En proie aux flammes

Bonjour. J'ai soudainement décidé de corriger ce petit one-shot et je me suis dis que ce serait cool de nous donner un nom plutôt que de nous appeler TP, ce qui pue un peu du slip, on va pas se mentir. xD

Du coup, notre personnage à nous, petits lecteurs candides et délicats, va porter le doux nom de Tys Nate. (Croyez-le ou non, mais j'ai juste tapé des lettres au hasard sur mon clavier et ça a pratiquement donné ça. En l'occurence, c'était "Tys Natk", au début, et j'ai juste changé une lettre du nom de famille. xD)

Bonne lecture. ♥︎


~<(  ♪ )>~


-Caporal-chef ! Caporal-chef !
-Quoi ? Tch.
-On a un problème au réfectoire.
-Et bordel...

Livaï se leva et suivit le soldat qui le mena au réfectoire en question où une baston générale faisait rage. Inspirant profondément, le caporal-chef se redressa de toute sa hauteur et cria :

-WOW, C'EST QUOI CE BORDEL ?

Tous les combattants s'immobilisèrent instantanément. Ils se tournèrent lentement vers le caporal-chef, l'expression de leurs visages illustrant bien la crainte qu'il leur inspirait.

-Vous êtes vraiment intenables, reprit plus calmement Livaï sans paraître moins furieux pour autant. Qui sont les responsables, cette fois, qu'on règle ce problème une bonne fois pour toute, bande de merdeux ?

Tous se ratatinèrent devant le regard furieux de Livaï. Tous... sauf une personne. La fixant en retour, le caporal-chef dit :

-C'est Nate, c'est ça?

Les visages exprimèrent alors la surprise.

-Non, c'est moi, dit finalement Eren.
-Et moi, ajouta Jean en faisant un pas en avant pour rejoindre le garçon au premier rang.

Mais Livaï n'était pas dupe.
Bien sûr, ces deux-là ne devaient pas être étrangers à cette bataille, mais Tys ne l'était pas non plus. Le trio, malgré les apparences, s'entendait très bien, et aucun n'hésitait à couvrir les autres en cas de pépin, mais ce n'était pas bien difficile de lire dans leur jeu.

-Très bien, très bien. Nate, Jäger, Kirstein, dans mon bureau. Tout de suite.

Les trois soldats se mirent en marche, une expression maussade sur le visage, et sortirent du réfectoire.

-Et si je reviens et que c'est pas rangé, vous finissez tous au cachot, ajouta sèchement Livaï aux autres soldats avant de sortir à son tour en claquant la porte.

Une fois dans son bureau, le caporal-chef partit s'assoir sur son fauteuil, croisa les doigts et regarda attentivement les trois soldats au garde-à-vous devant lui, fixant un point derrière lui, un peu au dessus de sa tête.

-Bon.
-Caporal-chef, Tys n'a rien à voir avec ça, commença précipitamment Eren. C'est uniquement Jean et moi qui avons...
-Je m'en fous, Jäger, le coupa Livaï. Et je suis pas con, tu sais. Je sais très bien qu'elle est impliquée dans cette histoire, alors arrête ton baratin. Tch.

Fermant les yeux une fraction de seconde, le caporal-chef lâcha d'un ton sec :

-Kirstein ! Tu me nettoies le hall de fond en comble. S'il ne brille pas ce soir, tu fais trois jours de cachot.

Jean déglutit mais ne dit rien, une sueur froide coulant sur sa tempe.

-Jäger, tu me fais les chiottes du premier. Celles des filles et des garçons. Si elles n'étincellent pas ce soir, tu fais trois jours de cachot aussi.

Eren resta également silencieux, dans le même état que Jean.

-Et Nate, tu me fais le grenier de la tour Est.
-Quoi ?! Mais ça fais au moins dix ans que personne n'y a touché, ça me prendra des années de tout nettoyer !

Livaï fixa la jeune fille avec un regard de tueur.

-Petit rappel: je suis le caporal-chef. Je donne les ordres et tu n'es que ma subordonnée alors tu la fermes et tu obéis. Tu y passeras la nuit, si il le faut, mais tu nettoieras ce grenier et tu n'en sortiras pas tant que tout ne sera pas nickel, compris ?

Le fusillant du regard, Tys souffla et détourna le regard.

-Et maintenant, exécution, trancha froidement Livaï.

Eren et Jean ne se firent pas prier et sortirent précipitamment de la pièce. Tys, elle, fusilla une dernière fois son supérieur du regard alors que lui se contenta de la toiser froidement et sortit également.
Mais alors que la porte venait de se refermer, et Livaï se prit à espérer qu'il allait avoir la paix, celle-ci se rouvrit sur Hanij.

-Bah alors Shorty, tu les as encore puni ?
-Oui, pourquoi ? soupira le caporal-chef en se levant.
-Tys râlait et tempêtait comme quoi tu devais vraiment avoir une dent contre elle pour la punir autant.
-Tch, n'importe quoi. Si elle ne faisait pas autant de bêtises, je n'aurais pas autant à la punir, c'est logique. Je la déteste pas du tout, rien à voir.
-Tu m'étonnes, dit machinalement Hanji.

Il y eut un petit temps de silence et elle repris, surprise :

-Ah oui tiens, tu m'étonnes. Tu la détestes pas?

Constatant son erreur, le caporal-chef répondit néanmoins :

-Non.

Un sourire malicieux étira les lèvres de la scientifique.

-Voilà qui est intéressant. Alors ? Raconte tout à tata Hanji, Shorty. Tu l'aimes comment ? Un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? À la folie ?

-Pas du tout, répliqua Livaï du tac-au-tac. J'ai dis que je la détestais pas, mais c'est tout. Et malgré son caractère de merde, c'est aussi un excellent soldat. Mais c'est juste ma subordonnée, va pas te faire des idées, Shitty Glasses. 

-Menteur. Pourquoi tu as dit que "tu ne la détestais pas du tout, rien à voir", alors qu'elle a un caractère de merde, justement ?
-Parce que c'est ça. Je la déteste pas parce que c'est un bon soldat, optimiste et jovial, mine de rien, mais je l'aime pas non plus parce qu'elle a un caractère au moins aussi teigneux que moi.

Cependant, Livaï savait bien que quoi qu'il dise, Hanji n'en démordrait pas. Celle-ci s'apprêtait à reposer une question mais le caporal-chef la coupa dans son élan.

-Bon, maintenant, évacue le plancher, Shitty Glasses, j'ai du boulot.

Poussant la scientifique qui tenta tout de même de lui soutirer encore des informations vers la sortie, Livaï la largua dans le couloir et referma la porte derrière elle, lui souhaitant encore "une belle journée à casser les couilles de quelqu'un d'autre". Puis, soufflant, il retourna s'assoir à son bureau et commença à traiter sa paperasse.


Non-loin de là, une jeune femme attrapa rageusement un balai et dit :

-Non mais sérieusement, c'est quoi son problème, au caporal-chef ?! Il veut ma mort ou quoi ?!

Attrapant un sceau et un torchon, elle renchérit :

-Il pourrait se défouler sur quelqu'un d'autre que moi, des fois, non ?!

Ne sachant pas trop quoi dire, Eren et Jean firent le choix de rester silencieux.

-Putain de caporal-nain de mon cul ! ragea Tys en prenant le restant du matériel dont elle avait besoin avant de partir vers la tour Est.

Traînant avec elle de quoi garder une maison de vingt pièces propre pendant un an, la jeune femme ouvrit rageusement une lourde porte de bois avant de monter les escaliers qui menaient au chemin de ronde du château qui servait de QG au bataillon d'exploration, seul accès à la tour Est avec une autre porte condamnée donnant sur l'extérieur. Mais au lieu de traverser la tour et de continuer sur le chemin de pierre, elle poussa une énorme porte de bois et monta plus haut, vers le sommet de la tour de pierre, seulement éclairée par des torches fixées au murs.

-Bordel... marmonna Tys entre ses dents en arrivant aux sommet des escaliers de pierres.

Le grenier, malgré les idées qu'on pouvait se faire d'un grenier, était immense. Les murs étaient faits de grosses pierres grises, le sol était en bois et le plafond s'élevait à trois mètres du sol, en bois aussi, séparant ce grenier, dont personne n'avait jamais compris l'utilité, du toit. La salle était pleine de poussière. En revanche, et c'était un bien maigre réconfort, aucune moisissure ne parvenait à s'installer, l'endroit étant trop sec, asséché par le vent qui soufflait sans cesse sur la tour. Les insectes n'étaient pas non-plus venus posséder les lieux, ceux-ci sans doute trop loin au dessus du sol et trop loin d'une quelconque nourriture autre que la poussière pour eux, mais les coins étaient tout de même pleins de toiles d'araignées.
Grommelant un dernier compliment très recherché contre son supérieur, Tys se mit au travaille, redescendant jusqu'à la halte du chemin de ronde dans la tour pour remplir son sceau d'eau. Puis, elle remonta et posa le sceau pour redescendre chercher une échelle pour remonter encore pour enfin commencer à dépoussiérer le plafond à grand coups de plumeau rageurs.

-Putain de nain, marmonna-t-elle. M'en vais t'en faire bouffer, du nettoyage, moi.

Quelques étages au dessous, à cent pas vers la droite, Livaï éternua brusquement.

-Tu as attrapé froid ? s'étonna le major Erwin en levant les yeux vers lui.
-Non, répondit le caporal-chef. Pas que je sache, en tout cas.
-Ah bon. Enfin bref, je disais que du coup, on ne va pas faire d'expédition extra-muros avant un moment. Eren doit apprendre à mieux contrôler son pouvoir avant.

Livaï acquiesça.

-Il faut aussi qu'on teste les nouvelles lames d'Hanji et les lances-foudroyantes. Mais c'est secondaire. Tu peux disposer.

Livaï fit le salut et sortit. Fermant la porte derrière lui, le caporal-chef descendit au réfectoire et laissa ses pensées vagabonder.

Pas d'expéditions, hein ? pensa-t-il. Tant pis, il faut de toute façon que je règle toute ma paperasse. Je vais aussi pouvoir entraîner un peu mon escouade, ça ne leur fera pas de mal.

Se préparant un thé, il s'assit à une table vide et en bu une gorgée.

Tiens, d'ailleurs, je me demande comment s'en sort Tys avec son grenier, pensa-t-il. Je devrais peut-être aller la surveiller... Non, c'est bon, elle va faire son boulot. Les deux autres merdeux, par contre, il va falloir que je vois si ils font bien leur travail.

Buvant la dernière gorgée, Livaï se leva, posa sa tasse à côté de la vaisselle sale et sortit du réfectoire, prenant le chemin du hall d'entrée où Jean trimait dur.

-Atchi !

Tys se moucha et jeta le mouchoir dans le sac poubelle déjà plein de poussière avant de continuer son travail. Elle avait déjà dépoussiéré le plafond, les murs, enlevé les toiles d'araignées et balayé le gros de la poussière du sol. Malheureusement, comme elle n'avait pas mit de foulard sur son nez, elle avait inspiré beaucoup de poussière, ce qui la faisait beaucoup éternuer.

-Bordel de merde, grommela-t-elle en prenant une serpillère qu'elle trempa dans l'eau. Je vais finir par chopper une allergie, moi.

Elle renifla dédaigneusement.

Ça sent le brûlé, pensa soudain Tys en relevant la tête. Les nouveaux ont encore fait cramer un truc ?

Soupirant, elle commença à laver le mur. (NDA : Oui, elle lave les murs à la serpillère, Tys. Et alors ?) Mais alors qu'elle avait lavé un bon quart des murs, la jeune fille se mit à tousser.

-Putain, mais ils ont fait cramer quoi, ces cons ? s'exclama-t-elle rageusement.

Mais alors qu'elle allait retourner humidifier sa serpillère, tout le pan du plancher qui permettait d'accéder à l'escalier pour redescendre ainsi qu'au matériel de ménage que Tys avait amené s'effondra, laissant apparaître un immense feu ardent dévorant les charpentes en bois de la tour et léchant avidement les murs de pierre qu'il ne pouvait brûler.

-Quoi...? murmura Tys d'une voix blanche.

Suite à un quelconque miracle, le feu n'atteignait pas encore les fondations de la petite plateforme sur laquelle se tenait la jeune fille. Reculant jusqu'à être dos au mur de pierre, elle se mit à tousser à cause de la fumée et entreprit de se faire un masque avec son col.

Putain, pensa-t-elle alors que sa quinte de toux se calmait. J'ai plus aucun moyen de sortir d'ici. Et j'ai même pas mon équipement tridimensionnel.

Quelques minutes plus tôt, un soldat entra en trombe dans le bureau de Livaï.

-CAPORAL-CHEF, UN FEU S'EST DÉCLARÉ DANS LE SECTEUR EST DU QG, VERS LES DORTOIRS DES SOLDATS !

Se levant d'un bond, Livaï laissa le soldat essoufflé en plan et courut de toutes ses forces jusqu'aux lieux du crime en criant à tous ceux qu'il croisait :

-AU FEU DANS LE SECTEUR EST ! ÉVACUEZ IMMÉDIATEMENT ! QUE QUELQU'UN AILLE CHERCHER ERWIN ! RASSEMBLEMENT SUR LE TERRAIN D'ENTRAÎNEMENT ! APPELEZ LES POMPIERS ET L'AMBULANCE ! DÉPÊCHEZ-VOUS, PUTAIN !

Une fois arrivé sur les lieux, il trouva Mike qui faisait partir des soldats portants un blessé.

-Alors ?
-Il n'y a que les dortoirs et la tour qui soient touchés. On a déjà pu évacuer tout le monde, pas de morts, quatre blessés, aucun grave. Le feu viendrait du local sous la tour Est. Des soldats sont entrés juste à temps pour voir une torche tomber de son socle dans une botte de paille.
-La paille pour les chevaux ?
-Oui.

Livaï soupira d'exaspération. Soudain, une poutre rongée par le feu se cassa et laissa une partie du plafond s'effondrer dans le couloir à côté.

-Il faut qu'on sorte d'ici, dit Mike.

Courant vers la sortie la plus proche, les deux chefs d'escouade sautèrent par la fenêtre et allèrent jusqu'au camp d'entraînement grâce à leurs équipements tridimensionnels. Une fois sur place, Livaï agressa immédiatement Erwin à propos de l'incendie.

-Tout va bien, tout le monde est là ?!
-Je crois, répondit le major en relevant la tête d'une liste de noms. Et l'incendie, il devrait se limiter au secteur Est. Le vent a tourné et souffle en direction de la tour, ce qui empêche le feu de gagner encore plus de terrain.

-Ouf, souffla Livaï en se passant une main dans les cheveux.

Pourtant, il gardait dans son coeur l'étouffante impression d'avoir oublié quelque chose.

-Caporal-chef !

Relevant la tête, il vit son escouade se ruer vers lui.

-Caporal-chef, vous allez bien ? s'exclama Erd en se plantant devant lui, essoufflé. On vous a cherché partout et on commençait à s'inquiéter.

Livaï acquiesça. Soudain, il vit Petra se ruer vers lui et lui sauter au cou.

-Dieu merci vous allez bien, murmura-t-elle à son oreille. J'étais tellement inquiète qu'il vous arrive quelque chose...

-Lâche-moi. Tout de suite !

Livaï venait de comprendre son mal-être. Écartant brusquement la rousse, il partit en courant vers le QG alors qu'un fracas de fin du monde et un hurlement de terreur accompagnaient l'effondrement d'une partie du plafond dans la tour Est.

-Tys !

Dans la tour, la jeune fille toussait plus que jamais, cramponnée au mur de pierre.

Je n'aurais pas dû gaspiller mon souffle à hurler comme ça, pensa-t-elle.

Mais ce qui était fait, était fait.

Il ne lui restait qu'un petit mètre carré de bois sur lequel se tenir, le reste s'étant effondré. Une partie du plafond s'était également effondré peu avant, emportant un bout du plancher dans sa chute, raison pour laquelle Tys avait hurlé de terreur. Ses poumons, en feu, réclamaient vainement de l'oxygène qu'elle n'arrivait plus à leur fournir, étouffant dans la fumée grise dégagée par l'incendie. Ses yeux brûlaient sous ses paupières à demi-closes alors que la chaleur du feu lui donnait l'impression d'être dans un four, ce qui n'était, au final, pas si éloigné de la réalité.

Soudain, ses jambes flanchèrent et Tys tomba à genoux. Ce fut cet instant que la plateforme choisit pour tomber dans le vide et précipiter la jeune fille dans les flammes ardentes. Celle-ci se serait attendu à hurler de terreur, mais étrangement, elle resta calme face à sa chute vers les flammes.

Alors c'est comme ça que je vais mourir ? pensa-t-elle amèrement.

C'est marrant, tient. En entrant dans le bataillon d'exploration, elle se serait attendue à finir bouffée par un titan après un combat héroïque où elle aurait fini par être débordée par le nombre, ou alors après s'être sacrifiée pour quelqu'un, ou même s'être fait prendre par surprise par un déviant, mais jamais elle n'aurait cru mourir dans un simple incendie.

Tys esquissa un sourire. Ses pensées devinrent plus amères encore.

Au final, pensa-t-elle, ma mort aura été à l'image de ma vie : complètement pathétique. Pardon maman, je n'aurai jamais rien fait de bien. Je n'aurai jamais accompli quelque chose qui me permette d'être avec toi une fois dans l'au-delà. Je ne serai jamais ce que tu voulais que je sois...

Les larmes inondèrent les yeux de la jeune fille.

Je ne serai jamais une héroïne légendaire.

-Tys !

Soudain, quelque chose apparut parmi les flammes et attrapa la jeune fille avant de remonter vers le sommet de la tour, la portant comme on porte une mariée, un bras dans son dos, l'autre dans le creux de ses genoux.

-Tys, ça va ?!

La jeune fille identifia alors qui était son sauveur.

-Ca... po... ral... chef...?

Quelques secondes plus tôt, Livaï était arrivé au pied de la tour et avait voulu entrer par la porte. Grosse erreur : à l'instant où il toucha la poignée, la porte entière s'effondra, dévorée par le feu. Utilisant son équipement tridimensionnel, le caporal-chef fit alors tout le tour de la tour, espérant trouver une meilleure entrée, mais dû finalement se résoudre à entrer par la porte à présent inexistante. Revenant devant celle-ci, il jeta un coup d'œil à l'intérieur: un feu ardent dévorait tout sur son passage, mis-à-part la pierre. Il avait prit sa source dans le foin contenu là, puis avait progressé en dévorant la charpente en bois jusqu'à devenir ce qu'il était : énorme. Livaï déglutit, inspira le plus d'air possible et entra dans la tour, se jetant dans le feu. Dès qu'il y fut, le caporal-chef s'envola et sortit du feu pour atteindre le sommet de la tour, le plus loin possible des flammes, ignorant la douleur due aux brûlures causées par la chaleur. Un corps chutant dans le vide, droit dans le feu, l'interrompit dans son élan.

-Tys !

Attrapant le jeune fille au passage, Livaï remonta et s'accrocha avec ses grappins le plus haut possible dans la tour.

-Tys, ça va?!

Entre-ouvrant les yeux, la jeune fille lui jeta un regard embué par des larmes.

-Ca... po... ral... chef...?

Plaquant immédiatement un doigt sur ses lèvres, Livaï dit :

-Arrête de parler, tu dois économiser ton souffle le temps que je te fasse sortir d'ici.

Tys acquiesça mais se remit à tousser fortement, portant une main à sa poitrine.

-Ça fait mal... gémit-elle doucement.

Livaï hésita une fraction de secondes, puis entoura le visage de la jeune fille de ses mains.

-Bouge pas.

Inspirant profondément, il se pencha vers sa subordonnée et scella leurs lèvres, lui donnant toute l'air dont il était capable. Se redressant, il vit Tys s'empourprer quelques peu mais sourire et murmurer un "merci" muet. Inspirant à nouveau le plus profondément possible, il répéta l'opération, vidant dans les poumons de la jeune fille tout le contenu de sa cage thoracique.

-Tu crois que tu vas réussir à tenir jusqu'à ce qu'on s'en sorte ? demanda Livaï en la fixant dans les yeux.

Tys acquiesça doucement.

-Merci.

Serrant fort la jeune fille contre lui, le caporal-chef se mit à examiner chaque détail de la tour dans l'espoir de trouver une sortie autre que la porte. Malheureusement, la tour n'avait ni fenêtre, ni autre porte que celle qui se noyait dans le feu. Enfin si, il y avait une autre porte : celle que Tys avait emprunté pour entrer. Mais la charpente en avait interdit le passage en s'effondrant.

Il n'y avait pas d'autre initiative : Livaï allait devoir ressortir par là où il était entré.

-Bon. Je vais devoir traverser le feu pour sortir. Tu es prête? demanda-t-il à Tys.

Celle-ci acquiesça à nouveau et le caporal-chef voulu s'élancer vers la sortie, mais un bout du plafond s'effondra pile devant, alimentant encore un peu le feu, coupant le passage. Livaï vit tout cela se dérouler d'un regard vide.

-Qu'est-ce... qu'il y a...? murmura Tys.

-La sortie est bloquée, dit son supérieur d'une voix blanche. On ne peut plus sortir.

Le feu ardent léchait la pierre noire de suie, emplissant la tour d'une fumée sombre.

-Caporal... chef...

Livaï reporta son regard sur Tys.

-Oui ?

-Laissez-moi... là...

Elle toussa.

-Laissez-moi là... et sortez... par... le toit...

Elle toussa encore.

-Je ne suis... qu'un... poids mort...

Livaï fronça les sourcils.

-Il n'en est pas question, dit-il. Tu es un de mes meilleurs soldats et je déteste les morts inutiles.

-Mais... vous êtes... le... meilleur soldat... objecta Tys. Il... ne faut pas... que vous vous... sacrifiiez... pour... un... sous-fifre... comme... moi.

Fronçant encore les sourcils, le caporal-chef lâcha :

-Arrête ça.
-Votre force... ne doit... pas... être gâchée pour... sauver... une faible... comme moi.
-Arrête.
-Partez... et sauvez... votre vie...

-ARRÊTE ÇA !

Tys regarda Livaï, surprise. Celui-ci ne comprenait pas non-plus sa réaction, mais il avait d'autres chats à fouetter à cet instant.

-Je veux pas te laisser mourir. Je l'ai déjà dis à Hanji, et elle risque de bien me faire chier avec ça, mais je te déteste pas, loin de là.

Ses cheveux agités par la chaleur du feu cachaient ses yeux.

-En fait... Je ne sais pas... Je ne veux pas que tu meurs. Tout sauf ça. Je veux que tu restes vivante... avec moi, si possible.

Tys le regarda un instant, son visage affichant l'étonnement, puis sourit et dit :

-Si... j'étais... Hanji,... je dirais...: « Tata Hanji sait... ce que tu as... Shorty... Tu es amoureux. »

Redressant alors la tête, Livaï la fixa un instant et répondit :

-Peut-être. Mais pour le moment, on s'en fout. Il faut qu'on sorte d'ici.

Levant la tête vers le plafond à moitié effondré, il dit :

-On va peut-être effectivement pouvoir sortir par le toit. Cramponne-toi !

Décrochant ses grappins, le caporal-chef les planta plus haut, se propulsant vers le toit. Puis, il en ausculta la construction et dit :

-J'ai trouvé une sortie. Par contre, on va passer à travers le toit, donc ça va peut-être faire un peu mal. Tu es prête ?

Baissant les yeux vers Tys, Livaï vit que celle-ci l'observait.

-Tu as peur...? murmura-t-elle.

Silence.

Pendant un instant, on entendit uniquement le crépitement du feu.

-... Ouais.

Le caporal-chef esquissa un sourire.

-Peut-être bien, ouais.

Souriant à son tour, Tys se redressa légèrement dans les bras de son supérieur et effleura ses lèvres des siennes.

-Pour... te porter... chance...

Livaï la regarda un instant surprit puis sourit et embrassa furtivement son front.

-On y va.

Serrant fort Tys contre lui, le caporal-chef se laissa tomber vers les flammes puis planta ses grappins dans le toit et remonta à toute vitesse vers celui-ci dans le but de le traverser sous le choc. En y allant de face comme il le faisait, Tys allait se prendre tout le choc en pleine face, mais Livaï anticipa cela : se tournant à la dernière seconde pour être dos au toit, il s'écrasa contre le bois et le fit voler en éclat sous le choc, protégeant comme il pouvait sa subordonnée des débris de bois. Atterrissant lourdement sur ce qu'il restait de toit, il se releva cependant précipitamment et sauta dans le vide, volant jusqu'au sol grâce à son équipement tridimensionnel. Puis, une fois sur le plancher des vaches, il courut de toute ses forces vers les chariots ambulanciers qui était, entre temps, arrivés et cria :

-Elle est restée coincée dans la tour ! Pendant... Je sais pas, mais sauvez-la !

Un jeune ambulancier arriva en courant avec une trousse de secours et une bonbonne d'air, suivi de près par deux brancardiers. (NDA : Je pars du principe que s'ils arrivent à condenser de l'air dans des bonbonnes pour leurs équipements tridimensionnels, il peuvent le faire pour de la médecine.)

-Posez-la là ! cria l'ambulancier à Livaï en montrant le brancard. Pas d'inquiétudes, on va pouvoir la réanimer. Et vous, vous allez bien ?!

-MAIS ON S'EN FOUT, BORDEL ! hurla le caporal-chef en attrapant le jeune homme par le col et en le secouant comme un figuier. ON S'EN CONTRE FOUT DE MOI ! SOIGNEZ-LA ELLE, ELLE VA PEUT-ÊTRE MOURIR PARCE QUE JE L'AI ENVOYÉ FAIRE LE MÉNAGE DANS CE PUTAIN DE GRENIER À LA CON ! C'EST DE MA FAUTE SI ELLE EN EST LÀ ! ALORS LAISSEZ-MOI CREVER ET SOIGNEZ-LA, BORDEL !

Arrêtant de secouer l'ambulancier, il le fixa dans les yeux et ajouta d'une voix tremblante :

-Je vous en supplie...

Se redressant, le pas un peu incertain, le jeune ambulancier sourit et dit :

-Ne vous inquiétez pas, elle est entre de bonnes mains.

Esquissant un sourire soulagé, Livaï murmura :

-Merci...

Et il perdit connaissance.


Lorsque Tys ouvrit les yeux, elle était dans une pièce totalement étrangère. Le plafond était en bois, les murs étaient blanc, le lit était blanc, les draps étaient blancs, tout était blanc sauf le plafond, finalement. La pièce avait été séparée en deux par un rideau, blanc lui aussi.

Se redressant, elle se mit en position assise et enleva le masque qui lui donnait de l'oxygène. Une infirmière entra à cet instant.

-Ah, mademoiselle Nate, vous êtes réveillé.
-Où suis-je...? demanda timidement la jeune femme.

-À l'hôpital. Comment vous sentez-vous ? Vous vous souvenez de tout ?

Tys porta une main à sa tempe.

-Je vais bien et je me souviens de tout... Je crois.

Se redressant précipitamment, elle s'exclama :

-Et le caporal-chef Livaï ? Comment va-t-il ?

Souriant, l'infirmière écarta le rideau, offrant à la vue de la jeune fille son supérieur dormant profondément.

-Il s'est réveillé il y a trois heures, mais on a dû le rendormir avec des somnifères tellement il s'agitait. Il voulait à tout prix être à votre chevet malgré son état. Il a faillit se déplacer une vertèbre, répondit l'infirmière au regard interrogateur de Tys. Mais ce n'est rien de grave, ne vous inquiétez pas ! Il sera sur pieds dans trois jours, s'il ne bouge pas, bien sûr.

Tys soupira de soulagement.

-Par contre...

Découvrant un peu l'épaule de Livaï, l'infirmière montra le bout d'une brûlure rouge qui recouvrait sa peau.

-Ça partira, mais jamais entièrement. Il restera toujours une marque de cette brûlure, aussi petite soit-elle.

Tys perdit son sourire.

-Il a également beaucoup d'hématomes dans le dos et plusieurs brûlures bénignes un peu partout, notamment sur les mains et les avant-bras.

Se levant malgré son état de faiblesse, Tys prit un siège à côté du lit de Livaï et s'y assis, s'appuyant sur le matelas pour caresser les cheveux corbeau de son supérieur.

-Je suis désolé, caporal-chef, murmura-t-elle. Tout est de ma faute.

Se levant un peu, elle embrassa son front.

-Réveillez-vous vite.

L'infirmière sourit.

-Je comprend pourquoi l'ambulancier qui vous a amené à autant insisté pour que vous soyez dans la même chambre.

Et elle sortit.


Lorsque Livaï se réveilla, il était dans une pièce presque entièrement blanche. Le plafond était en bois mais pour le reste, les murs étaient blancs, le lit était blanc, les draps étaient blancs, tout était blanc, éclairé par une faible lumière venant de la droite. Tournant la tête vers ladite droite, il vit une fenêtre dont les rideaux, blancs, tirés, découvraient un ciel nocturne où la lune scintillait et illuminait l'intérieur de la chambre. Tournant ensuite la tête vers la gauche, il vit le visage aux yeux clos de Tys. Celle-ci dormait paisiblement, appuyé sur le matelas, une main juste à côté du visage de Livaï.

Cette vision arracha un sourire au caporal-chef qui sortit une main de sous la couverture pour doucement caresser les cheveux de sa subordonnée. Celle-ci se réveilla en sursaut et scruta un instant le visage de son supérieur pour ensuite voir qu'il était réveillé. Elle se mit alors à sourire, ses yeux brillant dans la pénombre, et murmura :

-Vous êtes réveillé...?

Livaï acquiesça.

-Enfin...!

Se levant, Tys glissa ses bras autour de la nuque du caporal-chef et le serra fort contre elle, enfouissant son visage dans les cheveux de son supérieur. Celui-ci resta muet de stupéfaction, et le resta d'autant plus quand la jeune fille murmura à son oreille :

-Je suis désolée. Je suis vraiment désolée, tout est de ma faute. Vous avez faillit mourir à cause de moi...! En plus, vous m'avez sauvé la vie et je ne pourrai jamais vous en remercier. Je ferais n'importe quoi pour vous prouver ma reconnaissance.

Tys se redressa et Livaï vit qu'elle pleurait.

-Merci, sourit-elle en un murmure. Merci pour tout.
-Pour tout...? demanda finalement le caporal-chef en la fixant, surprit.

-Pour être venu me chercher dans la tour en feu... et pour ce que vous m'y avez dit.

Se souvenant de ses dires, Livaï sentit le chaud lui monter aux joues. Détournant un instant le regard, il regarda par la fenêtre avant qu'un murmure ne le fasse rougir d'avantage encore.

-Vous pouvez me le redire s'il vous plaît...?

-Je... Je me souviens pas exactement de ce que j'ai dis, mais je peux faire un abrégé...

Il tourna la tête et vit Tys le fixer, un petit sourire aux lèvres, les yeux brillants de larmes.

-S'il vous plaît...

Embarrassé, le caporal-chef marmonna :

-Tu peux me tutoyer, alors?

Son sourire s'élargissant, Tys murmura :

-S'il te plaît...

Inspirant profondément pour se donner du courage, Livaï chercha un instant ses mots et ouvrit la bouche pour parler. Mais le seul résultat de tout ça fut qu'il la referma bien vite sans avoir prononcé un mot. Il retenta l'expérience, mais sans plus de résultat. À la troisième fois, il entendit sa subordonnée murmurer :

-Tu ne le pensais pas, c'est ça...?

Les mots sortirent alors tout seul.

-Noncestpasçarienàvoirjetaime !

Tys le fixa un instant, interloquée, et éclata de rire. Se reprenant, les joues rouges de gêne, le caporal-chef articula :

-Je t'aime. Voilà. Tu peux arrêter de rire, maintenant ?

Livaï voulu alors détourner le regard, mais Tys brisa l'espace qui séparait leurs lèvres avant de les sceller en un baiser aussi tendre que passionné, transmettant à travers toute la peur qu'elle avait éprouvé à l'idée de le perdre, exprimant tout son amour pour cet homme exceptionnel, avec la lune qui se fit toute ronde pour mieux les éclairer, dansant dans le ciel avec les étoiles scintillantes, pour seul témoin. Quoique non : une certaine scientifique à lunette les observait également, tapie dans l'ombre du rideau qui avait, peu avant, séparé la pièce en deux, un sourire serein aux lèvres.

C'est pas trop tôt, pensa-t-elle.

Et elle tourna les talons avant de sortir dans la plus grande des discrétions

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