11- Les mondes parallèles


Paola n'a jamais été très à l'aise en voiture. Avant, sur sa planète, elle se déplaçait toujours à pieds ou à vélo. Les trajets qu'elle avait à faire étaient courts, et si il y a bien une chose que ses parents lui avaient appris, c'était de respecter l'environnement. Alors pour Paola, c'était inenvisageable de se déplacer avec un moyen de transport motorisé.

Seulement ici, les choses étaient différentes. Menacés par la mafia, Paola et Fabrizio étaient contraints de fuir la région, voire le pays. C'était l'Italien qui choisait leur destination, sans en parler la jeune fille, qui ignorait où ils se dirigent.

L'autoroute était calme. Il y a plus de voiture dans le sens opposé : en effet, le duo se dirigeait dans les terres et s'éloignait de la mer et surtout des grandes villes.

Sur la route donc, tout se passait bien ; en voiture cependant, l'ambiance n'y était pas. Depuis le début du trajet, Fabrizio n'a pas dit un mot. Les récents événements l'avaient perturbé. Son meilleur ami s'était fait attaqué par la mafia et il était lui-même en danger.Il n'était pas d'humeur à plaisanter, comme il l'était d'habitude. Paola était un peu perturbé, elle ne l'avait jamais vu comme cela. Lui qui était toujours heureux et souriant...

Elle essayait pourtant de lui parler, pour lui changer les idées.

-J'espère que ton ami va vite se rétablir.

Pas de réponse.

-Je connaissais pas la mafia mais c'est vraiment nul !

Toujours pas.

-Pourquoi les gens sont si mauvais ? Pourquoi font-ils du mal aux autre sans raison ?

Aucune réaction.

-Finalement, on est toujours en danger.

Fabrizio ne dit toujours rien.

-J'ai faim.

Pas de réaction.

-J'ai soif.

Là non plus.

-T'as presque plus d'essence.

Toujours sans rien dire, Fabrizio s'engagea sur une aire d'autoroute. Il fit le plein à la station service puis se gara sur une place de parking, en face d'un petit magasin. Ils roulaient depuis longtemps, il fallait couper le moteur quelques minutes.

Paola sorti de la voiture, mais vit que Fabrizio y était resté. Elle se remit dans le véhicule. Il n'avait pas l'air de vouloir sortir, mais elle était bien décidée à lui faire changer d'avis.

-Tu sors pas ?

Silence.

-T'as pas faim ?

Aucune réponse.

-T'as pas besoin d'aller aux toilettes ?

C'était à se demander si Fabrizio l'entendait.

-Il y a un petit resto sympa là-bas, on pourrait y aller ça nous changerait les idées.

Peut-être dormait-il les yeux ouverts ?

-En plus les serveuses ont l'air jolies.

Ah ! Fabrizio tourna lentement la tête vers le jeune fille, et vit qu'elle semblait sérieuse.

-C'est bien pour te faire plaisir.

Il sorti enfin de la voiture.

-Bien sûr... dit la jeune fille, un sourire aux lèvres.

***

En entrant dans la cuisine, Gary vit que la mère de Diego était encore là. Elle était venue leur rendre visite la vielle et elle était encore là quand il s'était couché. Alors, soit elle avait dormi sur place, soit elle était revenue dés le début de mâtiné. En tout cas, il ne s'entendait pas à la voir en se levant. Mais ça ne le dérangeait pas vraiment, il aimait bien cette femme. Elle était un peu sèche, elle avait du franc parlé mais elle aimait son fils,ça se voyait. Comme à son habitude, elle semblait calme et heureuse. Ce qui n'était pas le cas de Diego.

-T'es d'accord avec moi, on dirait qu'elle pas son temps ici ! S'écria-t-il à l'intention de Gary.

-Ça ne me dérange pas, répondit l'ado, encore ensommeillé.

-Moi ça me dérange ! Je ne suis plus chez moi ici, déjà que je suis obligé de te loger gratuitement mais alors maintenant elle passe son temps dans ma maison !

La mère de Diego n'eut aucune réaction, ce qui étonna Gary. Il trouvait vraiment que Diego ne la respectait pas. Mais il n'osait rien dire.

-Tu veux manger quelque chose mon petit ?

Gary réalisa que c'était à lui qu'elle s'était adressé. Elle semblait ignorer son fils.

- Heu je vais prendre du pain, répondit-il, mal à l'aise.

-Prends ma tranche, j'ai pas faim.

Sur ces mots, Diego se leva et quitta la pièce. Il n'a jamais été de bonne humeur, mais Gary était impressionné et légèrement effrayé par son comportement durant ce petit déjeuner.

-Ça ne vous dérange pas la façon dont votre fils vous parle ?

-Je suis habituée, ça ne me fait plus rien. C'est presque naturel. Bien sûr j'aimerais qu'il me donne de temps en temps quelques preuves d'amour, mais ça ne fait rien, dit-elle avec une pointe de regret dans sa voix.

-C'est pas normal. On doit le respect à ses parents.

-Ils sont rares les jeunes qui pensent ça...

-Vous savez, mes parents sont morts il y a plusieurs années, j'étais petit, confia Gary. Ils me manquent terriblement et je donnerais tout pour les revoir. Alors je ne comprend pas comment c'est possible de manquer de respect à sa mère.

-Moi aussi mes parents sont partis il y a bien longtemps... Si tu veux, considère moi comme ta deuxième maman.

-C'est gentil.

Il repensa à ce qu'avait dit Luke au sujet des mondes parallèles : "Ca pourrait être un monde dans lequel on va quand on meurt."

-Mais j'en ai qu'une et je sais que je la retrouverais un jour.

-C'est bien de ne pas perdre espoir, répondit la vieille femme avec un sourire.

Gary croqua dans sa tranche de pain. Il était heureux de pouvoir manger ; ce n'est pas le cas tous les matins. Lui qui avait l'habitude de beaucoup manger devait prendre sur lui, car Diego et sa mère n'avaient pas beaucoup d'argent pour acheter de quoi se nourrir. Gary ressentait déjà les effets de son régime forcé. Son pantalon ne lui serrait plus, il avait même tendance à le perdre un peu. Le pain qu'il mangeait n'était pas très bon ; sec et farineux. Mais c'était ça ou rien. En mâchant, il repensait à la conversation qu'il a eu avec ses amis dans la Chambre, la nuit dernière. Au fait que cette Chambre pourrait être un autre monde parallèle. Cela l'intriguait, bien qu'il ne soit pas d'un naturel très curieux. Il pensait aussi à Greg. Il n'était pas présent la nuit dernière pour écouter les révélations de Luke. Et d'après ses amis, aucun d'eux ne l'avaient vu depuis un moment. Lui est-il arrivé quelque chose, ou s'endort-il simplement à un autre moment que les autres ? Gary se posait toutes ses questions et avait du mal à avaler sa bouchée de pain. Puis une nouvelle question apparu dans son esprit, qu'il s'empressa cette fois de poser à la vieille femme.

-Vous croyez aux mondes parallèles ?

Elle semblait surprise par la question. Elle mit une nouvelle bouchée de pain dans sa bouche tout en réfléchissant. Après plusieurs secondes, elle répondit.

- Les mondes parallèles ? C'est un sujet sensible. C'est comme l'existence d'un dieu, c'est comme Adam et Eve, c'est comme l'Évolution. Tout ça moi, j'y crois pas. Je pense que ce sont simplement des explications pratique et faciles pour tout ce dont on n'arrive pas encore à expliquer avec des théories rationnelles.

Suite à cette réponse, Gary était légèrement déçu, mais il s'y attendait. Peu de personnes étaient vraiment au courant de l'existence des mondes parallèles.

-Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?

Gary prit son verre d'eau et bu plusieurs gorgées.

-Je suis pas encore assez bien réveillé pour y penser.

***

Au restaurant de l'aire d'autoroute, Paola et Fabrizio discutaient. L'Italien avait retrouvé le sourire, au bonheur de la jeune fille. Les assiettes étaient vide devant eux. Ils avaient payé l'addition, mais Paola voulait mieux connaître son nouvel ami. Elle lui posait sans cesse des questions. Après l'avoir questionné sur son frère et sa sœur, elle s'informa sur son éducation. L'Italien expliqua que pour devenir prof d'histoire, il avait du passer par plusieurs années d'étude. Il était donc bien cultivé. De plus, confia qu'il aimait s'informer de l'actualité dans les journaux ou à la télé, et il avait l'habitude de visiter des lieux historiques. L'Italie était un pays qui avait une grande histoire, avec plusieurs monuments importants qu'il était possible de visiter.

-Et tu aimes la science ? se renseigna la jolie brune.

Son interlocuteur expliqua qu'il aimait ça mais qu'il n'avait jamais été très bon à l'école. Il dit même que depuis petit, il était fasciné par les choses inexpliquées.

-Les choses inexpliquée ? répéta la jeune fille. Comme... Les mondes parallèles ?

-Oui voilà par exemple. J'ai toujours été curieux par rapport à ça, j'aimais bien lire des choses ou écouter des émissions à ce sujet.

-Et alors, tu as appris quoi ?

-Apparemment, je sais ce que peu de personnes savent. Je ne sais pas si je peux te le dire...

-Pourquoi tu ne pourrais pas ? C'est secret ?

-En quelque sorte...

-Allez tu peux bien le dire à moi ! S'il te plaît !

Fabrizio hésita, mais Paola lui fit ses yeux de chien battu. Elle était très douée pour persuader quelqu'un de faire ce qu'elle voulait que la personne fasse. Fabrizio finit pas céder.

-Allez... C'est bien parce que c'est toi ! En fait, les scientifiques savent depuis plusieurs années que nous faisons parti d'un univers parmi tant d'autres, et au moins l'un d'eux est voisin du notre, à seulement quelques millimètres, dit-il dans un chuchotement. Mais nous sommes incapables de le voir, ni même de le sentir, car il existe un type d'espace diffèrent des quatre dimensions de notre réalité. Pour faire simple, les mondes parallèles ne sembles pas être composés de la même matière que le notre, et c'est certainement pour cette raison que chaque "monde"comporte des différences minimes. De plus, ils ont découverts une force 10 000 fois plus grande que celle de la Voie Lactée : ça serait la preuve évidente qu'un univers parallèle se tient à proximité du notre.

-C'est hallucinant !

-Tout à fait. Les scientifiques ont découverts tout ça à la fin du vingtième siècle. Mais vers l'année 2060, ils ont fait une autre découverte totalement révolutionnaire.

-Laquelle ?

-Ils ont découverts, ou plutôt créés, un peu par hasard, un portail spatio-temporel. Ils n'étaient pas certains que ça en soit un mais ils ont fait des test et certains d'entre eux disent avoir réellement été dans un univers parallèle !

- C'est dingue !

Paola faisait semblant d'être surprise par ce qu'il racontait, mais elle était déjà au courant de toutes ses informations. Elle voulais simplement savoir ce que Fabrizio connaissait sur ce sujet.

-Quand j'ai appris ça, j'y croyais pas. Mais par la suite, les choses ont prit beaucoup l'ampleur. Les gens ont payé pour voyager dans l'univers parallèle. L'information était bel et bien confirmée. Plus tard, les scientifiques ont carrément découvert que ce passage pouvait mener non pas à un, mais à plusieurs univers parallèles ! Avec le temps, il a été remarqué que certains de ces mondes étaient "pacifiques" et d'autres étaient plus maléfiques.Notre président, avec l'accord de la population, a alors eu l'idée de créer une alliance. Cette alliance regroupe plusieurs monde parallèles, ceux qui sont "pacifiques" et qui ne nous veulent pas de mal. Désormais, nous coopérons, nous nous aidons, et nous nous protégeons.

-Donc les univers parallèles existent vraiment !

-Eh oui ! Je suis un des rares privilégiés à le savoir.

Paola était content d'entendre ça. Mais elle voulait en savoir plus, et demanda si n'importe qui pouvait voyager dans les différents univers. Fabrizio avait la réponse.

-Au début, oui, mais il fallait payer une sacrée somme. Il y a eu quelques problèmes, alors ça a été réglementé.Maintenant, tous les passages sont très bien gardés par des scientifiques, des militaires et des hommes politiques. Alors il faut un laisser passer et une bonne raison pour voyager.

-Je vois, je vois. T'es calé sur le sujet dis-moi !

-C'est que... J'adorerais aller dans un univers parallèle... Je sais qu'il y a peu de chances que ça m'arrive mais j'ai beaucoup lu sur le sujet, ça me fait rêver.

-Hum...C'est quand ton anniversaire ?

- Le 29 novembre, pourquoi ?

- Pour rien, pour rien. On y va ?

- Allez.

Paola, accompagnée de Fabrizio, sortirent du restaurant et se dirigèrent vers la voiture. La jeune fille était satisfaite de son petit interrogatoire : elle savait maintenant que Fabrizio était l'un des rares à tout connaître sur les mondes parallèles. Ainsi, il serait peut-être plus facile pour elle de lui dire d'où elle venait vraiment. L'envie la démangeait. Elle se dit qu'il serait compréhensif. Jusqu'à maintenant, elle avait peur de sa réaction, mais dorénavant, elle se sentait plus en confiance. Oserait-elle un jour de dévoiler à son ami qu'elle venait d'un monde parallèle ?

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