19 - Le goût de la vie

Cela faisait deux jours que Paola et Fabrizio avaient quittés Palerme. La menace de la mafia les obligeait à quitter l'Italie. Seulement, la jeune fille n'avait aucune idée d'où l'emmenait l'italien. Ils passaient leur temps sur leur route, à s'arrêter au restaurant à l'heure du repas, et dans un hôtel pour y passer la nuit. Ils longeaient plus ou moins la mer. Le paysage était agréable : l'immense étendue d'eau sur laquelle reposaient des bateaux, petits ou gros, était surplombé d'un ciel tout bleu. De l'autre côté, Paola voyait surtout des champs, des espaces verts. Parfois, il y avait un village au loin, et il lui arrivait d'apercevoir des montagnes. Ce voyage, bien qu'agréable, commençait à être long pour elle.

Midi approchait et ils passèrent à côté d'une aire. C'était l'occasion pour eux de s'arrêter manger, comme ils en avaient l'habitude maintenant. Jusque là, ils se contentaient des cafétérias pour ne pas perdre de temps. Mais cette fois ci, ils s'autorisaient à aller dans le restaurant qui se présentait à eux. Pour une fois, la qualité sera sûrement au rendez-vous. Il faut dire que la nourriture des cafétérias laisse souvent à désirer.

Le restaurant était bien rempli. C'était l'heure de pointe, tout le monde s'arrêtait là pour manger. Le serveur les dirigeait vers une table pour deux, contre la fenêtre. La vue n'était pas exceptionnelle, ils voyaient simplement défiler les voitures qui roulaient à toute allure sur l'autoroute. Ils reçurent vite la carte et s'aperçurent qu'il y avait beaucoup de choix. Ils passèrent la commande puis patientaient calmement. Fabrizio ne parlait pas beaucoup, il était fatigué. Il profitait de ce moment tranquille pour se reposer et fermer les yeux. En recevant les plats, ils dégustèrent en silence ce qu'il y avait dans leurs assiettes. Ils étaient agréablement surpris par la qualité du repas : le service était rapide et la nourriture était bonne.

Après avoir payé la note, Fabrizio suivie de Paola se dirigèrent vers la sortie. Mais sur le chemin, une voix résonna dans le bâtiment.
– A l'aide, à l'aide ! Y-a-t-il un médecin dans la salle ?
C'était une voix masculine qui avait criée. La personne semblait paniquée. Par curiosité, le duo décida d'aller voir ce qu'il se passait. A quelques mètres de là se trouvait une femme allongée par terre. Elle semblait inconsciente. Près d'elle, un homme, certainement celui qui avait crié, parlait avec un serveur. Paola entendait leur conversation.
– Le serveur venait de nous apporter nos plats, tout se passait bien, expliquait l'homme, dépassé par ce qu'il se passait. Elle a prit une première bouchée, puis s'est mise à tousser très fort. Il est devenue très rouge en deux ou très secondes, et elle s'est évanouie. Je n'ai rien compris. Tout est allé très vite.

Autour d'eux, de nombreuses tables avaient arrêté de manger et avaient le regard tourné vers cet homme. On entendait quelques murmures ; les familles devaient se demander ce qu'il se passait.
– Vous avez une idée de ce qui a pu la rendre dans cet état ? demanda le serveur.
– Pas du tout... Je ne la connais pas bien, c'était un premier rendez-vous.
Soudainement, le silence tomba. Tout le monde regardait l'homme, perplexes. Paola ne pu s'empêcher de ricaner et de mettre son grain de sel dans l'affaire.
– Vous faites un premier rendez-vous sur une aire d'autoroute vous ?
– On a nos raison.

L'homme se retourna vers le serveur, qui continuait de l'interroger. Mais Paola sentait le bon odeur du plat que mangeait la femme, et même si la jeune fille l'avait commencé, elle ne pouvait pas s'empêcher de goûter. Tant pis si il était empoisonné, ça sentait trop bon.
– Bon, si personne ne le fait je vais me charger de manger ce plat avant qu'il ne refroidisse.
– Tu exagères, ça ne se fait pas, essaya de lui chuchoter discrètement Fabrizio. En plus c'est une salade.
– Personne ne va me remarquer, tout le monde est autour du monsieur qui discute avec les serveurs.

Elle se mit à manger. Pendant ce temps, Fabrizio et les autres clients accueillirent un ambulancier, qui venait d'entrer dans la salle. Il se dirigea vers la femme à terre pour l'examiner. Occupée par son plat, Paola ne le vit presque pas entrer. L'assiette qu'elle avait en face d'elle était copieuse : en plus des feuilles de salade et des rondelles de tomates, il y avait une généreuse part de fromage ainsi que quelques morceaux de poulet, et des croûtons de pain. Le tout était généreusement recouvert d'une sauce liquide de couleur marron. La jeune fille remua les différents aliments puis mit une première fourchette en bouche. Dès la première bouchée, elle senti un goût dont elle ne s'attendait pas. Bien qu'il ne fut pas désagréable, Paola appela un serveur.
– Qu'est-ce qu'il y a dans cette sauce ? Il n'y aurait pas un peu d'arachide par hasard ?
– Je ne sais pas, c'est possible.

Le serveur était un jeune garçon qui devait avoir peu d'expérience dans le métier et semblait totalement dépassé par tous ces événements. Son front était en sueur et sa voix n'était pas tranquille.
Paola reprit une bouchée.
– Si si je confirme, ça sent très fort la cacahuète. Cette femme en est peut-être allergique...
– Les allergènes sont précisés sur nos cartes. Si elle en est allergique, elle n'aurait pas choisi ce plat.
Son collègue qui était tout prés intervint.
– Rodrigo, le chef a changé quelques recettes l'autre jour... On a fait des nouvelles cartes mais on n'a pas encore jeté les anciennes...
– Je lui aurais donné une ancienne carte ? demanda le jeune serveur pour lui-même. Oh non...

Tout prés de là, l'ambulancier se releva
– Mesdames et messieurs, ne vous inquiétez pas, sa vie n'est pas en jeu. Nous allons la conduire à l'hôpital le plus proche mais tout ira bien pour elle.
Puis il se tourna vers Paola.
– Mademoiselle, je vous ai entendu parler d'arachide. Elle a en effet tous les signes d'une allergie sévère. Bien trouvé.
Paola fit un léger sourire, fière d'elle.

En retournant à la voiture, garée quelques mètres plus loin, Fabrizio questionna la jeune fille.
– Comment tu as su qu'il y avait de l'arachide dans la sauce ? C'est le genre de choses qui ne se sentent pas...
– Sincèrement, j'en sais rien. Je ne savais même pas quel goût avait l'arachide quand c'est dans une sauce. En mangeant j'ai senti un goût que je ne connaissais pas, mais je ne sais pas comment, j'ai pu identifié que c'était de l'arachide.
– Voilà que tu te mets à avoir des supers pouvoirs ! S'exclama Fabrizio
– Des supers pouvoirs, ouais ça doit être ça...

Pendant ce temps, dans le plus grand désert chaud du monde, April est en mouvement. En effet, Frida et sa mère sont confrontées à un gros problème. Quelques jours auparavant, la tente de cette dernière avait prit feu et s'était presque totalement désintégrée. Optimiste, la femme pensait qu'elle pouvait dormir sans tente ; elle se rendait vite compte que ce n'était pas possible.
Si dans le désert les journées sont très chaudes, les nuits sont au contraire très fraîches. Impossible pour qui que ce soit de dormir sans se protéger. Et même si elle venait d'une planète de glace et qu'elle était habituée à vivre dans le froid, la différence de température entre la journée et la nuit était trop importante pour son corps. Elle commençait à se sentir mal, fatiguée et nauséeuse. Elle ne pouvait plus dormir à la belle étoile.
Le problème, c'était qu'elles n'avaient pas le matériel nécessaire pour fabriquer une nouvelle tente, et elle ne pouvait pas partager celle de sa fille, par manque de place.
Le petit groupe devait alors déménager. Il fallait qu'elles rejoignent un village, une tribu, un lieu où elles pourraient se loger.
– Ce désert a l'air immense, comment on peut savoir quelle direction prendre ? s'inquiéta April.
Frida posa une main sur son épaule, et lui offrit son plus beau sourire.
– Rappelle-toi, ma mère et moi avons des pouvoirs. Nous pouvons sentir une étendue d'eau ou de glace à ses centaines de kilomètres !

April sursauta.
– Vous... Vous pouvez savoir précisément où est-ce qu'il y a de l'eau ?
– Précisément, non, rigola Frida. A quelques mètres prés seulement.

April ne savait pas quoi penser. Elle était partagée entre l'excitation, la joie et la déception.
– Alors, pourquoi n'avez-vous pas dès le début utilisé votre pouvoir pour aller directement vers l'eau ?
Le sourire de Frida disparu.
– Nous étions en route pour y aller, mais la chaleur était vraiment terrible et arrivé un moment, nous devions nous reposer. Nous n'en pouvions plus de marcher sous ce soleil de plomb. Alors nous avons décidé de nous installer là où nous étions et d'y rester plusieurs jours, le temps de nous reposer.

Après ces révélations, les trois femmes se préparèrent à partir. D'après la mère de Frida, il y aura deux jours de marche.
C'est donc sous la chaleur que les trois femmes se mirent en route, espérant trouver rapidement un point d'eau et un village à proximité.

















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