Partie 1 : The Last Moment [Sasori x Deidara]
[Illustration par Maimai Yuki]
J'avais finalement dû fuir. Cela me semblait si lâche mais suite à la perte de mes deux bras, c'était la seule option s'offrant à moi. Ce Jinchuuriki était bien trop enragé et ne me laissait aucune échappatoire alors en attendant que tout se calme, je devais rester tapis dans l'ombre et scruter le moindre mouvement. Avec un peu de chance, je finirais par retrouver mes deux bras et naturellement, Kakuzu saurait me venir en aide. Du moins, je l'espérais.
J'avais été bien trop avide à vouloir me lancer seul à la poursuite de ce gamin, il fallait bien le reconnaître. Celui de Suna m'avait donné moins de fil à retordre et surtout, celui-ci était accompagné par ce fichu ninja au sharingan, Hatake Kakashi. Sans lui, cette affaire aurait été rapidement résolue au vue de sa rage incontrôlable qui lui faisait perdre la raison. Finalement, j'aurais peut-être dû rester auprès de Sasori no danna...
J'espérai alors que tout se passait mieux pour lui que pour moi. En attendant, je devais trouver un moyen de le rejoindre et peut-être lui prêter main forte en cas de besoin mais honnêtement, il n'allait tout de même pas se faire battre par cette gamine et cette grand-mère, non ?
Non, je savais qu'il était bien plus fort que cela bien que nous n'ayons pas la même conception de l'art. Je l'avais toujours admiré et respecté bien malgré moi mais je me gardais bien de lui montrer. Peut-être aurais-je dû parfois ? Non ?
J'entendis des pas indiquant que de nouveaux arrivants avaient fait irruption dans cette scène de désolation et de carnage provoqué par l'hôte de Kyubi. Rien à voir avec mes sublimes explosions, cela dit... Mon Art était bien plus raffiné que cela !
Non ? Impossible !
C'était... Cette gamine avec la vieille harpie ?
Mais alors... Qu'en était-il de Sasori no Danna ?
Je sentis alors ma respiration s'accélérer en écoutant leur conversation tandis que mon cœur se mit à tambouriner fortement au creux de ma poitrine. Je ressentais un vif émoi incontrôlable et une crainte immense d'entendre ce qu'elles avaient à dire...
« Sakura-chan, Chiyo-baasama, vous avez réussi ?
– Oui. » répondirent-elles simplement dans un hochement de tête approbatif.
Puis mon cœur manqua un battement.
Comment ça, elles avaient réussi ?
Qu'en était-il de mon coéquipier ?
Pourquoi elles ne disaient plus rien ?
Cette attente me rendait fou. Non, non, je ne pouvais pas croire que ces deux-là avaient vaincu un tel génie que lui. Non, vraiment, non. Il était invincible et l'avait prouvé des milliers de fois. Je l'avais vu combattre dans un style proche de la perfection, repoussant les limites de l'impossible à chaque instant. Alors non, je ne voulais pas y croire.
« C'est insensé, songeais-je à mi-chemin entre la colère et un autre sentiment étrange m'envahissant. Sasori s'est fait battre par une fillette et une vieillarde ! Ce présomptueux prétendait que la beauté résidait dans l'éternité ! Et voilà qu'il est mort ! Il était tellement sûr de lui qu'il se permettait d'exposer son point faible ! Mais je suis convaincu qu'il a su mourir en véritable artiste... »
Puis je me dégageai du buisson dans lequel je m'étais réfugié. Il fallait que je m'assure que tout ceci était bel et bien vrai. Peut-être avaient-elles senti ma présence dans les environs et avaient raconté tout ceci pour me faire sortir de ma cachette ? Non. Sasori ne les aurait jamais laissées repartir en vie. Mais j'avais besoin d'en avoir le cœur net. Tout d'abord, récupérer mes bras et ensuite retourner au repère pour vérifier cette information.
Je devais garder la tête froide et ne faire aucune supposition. Cependant, je fus arrêté dans mon élan par... Une autre équipe de Konoha. Hn. Je les avais oubliés ceux-là...
« Bien joué, Neji ! Lança leur sensei vêtu de cette affreuse combinaison verte.
– Le plaisir était pour moi, répondit le prénommé Neji.
– Je comprends mieux, soufflai-je en reconnaissant le Byakugan. Voilà donc le fameux Byakugan de Konoha. Il paraît qu'il équivaut au Sharingan. Il t'a permis de m'approcher sans que je m'en rende compte... C'est la première fois que je vois cette pupille! Ce serait l'occasion de voir en quoi elle diffère du Sharingan... Malheureusement, je vais devoir vous fausser compagnie.
– Avoue plutôt que tu es mort de peur à l'idée de te mesurer à l'unité Gaï, lâcha la sauterelle aux gros sourcils. Tu as devant toi l'élite de Konoha ! »
Cette fois, j'avais vraiment des ennuis et surtout, je n'étais pas franchement en état de combattre. Je tentai alors de prendre la fuite mais rien à y faire, ils ne me lâchaient pas d'une semelle ! En plus de l'utilisateur du Byakugan, la sauterelle et son sosie en plus jeune semblaient maîtriser le taijutsu. Restait une gamine envoyant une multitude d'armes diverses sans relâche.
Ils n'étaient pas mauvais et suffisamment forts pour me faire comprendre qu'ils ne me laisseraient pas partir tranquillement comme je l'aurais souhaité. Il me fallait une solution et vite. Mais je n'en voyais qu'une seule : retrouver les restes de mon oiseau et provoquer une explosion en avalant ma propre argile, simulant ma propre mort alors que seul l'un de mes clones exploserait...
Rapidement, je rejoignis la position à laquelle je m'étais écrasé au préalable puis mordit dans l'argile, la mastiquai puis l'avalai tout rond. Je pus voir alors mon clone enfler, gonfler et se transformer en une sublime explosion...
« Vous allez pouvoir admirer mon chef-d'œuvre le plus abouti. L'Art n'est qu'une explosion ! » s'égosilla mon clone.
Grâce à ce subterfuge, je pus m'éloigner de tout cela et reprendre le chemin me menant vers Sasori no Danna. Il fallait d'abord que je retrouve mes bras, ce fut le cas assez rapidement en reprenant le chemin inverse que j'avais emprunté en tentant de capturer le Jinchuuriki.
Sur mon chemin, je croisai Zetsu accompagné de notre nouvelle recrue répondant au nom de Tobi, un simple écervelé qui avait déjà le don de me faire sortir de mes gonds et qui était du coup potentiellement amené à devenir mon binôme.
Remplacer Sasori no Danna ? Vraiment ?
Je n'avais jamais été enclin à rejoindre Akatsuki, j'y avais été contraint suite à un combat perdu contre Uchiha Itachi. Depuis ce jour, je lui vouais une haine sans limites. La seule personne m'ayant donné un quelconque sentiment d'appartenance à cette organisation était Sasori no Danna.
On avait beau avoir une conception différente de l'art, je ne le respectais pas moins. Il était une source d'inspiration pour moi. Non, il était bien plus que cela.
« On devrait y aller, suggéra Zetsu. Nous avons récupéré l'anneau de Sasori, nous n'avons donc plus rien à faire ici. Que vas-tu faire, Deidara ?
– J'ai encore quelque chose à faire avant de repartir...
– Tobi veut accompagner Deidara-senpai ! S'exclama joyeusement l'idiot l'accompagnant.
– Non, toi, tu rentres avec Zetsu, sinon, je t'étrangle pour de bon ! Bougonnai-je furieux.
– Bien, mais ne traine pas trop, il te faut voir Kakuzu pour tes bras et ensuite, d'autres missions t'attendent... souffla Zetsu en me regardant d'un air sceptique.
– Je sais, je sais, répondis-je agacé. Je vous rejoindrai bientôt.
– Bien... »
J'étais agacé, sur les nerfs et surtout, je sentais ce poids sur mon cœur s'alourdir et refuser de me quitter. Comment allais-je réagir en découvrant le corps de Sasori ? Zetsu m'avait confirmé sa mort mais là encore, je ne voulais pas y croire. Non. Pas Sasori.
Je rejoignis alors le repère qui avait été totalement détruit sous l'effet du combat qui s'y était déroulé. Je vis alors de nombreuses formes à terre et me doutai que j'y découvrirais le corps de Sasori, perdu et seul au milieu de sa multitude de pantins.
Comment avait-il été tué ?
Comment avaient-elles réussi ?
J'avançai alors silencieusement au milieu des décombres afin de tenter d'identifier mon partenaire au beau milieu de ses propres armes. Sasori n'était plus qu'un pantin parmi tant d'autre mais cela ne l'affectait aucunement. Il avait choisi de supprimer tout ce qui était humain chez lui en dehors de son cœur, seule partie essentielle à sa survie. Mais pourquoi ne pas l'avoir davantage cachée ?
Puis le moment fatidique arriva et je me retrouvai face à la silhouette inanimée de Sasori, à terre face contre le sol et le cœur transpercé par les épées de deux pantins qui m'étaient totalement inconnus...
Je le retournai dos contre terre puis déposai une cape sur lui comme si je craignais qu'il n'attrape froid. Ce sol n'était vraiment pas confortable pourtant je savais pertinemment que son corps de pantin était incapable de ressentir un tel inconfort. Mais cela m'affectait de le voir ainsi, seul et abandonné de tous. Je ne voulais pas qu'il disparaisse ainsi, dans le plus grand des silences et l'ignorance de tous. Si l'Art était pour moi quelque chose d'éphémère, sa mémoire, elle, se devait de rester éternelle tout comme sa beauté.
A cet instant, l'émotion fut plus forte que le reste et je me laissai tomber sur mes genoux à ses côtés, sentant un flot de larmes couler le long de mon visage bien malgré moi. Je n'avais jamais accepté ces sentiments dans mon cœur et avait tout fait pour les cacher à mon binôme jusqu'à ce jour mais les avait-il ressentis ?
Pourquoi n'était-il qu'un simple pantin de bois désormais, le regard fixé vers le vague, dénué de toute âme et le visage stoïque dépeint de toute émotion ? J'aurais voulu lui dire ce que j'avais sur le cœur, ne serait-ce qu'une fois. J'aurais voulu savoir si ce que je ressentais était réciproque mais après avoir tant repoussé ce moment, je faisais désormais face à un corps sans vie dont les pupilles se perdaient vers les cieux.
« Je suis désolé, Danna, je n'aurais pas dû partir sans toi à la poursuite de ce Jinchuuriki... Je ne pensais pas que ces deux-là seraient en mesure de venir à bout de toi. Je t'ai... Toujours tellement admiré... Je t'ai toujours... Tellement... Danna ! Ce n'est pas juste que tu sois déjà mort ! Tu es censé être immortel, éternel, non ? C'est bête, je ne voulais pas pleurer, mais tu vois, je n'arrive même pas à me contrôler. Ça coule tout seul... Toi, tu n'aurais certainement pas pleuré ma disparition, n'est-ce pas, Danna ? Non, toi, tu ne ressentais certainement pas la même chose que moi... Je suis désolé... »
J'avais le sentiment que mon cœur se déchirait sous l'effet de cette violente réalité et rien ne semblait en mesure de me consoler, rien ni personne. Sa disparition avait laissé un vide dans mon cœur et je savais que personne ne saurait le combler.
J'avais été contraint à rejoindre Akatsuki et aujourd'hui, on me prenait le seul être qui m'était cher dans cette maudite organisation. Est-ce qu'un jour tout ceci prendrait fin ?
« Hey Danna, dis-je soudain en levant les yeux vers le ciel étoilé, on se reverra un jour, n'est-ce pas ? Ce jour-là, je te promets que je n'hésiterai pas et je te dirai tout ce que j'ai sur le cœur même si tu dois ensuite me rejeter. Danna, je te promets que moi aussi, le jour où je disparaîtrai, ce sera en accomplissant mon plus grand chef-d'œuvre ! J'espère que de là où tu te trouves, tu pourras voir ce dernier moment... »
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