10.Élekya et sa bibliothécaire
Noria aurait aimé partir maintenant en expédition, mais Gavion avait plusieurs raisons de les dissuader. La première, c'était le repos bien mérité après un si long voyage. La fatigue risquait de les pousser à l'erreur et, aux vues de ce qui les attendait, ce n'était pas envisageable. Le Sage leur avait vaguement parlé d'une région enneigée en proie à d'importantes concentrations de corruption. Des combats risquaient d'avoir lieu et ce n'était pas l'épuisement qui allait leur permettre de vaincre des démons corrompus.
Deuxièmement, parce qu'il fallait un peu de temps pour préparer un portail de téléportation. Il s'agissait d'une magie complexe qui demandait du savoir-faire. Odiango avait d'ailleurs promis de s'en occuper, histoire de laisser Gavion avec ses disciples.
Après ça, les Titanomanciens se laissèrent guider dans la grande ville en compagnie de leur Sage, jusqu'à son restaurant préféré. Entourée de tables autour d'un petit bassin au centre, la pièce offrait une lumière tamisée, ainsi qu'une musique d'ambiance livrée par une troupe de musiciens sur une estrade de bois. Derrière un long comptoir, un serveur s'occupait de concevoir divers cocktails, tandis que les bonnes odeurs de nourriture embaumaient les alentours. Une fois installé dans ce brouhaha, Noria lut le menu à la recherche du plat parfait pour se remplir l'estomac.
Hirelda n'avait pas attendu pour prendre les commandes des boissons. Tout avait envie de se désaltérer avec les cocktails maison. Suite à ça, Gavion sortit du silence.
– Demain, nous irons voir la Sage Serah Invidia, expliqua-t-il. Elle nous aidera à nous rendre au temple de Dreyimir, le seul endroit où l'on peut trouver la fleur dont on a besoin.
Noria le dévisagea d'un air suspicieux.
– En fait, tu avais déjà tout prévu, n'est-ce pas ? demanda Hirelda.
Son amie, toujours prête avec ses remarques cinglantes, ne comptait pas laisser Gavion s'en sortir.
– Et ne viens pas éluder ma question ! s'emporta Hirelda. Tu connaissais l'histoire d'Ozia, tu savais qu'elle ne parlerait qu'avec nous et que le tueur faisait partie des membres d'Odiango. J'irais même jusqu'à dire qu'Azim était déjà dans ton viseur.
Gavion resta muet, un sourire aux lèvres. Les accusations d'Hirelda laissaient ses compagnons pantois, même si Noria était entièrement de son avis. Tout le monde fixait le Sage, en attente de sa réaction. Un nouveau groupe de musique monta sur l'estrade. Ils offrirent un son plus rythmé à la clientèle pour les inviter à faire quelques pas de danse. La fête de l'automne se poursuivait, et les guirlandes aux couleurs des feuilles clignotaient, avec un dragon en papier suspendu au plafond. La plupart des gens discutaient des missions données aux Titanomanciens de temps à autre. Noria entendit des affaires de corruption résolues aux quatre coins du globe, tandis que d'autres détaillaient des bonds technologiques en cours.
– Comment pourrais-je connaître l'histoire d'Ozia ? s'étonna Gavion. Elle n'en a jamais parlé.
Il avait beau essayer de contourner les accusations, personne ne croyait à son histoire. Noria trouvait sa façon de cacher des informations extrêmement pénibles. Cela ébranlait la confiance qu'ils avaient en lui.
– Ne fait pas l'idiot, grogna Hirelda. Qu'est-ce que tu sais, exactement ?
Les plats arrivèrent et Gavion en profita pour éviter de répondre. Après avoir souhaité bon appétit au groupe, ils commencèrent à manger. Noria n'avait jamais rien goutté d'aussi bon, même après leur grand voyage pour chasser sa malédiction. Ici, les saveurs étaient parfaites et réveillaient ses papilles. Malgré le plat succulent qu'ils dégustaient, les Titanomages dardaient un regard noir sur Gavion, laissant un silence pesant sur le groupe.
– Bon, soupira Gavion. Je pense qu'il y a effectivement une conspiration à Elekya et j'essaye de la débusquer. Je pense que le tueur du frère d'Ozia en a découvert une partie, et je suis là pour découvrir ce qui se passe. Ça vous va les enfants ?
Noria plissa les yeux tout en mâchant son morceau de viande baignant dans une sauce fruitée. L'association sucrée-salée était parfaite et elle dégusta chaque morceau avec grand plaisir.
– Mouais, répondit Hirelda. Je vais me contenter de ça pour l'instant. Mais je suis sûre que tu ne nous dis pas tout.
Gavion retrouva son sourire habituel, puis ils dinèrent en discutant des évènements survenus dans le train. Surpris par ce nouvel affrontement, le Sage écouta chaque mot avec attention. Perdu dans ses pensées, il regroupa avec eux les informations qu'il possédait sur des créatures semblables apparaissant un peu partout dans le monde. Mais heureusement, elles étaient souvent vaincues, malgré les victimes que cela engendrait.
Le monde ne tournait plus rond. Si des monstres aussi impressionnants arrivaient en masse, cela risquait d'accroitre le travail des Titanomanciens. Il fallait qu'ils se préparent. Noria savait qu'elle ne pourrait pas gagner éternellement. Leur dernier combat aurait pu couter la vie à une jeune femme.
Plus tard, Gavion accompagna les jeunes Titanomages dans le plus grand hôtel d'Elekya. Une tour d'une dizaine d'étages. Un hall d'entrée sobre, occupé seulement par un grand comptoir et deux personnes qui géraient l'établissement. Une fois récupérées les clés de leurs deux chambres, Gavion expliqua comment se rendre à la bibliothèque d'Elekya, pour le lendemain matin.
Les jeunes Titanomanciens montèrent les escaliers en colimaçon et arpentèrent le couloir. Hirelda entra la clé dans sa porte, mais observa les deux amoureux qui déverrouillaient la leur.
– Au fait, on fait ce plan à...
– Non ! coupa Noria. Bonne nuit, « ma chérie » !
Hirelda sourit.
– Ah ! Tu m'as dit « ma chérie », ça veut tout dire.
Noria lui tira la langue. Les chambres spacieuses offraient tout le confort pour une bonne nuit de sommeil. Elekya n'avait pas encore les salles de bain qui apparaissait dans les foyers, mais il était possible de se baigner dans des sources pour se nettoyer. Aussi, après en avoir profité, Noria se mit au lit auprès d'Allen.
L'esprit torturé par les accusations qui pesaient sur Ozia, Noria resta éveillée une partie de la nuit. Repousser son exécution pour concocter une potion de vérité était une première victoire, même si cela semblait une nouvelle aventure dangereuse. Elle était quand même prête à risquer sa vie pour sauver son amie, comme elle l'avait fait quelques mois auparavant.
Quand Allen la prit dans ses bras, elle sentit ses doutes s'évaporer. Elle se blottit contre lui et ferma les yeux. Emportée par le sommeil, Noria profita de son compagnon pour passer une nuit reposante jusqu'au lendemain matin.
Un magnifique soleil arrosait Elekya de ses rayons. Les Titanomanciens s'avançaient vers la bibliothèque en traversant la Grande Ville vers l'ouest. Peu de gens se levaient aussi tôt, hormis les quelques soldats qui patrouillaient, et ceux qui partaient pour des missions sur la terre ferme.
Cette fois-ci, pas question de prendre un escalator magique comme pour se rendre au palais de justice. La bibliothèque se trouvait sur son propre îlot flottant dans les airs, mais étant au même niveau que la ville, un gigantesque pont de pierre reliait les deux morceaux de terre. Des sphères des différents éléments flottaient sur des piédestaux installés à intervalle régulier. Au bout, afin de leur souhaiter la bienvenue, une arche de pierre s'élançait dans les hauteurs, ornées d'un énorme livre de pierre agrémentée d'une citation :
« Arpentez les livres et abreuvez-vous de leur savoir »
Noria trouvait ça joli. Son amour pour la lecture fut secoué par cette tirade. Pour elle, il n'y avait rien de mieux que d'avoir un bon livre en main, que ce soit pour raconter une histoire fictive, s'informer sur des évènements ou même pour la science. Hâte de se retrouver dans la bibliothèque d'Elekya, Noria ne s'aperçut qu'après un long moment qu'elle distançait ses deux autres compagnons.
Une fois sur l'îlot, ils continuèrent le long de la route pavée pour y découvrir un gigantesque bâtiment. Des engrenages tournaient sur sa façade pour terminer sur une grande horloge. Les yeux rivés sur cette invention, Noria remarqua un chemin suspendu qui encerclait la structure.
– C'est dingue... murmura Allen.
Ce spectacle incroyable valait le coup d'avoir fait autant de chemin. D'un pas hâtif, Noria se dirigea vers les doubles portes imposantes, mais toujours ouvertes, hâte de savoir ce que renfermait ce bâtiment. Un petit hall faisait office de tremplin entre l'entrée et la bibliothèque. Malgré les appels de la jeune femme derrière le comptoir de bois, Noria fonça découvrir l'intérieur même de la bibliothèque.
Rien n'aurait pu néanmoins la préparer à ce qu'elle allait voir. Des étagères s'étalaient sur les murs et dévoilaient un nombre de livres qui semblaient infinis. Noria leva les yeux vers le plafond, mais celui-ci se perdait de vue tellement il était haut. Il était impossible de récupérer le moindre livre sans le pouvoir de voler. Des Titanomanciens étaient d'ailleurs en train d'arpenter les allées en lévitant, dans un silence seulement bravé par de faibles murmures.
Des lumières suspendues éclairaient les nombreuses tables mises à disposition pour lire, tandis que des cheminées de pierre offraient chaleur et réconfort. Il n'y avait que très peu de bruit, malgré le nombre de personnes qui s'y afféraient. Facilement reconnaissables à leur robe noire aux lettres d'or qui semblaient tomber du col, les Titanomages qui y travaillaient rangeaient les livres, nettoyaient les étagères, et guidaient les visiteurs.
Une jeune femme à lunette se présenta devant eux.
– Bonjour, je suis Clara Trini. Puis-je vous être utile d'une quelconque façon ? demanda-t-elle d'un large sourire.
– Ouais, on vient de la part du Sage Gavion, répondit Hirelda.
Le ton brutal de son amie sourcilla Noria. Elle aurait bien aimé lui demander de se tenir correctement, mais la bibliothécaire semblait être au courant et leur demanda de la suivre. Elle les guida à travers la grande salle, puis leur demanda de monter dans une cage. Noria avait déjà vu ce genre de système, car quand la jeune femme appuya sur un bouton, des engrenages se mirent à tourner dans un bruissement mécanique et l'ascenseur se déplaça vers les hauteurs.
– La Sage Serah Invidia vous attend dans les jardins suspendus, expliqua-t-elle en remettant une mèche rebelle de sa longue chevelure cyan et indigo.
Une fois arrivé à leur étage, la cage s'arrêta avec un petit bip sonore, puis ils sortirent pour se rendre à l'endroit indiqué. Lors de leur périple, Noria remarqua une porte plus grande que les autres, où le nom du Sage apparaissait sur une belle plaque dorée. Sûrement son bureau. Après quelques minutes, Clara les fit passer une dernière porte avant de retrouver la fraicheur de l'extérieur. Le soleil éclairait ce vaste chemin qui encerclait la structure, là où il était possible de discuter tranquillement sans gêner les lecteurs. En marchant sur ce chemin très bien entretenu, Noria aperçue de petites places circulaires avec un toit arrondi, aménagées de table et de banc. De jeunes Titanomanciens y prenaient place pour manger et boire tout en discutant tranquillement. Quelques arbres épars offraient de l'ombre, tandis que des bacs de fleurs égayaient ce paysage, déjà incroyable.
Plus loin, Clara s'arrêta devant une femme d'une trentaine d'années qui lisait un parchemin. Elle se racla la gorge pour signifier sa présence.
– Oh Clara ! Comment vas-tu ? demanda-t-elle en retirant une paire de lunettes pour les remonter sur sa tête.
– Je vais bien. Je vous ramène les Titanomanciens de Gavion.
Surprise, elle fit un pas pour les observer de plus près. Sa belle chevelure à la fois d'un noir aux reflets argentés, et d'un bleu sombre, dévoilait son appartenance aux éléments de l'eau et des ténèbres. Une couette partait sur le côté, tandis qu'elle passait la main dans la mèche qui balayait le côté droit de son visage. Ses pupilles émeraude scrutèrent l'un après l'autre les élèves de Gavion.
Vêtue simplement d'une chemise en dessous d'un corset attaché de ceintures, le col ouvert laissait apparaître les deux tatouages à la base de son cou. L'un de ses avant-bras était recouvert d'un gant avec un petit boitier où se trouvait une mini horloge, identique à celle présente sur la façade du bâtiment. Une jupe asymétrique attachée par des ceintures recouvrait une partie de son pantalon noir.
– Ah super ! s'exclama-t-elle.
Elle tendit le parchemin à Clara.
– Tu peux emmener ça à Namor ? Il se fera un plaisir de s'en occuper.
– Bien sûr, répondit-elle en prenant l'objet et quittant les lieux.
Serah sourit au groupe et leur fit signe de la suivre. Ils croisèrent quelques Titanomanciens, alors que le vent devenait plus frais et plus fort dans les hauteurs. D'ici, ils avaient une vue imprenable sur l'îlot principal d'où ils étaient arrivés. Un paysage incroyable que Noria n'était pas prête d'oublier. Un bruit sourd interloqua Noria qui leva la tête dans sa direction. La grande aiguille venait de bouger d'un cran pour annoncer 8h50, d'après ce qu'on lui avait appris.
La Sage les guida de nouveau à l'intérieur, de retour dans le dédale de couloirs.
– Je suppose que c'est la première fois que vous venez ici ? demanda-t-elle.
– Oui, acquiesça Noria.
– Ça se voit. Vous avez des étoiles dans les yeux depuis tout à l'heure.
Et comment cela pouvait être autrement ? Le spectacle qu'offrait Elekya était incroyable. Jamais une telle architecture n'était visible dans le monde. La ville était semblable à un rêve où tout était possible, et la bibliothèque en était une preuve.
– Bon, apparemment vous allez nous aider ? soupira Hirelda.
Noria lui donna un coup de coude, sourcils froncés.
– Quoi ?
– Tu ne peux pas être polie deux secondes ? râla Noria. Je te signale qu'on est en présence d'un Sage, et qui va nous offrir son aide en plus !
Hirelda roula des yeux et croisa les bras. Elle tapota du pied, faisant mine de patienter.
– Votre amie n'est pas commode, pouffa la Sage.
Noria ouvrit la bouche pour répondre, mais la nonchalance d'Hirelda la prit de court.
– Non, j'aimerais juste sortir Ozia de prison. Injustement incarcérée par vos confrères, cracha Hirelda.
Piquée au vif, le sourire de Serah disparue.
– Tu as raison, dit-elle en ouvrant les paupières. C'est justement pour ça que vous êtes là.
Ils passèrent la porte marquée d'une plaque dorée. Un somptueux bureau rempli d'étagères se dressait face au groupe. Une lumière tamisée faisait de cet endroit une place chaleureuse, tandis que la Sage scrutait chaque livre dans les bibliothèques qui occupaient les murs.
– Ahah ! s'exclama-t-elle en récupérant un ouvrage à la couverture bleu nuit.
Elle fila s'installer derrière son bureau, sur un fauteuil aux coussins confortables. Noria s'assit sur une chaise en face, tandis qu'Allen et Hirelda faisaient le tour du propriétaire. Notamment, observer à travers la seule fenêtre la vue splendide du continent et d'Elekya. Des Titanomanciens continuaient de voler entre les ilots, quelquefois accompagnés d'oiseaux majestueux qu'ils saluaient.
– Vous connaissez la région d'Enheleim ? demanda Serah en feuilletant le livre.
Noria secoua la tête. À cause de sa malédiction, le monde extérieur lui était bien trop inconnu. Elle n'avait jamais pris le temps de faire le tour du globe. Même après avoir lu de nombreux ouvrages pour en découvrir un maximum, il lui restait tellement à apprendre.
– Elle se situe bien au nord, expliqua Serah. Elle est habitée par la race des Wolftangs, des humains ayant muté avec le temps. On ne sait pas trop ce qui a poussé leur corps à évoluer, mais ils font désormais penser à des loups. Ils ont des oreilles et des canines de félin, ainsi qu'une queue touffue. Ils sont amicaux, mais ne possèdent pas les mêmes coutumes que nous. Leur pouvoir vient de leur déesse Dreyimir, qui leur fournirait des pouvoirs en échange de leur dévotion.
Noria n'avait rien entendu de tel. Une race capable d'obtenir des pouvoirs autrement que par la Titanomancie ? Cela semblait improbable. À sa connaissance, cela restait impossible. Néanmoins, elle remarqua que le nom de la déesse était identique à celle de la fleur qu'il devait trouver.
– Je suppose que vous avez dû mal à y croire vu votre tête, ricana Serah. Cela nous échappe aussi et les habitants restent très discrets en ce qui concerne leur déesse.
Elle marqua une pause, puis son visage s'assombrit brutalement.
– Néanmoins, leur pouvoir est en déclin depuis que la corruption a envahi la région. Elle n'a pas arrêté de s'étendre depuis des années malgré nos efforts pour la repousser. Pour la contenir, ils ont construit un mur immense entre deux montagnes : les portes de Svorthaneim. Elle ne passe plus, mais le temple de leur déesse se trouve de l'autre côté.
Elle marqua une pause. Ce laps de temps permit à Hirelda de faire irruption près du bureau. Elle posa une fesse dessus et croisa les bras.
– C'est bien beau tout ça, mais en quoi ça concerne notre mission ?
Noria soupira et la fusilla du regard. Même si elle était tout aussi inquiète pour Ozia, rien ne servait de brusquer une Sage qui faisait tout pour les aider. Son amie ne changeait pas avec le temps, elle préférait allait au but plutôt que d'écouter l'histoire entière de la région. Mais cela ne sembla pas agacer Serah, qui s'amusait de la voir aussi énervée.
– Justement. La fleur de Dreyimir se trouve près du temple, donc il va falloir traverser toute la région corrompue. Cela ne vous fait pas peur ?
– On a déjà affronté la corruption à plusieurs reprises, expliqua Noria.
Pensive, Serah s'enfonça dans son fauteuil.
– C'est sûrement l'une des raisons qui ont poussé le Sage Gavion à insister pour que ce soit vous qui partiez.
– Évidemment, railla Hirelda. Ce n'est pas lui qui va venir...
Serah marqua un temps de pause en dévisageant la jeune femme d'un sourire.
– Par contre, moi je viens avec vous, décida-t-elle. Je connais bien la région.
– Ça change ! s'exclama Hirelda en se levant. Une Sage qui nous accompagne pour nous aider, c'est assez inhabituel.
Serah ricana. Apparemment, le Sage Gavion semblait avoir la même réputation au sein de son groupe. Après ses explications, Serah se leva et invita les Titanomages à la suivre d'un geste de la main.
– Allons-y. Prenez des vêtements chauds, et on se retrouve sur le continent de la recherche. Le portail de téléportation nous attend.
Sur ces mots, ils partirent de nouveau pour la Grande Ville pour acheter des manteaux à fourrure, puis s'élancèrent vers l'îlot de recherche. Pour s'y rendre, Noria, Allen et Hirelda suivirent le chemin expliqué par la Sage Serah. Pour cela, ils avaient traversé l'îlot où se trouvait un immense hôpital.
Suite à ça, ils découvrirent, un peu plus haut, le continent flottant de l'armée. En suivant la route, ils croisèrent des Titanomanciens en plein entrainement ainsi que de nombreuses casernes de métal à perte de vue, dont la technologie à vapeur offrait davantage de confort aux soldats. Un immense Colisée de pierres semblait être le bâtiment le plus ancien.
Un autre escalator et ils arrivèrent à la recherche, là où ils avaient rendez-vous avec la Sage Serah Invidia. Le décor changea radicalement sur cette île. Elle n'était certes pas très grande, mais plusieurs bâtiments s'élevaient de part et d'autre. Cette fois, la technologie faisait la belle part, avec les engrenages, les circuits de tuyauteries et les fumées blanches crachées par les cheminées. Mais rien n'était aussi majestueux que l'immense pyramide qui s'élevait vers les cieux. Construite dans un métal doré, elle brillait à la lueur du soleil. Des engrenages tournaient à l'extérieur, et de temps en temps, des morceaux de sa paroi se détachaient pour s'étirer vers dans un bruissement mécanique.
Les Titanomanciens longeaient une rivière qui traversait la structure. L'eau était sans doute utilisée pour le développement des technologies. Les portes n'étaient pas autant gardées que le département militaire, ce qui facilitait les déplacements de Noria et ses compagnons. Une fois passée l'ouverture, ils découvrirent une vaste pièce unique. Le bruit des ingénieurs résonnait à travers cet immense espace. Des plates-formes s'élevaient dans les hauteurs, pourvues d'escaliers et d'ascenseurs. Le tout éclairé par des lanternes qui semblaient flotter dans le vide, et qui offrait une lumière orangée pour les travailleurs.
– Puis-je vous aider ?
Un homme d'une quarantaine d'années vêtu d'un ensemble de cuir, avec des outils autour de sa ceinture, se présenta devant eux.
– Nous cherchons la Sage Serah Invidia, expliqua Noria. Nous devons nous téléporter dans une autre région...
Elle n'osait pas en dire trop et ne savait pas comment expliquer ce qu'elle devait faire. Cependant, la personne semblait comprendre et leur demanda de la suivre. Ils traversèrent ainsi la pyramide, dont la rivière coulait effectivement en son centre. Une roue tournait à la force de son courant, faisant pivoter divers rouages mécaniques. Grâce à de la tuyauterie et des canalisations, une partie de l'eau était acheminée dans des bassins aux utilisations diverses.
Des personnes aux traits fatigués et tâchés de suie couraient dans tous les sens. Des marteaux battaient le fer, tandis que des personnes s'affairaient sur un engin ressemblant à un aéronef. En levant les yeux vers les hauteurs, Noria découvrit des laboratoires d'Alchimie où des chercheurs jouaient avec des substances inconnues.
L'attention de Noria revint subitement quand ils rencontrèrent la Sage Izeris Veldra. Vêtue d'un corset bien serré à la taille qui se terminait par une jupe asymétrique, plus courte sur le devant, et mettait en valeur sa poitrine généreuse. Elle dévoilait ainsi de hauts bas noirs montant élégamment jusqu'aux cuisses. Ses vêtements utilisaient des nuances de jaunes pour la rendre élégante de la tête aux pieds. Ses yeux vairons bleu et vert se posèrent sur le groupe et un large sourire se dessina sur son visage.
– Tiens donc ! Je vous reconnais ! On s'est vu à Unvalia, si ma mémoire est bonne ?
Noria acquiesça. Elle les avait sauvés lors de leur confrontation face à Vermen Caristhio, qui malheureusement se trouvait toujours dans la nature.
– C'est bien ça, déclara Noria. Ravie de vous revoir.
Izeris lui serra la main, puis tandis les bras sur les côtés.
– Bienvenue dans mon humble demeure !
– C'est impressionnant, souligna Allen.
– Tellement ! s'émerveilla Hirelda.
Allen avait déjà son carnet en main pour prendre des notes. Voyant ça, Izeris se faufila jusqu'à lui pour lui montrer les diverses plateformes et ce qu'elle renfermait. Ainsi, ils découvrirent l'Alchimie, mais aussi les avancé mécaniques d'un côté, titanique de l'autre et ainsi de suite. Allen n'avait même pas le temps de tout écrire, complètement dépassé par les descriptions sommaires d'Izeris. Pendant ce temps, Hirelda observait chaque recoin avec des étoiles dans les yeux, avides de découvrir les inventions que renfermait ce pôle.
– Dame Izeris, interpella l'homme qui les accompagnait. Il me semble que le portail est prêt et que Dame Serah vous attend.
– Je sais, Alvis, répondit-elle dans un soupire. Je vous raconterai tout plus tard, Allen. Venez avec moi.
Ils passèrent la sortie arrière de la pyramide pour se retrouver dans un grand jardin parfaitement entretenu. Ici, des fleurs de tous les continents poussaient. Noria pensait qu'il s'agissait d'un endroit pour se détendre, mais en réalité, les sécrétions étaient récupérées par des Alchimistes pour être étudiées, ou pour leurs expériences.
Après une dizaine de minutes de marche, ils découvrirent plusieurs cercles de pierre. Devant l'un d'eux, les Sagse Gavion, Serah et Odiango attendaient. Noria sentit son cœur se serrer face à autant de personnalité importante. Leur quête pour la fleur de Dreyimir approchait, et elle se sentait davantage motivée pour la mener à bien. Après tout, l'avenir d'Ozia en dépendait.
Une fois sur place, Noria observa la structure circulaire. Les runes des Titans étaient gravées sur l'anneau pour apporter le pouvoir des éléments à l'invention. Tout en haut, un symbole inconnu apparaissait : deux étoiles reliées par un trait qui ne les touchait pas.
– Bonjour, salua Gavion d'un geste amical. J'espère que vous vous sentez prêt pour le voyage.
– Et comment ! s'exclama Hirelda. J'ai hâte d'en finir pour sauver Ozia de vos griffes !
Noria, outrée, soupira face au langage de son amie qui ne semblait pas s'améliorer. Néanmoins, cela amusa Izeris qui ricanait en s'accoudant sur la paroi du cercle.
– Alors, allons-y, déclara la Sage Serah. Izeris ?
La Sage en question se redressa, puis dessina une rune dans le vide au centre du cercle. Elle recula de quelques pas, et en quelques secondes, une sphère se forma. Elle brilla de mille feux avant de s'étendre puis de se percer comme une bulle. L'eau qui en sortit s'étendit sur les bords du cercle, et reflétait un endroit inconnu.
– Il vous suffit de traverser, expliqua Izeris.
– C'est la même magie que celle utilisée par l'escadron des ailes noires que l'on a croisé ? demanda Hirelda en s'approchant.
Elle posa la main contre l'eau, imitée par Noria. Cela avait la même consistance et était si froide.
– Non, du tout, répondit Izeris. Ces portes mènent dans des villages de Titanomanciens du monde.
Noria et Hirelda se regardèrent, incrédules. Mais pas question d'hésiter, Ozia comptait sur eux pour la délivrer de cette prison. Après avoir pris une profonde inspiration, Noria et Hirelda se prirent la main pour tenter de calmer leur nervosité. Puis d'un pas décidé, elles traversèrent la surface ondulante de ce portail.
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