3- Une Terre, des terres


Paola était allongée sur une plage de sable fin, sous un soleil tapant au milieu d'un ciel d'Italie. Elle se réveilla, aveuglée par la lumière, se frotta les yeux, puis les ouvrit entièrement. Elle regarda autour d'elle : la jeune fille se trouvait au coin de l'étendu de sable, seule, mais remarqua que l'endroit était bondé. Seuls quelques mètres libres la séparaient de la foule.

"Qu'est-ce que je fous sur une plage moi ? Et où sont les autres ?" 

Elle vit que la plupart des personnes autour d'elle étaient très bronzées, assez grandes et minces, et avaient les cheveux bruns. Rassemblant elle aussi ces critères, elle se fondait aisément dans le décor. Il y avait beaucoup de bruit et ne pouvait pas clairement distinguer ce que disaient les gens. La chaleur aussi était oppressante, bien qu'une légère brise la rendait plus supportable.

Deux enfants d'une dizaine d'années passèrent près d'elle pour récupérer leur petit ballon.

-Buongiorno signora.

Paola fit une drôle de tête en entendant ces mots qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant. Où était-elle ?

La jeune fille décida de se rapprocher des gens et, en les écoutant parler, elle constata qu'elle ne comprenait rien. La langue dans laquelle ils parlaient lui était totalement étrangère. De même que cette matière bizarre sur laquelle elle était depuis son réveil : des milliards de petits grains beiges, très doux, assez mou et légèrement chauds. Ce n'était pas désagréable. Elle aperçut à quelques mètres d'elle une énorme étendue d'eau. Ayant soif, elle décida de s'en approcher, puis se baissa pour boire une gorgée... mais une vague la frappa en plein visage. Surprise, elle fit un bond en arrière.

-Aaaaaaaah ! L'eau m'attaque !

Au milieu de la plage, essoufflée, elle se rendit compte que quelques personnes se moquaient d'elle. Certains rigolaient, d'autres la regardaient sous un mauvais œil.

-Excusez-moi mademoiselle, tout va bien ?

Paola sursauta en entendant la voix de l'homme, qu'elle n'avait pas vu venir.

-Décidément ma petite, vous m'avez l'air bien peureuse !

Paola paniqua et répondit la première chose qui lui vint à l'esprit.

-Trop pas, j'suis pas peureuse du tout ! J'arrive à mettre chaos des méchants en pleine nuit, mains nues, et je bats Greg au bras de fer ! Alors non, j'suis pas peureuse !

Remarquant l'air perplexe de l'homme, elle lui expliqua qu'elle n'avait simplement pas l'habitude de voir la mer et qu'une vague l'a surprise. Ils échangèrent quelques mots et la jeune fille en profita pour étudier son interlocuteur. D'une quarantaine d'années, il avait la peau mate et n'était pas très musclé. Ses yeux étaient marron clair et possédait un regard plutôt bienveillant. Une légère barbe recouvrait ses joues. Il tenait dans la main une revue qui semblait parler de cuisine. Il la lisait sans doute avant de venir lui parler. Après une légère présentation, Paola apprit qu'elle s'adressait à un dénommé Fabrizio.

-Vous n'avez pas l'air d'être d'ici, où habitez-vous ?

La question soudaine embarrassa Paola. Elle préférait ne pas dire tout de suite qu'elle venait d'un monde parallèle.

-Heu..Dans ma chambre...

-Plus précisément ?

-Heu.. Dans ma maison...

-Et où est-elle, votre maison ?

-Heu... A côté de celle de mes voisins...

Fabrizio éclata de rire.

-Je vous aime bien vous ! Vous avez au moins un endroit où dormir ?

-Pas vraiment...

-J'habite pas très loin d'ici, si vous le souhaitez je peux vous loger.

-Écoutez monsieur, en temps normal j'aurais refusé, parce que vous êtes un vieux gars, sans vouloir vous manquer de respect, et un vieux gars qui héberge une jolie jeune fille comme moi, ça fait bizarre. Mais on n'est pas en temps normal, je suis totalement perdue, je ne comprends pas ce qui m'arrive. Peut-être que je suis en plein rêve, et dans les rêves on fait des trucs de fou, pas vrai ? Alors... J'accepte. Merci beaucoup.

La maison de Fabrizio était petite, simple, pas très décorée, mais pourvue de tout le nécessaire pour vivre. Il avait un petit jardin mais ne semblait pas beaucoup s'en occuper. Le gazon était jaune, brûlé par le soleil. Pendant la visite des lieux, Paola remarqua une grande étagère remplie de livres de toutes sortes.

-Vous aimez lire ?

-Oui j'aime bien, et il faut dire qu'ils m'aident beaucoup pour mon métier : je suis professeur d'histoire.

-Ah, ça veut dire que vous enseignez à des gens comment écrire des histoires ?

-Non, pas du tout ! J'enseigne à des jeunes l'histoire de l'Humanité. Nous sommes en 2158 alors le programme est chargé. Je leur parle notamment des multiples guerres qu'il y a eu partout sur la Terre.

-Ah, vous avez des guerres vous aussi ?

-Qu'entendez-vous par « vous aussi ? »

-Rien, laissez tomber.

-Nous avons en effet connu pas mal de guerres violentes, ainsi que de conflits. Vous pouvez retenir la Première et Seconde Guerre mondiale, qui ont eu lieu pendant le vingtième siècle, ainsi que la guerre navale au milieu du 21eme siècle. Cela fait plus de cent ans que nous sommes presque tous en paix sur Terre. Seules quelques tribus reculées sont en conflit aujourd'hui. Nous, en Italie, nous ne sommes pas en danger. Mais que suis-je bête ! De toute évidence vous savez déjà tout ça ! Vous voyez, mon métier me passionne, dès que j'en parle je peux plus m'arrêter ! Vous aimez les tomates ?

-J'adore !

-Vous voulez des cœurs de bœufs ?

-J'aime pas les abats.

-Vous êtes spéciale, vous.

-On peut dire ça comme ça. Je peux aller me reposer ?

-Bien sûr ! Première porte à droite.

-Merci.

Paola s'endormit vite. Tous ces événements l'avaient fatiguée, et malgré un lit peu confortable, elle tomba rapidement dans les bras de Morphée.

Elle se retrouva alors dans un endroit tout blanc, une pièce dans laquelle elle n'avait jamais mit les pieds. L'absence de fenêtre fut ce qu'elle remarqua en premier, tout comme l'unique porte, sans poignée ni serrure. Quelques chaises et une table remplissaient l'espace, ainsi qu'un canapé. La jeune fille pensa d'abord qu'elle rêvait. Mais elle remarqua tout à coup ses amis, qui , à quelques mètres d'elle, en cercle, discutaient. Ils étaient tous là. Tout semblait vrai, trop vrai pour être un rêve. Paola décida de les rejoindre.

-J'ai fais un drôle de rêve... J'étais seule sur une plage, sans vous...

-C'était pas un rêve Paola, répondit Greg. On vient d'en discuter... On est tous dans un endroit différent.

-QUOI ?

C'était pourtant vrai. Le groupe expliqua à la jeune fille qu'ils étaient chacun dans un coin différent, mais étaient incapables de se situer précisément.

-Et cet endroit, c'est quoi ?

Paola apprit qu'ils arrivaient tous ici quand ils s'endormaient. Ce qui veut dire que pendant leur sommeil, au lieu de rester paisiblement dans leur lit, ils étaient comme téléportés ici. Le groupe n'en connaissait pas la raison. Ce qui était sûr,c'est qu'ils arrivaient ici dans l'ordre dans lequel ils s'endormaient.

-Bon, on était censé se retrouver tous ensemble là où on est partis, et ce n'est pas le cas. Il va falloir trouver un moyen de se réunir. Comment on va faire ? demanda Chris.

- Il faudrait qu'à notre réveil, on se débrouille pour trouver une carte de la Terre et qu'on essaye de se repérer. Ça va déjà nous aider.

Tous acquiesçaient. Soudain, Greg commença à disparaître, il devenait de moins en moins visible.

Le groupe paniqua mais le jeune homme parvint à les calmer en leur disant qu'il était certainement en train de se réveiller, donc de retourner dans la "vraie vie".

Et il avait raison. Greg reprit connaissance à l'endroit où il avait été assommé quelques minutes auparavant. Constatant qu'il était toujours à terre, surveillé par trois hommes musclés et armés d'un bâton impressionnant, il décida dans un premier temps de ne pas bouger. Quelques minutes plus tard, une dame âgée arriva et ordonna aux gardiens de s'en aller. La femme,avec une voix douce mais usée par le temps, semblait inoffensive et Greg pensa qu'il était temps de se lever. Après avoir rapidement dit qu'il est venu en paix, la femme lui dit l'air menaçant qu'il ne devrait pas être ici. Le Bhoutan était un pays fermé au tourisme, les habitants n'aimaient pas voir des étrangers dans leurs terres. Seuls les visiteurs de luxe pouvaient venir, et ils devaient même être en possession d'un passe droit, d'une bonne raison pour être dans le pays. Sans cela, la police, très présente partout dans le pays, arrêtait les étrangers et les renvoyaient dans leur pays d'origine après qu'ils aient payé une lourde amende. C'était ce que risquait Greg.

Cependant, la femme, qui s'était présentée au nom de Tara, précisa que cette tribu faisait exception à la règle. Elle était l'une des seules du pays à aimer voir des étrangers.

Greg avait de la chance, mais ne savait pas si il pouvait réellement faire confiance à cette femme. Mais il n'avait pas le choix pour le moment. Il examina les lieux. Le jeune homme était dans une forêt. Il faisait chaud et humide. Le soleil éclairait le ciel, mais les grands arbres faisait de l'ombre et rafraichissaient l'air. Le sol n'était pas travaillé, c'était de la simple terre. Il remarqua qu'il y avait peu de constructions humaines : seules quelques huttes en bois et herbes séchées attiraient ses yeux. Il entendait le bruit léger de l'eau qui coule, il devait y avoir une rivière pas loin. Tara lui fit une petite visite du village, qui ne comptait que 200 habitants environ. Greg réalisa que toutes les personnes qu'il croisait ne parlaient pas sa langue, contrairement à Tara avec qui il peut communiquer.

-Comment savez-vous parler ma langue ? demanda-t-il

-Vous parlez Terrois, c'est une langue internationale qui a été créée récemment, mais peu de personnes peuvent véritablement la parler. Seules les personnes les plus instruites la comprennent et la parlent. Les jeunes l'apprennent à l'école mais ne la maîtrisent pas.

Tandis que Tara et Greg continuaient à faire connaissance, loin de là, April marchait difficilement dans le désert. Chaque pas était une épreuve tant la chaleur se faisait sentir. Elle ne sentait même plus la faim et la soif, mais son corps lui faisait terriblement mal à chaque mouvement qu'elle faisait.Pourtant elle était bien obligée de se déplacer. Perdue au milieu d'une gigantesque étendue de sable, elle se dirigea aveuglément vers une direction choisie au hasard, dans l'espoir de tomber sur un petit village. Soudain, elle s'arrêta, prise d'un terrible mal de tête. Elle se tint le crâne, manqua de s'évanouir. Puis au bout de quelques secondes, la douleur disparut aussi vite qu'elle est apparue.

-Oh mon dieu ! Je viens de voir une scène horrible dans ma tête. L'un de mes amis court un grand danger !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top