Huitième

POV : Claire :

Cela fait maintenant une semaine que je n'ai pas eu de réponses de Matthew. De toute façon, fallait s'y attendre. Il m'a envoyé ces messages seulement pour soulager sa conscience à propos de moi.

Et aujourd'hui, quelque chose ne va pas, je le vois bien. Les gens me regardent en ricanant mais aucun ne m'a encore frappé ou insulté. Et dans ces conditions, quelque chose de bien pire se prépare pour moi. Je le sais, je l'ai déjà vécu.

Je reste sur mes gardes, tenant mes livres fermement contre moi et avance dans l'immense couloir. Les chuchotements et les rires m'entourent mais je garde mes yeux sur le sol et avance à pas pressés.

-Moi je dis, on devrait m'applaudir pour mon chef-d'oeuvre ! Pas vrai ? Claire. Dit quelqu'un à voix haute avant de cracher mon prénom comme si c'était un virus.

Je relève ma tête et remarque cette immense affiche collé au mur, pile au bout du couloir. J'écarquille mes yeux lorsque je vois une photo de moi Photoshoper. Ma tête est découpée et collée sur un corps d'une femme aux formes vulgaires portant un minuscule maillot de bain rouge qui ne recouvre que le stricte nécessaire.

Je tourne mes yeux vers Tristan, celui qui venait de dire la phrase, avouant que c'était son propre travail. Tout le monde se met à rire en me pointant du doigt, je regarde autour de moi et j'ai l'impression que tout se met à tourner, que je ne suis même plus stable sur mes propres pieds.

Je réprime mon envie de pleurer, laissant mes yeux me picoter à leurs guises et fait demi-tour avant de partir en courant. Je sors le plus vite possible de ce maudit lycée et me rends à mon arrêt de bus. Lorsqu'il arrive, je monte à l'intérieur et vais directement sur un siège. Je pose ma tête contre la vitre et laisse mes larmes couler sur mes joues pendant que mes yeux bougent dans tous les sens au rythme du paysage qui défile devant ceux ci.

Plusieurs fois, j'avais pensé à me venger. J'ai déjà imaginé des tas de façon de le faire mais je n'ai jamais eu le courage de le faire bien que là maintenant, à ce moment précis, dans ce bus; l'envie me démange de plus en plus.

Je veux me venger de tout ce qu'ils m'ont fait, je veux qu'ils me supplient de les laisser tranquille parce que j'aurais fait de leurs vies un enfer. Je veux qu'ils se rendent compte que je ne suis pas loin derrière le diable et que je peux faire bien pire que lui. Je veux qu'ils comprennent la douleur et la tristesse qu'ils m'ont imposé durant toutes mes années au lycée.

"Of all the sinners
You're first in line
So go to hell and tell the devil
I'm not that far behind"


Mais je ne peux rien faire, tout simplement parce que j'en suis incapable.

Je descends du bus et cours jusqu'à ma maison qui n'est pas si loin, une fois à l'intérieur, je balance mes chaussures et pique un sprint jusqu'à ma chambre. Cette fois ci, je claque la porte.

Je réveille mes démons ? Tans pis. Qu'ils viennent et abrège cette douleur que je ressens et qui semble m'éteindre jours après jours à petit feu...

J'ai toujours cru en cette phrase que Kurt Cobain, chanteur du groupe Nirvana, avait dite "Mieux vaut brûler franchement que s'éteindre à petit feu." Et c'est d'ailleurs cette phrase qui m'avait poussé à sortir ces boîtes de médicaments il y a un an de cela.

Je vais dans ma salle de bain juxtaposée à la mienne et retire mes vêtements d'un geste expert et emplis de rage. Je me plonge dans ma douche et laisse l'eau chaude couler sur mon corps et se confondre avec mes larmes. Au bout d'un moment, je m'assois au sol et colle mon dos à la paroi froide. Je rapporte mes genoux à mon menton et continue de pleurer.

Je suis tellement pathétique.

Je sors un bras de la douche et ouvre le placard dans lequel je cache ma lame de rasoir pour pas que ma mère tombe dessus. Je l'attrape entre mes doigts et me rassois correctement. Je joue un peu avec elle du bout des doigts en m'entaillant légèrement.

Je l'apporte ensuite à mon bras, qui est déjà bien déformé par les cicatrices, et fait danser la lame dessus. Le sang coule de mon bras, tombe dans l'eau en de fines gouttelettes d'eau et disparaît dans le siphon de la douche.

Comme je le disais, je ne peux jamais tenir mes promesses. Même si celles ci sont faites à celui qui m'avait sauvé lors de ma tentative de suicide. 

Et maintenant, je me dis que peut être, ce jour là, je n'aurais pas du regarder mon téléphone et continuer ce que j'avais commencé. 

Mylène, Kiss xx.

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