillement. Mais c'était loin d'être un loup ordinaire. Lorsqu'il se mit debout sur ses pattes arrière, il ne faisait pas loin de deux mètres de haut. La rune d'une goutte d'eau sur deux cercles, peinte sur sa fourrure bleu nuit, montrait ses pouvoirs du Titan de l'eau.

– Il y a une grotte par-là, dit-il d'une voix rocailleuse.

Noria fronça les sourcils. Elle eut un mouvement de recul, alors que Serah soupira en secouant la tête. Hirelda et Allen étaient déjà prêts à se défendre, mais la Sage ne paraissait pas avoir peur de cette bête.

– Nagrir, tu ne peux pas partir sans nous prévenir, gronda Serah.

Noria ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Ainsi, voici ce que donnaient les transformations des Wolftangs ? Mais s'ils recevaient leur pouvoir d'une déesse, pourquoi le symbole d'un Titan figurait sur son torse ? Pour toute réponse, il grogna avant de reprendre sa forme humanoïde. C'était curieusement rapide, et il ne semblait pas souffrir de la mutation, comme s'il s'agissait d'une chose parfaitement naturelle.

– Excusez-moi, murmura-t-il.

Serah ne lui en voulait pas. Après ça, ils le suivirent jusqu'à une petite grotte dans un amas de roches. Parfait pour y passer la nuit en attendant la fin de la tempête. Une fois niché à l'intérieur, Nagrir s'absenta à nouveau sans rien dire sous sa transformation, puis revint quelques minutes plus tard avec du bois, de l'écorce et trois lapins. Grâce au briquet à essence de feu d'Hirelda, elle enflamma le tout et rapidement, une douce chaleur se répandit dans la grotte.

Enfin, Noria pouvait retirer sa capuche et souffler un peu. Son corps la remerciait de ce peu de réconfort qu'elle lui offrait. Jamais elle ne l'avait mis autant à l'épreuve. Assise près du feu, elle tendit les mains pour se réchauffer, Allen coller à ses côtés. Nagrir, en forme humaine, se posa à l'entrée de la grotte pour garder un œil à l'extérieur.

– J'avais dit de ne pas disparaître sans rien dire, gronda à nouveau Serah.

Ses pupilles émeraude dardaient sur lui un regard dur. Nagrir se renfrogna, mais il ne semblait pas vouloir s'excuser. Au lieu de ça, il observa l'extérieur d'un air mélancolique. Noria sentait sa détresse, sa tristesse. Ses yeux fixaient le vide dans l'espoir d'y voir sa sœur débarquer, saine et sauve.

Noria voulait lui poser des questions sur elle, savoir ce qui lui était arrivé. Cela pourrait les aider à la retrouver, mais elle ne pouvait pas raviver des douleurs à Nagrir. Elle le scrutait, attristée, alors qu'il sombrait dans les ténèbres. Sa seule famille lui manquait, et elle pouvait le comprendre.

Maintenant qu'un des lapins avait fini de griller, empalé sur sa branche, Noria le récupéra pour le manger avec Allen. Son estomac grondant était heureux de recevoir cette viande succulente, même si elle aurait mérité d'être cuisinée. Il lui manquait des herbes, de l'accompagnement et une bonne sauce. Mais c'était déjà miraculeux d'avoir de quoi se nourrir ce soir, et elle devait reconnaître que Nagrir était plus qu'un atout pour le groupe.

Le Wolftang ne mangeait pas. Toujours assis dans son coin, il prenait de petites pierres pour les jeter sur la paroi d'en face. Les impacts rocailleux s'associaient aux crépitements des flammes pour briser le silence. Noria récupéra un morceau d'animal qui restait pour le lui tendre.

– Il faut que tu manges, Nagrir, dit-elle.

Le Wolftang la gratifia d'un regard furtif. Au début, il ne bougea pas, mais finalement, il accepta son cadeau et croqua dans l'animal bien cuit. Il mâcha sans rien dire, à l'écart du groupe.

– Qu'est-ce qui est arrivé à ta sœur ? demanda Hirelda.

Choquée par la question, Noria se tourna vers elle, abasourdie. Mais Serah, elle, se concentra sur le Wolftang qui allait peut-être répondre à la question. Même si Hirelda n'avait aucun tact, ils allaient peut-être en apprendre plus sur la mission de ce groupe de Wolftang qui avait disparu. Après tout, en plus de dénicher la fleur, Faëcia leur avait demandé de les retrouver.

Pendant quelques secondes, Nagrir resta muet. Mais comme tout le monde le scrutait, avide d'en apprendre davantage, il se décida à parler.

– Elle fait partie du groupe qui est parti en exploration derrière les portes de Svorthaneim.

– Mais qu'est-ce que vous cherchez ? s'étonna Hirelda.

– Quoi ? À part un moyen de reconquérir notre foyer ? grogna Nagrir.

Hirelda leva les mains en signe de reddition.

– Désolée, dit-elle. Je ne voulais pas te manquer de respect. J'essaye d'en savoir plus, j'aimerais ne pas combattre une créature corrompue sans rien savoir sur elle. J'en ai un peu marre.

Nagrir tiqua à cette tirade. Il fronça les sourcils et s'approcha du groupe.

– Comment ça ? demanda-t-il avec intérêt.

– On a déjà affronté des monstres issus du Titan Zanterion, avoua Noria. En fait...

Noria raconta son histoire. Elle débuta sur sa malédiction infligée par son père, puis leur aventure pour aller la sauver. Son histoire surprit par plusieurs fois le Wolftang, surtout le combat contre Malënios dans Iznarum, et celui d'Imineris dans le train. Comme si ce petit groupe les attirait comme des aimants. Mais il ne coupa Noria à aucun moment, au contraire, il écoutait tout en mangeant le reste du lapin.

Curieusement, Noria se sentit à l'aise avec Nagrir. Peut-être était-ce sa nature sociable ? Mais son histoire l'avait touché en plein cœur, et elle ne voulait pas l'abandonner. Comme il semblait manquer de confiance, Noria faisait le premier pas afin de créer des liens avec ce guerrier.

Une fois le récit terminé, Nagrir se calla contre la paroi rocheuse.

– C'est incroyable, avoua-t-il.

Noria acquiesça d'un hochement de tête. Elle lui avait même avoué que les créatures l'appelaient et la cherchaient. Si l'une d'entre elle se trouvait dans la région, nul doute qu'elle essaierait de l'attraper. Raison pour laquelle Serah les accompagnait.

– C'est pour ça qu'ils sont partis ! s'exclama Nagrir en tapant du poing dans sa paume. Il y a beaucoup de corrompus ces derniers mois, vous l'avez bien vu ?

Serah ne pouvait pas dire le contraire. Depuis qu'elle venait les aider, elle n'avait jamais vu une nuée de monstres aussi gigantesques. Noria s'inquiétait. Qu'est-ce qui pouvait faire naître autant de corruption ? Entre ses voyages et ses connaissances, elle ne connaissait pas de corrompus capable d'enfanter. Normalement, ils usaient de l'infestation pour se multiplier.

– Comme vous le savez, ma sœur en fait partie, continua Nagrir. Ils sont partis il y a quelques jours, et c'est là que cette nuée est arrivée aux portes. Je... J'espère que ce n'était pas eux...

Noria sentit son cœur s'arrêter. Les yeux écarquillés, cette idée ne lui avait pas traversé l'esprit. Effectivement, il pouvait s'agir de Wolftangs corrompus, envoyés pour reprendre la région au fil des années. Elle se mordit la lèvre inférieure et se tritura les doigts. Elle hésita un instant à faire part de son idée, n'ayant pas envie de détruire les faibles espoirs de Nagrir.

– De toute façon, nous n'aurons pas les réponses maintenant, déclara Serah. Si nous sommes ici, c'est justement pour enquêter.

Noria l'observa. Était-ce son but ultime ? Pour elle, c'était une envie bien plus égoïste qui l'habitait. Celle de sauver son amie enfermée en prison et faire la lumière sur le meurtre de son petit frère. Serah lui sourit.

– Et de trouver une fleur de Dreyimir.

Nagrir termina sa brochette de lapin. Il observa Noria et fit un signe de tête dans sa direction.

– C'est quoi exactement cette histoire ? demanda-t-il.

Noria soupira. Elle observa les flammes danser, les mains en avant pour les réchauffer.

– Notre amie, Ozia Azuri, est en prison chez les Titanomanciens pour un crime qu'elle n'a pas commis. Elle a désigné le bras droit d'un Sage qui s'occupe de département de la justice, comme étant le vrai coupable. Et le seul moyen de lui faire avouer, c'est de lui faire boire un élixir de vérité dont l'ingrédient le plus important est la fleur de Dreyimir.

Nagrir croisa les bras.

– Et pourquoi serait-elle innocente ?

Cette fois, c'était Noria qui le foudroya de ses prunelles saphir.

– Parce qu'elle n'aurait jamais tué son frère. Elle aussi, il ne lui reste plus que ça comme famille.

Nagrir détourna le regard, gêné. Un silence s'ensuivit et Noria se sentit mal d'avoir mis à mal l'ambiance entre eux.

– Excuse-moi, dit-elle d'un ton plus doux. C'est juste que les Titanomanciens sont censés aider les autres, et de ce que je vois, ils sont capables de se trahir et de tuer l'un des leurs.

– Ils vont l'exécuter ? s'étonna Nagrir.

Noria acquiesça d'un hochement de tête. Nagrir secoua la tête et soupira longuement par le nez.

– Très bien. Je vais t'aider, Noria, décida-t-il. Mais s'il te plait, promets-moi de m'aider en retour à retrouver ma sœur.

Noria lui sourit et lui tendit la main.

– Je te le promets !

Nagrir le la lui serra. Noria, contente de voir une nouvelle amitié naître, se blottit contre Allen et, ensemble, ils passèrent la nuit dans cette grotte afin de se reposer et d'attendre que la tempête se calme.

Ce fut le cas le lendemain matin. Dès l'aurore, alors que le feu n'était pas loin de s'éteindre, le groupe se remit en route. Le soleil inondait le ciel d'une belle couleur rose. Maintenant que la neige était tombée, il était un peu plus difficile de se déplacer dans les plaines enneigées. Noria avait de nouveau froid à la tête, malgré sa capuche et ses vêtements chauds.

Après quelques heures de marches, ils arrivèrent devant la plaine aux cristaux miroirs. Noria s'arrêta face à ce paysage incroyable. Partout autour d'elle, d'immenses pierres sortaient du sol, tels des pics désirant percer la voute céleste. Il brillait face aux rayons du soleil, alors que le paysage se reflétait sur leur paroi translucide.

– Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu ici, avoua Nagrir.

Les cristaux donnaient l'impression de voir une succession de montagne. Ils s'élevaient dans tous les sens, pour former un paysage digne d'un conte de fées.

– La corruption n'a pas l'air d'avoir envahi cet endroit, remarqua Allen. Je ne vois pas de brume rouge.

– Effectivement, approuva Serah. Mais restez tous sur vos gardes.

Ils acquiescèrent et s'avancèrent vers les premières excroissances minérales. La neige s'absentait dans cette partie de la région. Le vent l'avait chassé pour y dévoiler un sol de cristal, lui aussi avec son effet miroir. C'était déroutant pour Noria. Chaque paroi lui montrait son reflet, tout comme le sol. Heureusement, Serah suivait toujours sa boussole intégrée à sa montre.

Grâce à ça, impossible pour eux de se perdre. Même s'ils devaient faire le tour d'un cristal gigantesque, ils reprenaient le chemin vers le temple de Dreyimir. Noria était contente de voir que tout se passait pour le mieux. Toujours aucune rencontre avec la corruption, même si Noria sentait que leur destination abritait un démon d'une puissance au moins égal à ceux qu'ils avaient combattus. Mais en sachant Serah avec eux, elle ne sentait pas la peur la faire douter. Sa puissance allait détruire les prochaines horreurs qu'ils rencontreraient en un rien de temps.

Le voyage continua dans la bonne humeur. Les Titanomanciens discutaient entre eux de la façon dont ils attraperaient le véritable assassin du frère d'Ozia. Hirelda se voyait déjà lui flanquer son poing dans la figure, alors qu'Allen préférait une justice équitable et qu'il soit jugé. Pour Noria, elle était mitigée entre les deux. Lui n'avait pas hésité à mettre Ozia en prison à sa place, en faisant croire qu'elle avait tué son frère.

Des morceaux de pierres tombèrent bruyamment au sol derrière Noria. Elle fit volte-face et scruta les alentours. Rien ne semblait avoir bougé et aucun monstre corrompu se mouvait dans les environs. Elle leva les yeux, et malgré l'effet miroir qui dévoilait le chemin derrière eux et le beau ciel bleu, rien d'étrange n'apparaissait à ses yeux.

Deux blocs de cristal s'élançaient de travers, formant un étroit passage entre eux. Ils pourraient perdre du temps à les contourner, mais Serah préféra passer à l'intérieur. Allen avait plus de mal que les autres pour passer, obligé de se contorsionner avec sa grosse épée. Noria suivait Hirelda et Serah ouvrait la marche. Nagrir, lui, gardait un œil sur leurs arrières.

Noria et Nagrir entendirent en même temps un autre amas de pierres tomber sur le sol. Ils se retournèrent, anxieux.

– Tu as entendu ? demanda Nagrir à voix basse.

– Ça fait deux fois, signala Noria. Tu vois quelque chose ?

Nagrir secoua lentement la tête, mais ses yeux restèrent sur l'horizon. L'avant-marche s'arrêta à son tour.

– Qu'est-ce qui se passe ? demanda Serah à voix haute.

Nagrir recula d'un pas.

– Il faut partir ! dit-il simplement. Avancez !

Le sang de Noria se glaça dans ses veines. Cette fois, ses yeux parvenaient à voir ce qui la suivait depuis un moment. Le paysage ondulait à certains endroits, dévoilant une créature à quatre pattes qui se déplaçaient sur les parois de la cavité. Un cri strident retentit et Noria vit l'intérieur de la gueule des bêtes, munies d'une belle rangée de dents avec une longue langue fourchue.

– Vite, foncez ! hurla Nagrir. On est chassé par des Drydes !

Noria ne chercha même pas à lui demander ce qu'étaient ces créatures. Elle se retourna et courut comme elle pouvait. Elles avaient attendu que leur cible emprunte un couloir étriqué avant de les attaquer, signe d'une intelligence redoutable. Elle pouvait peut-être utiliser ses ronces, mais elle risquait de fragiliser la structure et de se faire enterrer vivant. Derrière eux, Nagrir s'arrêta pour combattre les bêtes.

En se retournant, Noria les vit sans leur camouflage. Un long corps bleu s'accrochait aux parois avec des pattes épaisses et de grosses griffes. Ils avaient une sorte de crête sur le dessus de la tête, avec des épines dorsales qui longeaient une longue queue pointue. Ils se mouvaient rapidement, et Nagrir dû se transformer en loup pour se battre. Obligé de combattre à genoux, il n'avait pas les moyens d'affronter ses horreurs avec facilités. Au contraire, il perdait du terrain et finalement, une patte lui griffa le bras droit. Il cria de douleur, mais ne se laissa pas détourner de son rôle. Il empêchait ces prédateurs de s'attaquer au reste du groupe.

Mais quand deux autres créatures apparurent un peu plus loin, l'adrénaline parcourut ses veines. Nagrir n'allait pas s'en sortir. Pas le choix, Noria intensifia son énergie qui émana de son corps. D'un geste de la main, elle fit apparaître des cercles magiques autour d'elle et des ronces en sortirent pour s'enrouler autour des Drydes. En fermant le poing, les lianes se serrèrent autour de leur corps pour le lacérer. Du sang vert en jaillit et coula sur les cristaux.

Ce n'était cependant pas les seules. D'autres créatures arrivaient. Si nombreuses. Noria pesta et, encore une fois, lança à l'assaut ses pics. Elles bondirent de part et d'autre pour les éviter, et comme elle cherchait à les toucher, la Titanomage lançait des ronces de plus en plus grosses qui se fichèrent dans le cristal. Grâce à ça, elle réussit à faire un barrage suffisamment solide pour leur permettre de sortir de la cavité sans se faire agresser.

Une fois de retour à la lumière du jour, ils découvrirent avec stupeur un immense bâtiment de pierres noires construit à même une montagne de cristal miroir. Il ne semblait plus habité depuis bien longtemps, et aucun signe de la corruption dans les environs.

Mais c'était loin d'être leur plus gros problème. Les cris stridents reprirent de plus belle, et quand Noria fit volte-face, des dizaines de Drides s'amoncelaient vers eux. Grâce à leurs pattes, ils pouvaient se déplacer facilement sur le sol parfois glissant.

– À l'intérieur ! cria Nagrir.

La course poursuite reprit de plus belle. Les Titanomanciens couraient le plus rapidement possible vers l'entrée. Rassurés de voir la porte intacte, cela leur permettrait de se cacher de ces monstres invisibles qui risquaient de les attaquer n'importe où. Une fois arrivés devant les battants de métal, Nagrir et Allen s'occupèrent de les pousser de toute leur force. Un frottement retentit alors que les gonds grinçaient à s'en percer les tympans.

Serah usa de sa magie pour repousser les bestioles dont le nombre continuait d'augmenter. Elle fit apparaître son pinceau, le fit tournoyer entre ses mains, puis fendit l'air des plumes.

– Couleur : rouge, dit-elle.

Une vague d'eau vermeille sortit de son pinceau et alla se répandre sur le sol. Le liquide brûlait ses victimes, qui s'apparentaient à de l'acide. Les Drydes souffraient dans des cris plaintifs. Une fumée émanait de leurs pieds ébouillantés. Derrière, les deux jeunes hommes frappaient les portes pour les ouvrir plus vite.

– Entrez vite ! hurla Nagrir.

Noria n'attendit pas un instant de plus et se laissa happer par les ténèbres du bâtiment. Maintenant, elle pouvait reprendre son souffle et aider son cœur à battre moins rapidement.

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