15- Travail d'équipe (Partie1)


La vie chez Arthur et Hannah était simple. Wendy était heureuse chez eux car ils étaient vraiment gentils. La jeune fille était habituée à vivre sous le toit de ses parents, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ambiance n'était pas la même.

Chez elle, il y avait peu de lumière. Ses parents, déprimés, fermaient les volets afin de ne pas voir le monde extérieur. Afin de ne pas voir la guerre. Elle passait la plupart de son temps dans sa chambre. Elle n'osait pas vraiment sortir de chez elle, ni de sa pièce. Et elle avait peu de points communs avec son frère, alors ne voulait pas rester trop longtemps avec lui.

Alors, la vie chez Arthur et Hannah lui faisait tout drôle. Elle vivait quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Le couple semblait très amoureux, même après 12 ans de mariage. Ils avaient régulièrement leur fils au téléphone et lui apportaient beaucoup d'amour à travers ce petit appareil. La maison était lumineuse. Les murs étaient clairs, peints en beiges, et les fenêtres étaient nombreuses afin de permettre à la lumière du soleil de rentrer. Il y avait de nombreuses plantes vertes et même un aquarium avec trois poissons rouges. Wendy aimait leur donner à manger quotidiennement. Dans le salon, il y avait un canapé et deux fauteuils, installés en face d'une télé. Une table basse sous laquelle se trouvait un joli tapis les séparait. Ils regardaient souvent les programmes qui passaient : des films, des séries ou des documentaires. Ces derniers étaient moins au goût de Wendy, mais aimait être avec le couple, qui la traitait comme leur propre fille.

En revenant de la chambre de Luke, lui avoir dit qu'ils s'absenteront dans l'après midi, Wendy se dirigea vers les toilettes. Sur le chemin, elle croisa Arthur qui lui demanda d'aller chercher le journal, que le livreur avait déposé devant leur porte d'entrée, comme chaque matin. Arthur avait un téléphone à la main et alla s'enfermer dans la salle de bain. Sa femme dormait encore, il ne pouvait pas aller dans sa chambre.

Aux toilettes, elle pensa au journal. Elle trouvait ça marrant. Sur Zania, elle n'en avait jamais vu. Son frère lui avait expliqué que depuis la guerre, les médias étaient interdis. En effet, puisque personne ne pouvait sortir de sa ville d'habitation, les journalistes ne pouvaient pas faire leur travail -leur mission étant justement d'aller dans les autres villes pour savoir ce qui s'y passait. Elle pensa alors à ce bout de papier, rempli d'encre et de photos. Puis elle pensa à la petite table où elle devrait aller le poser. Wendy l'aimait bien, car il y avait une marque de brûlure dessus. La jeune fille se dit que ce meuble devait avoir une histoire bien particulière.

En sortant du cabinet, elle prit soin d'aller se laver les mains, puisse dirigea vers la porte pour récupérer le journal.

Mais il n'y était pas.

Elle se dit d'abord que le livreur n'était pas encore passé, et retourna dans sa chambre. C'est alors qu'elle le vit.

Il était sur la table, à sa place, comme d'habitude.

Mais ce n'était pas elle qui l'avait mit.

Pas Arthur non plus, puisqu'il lui a demandé de le faire.

Hannah dormait et Luke ne pouvait pas bouger.

Wendy s'approcha du journal et regarda la date. C'était le bon. Pas celui de la veille.

Alors, qui l'avait mit là ?

***

Greg n'avait pas quitté la pièce où les policiers l'avaient interrogé.Il ne comprenait pas qu'on puisse le laisser ici : il n'y avait rien pour dormir, à part une table et deux chaises. Rien qui ne lui apporte ne serait-ce qu'un minimum de confort. On ne lui donnait pas non plus à manger et à boire, et il commençait à sentir sa gorge sèche.

Seule une petite ampoule éclairait la pièce ; il n'y avait pas de fenêtre. Il ne connaissait plus rien du monde extérieur. Il ignorait l'heure qu'il était et où il se trouvait. Etait-il dans un petit village, ou dans une grosse ville ?

Il avait de petits yeux, il le sentait. Il venait de se réveiller et n'avait pas très bien dormi. Il ne savait pas combien de temps il s'était assoupi ; il ne savait pas non plus si il faisait nuit ou jour. Mais il était sûr d'une chose : il s'était endormi sans s'être retrouvé dans la Chambre. C'était la première fois que ça lui arrivait depuis qu'il était sur Terre.

Plusieurs questions lui venaient à l'esprit. Comment était-ce possible ?Que pensaient ses amis ? Comment les prévenir qu'il était en danger, s'il ne pouvait pas aller dans la Chambre ?

Alors qu'il cherchait la réponse à ces questions, la porte s'ouvrit,laissant entrer l'espace de quelques secondes il rayon de lumière,ainsi que deux hommes.

Les deux policiers qui l'avaient interrogé.

Il savaient tous les deux une petite mine, l'air fatigué. Le plus jeune avait une tasse de café à la main. Greg imagina alors qu'ils étaient en début de matinée. Le plus âgé prit place sur la chaise et le plus jeune resta debout près de lui.

Alors que ce dernier bu une gorgée de café, l'autre prit la parole.

-Votre histoire était bien belle. Nous avons fait quelques recherches et il existe bel et bien une tribu dans la zone que vous nous avez décrite.Les deux hommes qui vous accompagnaient avaient un style vestimentaire bien particulier.

Il marqua une pause. Greg se demandait où il voulait en venir.

-Nous avons parlé de vous à notre chef, reprit-il. Lui aussi a été sensible à votre histoire. Mais ça ne nous explique pas pourquoi vous êtes dans le pays sans passe droit. Vous avez enfreint la règle, et vous devez être punis pour ça.

-Mais j'ai pas d'argent sur moi... dit timidement Greg.

Les deux policiers échangèrent un regard puis éclatèrent de rire. Enfin, le vieux reprit son sérieux.

-Vous allez être exécuté.

***

Greg pleurait.

Assit par terre au milieu de la pièce, à même le sol, toutes les larmes de son corps sortaient à flot. Lui qui ne pleurait jamais, qui se retenait toujours, qui pensait que chaque problème avait une solution et que pleurer ne servait à rien, craquait. Ses chaudes larmes tombaient sur le sol gris en béton, laissant des petites marques foncées. D'abord des petits points, par-ci, par-là. Puis le sol entier devenait plus foncé devant lui. Il sentait des frissons dans son corps, son cœur battait vite et il avait à la fois chaud,et froid. Son nez coulait légèrement et il senti un léger mal de tête.

Greg pleurait pendant plusieurs minutes, puis se calma lorsque ses yeux étaient vides.

Il sentait alors fatigué. Il n'avait plus d'énergie. Il ne se souvenait pas que pleurer était aussi fatigant. Il se laissa complètement tomber par terre, allongeant son corps sur le sol dur.Ses yeux lui paraissaient vides et il sentait qu'ils étaient rouges.Il avait les joues humides, mais cette sensation ne lui était finalement pas désagréable.

« Pleurer, c'est agréable en fait. Ce qui l'est moins, c'est ce qui nous fait pleurer » pensa-t-il.

Il se remémora la dernière que ça lui est arrivé. C'était il y a plus de dix ans. Il était adolescent et jouait au dur avec ses copains. Mais le jour où il a apprit la mort de ses parents, il ne pu retenir ses larmes. Il était devant ses amis mais ne voulait rien cacher.

Ce jour là, en plus d'avoir perdu ses parents, il avait perdu ses amis.

Depuis, il avait du mal avec les autres. Il se construit une vie tout seul, sans aucune aider. Il avait de la famille, mais loin, et la guerre éclata peu après, l'interdisant de voyager pour retrouver ses proches - qui n'étaient pas si proches.

Il vit en solitaire pendant de longues années, puis entra dans l'armée de l'Empereur et rencontra son nouvel ami, Chris.

Chris.

Il ne le reverra sans doute jamais. Ils avaient partagé tellement de choses ensemble. Des bons moments, comme des mauvais. Des éclats de rire et des disputes. Ils étaient des frères.

Chacun de ses amis étaient comme des frères et sœurs. Il pensait à eux tous. Ils allaient lui manquer.

L'intelligence de Luke, la folie de Wendy, l'impatience de Paola, l'innocence de Gary, la gentillesse d'April et la complicité de Chris.

Greg se mit ensuite à penser à ce qu'avait dit le policier, il y a quelques minutes, avant qu'il ne sorte de la pièce. Il lui avait dit que dans l'après-midi, il sera exécuté. Avec une seringue, on lui injectera un poison qui le tuera en quelques minutes. Il ne souffrira pas. Il aura l'impression de s'endormir.

Il ne savait pas quelle heure il était. Il ne savait pas combien de temps il devra attendre. Il ne savait pas combien de temps il lui restait à vivre.

***

-Tu dis que le journal s'est mit tout seul à sa place ? demanda Luke.

-C'est ça, répondit Wendy. Personne n'y a touché.

-C'est pas possible.

-Je sais !

Luke, allongé, et Wendy, assise sur le côté de son lit, se prennaient la tête dans les mains, réfléchissants à une explication logique. Tout à coup, la jeune fille releva la tête.

-A moins que...

-Quoi ?

-Avant d'aller le chercher, j'étais aux toilettes.

-C'est cool, ironisa le garçon.

-J'ai pensé au journal, puis à la table où je devais le mettre. Et juste après, comme par magie, le journal s'est retrouvé sur la table.

Luke pouffa.

-T'es en train de me dire que tu as... matérialise le journal, simplement par la pensée ?

-Et pourquoi pas ? On vit tous des trucs de dingue ! Pourquoi toi t'es paralysé ? On n'en sait rien ! Il n'y a aucune raison logique à ça ! Aucune raison logique à ce que nous soyons tous réparti à un coin différent de cette planète ! Et je te rappelle que certains d'entre nous ont vécu des truc dingues eux aussi ! Chris qui parle au requin, April qui prédit l'avenir ! Alors pourquoi est-ce que moi aussi je n'aurais pas un don ? Plus j'y pense et plus je me dis que c'est moi, par la pensée, qui ai mit ce journal à sa place !

Luke resta bouchée bée pendant son discours. Il savait que sa sœur pouvait être très convaincante, mais là, elle l'époustouflait. Mais il savait aussi que parfois, elle s'emballait vite pour rien, et pouvait aussi raconter des mensonges pour qu'on s'intéresse à elle.

-Alors prouve-le.

-Hein ?

-Refais-le, là, tout de suite, pour qu'on puisse voir si tu dis vrai.

La jeune fille était tout de suite moins joyeuse.

-Tu veux que je fasse quoi ?

-Tu te rappelle le livre qu'on a prit à la bibliothèque, le premier jour ?

-Oui, il est dans ma chambre. J'ai toujours la flemme de te l'apporter.

-Et moi j'aimerais bien le lire... Tu vois ce qu'il te reste à faire ?

D'un air sérieux, Wendy hocha la tête. Elle ferma les yeux et pensa à ce bouquin. C'était un roman assez épais, il devait faire environ 400 pages. La couverture représentait un enfant, un garçon, qui avait une combinaison de cosmonaute. Le titre était « L'enfant qui s'envolait » et il y avait une citation, sûrement tirée de l'histoire, en bas de la page. Il était légèrement abîmé, on voyait qu'il avait servit. Elle pensa ensuite au lit de Luke, sur lequel elle était assise. Il y avait un drap bleu clair et une épaisse couverture bleue foncé. Il était bien bordé. La jeune fille se demandait comment Luke pouvait passer ses journées dans un lit comme ça ; elle se sentait toujours plus à l'aise dans un lit défait.

Quand elle ouvrit les yeux, elle vit d'abord le sourire de son frère. Elle ne savait pas si c'était un sourire moqueur ou admirateur. Puis elle tourna la tête et vit le livre. C'est avec stupeur qu'elle réalisa alors que ce que sa théorie était certainement vraie : Wendy était capable de matérialiser des objets par la pensée.

***

April était dans le coin cuisine, avec Karen et Frida. Les trois femmes s'entendaient à merveille. La rouquine se dit que c'était une bonne chance, étant donné qu'elle était obligée de rester un temps avec elles. La jeune fille ne savait pas comment faire pour quitter ce désert et retrouver la civilisation.

Karen découpait le poisson, après avoir prit soin d'enlever proprement la peau. Cette scène était familière pour April. Mais elle était confiante. Elle savait que cette fois, il n'y aura pas d'incendie. Et pour cause : elles avaient trouvé un autre moyen pour cuire la chaire. La chaleur était tellement forte, qu'elles se sentaient comme dans un four. Alors, il suffisait de poser les tranches fines sur un des petits rochers, nombreux dans le coin, et de laisser le soleil faire son travail. Il suffisait d'une dizaine de minutes pour que le repas soit près.

April voulait profiter de ces quelques minutes pour demander à ses amies si elles savaient comment sortir de ce désert.

-Dites Karen, est-ce que...

Elle fut obligée de s'arrêter. Les deux blondes la regardaient, curieuses de la question qu'allait poser la jeune fille.

Mais celle-ci ne dit rien. Soudainement, elle respirait difficilement, et se tenait la tête. Cela ne dura que quelques secondes.


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