VII
Petit message en fin de chapitre ♡
/Quelques phrases du chap précédent #6~
Je mis sous l'homme un drap plié pour éviter qu'il ait trop mal, puis je déchirai ses tissus troués pour les retirer. Son corps était ecchymosé, meurtri de toutes parts. Entre le mélange des odeurs de sang et de déchets pourris et cette vue imprenable sur son corps abîmé, j'eus un relent de vomi intérieur. Mais qu'est-ce que j'étais entrain de faire ?
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Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis ma découverte du Rôdeur sous les ordures de ma résidence. Et beaucoup de choses s'étaient produites.
Premièrement, soigner Wino était très compliqué sans l'aide de professionnels. Les blessures les plus superficielles se remettaient bien mieux que celles qui étaient plus importantes. De plus, des infections devaient être entrain de ronger son corps : les déchets des poubelles, et même pleins d'autres choses, avaient été en contact avec les plaies fraîches, pendant une durée assez indéterminée. Il ne savait plus exactement depuis combien de temps il avait été balancé à côté de chez moi, ni par qui précisément.
Secondement, Wino faisait des crises, tout comme celles qu'ils pouvaient faire dans le repère des Rôdeurs. Cependant, elles étaient un peu différentes puisque qu'il ne pouvait pas beaucoup bouger à cause de ses blessures. Mais ses crises étaient quelque peu impressionnantes, je devais bien l'avouer.
Cela lui prenait d'un coup. Sur mon sol, allongé sur le même drap tâché de sang depuis sa découverte. Wino était la plupart du temps silencieux, mais lorsqu'il faisait une crise, il était pris de convulsions de plus en plus incontrôlables et se mettait à grogner comme un animal.
Quand je m'approchais de lui, il était très vif, le visage se tournant immédiatement vers moi, les yeux aux reflets rougeâtres. Il était menaçant, me balançant des injures à la figure. Comme il n'arrivait pas à se mettre debout, ni à lever ses bras, il tentait de saisir mes jambes, mes habits ou bien même des objets qui pouvaient lui passer sous la main. Avec violence et hargne. Quand il arrivait à attraper les tissus de mes vêtements, il les trouait de ses doigts, avec une force inouïe, décuplée.
La première fois que c'était arrivé, je n'avais pas su quoi faire. Il hurlait. Il bougeait dans tous les sens. Il me fixait du regard avec insistance, les dents apparentes. Menaçant quoi. Heureusement pour moi, il arrivait à retrouver sa lucidité et redevenait « lui-même ». Wino se mettait souvent à pleurer après ce genre d'épisode, se recroquevillant sur lui-même. Il murmurait souvent qu'il regrettait, qu'il ne faisait pas exprès.
Troisièmement, je n'approchais pas Wino. Enfin : je ne m'approchais plus. Seulement pour changer ses bandages, et pour lui donner des choses à manger. Puis je m'éloignai aussi loin de lui que possible. Mes yeux le fixaient, à plusieurs mètres de distance, sans bouger de ma chaise, en boule. Mais la plupart du temps, il dormait.
Avec tout ça, je ne sortais plus. De nouveau. Et je n'avais prévenu personne. Psychologiquement, mon corps ne me le permettait pas. Trop mal. Trop secoué. Trop pris de court. Le savoir de retour chez moi, grâce à moi, sans prévenir quiconque, c'était un peu de la folie. Beaucoup même. J'étais perdue.
Alors je me taisais. Je n'avais rien dit à personne. Ni à la police. Ni au SAMU. Ni à mes gardes du corps. Ni à ma famille. Ni à mes amis. Ni même aux principaux concernés, les autres survivants des Rôdeurs. Pour eux, depuis sept ans, ils recommençaient à vivre. Doucement, mais surement. Comme moi, avant que Wino ne débarque sans prévenir, un peu comme une maladie. Je n'osais pas leur téléphoner pour leur dire que j'hébergeais un Rôdeur évadé. Que je le nourrissais. Que je le soignais de ses blessures -dues à on ne sait quoi-. Je n'osais pas car je savais que leur quotidien de « reprise de vie » allait s'effondrer, comme un château de sable en bord de mer. Comme ma vie avait fait il y a quelques semaines : splaf.
Je restais donc en boule, gardant en moi tout ce que je voulais avouer au monde, tous les regrets que j'avais en n'aillant rien dit à la police ; toute haine que j'avais contre moi d'être une bonne pomme ; d'accepter de cacher ce criminel en échange de mon aide pour découvrir des choses sur nos enlèvements qui n'existaient certainement pas ; mais aussi et surtout toute la détresse que mon corps et mon âme éprouvaient depuis des jours et des jours. Cette détresse qui grandissait à l'intérieur de moi, que j'accumulais -pas seulement depuis que Wino était chez moi, mais depuis mon retour de l'hôpital il y a sept ans- et qui allait exploser si tout cela continuait. Ce n'était qu'une question de temps avant que je ne craque pour de bon. J'étais prête à tout pour faire cesser cette douleur, ce poids en moi. A tout.
Mais je ne faisais rien. Toute mon attention et mon inquiétude étaient centrée sur l'homme intrus qui logeait clandestinement chez moi. J'étais incapable de faire autre chose. Je dormais encore moins qu'avant. Je ne pouvais détacher mon regard du Rôdeur blessé, de peur qu'il arrive à se lever et me saute dessus.
Rongée entre détresse et peur, voilà dans quel état j'étais.
Aujourd'hui, je devais recevoir Noah, mon ami médecin. C'était lui qui me renouvelait mes médicaments. Il ne savait pas pour Wino. Personne ne savait. J'allais devoir trouver une solution pour qu'il ne l'entende pas, ne le voit pas et ne sache pas qu'il y a quelqu'un d'autre ici.
Légèrement endormie, ma tête tombait toutes les dix secondes. L'appartement était calme, on pouvait juste entendre les voitures dehors. Le jour diminuait peu à peu, et mon ami ne m'avait toujours pas appelé pour me dire quand il viendrait. Wino semblait dormir, je ne voulais pas le brusquer pour le transporter dans une autre pièce, alors j'attendais le dernier moment. Brutalement, l'homme tenta de se tourner sur le sol, mais il n'y arriva pas et soupira longuement. Je l'entendis quelques secondes plus tard ronfler calmement.
Je m'étirai alors et posai mes pieds sur le carrelage frais du début du salon pour me redresser. Lentement, je vins me gratter la nuque et toucher mes deux petites couettes basses, me rendant à pas de loup vers l'une de mes fenêtres à moitié fermées par les rideaux, tout en faisant bien attention de contourner le Rôdeur.
Il y avait des nuages dans le ciel à la teinte bleu de cobalt. Le soleil était presque totalement couché. L'hiver, le soleil se couche tôt. Je décidai de relever un peu les rideaux pour ensuite ouvrir la fenêtre. Prendre l'air. La pollution était toujours aussi importante mais j'avais besoin de prendre l'air.
Derrière moi, Wino marmonna quelque chose avant de tousser un peu. Ma tête se tourna vers lui : il était toujours endormi.
C'était étrange, tout ce qui se passait. Wino n'avait pas su me dire ce qu'il lui était arrivé. Ce qui était sûr, c'était qu'il n'avait pas pu se faire ça tout seul. A tous les coups, il s'agissait des personnes qui le retenaient prisonnier avant. J'essayais de réfléchir, mais il fallait que l'homme m'éclaire. Je n'allais rien comprendre sinon.
D'un coup, mon ventre se mit à gronder bruyamment. Je me rendis alors dans la cuisine, laissant la fenêtre ouverte pour aérer. Glissant mon doigt sur l'interrupteur, la lumière fut dans la pièce. Je ne savais pas quoi faire. Depuis que j'avais découvert le Rôdeur en bas de chez moi, je n'avais pas fait les courses. Il ne me restait pas grand-chose, je devais faire un tour à la supérette du coin rapidement. Par chance, il restait dans mon réfrigérateur une boîte d'œufs presque vide et un morceau de Conté.
Ni une ni deux, je pris en main ma poêle pour la mettre sur le feu. Un filet d'huile d'olive, un bol où je pus casser mes œufs pour les battre avec des morceaux de fromage. Je versai le contenu avec prudence et laissai ensuite le mélange cuire dans la poêle à feu doux.
Quelques minutes plus tard, mon assiette fut remplie d'une belle omelette au fromage, l'un de mes plats de dernière minute favori.
Appuyée contre le plan de travail, je mâchai avec attention. Soudain, j'entendis à nouveau marmonner dans le salon. Je gardai mon assiette en main et m'avançai vers l'encadrement de la porte donnant sur la pièce mitoyenne : Wino s'était réveillé. Son regard se baladait dans la pièce avant de venir se focaliser sur moi. Il eut un léger sourire et leva comme il pouvait sa main à son front pour y essuyer les fines gouttelettes de sueur.
« Salut, murmura-t-il.
-Salut. »
Il vint se gratter les yeux et tenta de se lever. En vain, cependant. Son ventre se mit à gargouiller : il eut une grimace.
« Tu... Tu veux manger quelque chose ?, lui proposais-je un peu prise de court.
-Mh, acquiesça-t-il.
-Euh... Il reste un peu d'omelette. Tu... Tu en veux ?
-Ouais, pourquoi pas. »
Je déposai mon assiette mi-pleine sur la table basse et m'approchai prudemment de l'homme pour le mettre droit. Il se laissa faire, encore un peu endormi et très affaibli.
Je le fis s'assoir contre un mur du salon, un coussin dans son dos. Son corps était recouvert de vieux tissus à moi et d'un plaid pour qu'il ne prenne pas froid.
Sa tête tombait légèrement sur le côté, ses cheveux plus bruns qu'il y a sept ans chutaient sur ses yeux clairs à moitié fermés.
« Voilà... Ne bouge plus. Je vais te chercher une assiette.
-Merci. »
Je revins de la cuisine avec de quoi le faire manger, et m'assis face à lui.
« Je n'ai plus rien dans mes placards. Il faudra que j'aille faire des courses demain... »
Wino ne disait rien. Il n'osait pas me regarder dans les yeux. Moi non plus, je n'osais pas le regarder.
Un silence régna alors que je plantais la fourchette dans l'omelette pour faire manger l'homme. Il ne pouvait pas manger tout seul : ses bras étaient mutilés de manière trop importante.
A un moment, Wino racla sa gorge un peu timidement. Je me stoppai et le regardai.
« Dis-moi, Elie... »
J'haussai un peu les sourcils, déposant la fourchette de Wino dans son assiette.
« Est-ce tu vas bien en ce moment ? »
J'eus un rire rapide, amusée, mais j'étais aussi dans l'incompréhension.
« C'est quoi cette question ? Enfin, pourquoi tu me demandes ça, là, maintenant ?
-Bah..., fit-il un peu gêné. Je savais pas quoi dire. Y'avait un blanc... »
Sa peau blanche rougit d'un coup. Je remis des mèches de mes cheveux derrière mon oreille et secouai la tête doucement.
« Tiens, essaie de manger seul. Ton bras semble aller un peu mieux. Tente de le plier. »
Il réussit à saisir sa fourchette et piocha dans son assiette que je posai sur ses cuisses. Je pus reprendre la mienne pour finir mon omelette froide, m'éloignant rapidement de lui.
Nous mangeâmes tranquillement en restant éloignés, la lumière du salon allumée, la fenêtre semi-ouverte.
« C'est bon. Jaden ne faisait jamais ce genre de chose. Il faisait toujours des plats très travaillés. Jamais des omelettes. Comme quoi, les plats simples peuvent être aussi bons que les plats sophistiqués.
-Merci, Wino. »
Quand il eut fini, je repris ses couverts, ainsi que les miens pour les mettre dans mon évier.
Il me restait des fruits. Je lui lavai une pomme et lui donnai.
« Je me souviens d'un truc. Ton dessert préféré, c'est la tarte aux pommes, je me trompe ?
-J-Je... Oui, oui..., murmurais-je en me souvenant de Jaden qui me le disait.
-Jaden en avait fait une, quand tu étais là. Au début. »
Il croqua dans la chair de la pomme et eut un petit sourire. J'eus des frissons. Je ne voulais pas me souvenir de mon passé. Je ne pouvais pas. Mais la présence de Wino ne faisait que le raviver.
« Je vais prendre mes médicaments. »
Je me dépêchai de rentrer dans la cuisine, comme pour le fuir. C'était très dur de rester face à lui. Je craignais à tous moments qu'il puisse se lever brusquement et m'étrangler.
Je pris ma boîte de la soirée, la dernière de la semaine, et engloutis un à un des médicaments grâce à l'eau d'un verre qui trainait. Si son bras allait mieux, pouvait-il se lever ? Et s'il était derrière moi ? Quand il allait aller mieux, il allait forcément... Mes muscles se raidirent d'un coup. Je manquai de m'étouffer, et serrai les poings plus fort que jamais.
« Tout va bien Elie ? », fit Wino de l'autre côté.
Je me mis à tousser rauquement, me tenant comme je pouvais au plan de travail. J'eus un goût de sang dans la bouche.
« Elie ? Elie, ça va ? »
Je l'entendis rouler sur le sol, mais m'étouffant, je tombai à genoux pour tousser mes tripes contre le parquet.
La tête de Wino dépassa de l'encadrement de la porte.
« Elie ! Oh merde... Merde, j'suis coincé... »
Pourtant, je réussis à recracher les médicaments qui étaient mal passés. Ils étaient noyés dans un peu de sang, et surtout beaucoup de salive.
Ma respiration fut alors reprise, mes poumons se remplirent d'air à nouveau. J'étais soulagée.
« Elie, Elie, ça va ? Ca va ?, s'inquiéta Wino.
-Oui... Oui, c'est bon... »
Je me remis sur mes deux jambes et essayai ma bouche du revers de ma manche. Je pris un morceau de Sopalin pour nettoyer mes crachas au sol et récupérer mes médicaments pour les reprendre. Oui, je sais, c'est dégueulasse, mais je devais absolument les prendre.
« Tu m'as fait peur...
-Comment es-tu arrivé là ?
-J'ai roulé.
-Sur... tes blessures ?
-Ouais. J'ai mal.
-Évidemment, imbécile... »
Mon regard plongé dans le sien, je le vis sourire.
Je l'aidai à retourner sur le drap du salon, et je pris place sur le canapé.
« Ça va mieux, sûre ?
-Oui. Sûre. »
Ma main passa sur mes deux petites couettes et je fermai les yeux quelques secondes.
« Est-ce que tu te souviens de quelque chose de ton agression ?, demandais-je avec un peu d'appréhension, la main sur ma gorge encore en feu.
-J'essaye de me souvenir de plus de détails possibles depuis quelques jours. Et je crois que si je rassemble tous les morceaux... Quelque chose de cohérent se dessine. »
Quelque chose de cohérent venant de sa part ? Génial, j'y croyais très fortement -ceci est ironique-.
« Je suis parti de chez toi dans la rue, il faisait nuit. Ensuite, j'ai voulu rejoindre le repère. Il était très loin d'ici, alors j'ai beaucoup marché. Quand j'étais presque arrivé, et il y avait des voitures noires garées un peu partout et des hommes armés sont descendus. J'ai compris tout de suite qu'il s'agissait des hommes du Chef Supérieur. A ce moment-là, j'ai eu une sorte de... De pétage de plombs. Mes forces se sont décuplées et sans raison, je leur ai foncé dessus. Et ils m'ont frappé. Encore, et encore, et encore. Jusqu'à ce que je ne me souvienne plus de ce qu'il s'est passé. Ah oui ! Si... Je me rappelle juste d'avoir vu d'autres personnes arrivées, et aussi avoir entendu sa voix. Je crois qu'elle disait : « Tu resteras toujours mon pion. Ma bombe à retardement. Nous gagnons toujours. » Voilà. Un truc comme ça quoi. Et puis, je ne sentais plus la douleur. Juste l'odeur des ordures. Trou noir.
-Ils t'ont jeté... Dans mes poubelles ? Mais il n'y a rien de logique. Je croyais que s'ils te retrouvaient...
-Ils me tueraient. Ouais, je sais. Je ne comprends pas pourquoi ils m'ont laissé en vie...Ou pourquoi ils ne m'ont pas ramené dans leurs locaux...
-Peut-être que... »
Mon téléphone se mit à sonner fortement dans ma chambre au moment où j'allais émettre une hypothèse. Dans la précipitation, je me cognais le pied dans la porte. L'écran affichait un nom que je connaissais bien et que j'attendais.
« Noah »
« Allô ?
-Allô, Elie ? Désolé, j'ai eu quelques urgences. Je suis chez toi dans une grosse demi-heure, c'est bon ?
-Oui, bien sûr. Je t'attends. »
Une fois avoir raccrochée, je me précipitai à nouveau mais dans le salon, boitant à cause de mon pied douloureux.
« Wino. Mon ami va venir pour mes médicaments. Il ne faut pas qu'il te voit. Je... Je vais te mettre dans ma chambre, d'accord ? »
Ma tête se pencha légèrement sur le côté droit, dans l'incompréhension.
« Wino ? »
Il était entrain de convulser. Putain. Ce n'était vraiment pas le moment.
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N°7~
JeveuxMinhopointfr
_Hiaa_
sadlifeandbadgirl
UpsilonDrei
sadlifeandbadgirl
Salut tout le monde, j'espère que vous avez la forme, que vos vacances se sont bien déroulées et surtout que vous vous êtes reposés pour affronter une nouvelle année scolaire ♡
Je sais que la rentrée scolaire est demain pour une majeur partie des élèves, si c'est votre cas, dormez tôt ce soir et mangez un bon gros petit déjeuner demain matin pour être au top de la forme. Pour les autres, profitez encore et reposez vous avant d'attaquer ☆
Pour mon cas, j'ai encore une semaine. Dites moi quand est votre rentrée et en quelle classe/année d'études vous rentrez ;)
J'en profite pour vous dire que j'ai écrit quand j'avais du temps durant ce mois d'août, et que les chapitres à venir sont assez longs ( ~ 2000 à 3000 mots en moyenne, sachant que mes chapitres sont à ~ 1600 mots). Je compte encore écrire durant la semaine qui arrive et donc publier le samedi ou le dimanche qui arrivent.
Je vous embrasse sur vos orteils ♡
Keur keur ♡
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