Chapitre 8
Le vent entrait en contact avec les plantes, avec une telle tranquillité que l'atmosphère en devenait paradisiaque. C'était un endroit calme, dont la température était appréciable, allant plus dans la chaleur que l'inverse. La nature était belle, et sa couleur verte méritait de l'admiration.
Et pourtant, cela n'avait rien d'extraordinaire.
Cette vision fut la première image qui s'était intégrée dans le nerf optique de ces yeux clairs, en ce lieu. Elle était tout d'abord floutée, ses paupières venant tout juste de se soulever, avant de retrouver de la précision. Automatiquement, la demoiselle s'était redressée de sorte à avoir une vue d'ensemble sur l'environnement auquel elle se trouvait. Ce qu'elle trouvait en face d'elle ne l'aidait pas vraiment à repérer sa localisation, de simples arbres et des buissons.
— Bien dormi ?
Suite à ces mots, elle se retourna vers cette voix masculine. Elle tomba sans surprise sur un homme, et fut enveloppée d'un certain soulagement. Le concerné était assis sur une plateforme flottant dans les airs, probablement l'une de ses créations. Elle était bleutée, se déplaçant du haut vers le bas et réciproquement, bougeant grâce à un algorithme programmé dans le cerveau de l'individu.
Elle hocha la tête en guise de réponse, avant de lui adresser un sourire bien qu'il ne pouvait le voir à cause du tissu qui cachait le bas de son visage. Dans tous les cas, le garçon n'avait pas l'air de vouloir le recevoir, ne réagissant pas réellement à son réveil. En réalité, il ne semblait pas désirer une quelconque communication avec elle, mais en était un peu dans l'obligation. Il soupira doucement, attendant qu'elle se rende compte qu'ils étaient encore en compétition, et ensuite de se lever.
La demoiselle ne l'avait pas oublié, c'était pour cette raison qu'elle avait pris un court instant pour faire ce qu'il attendait. Elle l'avait fait avec une certaine douceur, ne voulant pas accroître le mal de tête qu'elle avait depuis un bon moment. Elle réfléchit un petit moment, se remémorant les évènements qui s'étaient passés avant son endormissement. Son allié comprit de suite à quoi elle pensait, répondant ainsi à son expression d'incompréhension.
— Les organisateurs sont venus chercher l'Aquila pour son hémorragie.
Il n'avait rien dit de plus, donné d'explication ni même une quelconque précision. Cela ne l'empêchait pas de rapidement comprendre la raison de cet acte. Ces gens étaient visiblement chanceux, car ils avaient réussi à conquérir le cœur des citoyens, qui avaient très probablement réclamé un soin certain pour cet homme. C'était pour cela qu'ils étaient venus le prendre, et cela lui permettait d'être sûre qu'il sera soigné le mieux que possible. Le seul inconvénient serait que ses alliés ne seraient pas au courant de ce qui lui arriverait jusqu'à ce qu'il revienne dans la compétition. Malheureusement, il devra lui aussi faire attention car ce sera plus facile pour un spectateur de faire son enquête sur son identité hors du terrain qu'à l'intérieur.
Ils n'étaient jamais tranquilles.
Son acolyte descendit de la plateforme qui disparut à la seconde où il s'était retiré, en sautant presque pour atteindre le sol. Il fit ensuite un signe à la demoiselle pour l'inciter à venir dans sa direction, pour ensuite lui indiquer un endroit où regarder. En suivant ses indications silencieuses, la concernée tomba ainsi sur une nouvelle vue, un paysage qu'elle ne connaissait pas encore. Ce qu'elle pouvait comprendre en tout cas, c'était que cet endroit serait leur nouvelle destination pour le moment, le temps d'en faire une expédition afin de connaître un peu mieux le lieu où ils se trouvaient et ainsi, avoir une meilleure stratégie en cas de rencontres malveillantes.
Des bruits de pas se firent entendre, qu'elle reconnut immédiatement, et elle comprit aussitôt que le départ allait se faire de suite. La gymnaste se retourna alors, tombant sur son allié qui marchait tranquillement dans une direction, et se mit à le suivre gentiment. Elle aurait pu se plaindre de la communication absente entre eux, mais elle n'en fit rien, il ne fallait pas qu'elle s'enfonce plus qu'elle était déjà au fond du trou.
Ils prirent alors un chemin, ressemblant à une allée, une route qui semblait les guider quelque part. C'était le désert, ils espérèrent alors que ce serait aussi le cas une fois arrivés jusqu'en haut, sur la montagne. Dans tous les cas, l'absence de bruit accompagnait l'atmosphère quelque peu malaisante, dans le sens où ils marchaient dans le silence le plus complet. La conversation était inexistante entre eux, seulement des regards en guise de vérification pour être sûrs qu'ils ne se retrouvaient pas seuls. Des mots s'échappaient de leurs lèvres de temps en temps, mais rien ne témoignait de la complicité et de l'amitié qu'ils avaient il y avait encore quelques semaines auparavant.
Comme s'ils étaient des inconnus, l'un pour l'autre.
— Salutation.
Synchroniquement, ils levèrent la tête vers le son de la voix. Elle était assez ferme, mais avec une douceur qui donnait une impression d'hospitalité. De ce fait, ils ne se sentaient aucunement agressés, bien qu'ils avaient tout de même ce réflexe de faire attention à eux et d'assurer leurs arrières. Ils prirent un moment pour analyser la situation, et surtout l'individu qui était en face d'eux. Enfin, en réalité, ils étaient deux, un homme qui venait tout juste d'attirer leur attention avec sa voix, et une demoiselle qui semblait plus jeune que lui. Ils avaient une tenue qui était loin d'être commune au monde où ils vivaient, ce qui leur faisait comprendre qu'ils n'étaient pas forcément dans la même époque que la leur, à moins qu'ils aient réellement un autre style par rapport à la région où ils vivaient.
Ils ne dirent rien. Pour le moment, en tout cas. En réalité, ils ne savaient pas vraiment comment se comporter, ni s'ils étaient hostiles face à l'inconnu. Plus ou moins discrètement, les deux alliés établirent un contact visuel qui dura qu'un tout petit moment, le temps de se rendre compte qu'ils étaient d'accord l'un et l'autre. Par ce fait, ils se retournèrent ensuite vers les deux quidams et se mirent à les saluer poliment à leur tour, le garçon étant le premier à le faire puisqu'il était devant, Echo suivant ses mouvements.
— Etes-vous aussi des vagabonds ?
Cette question fut encore prononcée par l'homme, la petite fille restant silencieuse et à l'écart. Les deux acolytes hochèrent lentement la tête en guise d'affirmation, en prenant soin de se regarder avant tout. En tout cas, ils comprirent une chose, c'était que l'adverbe placé dans la phrase voulait probablement dire que des personnes comme eux trainaient dans le coin, ce qui n'était pas surprenant en soi. Il fallait qu'ils fassent un peu plus attention, surtout en ayant croisé des gens qui pourraient facilement les décrire par leur habillement dissemblable, surtout par rapport à eux.
— Bien, laissez-nous vous conduire dans un endroit plus propice, vous avez sûrement besoin de quoi vous nourrir et vous hydrater.
En effet, mettre un peu d'aliments sous la dent ne leur ferait absolument aucun mal. Ils n'avaient pas vraiment de sac sur eux, ni rien, ce qui pourrait clairement faire comprendre à n'importe qui qu'ils étaient dans le besoin vital. Malgré leur grande gentillesse, ils n'acceptèrent pas cette proposition, et ils n'eurent même pas à se consulter ; ils ne devaient faire confiance à personne.
Ils n'insistèrent pas, demandant tout d'abord s'ils étaient sûrs d'eux, puis hochant leurs épaules avant de continuer leur route sans leur donner plus d'attention. Ces participants restèrent alors plantés là, les observant un instant, de leur départ jusqu'à ce qu'ils soient à une très grande distance par rapport à leur localisation. Ils ne dirent rien, sachant tous les deux ce qu'ils comptaient faire, sans même avoir besoin de communiquer.
Machinalement, alors qu'ils conclurent mutuellement qu'ils pouvaient enfin se déplacer, ils s'avancèrent précipitamment vers le chemin que ces inconnus avaient pris. Ces individus étaient en train de courir, l'un derrière l'autre, en tentant de ne pas attirer l'attention malgré la grande espace qu'il y avait avec les quidams. Ils ne savaient pas vraiment s'ils étaient en train de les suivre ou non, mais ce qui était sûr, c'était que leur prochaine destination serait sur la montagne, où ils avaient repéré des bâtiments. Ces gens vivaient probablement là, et aurait très bien pu les accueillir avec hospitalité, mais ils n'avaient aucun risque à prendre. C'était avant tout un jeu, et ils étaient tout simplement faux, n'existaient sûrement pas. Par contre, leurs adversaires étaient bels et bien là, et cela, ils ne pouvaient aucunement le nier.
Au bout d'un certain temps, ils virent un village prendre forme dans leur vision, leur affirmant plus ou moins de la fonction des bâtiments qu'ils avaient vu tantôt. Lorsqu'ils arrivèrent tout près de ce territoire, ils perdirent volontairement ces inconnus de vue afin de rester cachés derrière des végétations, tout en tentant d'avoir une vue sur ce terrain. Ils étaient assez éloignés, de sorte à ce qu'ils soient très difficilement discernables ou voyants, étant donné que c'était loin d'être un lieu désertique, ce qui voulait dire qu'ils pouvaient se faire remarquer à tout moment.
— Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
La scélérate se tourna vers son allié à qui elle venait de poser la question. Elle n'était pas vraiment du genre à laisser les autres réfléchir dans ce genre de situation, ou à ne pas prendre les devants, mais elle était consciente que la situation où ils se trouvaient ne lui permettait pas de prouver son utilité. C'était un cas contraire à son acolyte qui était un génie de la technologie, et qui avait le matériel nécessaire pour se faire une idée de l'endroit où ils se trouvaient.
— Ne t'en fais pas. Je ne me fais pas nommer Hack pour rien.
C'était une réponse très familière, parce qu'elle était pratiquement sûre qu'il lui dirait cela, avec un ton déterminé et certain. Elle ne s'en inquiétait pas, la demoiselle connaissait très bien les qualités de son compagnon bien qu'elle veillait tout de même à ce qu'il ne fasse pas énormément de bêtises ; il était du genre à bien s'amuser quand il s'agissait d'utiliser ses petits objets, tel un enfant.
Il se recroquevilla sur lui-même, le dos contre un arbre, avant qu'une machine rectangulaire apparaisse entre ses mains, puis un autre objet un peu plus petit dont la fonction semblait être celle de la cinématographie. L'homme se mit alors à faire des gestes incompréhensibles pour la jeune femme qui décida alors de faire le guet plutôt que de rester plantée là à rien faire. Elle entendit quelques bruits venant de son compère, mais tenta de ne pas y prêter attention et de surveiller les alentours, histoire qu'ils ne se fassent pas soudainement attraper par l'un de ces étrangers.
Au bout d'un moment, elle remarqua une forme circulaire qui s'était rajoutée dans sa vision périphérique, lui faisant légèrement tourner la tête. C'était un engin de la taille d'une barrette, dont elle savait très bien l'utilité puisque ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait. Elle ne se tourna pas, suivant cet appareil des yeux tout en regardant la population, attendant une instruction, une remarque ou une prévention de la part de son ami qui avait, elle supposait, une certaine vue d'ensemble sur cet endroit.
La caméra faisait le tour de la montagne, prenant soin d'aller dans tous les recoins alors que son utilisateur avait une grande concentration sur les images. Il la fit discrètement se rapprocher des individus présents et des habitations, de manière très minutieuse et stratégique. Il ne fallait absolument pas qu'ils aient des soupçons sur quoi que ce soit qui était en train d'arriver.
— Dommage, l'autre gascon n'est pas là. Jamais présent quand il le faut.
Elle soupira doucement en entendant cela. C'était une demi-reproche qu'il faisait à une personne qui n'était pas avec eux, en plus d'un surnom pas vraiment louangeur. La jeune femme réfléchit un moment, le temps de reconstituer tous les éléments de la situation, gardant son calme alors qu'elle voulait exploser. Il y avait encore de la froideur dans cette bande, ce qui commençait à l'agacer, mais elle ne pouvait aucunement leur en vouloir et elle s'en rendit compte rapidement ; elle n'avait pas vu tous ses membres.
— Arrête, n'abuse pas. Nous n'avons aucun moyen de le contacter, et si cela avait été le cas, nous aurions tous été au même endroit.
Un grognement se fit entendre dans ses tympans. Cet acte lui exprimait clairement son agacement face à sa réponse, tel un enfant qui ne serait pas content d'une morale qu'un adulte viendrait de faire.
— Certaines personnes arrivent quand même à s'absenter même lorsque nous tentons de communiquer avec eux.
Une reproche dissimulée par cette répartie, qu'il ne tentait pas de cacher pour autant, et cela, Echo le comprenait très bien. D'ailleurs, il voulait clairement lui faire comprendre qu'il avait bien retenu ce qu'elle avait osé faire.
Dans tous les cas, ils ne s'y attardèrent pas, se rappelant qu'ils avaient bien autre chose à faire que de repartir dans une discussion sur un acte du passé, alors que dans le présent, leur vie était encore menacée. Ainsi, ils se remirent à observer cet endroit avec la machine de l'homme.
- J'y vais.
La voix de la demoiselle n'avait pas eu le temps de raisonner dans les tympans de son allié que la concernée était déjà en train de se diriger vers ce qui ressemblait à un village. Elle marchait prudemment vers ce lieu, faisant attention à ce qu'on ne puisse la remarquer. La vérité étant que, elle ne savait pas réellement ce qu'elle allait faire ensuite, mais ce qui était certain c'était qu'elle ne désirait pas attendre derrière ces buissons jusqu'à ce qu'il y ait un évènement bouleversant. Ces actes étaient tout de même un minimum réfléchis, mais la suite allait être un mélange d'improvisation et de réflexion, et elle en était parfaitement consciente.
Son acolyte, qui était encore dissimulé par la nature, se redressa directement en la voyant faire, se fronçant les sourcils, étant dans l'incompréhensibilité. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle comptait faire, cette personne qui était du genre à communiquer ses projets. Il soupira doucement, se rendant compte qu'il se retrouvait probablement face à une action faite par son instinct, et qu'il allait devoir être attentif sur ses mouvements. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait, après tout, il se sentait capable de gérer la situation.
Il reprit son écran, appuya sur quelques boutons et fit déplacer la petite caméra qui avait la forme d'un insecte, vers la jeune femme qui continuait à aller vers la population. Hack prenait soin d'être à une bonne distance à cet individu, ni éloigné ni trop près, afin de pouvoir assurer ses arrières tout en étant discret. Ses appareils étaient bien loin d'être mauvais, mais un quelconque participant pourrait très bien détecter ou avoir une vision parfaite pour se rendre compte qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Echo marcha alors tranquillement, persuadée que ce qu'elle était en train de faire n'allait pas être inutile. Ce n'était pas son souhait de rester cachée jusqu'à ce que la situation dérape, et rien, que ce soit physique ou mental, ne lui donnait de raison de s'arrêter. C'était une histoire de prendre des initiatives, mais d'un autre côté, ce n'était pas seulement cela. L'atmosphère devenait extrêmement froide avec son allié, et elle ne pouvait le supporter encore longtemps avant de craquer. Cela voulait dire qu'en effet, la demoiselle préférait prendre des risques que de montrer une quelconque faiblesse face à la population qui observait la scène. Elle savait pourtant très bien que foncer la tête baissée pouvait avoir de graves conséquences, mais elle avait une si grande confiance en elle qu'elle ne s'en inquiétait même pas.
— Les yeux ouverts, se dit-elle à voix basse, garde les yeux ouverts.
C'était avec cet ordre donné à elle-même qu'elle s'avança, espérant intérieurement que son acolyte surveillera ses arrières, et qu'avec la conversation antérieure il n'aurait pas de pensées vengeresses.
Faux. Elle savait qu'il la protégerait. C'était la raison de son agissement.
La jeune femme soupira doucement et lorsqu'elle sentit qu'elle se trouvait dans une zone où on pouvait la repérer, elle balaya le lieu du regard afin de vérifier que personne ne l'avait remarquée et elle se précipita vers un chemin. Elle se dirigeait vers des habitations, dans un lieu qui semblait désertique et Echo faisait du mieux qu'elle le pouvait afin d'éviter les regards des individus qui étaient à quelques mètres d'elle.
Elle trouva enfin refuge en se rendant dans une maison qui semblait inoccupée, où il n'y avait absolument personne. La scélérate soupira doucement, le cœur se calmant peu à peu face à l'adrénaline qui avait apparue. Enfin sécurisée, son regard se posa sur la pièce, observant tranquillement son environnement. Rien de plus normal, une table, des chaises, ou tout simplement des meubles, bien que le style montrait que c'était loin d'être moderne.
Ancien, même.
Cela la fit revenir dans ses réflexions, cette remarque lui faisant se rendre compte de certaines choses qui pourraient plus ou moins s'expliquer. Le fait que ce bâtiment semblait archaïque était une information qui paraîtrait évidente en réfléchissant bien. Les organisateurs avaient probablement décidé de leur offrir un univers qui leur appartenait déjà, mais dont la période était différente par rapport à celle qu'ils connaissaient déjà. Ce serait un monde qui appartenait à leur passé. Si c'était vraiment le cas, qu'elle avait raison, alors ils avaient beaucoup de chances de s'en sortir, même si la bande d'Echo n'était pas entièrement présente, la demoiselle savait qu'elle et ses alliés ne s'écraseraient pas aussi facilement, ou du moins, ils ne passeraient pas leur vie par terre si jamais ils tombaient.
A cette pensée, un nouvel objectif s'ajouta dans sa liste située quelque part dans son cerveau, l'hippocampe donnant de ses compétences de la mémoire et les possibilités cognitives. C'était, en réalité, déjà l'un de ses buts, mais elle se retrouvait dans une situation où il fallait vraiment qu'elle l'atteigne afin de mieux comprendre l'univers où ils avaient été envoyés. Echo n'avait pas vraiment le choix de toute façon, il fallait qu'elle retrouve la totalité de ses coéquipiers et pas seulement l'un d'eux, même si à ce moment-là précis elle n'avait besoin que d'une seule personne.
Un bruit familier retentit dans les tympans de la scélérate qui n'eut pas le temps de se retourner pour voir apparaître dans sa vision la minuscule bête automate. Elle flottait dans les airs selon les souhaits de son allié ingénieur, et à priori, il était drôlement agité pour que la caméra bougeait à ce point. En fait, on aurait même dit qu'elle tentait de faire passer un message, sauf que les évènements se firent rapidement. Au lieu d'effectuer des signes pour tenter de lui faire comprendre ce que Hack avait en tête, ce dernier se mit à faire foncer la petite machine en direction de la demoiselle d'une manière assez inquiétante. La concernée comprit assez rapidement, temps court influencé par l'habitude de ce genre de situation, et se retourna avec effervescence avant de s'approcher de la porte de la maison pour vérifier que la voie était libre. Malheureusement, l'horloge était contre elle, et une bambine fit son entrée dans sa vue.
Echo resta silencieuse, ne fit aucun mouvement, histoire de ne pas effrayer cette enfant. Cependant, lorsque celle-ci présenta des traits formant peu-à-peu une grimace, elle comprit que les larmes ne tarderaient pas à tomber et qu'elle devait agir au plus vite. La seule idée qui lui vînt en tête était de courir. Elle le fit alors, se précipitant vers la sortie, entrant en contact avec l'extérieur et se mettant à se déplacer du plus vite qu'elle le put vers un territoire lointain de cette zone habitée. De suite après, la demoiselle entendit des pleurs et des phrases incompréhensibles, comprenant ainsi que leur langue était inconnue à eux, ou du moins de ses connaissances.
Au bout d'un certain, elle put voir le contraste entre les habitants qui ne comprenaient pas vraiment ce qui était en train de se passer, et d'autres qui commençaient à ressentir un instinct de protecteur. La petite en question pointait Echo du doigt, ce qui donnait une certaine interprétation commune à tous, laissant la criminelle dans un embarras extrême. Elle n'abandonna pas pour autant et continua ce qu'elle faisait, espérant que sa tentative d'échappatoire marcherait.
Elle ressentit de la colère dans l'atmosphère, quelque chose qui disait qu'elle n'allait pas faire long feu. Ses actes s'étaient faits sur un coup de tête afin de casser le froid entre son allié et elle, et la voici qu'elle était sur le point de dégrader sa vie. La jeune femme ne fonçait pas la tête baissée de manière constante, bien au contraire, elle était celle qui gardait le mieux son sang-froid dans sa bande. Et puis, en fin de compte, elle était avant tout une humaine.
Sa course ne cessa pas. Pourtant, elle savait elle-même qu'elle aurait du mal à s'en sortir. De plus, elle ne pouvait pas se permettre de rejoindre son partenaire qui pourrait être considéré comme étant le complice d'une intrusion. Il était hors-de-question pour la demoiselle de prendre ce risque, surtout qu'il était préférable que son visage soit encore inconnu de ce village pour des projets futurs, pour mener à bien leur mission commune. Ainsi, elle se dirigea vers le sens complètement opposé, traversant ainsi une partie qu'elle ne connaissait pas de ce lieu, croisant même un espace qui semblait se consacrer à l'agriculture.
- Mana !
Ce mot, dont elle ne connaissait pas la signification, sortait de la bouche de l'un de ces individus. La scélérate n'avait pas compris ce que cela voulait dire, mais cela avait assez attiré son attention afin qu'elle discerne un autre son de suite après, qu'elle reconnut rapidement. Cela ressemblait à une corde fine qui s'étendait soudainement, puis un relâchement de celle-ci, faisant instinctivement arrêter la criminelle qui sentit un frôlement au niveau de son cou.
- Maimanta canki ?
Encore des paroles dont elle ne connaissait pas la traduction. De ce fait, elle ne répondit pas, se contentant de laisser deviner aux individus qu'elle était dans l'incompréhension totale. Peut-être que l'un d'eux parlait de sa langue après tout, c'était le cas pour les premiers inconnus qu'elle avait croisé, à moins que les organisateurs avaient choisi de l'embêter jusqu'au bout. En effet, ça leur arrivait de modifier quelques détails pour rendre la situation plus difficile aux participants. En tout cas, ce n'était pas ce qu'elle faisait de suite, elle s'était tout d'abord permise de se retourner pour voir le visage de la personne qui était sur le point de la tuer avec une flèche. C'était à cause d'elle qu'elle n'avait pas tenté de reprendre sa course, cet homme l'avait presque touchée, et aurait pu la tuer si elle n'avait pas eu le réflexe de s'arrêter. Il avait, il semblerait, de grandes compétences dans ce domaine, et elle ne voulait certainement pas prendre le risquer de les tester. Tant qu'elle ne sera pas sûre qu'elle pourra s'en sortir saine et sauve, elle restera sage, que ce soit avec cet individu ou tout simplement l'ensemble de ce peuple.
Pour l'instant, elle devait rester prudente.
- Ima sutiki ?
Elle se réveilla de son observation par l'insistance du ton employé par l'une de ces personnes, comprenant que l'impatience commençait à se ressentir dans l'atmosphère. Echo aurait bien aimé dire quoi que ce soit, le problème étant qu'elle n'avait aucun vocabulaire de cette langue, ou encore faudrait-il qu'elle puisse l'identifier. Même si elle était apparue à l'intérieur de ce village sur un coup de tête, sa capacité à garder son sang-froid ne l'avait pas quittée, son cœur battant toujours aussi tranquillement malgré la menace du contexte et de son emplacement.
- Jakuchu !
Cette fois, c'était une grande autorité qui avait résonné dans ses tympans, très probablement appartenant à un être important dans cette population. Du mouvement se fit voir dans sa rétine, en face d'elle, les concernés n'étant qu'un petit groupe d'individus, d'autres étant prêts à intervenir en cas de problème. Automatiquement, elle fit un pas en arrière, dans un instinct de survie, tout en tournant la tête vers l'arrière afin de surveiller ce qu'il se passait dans son dos.
Certains d'entre eux s'approchèrent dangereusement d'elle, ce qui la fit adopter une posture de protection, prête à agir s'ils oseraient ne serait-ce que la toucher. Elle posa une main sur sa dague, accrochée à sa hanche, avec discrétion grâce à une ceinture appropriée, préparée à l'utiliser et ce pour n'importe quelle situation.
Tout d'un coup, elle entendit des bruits de pas précipités allant vers sa direction, la faisant se retourner sur elle-même afin d'affronter celui qui serait sur le point de l'affronter. Un homme courait dans sa direction, mais il était différent des autres individus. Il avait une cape sur ses épaules, mais celle-là était différente du style que portait les autres, et même un peu plus familière à ses yeux. Elle comprit très rapidement, et ne tarda pas à prendre de l'élan afin de lui balancer l'arme qu'elle avait au bout de ses doigts. Devinant qu'il s'était dissimulé dans la foule, elle esquiva avec succès les attaques à distance des étrangers, tout en restant concentré sur celui dont la possibilité de l'avoir déjà croisé était forte.
Elle aurait pu poursuivre ses actes, mais le geste réponse du quidam était perturbant et surprenant ; il a arrêté l'arme. Précisément, il l'a arrêtée en sortant un objet inconnu de ses mains, la dague l'ayant transpercée de plusieurs centimètres. Cela la déstabilisa, et elle pensait avoir reconnu le concerné.
Sans qu'elle ne se rende compte de quoi que ce soit, trop plongée dans ses petites réflexions, elle sentit ses pieds perdre contact avec le sol. En quelques secondes, elle s'était retrouvée dans les airs, tandis qu'elle avait désormais une vue d'ensemble de cet endroit, qui se dézoomait de plus en plus. La demoiselle regardait légèrement ses alentours, et arriva à conclure sa position actuelle ; elle était sur les épaules de l'homme, ce dernier la tenant par la hanche tandis qu'à ses pieds, il avait un skateboard volant ayant le design de la technologie. Elle sentit qu'ils s'éloignaient, et que les cris de colère s'entendaient de moins en moins.
- Je suis ravi de te revoir, Echo.
***
Ils arrivèrent enfin sur la terre ferme par un atterrissage fait avec une si grande minutie qu'Echo n'avait de raison de s'inquiéter. La distance que cette dernière et Haemon, l'un des membres de la triade, avait avec le village était assez écartée pour ne pas que la scélérate ne subisse l'hostilité de ces individus. L'envie de vengeance d'une population que l'on ne connaissait pas était un risque qu'on ne devait aucunement négliger si l'on tenait un minimum à notre vie.
- Nous resterons là en attendant.
La demoiselle fit quelques pas devant elle, regardant le paysage qui s'affichait en face. Quelques bruits atteignirent ses tympans, la faisant directement se retourner en ayant une idée de ce que c'était. Echo était alors tournée vers l'homme qui venait de l'emmener ici, l'air interrogatif alors qu'il avait sorti l'un de ses gadgets de son sac-à-dos. Une tente apparut alors, se dépliant très rapidement et automatiquement après qu'il ait appuyé sur un petit bouton.
- Nous ?
Ce mot sortit des lèvres de la jeune femme qui continuait à se demander ce qu'il voulait dire par là. Elle savait ce que cela voulait dire évidemment, mais elle voulait connaître la raison pour laquelle il avait décidé de rester avec elle alors qu'ils n'étaient absolument pas de la même bande ; Ils étaient ennemis.
- Tu pensais que j'allais te laisser seule ?
- C'est bien ce que j'ai fait, répliqua-t-elle.
Dans sa voix, nous pouvions discerner une certaine froideur, voulant montrer de l'indifférence. Elle regrettait plus ou moins de l'avoir laissé tomber, même si ce n'était pas de sa faute, alors qu'il avait pris la peine de lui sauver la vie. Cependant, elle ne pouvait se permettre de montrer une quelconque émotion il fallait qu'elle garde la barrière pour se protéger de ses adversaires, que ce soit physique ou sentimental. D'ailleurs, encore une fois, il venait de l'aider, ce qui la fit culpabiliser un peu plus de son égoïsme.
- Ce n'est pas bien grave, c'est passé maintenant.
Elle fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas réellement la situation. Aussi, elle n'était pas vraiment convaincue par ce qu'il venait de dire, montant un peu plus la méfiance qu'elle avait en lui, le niveau ayant été pourtant bien plus bas que d'autres individus. La scélérate soupira doucement, ne répondit plus rien d'autre et acceptant qu'il reste avec elle, à condition évidemment qu'il garde de ses distances. De plus, Echo avait toujours confiance en son ami pour assurer ses arrières si jamais elle n'a pas les yeux sur lui. Elle n'avait aucune preuve de cela, mais elle le savait, parce que ça a toujours été comme cela chez eux, même lors des pires des hostilités, ils se protégeaient pour survivre ensemble.
D'ailleurs, un petit bruit familier retentit dans ses oreilles, et elle leva la tête pour tomber sur un objet volant de la taille d'un auriculaire. Elle comprit immédiatement de quoi il s'agissait et tendit la paume de sa main dans sa direction. Il se posa délicatement sur elle, se plia en quatre comme si c'était une feuille, et elle le rangea dans la poche vide de sa banane accrochée autour de sa hanche. Elle réfléchit un moment, dans le silence, avant de se retourner vers l'homme qui était avec elle.
- Il n'y a qu'une seule tente ?
Le concerné se réveilla lui aussi de ses réflexions, ayant eu le temps de penser à plein de choses, le temps qu'elle y plonge elle aussi. Il faut dire que la communication n'était actuellement pas de leur fort, étant donné leur relation.
- Les deux autres sont chacun à mes alliés, mais laisse tomber. Va te reposer, je ferai le guet en t'attendant.
Il avait rapidement demandé la raison pour laquelle il posait cette question. Elle ne voulait absolument pas dormir avec ce garçon, et ce n'était pas une histoire de charme ou de comportement, c'était tout simplement qu'elle n'avait pas assez confiance en lui, que ce dernier était assez étrange par le fait qu'il veuille rester. Echo ne savait pas ce qu'il désirait, et cela faisait qu'elle ne devait pas être naïve et se permettre de se reposer sur ses lauriers, bien au contraire.
A ce moment-là, cependant, il fallait qu'elle aille se reposer, histoire de plonger un moment dans la réflexion pour continuer sa mission. Echo hocha la tête en signe de remerciement, appréciant son geste, avant de commencer à ôter sa cape, puis se dirigea vers l'intérieur. Une fois à l'intérieur, elle prit le temps d'observer ce qui se trouvait là-dedans, tombant sur un sac de couchage ainsi qu'une petite table tout près de lui. Elle enleva ce qui pourrait la déranger lorsqu'elle s'arrangerait, c'est-à-dire son sac et ses chaussures. Une fois terminé, elle s'allongea lentement, s'étira puis se mit à fermer les yeux.
Dehors, Haemon avait observé la jeune femme se rendre dans la tente qu'il venait de déplier spécialement pour elle. Lorsque ce fut le cas, il balaya le paysage du regard pour être sûr que personne ne les avait vu, et se retourna une nouvelle fois lorsqu'un mouvement dans sa rétine attira son attention. Un dôme peu transparent mais en tout cas voyant par l'homme apparut autour de la demoiselle, puis de l'électricité qui bougeait plus ou moins rapidement. Il se mit en garde, attendant de voir ce que cela serait, puis lorsqu'il vit que cette barrière ne faisait rien, il comprit qu'il n'avait pas à s'en craindre ; ou du moins, s'il ne tentait rien.
Il soupira doucement en voyant cela. Il n'avait aucun regret à lui avoir prêté l'un de ses gadgets pour se reposer, bien au contraire, mais il aurait tout de même aimé avoir un autre signe de reconnaissance. L'homme n'en fit rien pour autant, comprenant parfaitement cette situation, puis se retourna vers le paysage, observant ce qui se défilait devant lui. Plusieurs minutes après, il bougea de l'autre côté de la tente, et ainsi de suite, prenant parfois le temps de s'asseoir par terre.
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