VIII

/Quelques phrases du chapitre précédent #7~




Une fois avoir raccrochée, je me précipitai à nouveau mais dans le salon, boitant à cause de mon pied douloureux.





« Wino. Mon ami va venir pour mes médicaments. Il ne faut pas qu'il te voit. Je... Je vais te mettre dans ma chambre, d'accord ? »





Ma tête se pencha légèrement sur le côté droit, dans l'incompréhension.





« Wino ? »





Il était entrain de convulser. Putain. Ce n'était vraiment pas le moment.













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« Wino ? Est-ce que...Est-ce que ça va ?

-E-Elie ! »





L'homme se mit à me fixer avec un regard devenant de plus en plus sombre, la nuque comme cassée en deux, sa tête collée contre le mur.

Sa main gauche se contractait toute seule. Chacun de ses doigts se tordait, les phalanges se pliant et craquant contre le parquet, comme s'il cherchait à attraper quelque chose.

Sa tête fit alors des mouvements très rapides sur le côté. Je savais ce que cela voulait dire. La crise entamait la « phase 2 ». C'était comme ça que je l'avais renommé dans ma tête. Pour mieux appréhender.

Mes jambes se plièrent lorsque je fus assez proche de Wino et me penchai doucement. L'homme eut un mouvement brusque avec son bras gauche et agrippa le haut de bras, ses doigts me serrant avec violence. Ses ongles se plantèrent littéralement dans ma chair. J'eus alors un cri de douleur vif.

J'essayais de me dégager, en vain. Le sang ne circulait plus dans mon bras et mes doigts commençaient à gonfler, devant peu à peu violets.





« Wino ! Lâche-moi ! Tu me fais mal !

-Je vais te crever... JE VAIS TE CREVER ! »





Sa seconde main saisit mes cheveux avec hargne pour les tirer vers lui, ce qui m'arracha un second hurlement d'horreur.

Sans réfléchir plus d'une seconde, mon poing se ferma et vint s'écraser contre le ventre blessé de l'homme devenu fou. Je l'entendis gémir de souffrance mais sentis également un liquide couler dans mes cheveux.

Wino finit par lâcher prise et je pus reculer rapidement, avant de me prendre le canapé dans le dos. Assise par terre, je m'aperçus que je lui avais coupé quelques secondes la respiration. Ces quelques secondes m'ont permis d'éviter le pire.

Mes yeux circulèrent à l'endroit où Wino m'avait saisi le bras : il y avait les traces presque noires de ses doigts, et du sang s'échappait lentement des plaies causées par ses ongles. Je ne sentais plus ma main. Celle-ci dégonflait peu à peu et je pouvais percevoir en moi le sang qui retrouvait un circuit normal.

Encore très choquée, je n'osais pas bougée, face à Wino. L'homme n'avait pas fini sa crise, je le savais. Cependant, il était déboussolé. A travers son bandage au ventre, le sang se répandait de plus en plus. J'avais tout de même fait une connerie.

Alors que j'allais me relever, le liquide sur mes cheveux descendit lentement le long de mes tempes, puis sur ma joue, mon front, ainsi que mon nez. J'y portais ma main pour voir de quoi il s'agissait. Mes doigts étaient poisseux et recouverts de rouge. Du sang.

Je me mis à observer Wino : ses lèvres accueillaient du crachas ensanglanté. J'avais dû taper un peu trop fort.





« Ne bouge pas... Tu fais une crise, Wino. »





Ses yeux se dirigèrent vers moi, une lueur rougeâtre les traversant. Il avait un sourire carnassier, les dents recouvertes de son crachas de sang. Soudain, il se mit à rire en haussant au début les épaules puis en secouant son corps. Son rire était digne d'un film d'horreur.

Pas à pas, je me mis à reculer vers le hall d'entrée pour l'éviter. Brusquement, l'homme cessa de rire et sauta vers moi, accrochant mes jambes. Je vociférai avec épouvante et tentai de le faire dégager.





« JE VAIS TE CREVER.

-WINO, LACHE MOI ! LACHE-MOI ! »





Les larmes me montant aux yeux, mon poing vint s'écraser dans le dos de Wino, qui resta planté au sol, lâchant mes jambes. En deux temps trois mouvements, je me dégageai du couloir, réfléchissant à toute allure à ce que je devais faire. Les autres fois, il n'arrivait pas à bouger. Cela compliquait la chose. Je ne savais plus comment faire. Et Noah allait bientôt arriver. Il fallait que Wino se calme. Immédiatement.

Recluse dans la salle de bain, je reprenais mon souffle en tentant de ne pas craquer. Je perçus alors de l'autre côté de la porte que quelque chose se déplaçait. Wino devait se trainer.

Je retins mon souffle et ouvris la porte d'un coup. Wino était debout, courbé vers l'avant. Le bandage au ventre était devenu totalement rouge foncé. Il semblait avoir mal, mais ses crises prenaient le dessus face à la douleur. Les couvertures que je lui avais mis sur le torse étaient restées dans le salon. Il lui restait le bandage taché et son vieux pantalon.

Les mains tendues vers l'avant, je lui faisais signe que je n'allais rien lui faire, que je voulais qu'il se calme.





« Tout va bien, Wino... Tout va bien se passer... Retiens-toi... Je t'en prie... »





Sa respiration était bruyante. On aurait dit une ventilation.

La lueur dans les yeux clairs du Rôdeur ne faiblissait pas. Ses mains se contractaient de nouveau, et cela de manière violente.

Sa nuque craqua, réveillant le silence qui s'était installé il y a quelques secondes à peine.





« Elie..., murmura-t-il les dents serrés. Tu m'as fait mal... Très mal. »





Il fit un pas en avant, son sourire grandissant de seconde en seconde. Les battements de mon cœur étaient insupportables. Je me mis à reculer pour pouvoir fermer la porte de la salle de bain.





« A mon tour. A mon tour de te faire mal. Espèce de salope. »





Wino se jeta à mon cou sans que je ne puisse faire quoi que ce soit et me propulsa dans le hall d'entrée. Mon corps se frappa violemment contre un mur, l'homme enragé collé contre moi. Ses pouces s'enfonçaient au centre de ma gorge, m'empêchant de respirer. Ses mains maintenaient mon cou fermement. Je ne pouvais rien faire, étouffant. Mes mains tremblantes vinrent saisir ses poignets, tentant de le stopper. Il hurlait. Il hurlait tout près de moi, en ricanant. Du sang coulant depuis ses commissures. Ses yeux étaient remplis de haine. Et de vaisseaux sanguins explosés.

Je pus laisser échapper quelques petits bruitages de ma gorge. Je ne pouvais pas crier, ni respirer, ni faire quoi que ce soit. Il secouait mon cou et ma tête tapait contre la vieille tapisserie de mon appartement. Mes bras tombèrent le long de mon corps. Je n'arrivais plus à réfléchir et sentais mon visage se gonfler, virer à une autre couleur de l'habituelle.





« SALOPE ! SALOPE ! TU N'AS QU'A CREVER ! CREVE ! »





Wino continua de me maintenir ainsi et me balança ensuite au sol, se mettant à califourchon sur mon ventre. Je ne percevais même plus la douleur que ses pouces effectuaient au creux de ma gorge. Ma vue devenait trouble. Je ne voyais plus grand-chose.





« SALOPE ! SALOPE ! SA... Sa... Sa... »





L'homme cessa de me secouer en m'étranglant. Ses doigts se retirèrent lentement de ma gorge, jusqu'à ce que je puisse inspirer profondément. Je me mis à faire un bruit d'inspiration impensable, cherchant de l'air. Puis une toux grasse surgit, me faisant cracher toutes mes tripes. Ma vue revenait peu à peu, la douleur aussi.

Je vis que Wino était toujours assis sur moi, et regardait ses mains tremblantes. Mes yeux grossirent. Ma main se glissa sur la peau de mon cou marquée des traces des pouces du Rôdeur. J'avais tellement mal.

Dans un élan de frayeur, je posai mes mains sur le torse de Wino, recouvert du bandage maculé, pour le reculer. Toutefois, ses mains empoignèrent mes poignets avec force. Il serra de plus en plus fort et me tira sur le côté, avant de me retourner. J'étais face contre le sol, ayant du mal à respirer.





« W-W... »





Je n'arrivais plus à parler tellement j'avais mal. Le souffle chaud de Wino buta contre ma nuque à moitié dégagée : il était collé contre moi. Son menton s'apposa dans le puits de mon épaule et il susurra lentement, alors que je me débattais en dessous. Il arriva à me maintenir et cesser de me faire bouger.





« Elie... Elie, arrête de bouger. ARRETE JE TE DIS ! ARRETE. Arrête. Arrête... »





Ses lèvres et sa respiration ardente vinrent se perdre contre mon oreille.





« Je vais te faire du mal. Très fort même. Très. Très. Fort. »





Il plaqua mes poignets contre le sol, au-dessus de ma tête.

Je me mis alors à sangloter, mais l'inflammation dans ma gorge me privait de pleurer « correctement ».





« Mon petit citron en sucre. »





Soudain, mes yeux s'agrandirent un peu plus. Ce surnom. C'était ma mère qui me nommait ainsi. Comment avait-il eu ce genre d'informations ? Surement un souvenir d'il y a 8 ans. Lorsque les Rôdeurs faisaient des recherches sur nous. Ils savaient tout.





« Mon petit... Citron en sucre. »





Un hurlement se coinça dans mon œsophage. Les dents de Wino venaient de se planter dans mon lobe d'oreille avec virulence.

Je ne sus comment, mais je réussis à le dégager de moi. Il avait relâché les poignets. J'en avais profité.

Mon pouce et mon index pincèrent mon oreille qui saignait par petites gouttes. Wino roula sur le sol, comme épuisé. Néanmoins, l'homme se retrouva en quelques secondes sur ses jambes, le regard rempli de rancœur.

Avec le peu de force qu'il me restait, je me ruais dans la première pièce qui était près de moi. Wino me poursuivit en me courant après, un rire hargneux sortant de sa gorge mutilée.





« Tu es coincée. »





Mon salon était un champ de bataille. Et ma table basse nous séparait. Il allait encore me faire du mal. Je ne savais pas quoi faire. Il ne pouvait pas bouger, avant, quand il faisait ses crises. Là, c'était la force d'un homme, décuplée par... Sa haine. Et par ce qu'on lui faisait prendre.





« Wino... Je..., tentais-je de prononcer.

-Tu vas avoir très mal. Très mal.

-S'il te plait...

-Je vais serrer plus fort cette fois. Avec plus de puissance. Je veux te voir... Etouffer. Espèce de pétasse. Tu n'es qu'une... Qu'une pétasse...»





La lueur dans ses yeux se dissipa un instant. Je ne réfléchissais plus. Noah allait arriver. Je ne pouvais pas rester ainsi. Sans comprendre pourquoi, je sautai au-dessus de la table basse pour me jeter sur Wino. Je ne nous fis pas tomber, mais je le serrai de toutes mes forces, mes bras enroulés autour de son corps. Il se débattait mais ne pouvait plus bouger comme il le souhaitait, ses bras étant bloqués.





« LACHE-MOI ! ELIE, LACHE-MOI !

-Calme-toi... Chut... »





Je le fis tomber à genoux pour mieux le maintenir. Ses mains pouvaient toujours me toucher. Et je sentis ses ongles me griffer, me pénétrant la peau du bas de mon dos si fortement. Je lui mordis en retour la peau de l'épaule.

Il hurlait des insultes, jusqu'à ce que, peu à peu, sa colère se calma. Après plusieurs minutes, sa tête était retombée sur mon épaule, et ses ongles étaient retirés de ma chair. Il ne bougeait plus. Après coup, je dénotai qu'il pleurait à chaudes larmes.





« J'suis désolé, Elie... Je sais pas ce... Ce qu'il m'a pris... C'est plus fort que moi...

-C'est rien, arrivais-je à chuchoter. Reste... Calme... »





Une de mes mains se glissa lentement dans ses cheveux sales, faisant des petits ronds avec le bout de mes doigts sur son cuir chevelu. Les battements de son cœur étaient très importants. Je pouvais les ressentir contre ma poitrine. Alors, l'homme se calmait, doucement mais surement.

La crise était terminée.













































































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N°8~


Just-one_dreams
JeveuxMinhopointfr
Renjundeservesbetter
_Hiaa_
sadlifeandbadgirl
UpsilonDrei

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