Chapitre 7
Elle était une nouvelle fois, seule.
La demoiselle se situait sur le garde-corps, assise avec sa colonne vertébrale droite et sa position de jeune femme civilisée. Echo n'était plus accompagnée de son amie, avec qui elle venait d'avoir un instant assez touchant. La scélérate était désormais esseulée, face à l'océan, en compagnie de ses pensées. Cet isolement lui permettait ainsi de se remettre de cette situation, en l'occurrence de se poser des questions sur ce qui se passerait avec les membres de sa bande, dans ce tournoi. Elle était avec deux de ses acolytes, mais il en restait d'autres encore, et ils avaient toujours fonctionné ensemble bien qu'ils avaient une part d'indépendance qui faisait qu'ils pouvaient tout de même se débrouiller seuls à des moments. Il ne restait que, dans tous les cas, ces gens étaient ses alliés et qu'elle avait bien des raisons de s'inquiéter de leur état, étant donné qu'elle ne les avait pas vu depuis un bon moment.
Après une bonne dizaine de minutes, elle se retourna vers la barre, où se trouvait l'homme qui était encore concentré sur les horizons, vérifiant qu'ils n'auraient pas de surprises soudaines d'un moment à un autre. La jeune femme soupira doucement, l'observant silencieusement durant quelques secondes, jusqu'à ce que son acolyte finisse par avoir un contact visuel avec elle. Cette dernière se redressa, posant une main sur le garde-corps pour faire une légère pression, décollant son fessier et lui permettant ainsi de poser les pieds sur le sol, tout le corps désormais droit. Elle marcha tranquillement dans sa direction, tandis qu'il retourna sa tête vers l'océan.
— Comment va-t-elle ?
L'homme lui avait posé cette question sans la regarder, d'un ton qui se voulait indifférent et un peu hautain, mais Echo avait entendu cette pointe d'inquiétude qu'elle connaissait que trop bien pour ne pas la remarquer. La demoiselle se positionna non loin de lui, à son niveau, réfléchissant un petit moment à la réponse qu'elle allait lui donner, plongeant à son tour ses iris clairs dans l'eau.
— Elle avait l'air d'aller mieux, dit-elle enfin. De simples égratignures ne vont pas la tuer, tu le sais bien.
Un silence apparut dans l'atmosphère, qui n'avait aucunement gêné les deux individus puisqu'ils étaient plongés dans la réflexion. C'était une situation qui était devenue plus ou moins familière, qui se faisait souvent lorsqu'ils étaient en public ou qu'ils sentaient que des individus les observaient. Leur simple présence était une manière de communiquer, déclenchant ainsi la pensée sur un sujet commun, mais dont le chemin était différent. L'une se remémorait la scène précédente qu'elle avait avec la soigneuse, tandis que l'autre réfléchissait sur les paroles de son alliée et le fait qu'en effet, la concernée n'était pas du genre à tomber face à un obstacle insignifiant.
Ils restèrent dans l'absence de bruit, du moins au niveau vocal, le son du vent caressant doucement leur peau. Ils ne disaient rien de plus que ces mots, et pourtant, ils auraient pu évoquer un grand nombre de sujets de conversation, même les plus anodins. En dehors de cette compétition, ces partenaires discuteraient sans une once d'hésitation, tout simplement comme de simples amis qui se connaissaient bien. La raison pour laquelle ils ne le faisaient pas, c'était qu'ils étaient filmés, et surtout diffusés à des millions de spectateurs. Ce n'était pas une situation envieuse pour avoir une conversation personnelle, bien au contraire. Et puis, de toute manière, il était préférable pour eux qu'ils se parlent le moins que possible, histoire que le peuple ne découvre que très peu d'informations sur leur personne.
C'était même vital à ce moment-là.
Ainsi, elle finit par pivoter sur le côté, face à l'océan, et marcha doucement vers le garde-corps. La demoiselle s'appuya ensuite sur cette barrière en posant ses coudes sur la plateforme, regardant les horizons elle aussi. Elle l'observait dans un esprit plus rêveur que plongé dans la concentration. Des images mélancoliques défilaient dans sa tête tandis que sa froideur se lisait toujours dans son regard. C'était l'une de ses caractéristiques connues en tant que criminelle, personne n'avait encore vu la jeune femme autrement que dans l'indifférence. Ce renseignement était intriguant par le fait que les autres membres de sa bande étaient loin d'être comme elle.
Elle était la favorite des médias.
La scélérate resta un moment dans cette position. Cet instant semblait durer une éternité tant l'ennui occupait son temps actuellement, alors même que quelques heures auparavant elle était en plein combat dans une grotte plongée dans la noirceur. Cette situation variait énormément, ce qui aurait pu rendre fou n'importe qui.
Sauf des individus qui avaient l'habitude de s'adapter à tout.
— Je vais aller chercher L'Esculape.
Cette phrase s'était échappée des lèvres de l'homme dont les pas se faisaient entendre, s'éloignant doucement. La gymnaste avait compris la raison de ces paroles bien qu'il n'avait rien expliqué. Au moment même où il avait parlé, elle avait tourné la tête dans sa direction, puis celle où était dirigés ses iris, et ainsi avait une nouvelle vue. Dans son champs de vision se trouvait un autre navire au loin, qui se dirigeait tranquillement vers eux, et pourtant dans une impression de menace. Elle se doutait que c'était quelques individus faisant partis de ses adversaires dans le jeu, qu'il y avait très peu de chance que ce soit quelqu'un d'autre qui ait décidé de leur rendre une petite visite.
Mais malgré la distance, son instinct l'incitait à se méfier de ce décor.
Elle observa ce bateau, réfléchissant durant de longues secondes, gardant son regard bloqué sur cette scène qui se défilait sous ses yeux. La jeune femme était immobile, telle une statue en pierre qui représenterait un contexte historique. Cela ne l'aidait aucunement à comprendre son esprit qui était réticent face à cela, ce qui devenait de plus en plus frustrant.
Heureusement, un bruit avait réussi à retenir son attention, malgré sa grande concentration et le son presque insensible. Machinalement, elle se retourna une nouvelle fois, posant tout d'abord le regard dans les horizons, avant de le descendre un peu plus, jusqu'à avoir le garde-corps dans sa vision. Une couleur jaune et dominante apparut, avant qu'elle ne se rende compte qu'elle correspondait à celle d'une bouée à la forme d'un œil, flottant tranquillement alors même qu'elle n'était pas censée être présente à cet endroit.
Sans plus attendre, elle se dirigea vers les cabines, courant même alors que l'adrénaline montait dans sa poitrine. La demoiselle était dans la hâte, et il le fallait après tout si elle désirait que ses alliés aillent bien, ou tout simplement se rassurer qu'ils étaient encore en bon état, ou du moins qu'ils étaient en vie.
Elle se précipitait dans le couloir, les talons tapant brutalement sur le sol en bois du navire, des pas qui ne devaient pas être insignifiants pour des individus présents. Elle n'en avait que faire à vrai dire que quelqu'un l'entende, c'était en réalité ce que la demoiselle désirait, en espérant qu'elle n'arrive pas en retard. Le nom de l'homme était plusieurs fois prononcé par ses lèvres dans la panique, dans un cri, alors que l'inquiétude s'accroissait toujours autant alors qu'elle s'approchait de la chambre.
Soudainement, alors qu'elle courait encore entre les murs, une forme humanoïde surgit de l'un d'entre eux et la scélérate se retrouva être propulsée vers un autre, se retrouvant ensuite par terre en moins de quelques petites secondes. Un mal de tête apparut ainsi par cet agissement, sa tempe ayant brutalement rencontré une surface sure. Elle posa une main sur son front, comme si cela allait soulager sa douleur, alors qu'elle releva les yeux pour connaître la raison de cette manœuvre.
Un masque blanc fit son apparition dans sa vision, attirant directement son attention tant cet objet la paraissait familier. C'était loin d'être la première fois qu'elle l'avait vu, en sachant que celui-là était une nouvelle fois différent. La demoiselle soupira doucement lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait en face d'elle pas seulement un adversaire de compétition, mais surtout un ennemi assoiffé de vengeance.
C'est un terme qui n'était pas négligeable.
Elle se dépêcha de se lever lorsqu'elle vit l'inconnu en mouvement, allant dans sa direction. Le quidam prit de l'élan et leva son arme blanche pour aller la planter, sauf qu'elle réussit à esquiver avec succès en contrant son attaque par un coup de revers de la main, tout en tournant sur elle-même pour s'éloigner de lui de plusieurs mètres. A ce moment-là, elle prit le petit temps qu'elle avait afin d'analyser la situation du mieux qu'elle le pouvait. En tout cas, au niveau de son rival, elle pouvait constater par les gémissements, la forme du manteau et le geste qu'elle avait affaire au sexe similaire au sien.
Elle se retourna en espace de quelques petites secondes, donnant une idée du temps de réaction de son adversaire. Ces demoiselles n'étaient pas réellement dans l'égalité au niveau du combat, étant donné que l'une était armée et que l'autre n'avait absolument rien sur elle. Cette dernière ne pouvait que compter sur son agilité et sa capacité à effectuer des stratégies en très peu de temps. Malgré cela, elle ne s'en plaignit pas, même intérieurement, prête à se battre les mains vides. La gymnaste ne se sentait aucunement désavantagée, habituée à ce genre de situation, et avait déjà construit un plan provisoire qui réclamait de l'improvisation, bien que ce soit fait indirectement.
Echo semblait être dans un état de faiblesse.
Cette information, le fait qu'elle n'ait pas de quoi se défendre faisait monter la confiance que son ennemie avait en elle. Elle était persuadée qu'elle n'aurait aucune difficulté à l'abattre, alors elle se mit à marcher tranquillement dans sa direction, un sourire narquois sur ses lèvres, bien que caché par son masque. La scélérate à la tenue noire n'avait pas besoin d'avoir une vision directe sur son visage pour sentir son sentiment de supériorité, son attitude et la position de son corps étaient largement suffisants, dégageant un désagréable sentiment d'orgueil méprisant. Cela ne motivait clairement pas Echo qui se refusait catégoriquement de se battre contre ce genre de personne, mais on ne lui laissait visiblement pas le choix.
— J'espère que tu la retrouveras vivante.
Cette phrase était adressée à la jeune femme. Cette dernière arqua un sourcil, ne comprenant pas vraiment ce qu'elle désirait lui communiquer. En réalité, son attention était plus attiré par son apparence qu'autre chose, se forçant à se remémorer et à se faire des réflexions, particulièrement sur la forme de l'animal du lion sur son masque. Jusqu'ici, elle en avait croisé trois avec cet objet commun, mais avec les traits de différentes bêtes.
Soudainement, un bruit de verre retentit dans ses tympans, semblable à celui d'un récipient fragile qui se casse. Il provenait de sa gauche, bien que le son était étouffé par la présence d'obstacle en bois. En repassant ses paroles dans sa tête, elle comprit très rapidement ce qu'elle voulait lui dire.
Son amie, son alliée, était en train de se faire kidnapper.
Elle ne perdit pas de temps et se mit à courir en direction de la porte de la chambre, sans même se préoccuper de son adversaire qui aurait pu la planter à tout moment. La concernée ne fit rien, restant immobile face à cette scène qui l'avait surprise. Son arme n'avait pas quitté sa main, mais elle semblait ne pas avoir eu le réflexe de l'utiliser alors que la demoiselle passait très proche d'elle.
Sous les yeux de cette dernière, elle abaissa brutalement le poignet de porte l'embrasure n'étant ainsi plus totalement encadrée. L'adrénaline montait de plus en plus en elle, et lorsqu'elle avait ouvert l'entrée, elle tomba sur des bouts de vitres sur le sol, ainsi que deux individus qui semblaient se défier du regard, mais dont l'un avait encore une fois, une arme entre ses mains, précisément à feu. La demoiselle s'arrêta de bouger en se rendant compte de ce qu'il avait entre ses doigts, et veilla à rester immobile, tout en vérifiant que son acolyte n'avait rien. Elle tentait de ne pas se soucier de l'Esculape qui était en train de crier à l'aide à l'extérieur. A cet instant-là, il fallait tout d'abord qu'elle fasse attention à elle, qu'elle reste en vie, avant de se préoccuper de quelqu'un d'autre.
Son cadavre n'aurait rien pu faire.
Celui qui était près d'elle était son allié, qui était venu de base réveiller la soigneuse pour qu'ils se préparent à une éventuelle attaque. Elle se souciait de ce qu'il pourrait faire d'un moment à un autre, Echo ne le connaissait que beaucoup trop bien pour ne pas se méfier de ses futurs actes.
— C'est juste un échange, mes biquets.
Ces paroles vinrent des lèvres de la femme avec qui elle s'était battue quelques secondes plus tôt, marchant tranquillement à côté d'eux, avec une démarche quelque peu provocante dans sa manière d'être. Elle ne se retourna pas, ne chercha pas à établir un contact visuel avec cette personne, démontrant de l'indifférence face à ses propos. Elle comprit cependant ce qu'elle voulut dire, et rien que par cette réflexion, son adversaire avait réussi à la faire une nouvelle fois culpabiliser, sentiment qu'elle essayait de dissimuler et surtout, de chasser de son esprit. Il fallait qu'elle se reprenne très rapidement, bien que l'inquiétude s'était mise à marquer son territoire dans sa tête.
Elle a éliminé l'un de leurs camarades, et elle risquait de perdre l'une des siens.
Il semblerait qu'elle n'était pas la seule à interpréter cette idée qui était la seule probable. Le rouge de la colère et de la frustration se lisait de plus en plus dans les traits de l'homme qui avait les poings serrés. La femme au masque leur offrit un sourire taquin, avant de monter sur un meuble pour sortir de la salle, traversant l'une des vitres, celle qui était cassée. Ils étaient en train de s'en aller, sur le point de les laisser, à deux, alors qu'ils étaient trois.
Rien que cette information n'était pas négligeable.
L'individu qui avait une arme à feu entre les mains venait à l'abaisser pour la rejoindre, abaissant ainsi sa garde. L'Aquila profita de ce moment pour foncer sur lui, dans un élan de rage. Echo eut le réflexe de se déplacer, mais pas pour atteindre l'objectif que son allié désirait atteindre, parce qu'elle savait déjà que ce ne serait pas le cas. Elle comprit rapidement qu'elle avait eu raison, parce que l'adversaire s'était de suite retourné, probablement à cause des bruits de pas.
Il avait relevé l'objet, le positionnant de sorte à ne pas rater sa cible. Un tir retentit soudainement dans leurs tympans. Un cri suivit directement, exprimant la douleur. La gymnaste n'était pas venue à temps pour l'épargner de la balle, mais avait réussi à faire un sorte qu'elle soit le plus loin possible d'un organe vital. Elle avait fait cela en se jetant sur lui, le faisant ainsi se déplacer. Le projectile s'était planté dans son bras, au lieu de sa poitrine, au niveau du cœur, et avait même frôlé le cou d'Echo. Cette dernière eut ensuite le réflexe de tenir son allié par l'une de ses côtes, contraire au côté de son membre blessé, tandis que l'autre main était fermement posée sur la blessure. Il ne fallait pas que le sang coule, alors elle veilla à ce que la pression soit suffisante forte, sans pour autant être nuisible.
Un son rare mais familier retentit au milieu de ce vacarme. Au même moment, elle s'accroupit afin d'aider le corps de son ami à chuter convenablement sur le sol, s'étant alourdit. La demoiselle continua à veiller sur son hémorragie, tandis qu'elle mit son poignet à portée de vue pour connaître l'actualité de la compétition. Ainsi, un écran apparut, sur un cadre qui s'était formé au-dessus de sa main.
Elle tomba sur un visage. Elle le reconnaîtrait n'importe où. Une belle peau noire dont elle connaissait l'odeur de plante. Des iris foncés. Une longue chevelure noire et lisses. Un regard devenu naturellement froid. Son identité a été révélée au moment même où elle avait quitté cette pièce. Le drone était toujours en marche, mais la soigneuse n'avait pas son costume. Il était à quelques mètres d'Echo.
Cette dernière soupira doucement en se rendant compte de ce qu'il venait de se passer. Elle croisa le regard de son adversaire, possédant un masque de chien, un animal dont elle avait déjà vu la marque. La demoiselle l'avait déjà croisée, au tout début de ce jeu. Tout ce qu'elle avait retenu de lui, c'était qu'il avait la capacité de se situer et de connaître la localisation de chaque personne. Son nom aussi, ou du moins, le pseudonyme derrière lequel il se cache.
L.
Elle croisa le regard du concerné qui rompit de suite le contact visuel. Il était sorti par la fenêtre à son tour, derrière son acolyte. Des bruits de pas s'éloignèrent d'eux, rythmés, faisant comprendre qu'ils couraient.
Au bout d'une dizaine de secondes, ils ne se passèrent plus rien. Les voix ne se faisaient plus entendre, et le vent continuait à caresser sa peau comme s'ils étaient dans une situation habituelle. Les gémissements de l'homme ne s'étaient pas arrêtés, attirant ainsi l'attention de la jeune femme qui pouvait enfin s'en occuper. Son compagnon tenta de bouger, toujours dans la colère, mais ne faisait que se faire mal. Il le fit une nouvelle fois, et Echo le fit volontairement mal pour qu'il comprenne qu'il ne devait pas, avant de s'arrêter. Elle aurait voulu l'insulter, mais décida de le faire que mentalement, le faisant comprendre par son regard qui exprimait clairement ce qu'elle pensait.
— Ils l'auraient déjà tuée, si c'était leur unique but.
Elle disait cela avec un ton monotone, comme si elle n'en avait rien à faire, que ce n'était pas grave. Ce n'était pas vrai, bien loin de là. La demoiselle essayait de garder les esprits clairs malgré cette perte. Il faut dire qu'elle avait une confiance pharamineuse envers les membres de sa bande. La scélérate les connaissait à peu près tous très bien au niveau du caractère et du comportement, ainsi que de la matière grise. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne se souciait pas d'eux, mais qu'elle se rendait compte des capacités de ses amis. Au niveau de l'Esculape, elle s'en sortira, ou alors elle gagnera du temps, mais dans tous les cas, elle était persuadée qu'elles se retrouveraient.
C'était ce qui lui permettait de s'accrocher.
Echo regarda un moment autour d'elle, cherchant de quoi soigner la blessure de son acolyte, ou du moins la soulager. Un bandage attira son attention, à quelques mètres d'elle. La vingtenaire alla se déplacer avec une certaine douceur vers lui, jusqu'à ce qu'elle subisse un léger choc. Ce dernier était accompagné d'un bruit qui était bien reconnaissable, mais dont elle eut besoin de plusieurs secondes pour recoller les morceaux.
Une explosion.
Quelques instants après, une autre se fit entendre, et un peu plus forme. Mais surtout, elle était plus sensationnelle, puisqu'elle fit bouger le navire. C'était si mouvementé que les deux individus se retrouvèrent à glisser sur le sol pour être cognés au mur parallèle à celui sur lequel ils étaient le plus proche. La gymnaste avait pris soin de faire un sorte que ce soit elle qui se prenne le coup, histoire que son allié n'encaisse pas le tout avec cette blessure qui n'était pas négligeable. Elle était, ainsi, le dos collé à la construction.
Il fallait qu'elle agisse au plus vite. Si elle ne se dépêchait pas, ils risquaient de se retrouver au ciel. Ce n'était pas ce qu'elle souhaitait, pas de suite. C'était hors-de-question. Elle retira l'une de ses mains, puis l'autre et fit ses actions rapidement pour ne pas gaspiller de sang. En quelques petites secondes, elle avait ôté sa cape noire pour en arracher le tissu, précisément la partie basse. Elle se mit ensuite à entourer son bras avec cet assemblage de fils textiles, veillant à ce le nœud soit assez résistant pour ne pas qu'il se détache facilement.
Le navire subit une nouvelle fois, ce qui le fait chavirer d'un côté, entraînant les individus avec lui. Elle s'était fermement accrochée à lui pour ne pas qu'ils soient séparés par les mouvements brusques du bateau. La jeune femme le protégeait du mieux qu'elle le pouvait, tentant de l'épargner d'une plus grande souffrance que celle qu'il ressentait déjà. Elle prit le bras de l'Aquila pour le mettre derrière son cou à elle, avant qu'elle ne repose sa main sur sa côte pour le tenir, tandis que l'autre était sur le sien.
— Accroche-toi.
Elle se leva ensuite, très lentement, le temps de faire comprendre à l'homme qu'il allait devoir faire des efforts pour qu'ils s'en sortent ensemble. Ainsi, ils se mirent debout bien qu'avec de la douleur. Ils peinèrent à marcher jusqu'à la fenêtre la plus proche, avant qu'ils ne se fassent une nouvelle fois emporter par une explosion, faisant bouger le navire. La demoiselle répéta les gestes précédents, mais eut une meilleure souplesse que tantôt, s'accrochant au cadre vitré dont le verre avait été cassé. Cette situation aurait pu être une boucle lassante, mais un élément s'était ajouté à la décoration.
De l'eau.
En moins de quelques secondes, ils s'étaient retrouvés à être complètement enveloppés de ce liquide limpide. Elle rencontra le plafond à cause du mouvement du bateau, allant du haut vers le bas. Toujours en s'accrochant fermement à son associé, elle se mit à tirer sur la vitre pour qu'ils sortent de cette pièce. Il fallait qu'elle fasse vite avant qu'ils ne manquent d'air, tout en essayant de ne pas toucher le cadre qui l'entourait. Sa peau rencontra des bouts de cette matière transparente, lui laissant des égratignures, mais rien de bien grave pour qu'elle s'en préoccupe à ce moment-là.
Avec l'homme dans ses bras, elle se mit à nager en direction de l'extérieur, se déplaçant ainsi dans l'eau en soulevant son bras, et le rabaissant, en faisant des mouvements répétitifs, accompagnés de ses jambes qui s'agitaient. Cela demandait énormément d'effort, mais elle tenait beaucoup trop à la vie pour abandonner aussi facilement.
Son allié tentait de l'aider du mieux qu'il le pouvait, avec le peu de force qu'il possédait. C'était un effort très minime, mais ce petit détail encourageait la demoiselle à continuer d'avantage. Cette motivation la conduit ainsi à atteindre la surface au bout d'une dizaine de secondes, étant en contact avec l'air, et donc avec du dioxygène qu'elle chérissait. Elle veillait à ce que l'homme aussi profite de ce gaz si vital pour les êtres vivants, même dans la fatigue.
Un tonneau était présent non loin d'eux. La jeune femme nagea jusqu'à lui, s'accrochant ainsi à lui et à son acolyte, qui manquait de force, mais faisait de même pour soulager son poids. Ils restèrent dans cette position, exténués, se reposant quelque peu sur l'objet en question. Il n'y avait rien autour d'eux, juste des meubles provenant du navire et qui flotteraient dans l'eau. Même leurs ennemis n'étaient plus là, ou leur bateau, ce qui était surprenant car cet évènement n'avait duré que quelques secondes, ils auraient au moins pu apercevoir le navire.
Ils n'avaient alors plus rien à faire, littéralement, à part attendre qu'une personne tombe sur eux, qui aurait l'amabilité de les aider bien que ce serait rare dans cette situation. Ou tout simplement, peut-être, la mort, contre leur gré.
La demoiselle soupira doucement, posant sa tête sur le tonneau, profitant de ce calme qui devenait rare. Ce n'était pas du tout la position à laquelle elle aurait désiré se retrouver, cette atmosphère soudainement sereine ne pouvait que la faire apprécier dans cette compétition qui donnait des envies de meurtre, et surtout des obligations. Elle ferma les yeux, respirant ainsi cet air si frais, par le vent qui caressait sa peau délicatement sa peau.
Autre chose entra en contact physique avec cette dernière. Un petit moment plus tard, la jeune femme avait senti que des doigts étaient en train de frôler les siens, avant de monter jusqu'à son poignet, puis à son avant-bras. Elle leva doucement la tête, par réflexe, pour connaître la raison de cette sensation. Sa vision était floue, probablement emportée par son mal de tête qui avait apparu suite à tous ces évènements. Ce n'était pas suffisant pour l'empêcher à reconnaître les formes de cet individu, qui était un homme, sur une plateforme lisse qui flottait dans le vide.
Cette personne lui parlait, mais elle n'entendait que des bribes de voix. Dans tous les cas, avec l'assemblage des mots qu'elle entendait, les gestes qu'elle arrivait à apercevoir ainsi que son affinité avec lui, elle put deviner qu'il était en train de la rassurer. La demoiselle put ainsi s'échapper de l'inquiétude, et donner le relais à son ami qui s'occupera très bien d'eux. Avec délicatesse, il colla son poignet au sien, et une petite vibration familière se fit entre ces deux articulations. Une image apparut dans sa vision, floutée, mais pas suffisamment pour ne pas qu'elle la reconnaisse.
En quelques instants, elle eut une meilleure facilité à respirer. Son corps n'était plus enveloppé par de l'eau, mais avait ressenti une certaine fraicheur donnée par le vent. Ses pieds ne flottaient plus dans le liquide limpide, mais étaient posés sur le sol. Un gémissement de douleur retentit à ses côtés, mais cela ne faisait que la rassurer. Elle était par terre, avec son ami blessé.
Ils avaient gagné une partie.
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