Chapitre 57
« Tu peux demander à ton énorme dragon de prendre moins de place ?marmonna Elta.
-C'est marrant, parce qu'il vient de me demander si mon énorme amie pouvait prendre moins de place. »
Aouch... devant le fou rire de Téméria, mon amie d'enfance m'envoya un coup dans le ventre. Les tâches de rousseur qui se dégradaient sur le haut de ses pommettes mettaient en valeur ses traits fins et sa peau pâle.
Les trois escouades de notre année étaient assises sur des troncs couchés, voir en haut des arbres, comme Max et Idori, ou encore par terre.
Maître Kren, Maître Varenaï et Maître Haken, les 3 capitaines, se tenaient debout, l'air grave.
« Guerriers, commença notre maître, une grande bataille se prépare, plus meurtrière que tous les combats que vous avez vécus jusqu'à maintenant. »
Aussitôt, le silence se fit dans la clairière.
« Comme vous le savez, continua-t-il, les Chevaucheurs ont été chassés de leurs terres par les guerriers, il y a de ça de nombreuses années, et tentent désormais de reprendre leur place parmi nous. Bien qu'ils vivent d'habitude en petits groupes, leur roi Kleïten semble vouloir les rassembler en une seule armée. Ce matin encore, une escouade plus âgée a rapporté avoir vu un groupe de Chevaucheurs rassemblant 3 unités se diriger vers l'Est. Sans parler bien sûr de tout ce que nous avons entendu de la bouche de nos ennemis, faisant référence à une « Grande Bataille », au « triomphe de l'Héritier »... Les adversaires se rassemblent, la guerre approche. Soyez prêts, nous partons demain à l'aube. »
Dès qu'il eut finit de parler, des discussions animées et des murmures inquiets emplirent la clairière.
Je fixai mes mains en silence. Alors... ce que tous craignaient jusqu'à présent était arrivé... Nos cauchemars étaient sur le point de devenir réalité. Certains d'entre nous n'avaient même pas encore 15 ans ! La gorge serrée, je relevai la tête, et croisai le regard topaze de Maître Haken.
Je me levai et fendis la foule de mes camarades pour atteindre mon capitaine.
Il passa la main dans ses cheveux bruns.
« Hardex, fit-il simplement de sa voix calme et profonde.
-Maître, nous n'avons même pas...
-Oui, je sais. Nous n'avons pas eu le temps d'aller obtenir l'aide des elfes. Nous n'avons pas même aperçu la moindre trace de celui que nous cherchions. »
Il fouilla un instant dans sa poche, et en sortit une fine chaîne au bout de laquelle pendait différentes torsades argentées, entourant une unique pierre du même bleu que celui du ciel de la saison des Nuages Doux.
« J'ai toujours sur moi le pendentif que cet elfe a perdu dans les mains des Chevaucheurs avant de s'enfuir. Le problème est que je ne sais pas vraiment comment retrouver cette personne. Les elfes sont mystérieux, et se cachent des autres races. Ils vivent loin de tous, dans leur empire... Mais ce pendentif nous prouve bel et bien qu'il y a au moins un des leurs qui traine chez les humains. Et si on le trouve...
-Il pourrait nous indiquer où se trouve l'Empire des elfes, et nous y faire entrer, complétai-je.
-Malheureusement, c'est trop tard pour cette bataille. Mais ne t'en fais pas, elle n'est que le commencement. Nous aurons d'autant plus besoin des elfes après, que nous ayons gagné ou perdu.»
Je tentai de calmer mes émotions qui bouillonnaient en tous sens, pour laisser place à des pensées cohérentes.
« Est-ce que... est-ce qu'on a la moindre chance d'emporter ce combat sans le soutien d'un autre peuple ?
-Il y a toujours de l'espoir, Hardex. La victoire dépend de toi. De chacun d'entre nous. On ne doit pas donner notre maximum, non. On doit faire bien plus que ça. »
J'hochai la tête, incapable de parler. Il se mit à ma hauteur, et posa une main sur mon épaule.
« Tu va donner tout ce que t'as, promis ? »
Je relevai la tête et ancrai mon regard dans le sien.
« Non, je ferai bien plus que ça. »
Il sourit.
« Sois prêt pour demain. Ace et toi avez intérêt à être en forme.
-On va où ?
-Au Quartier Général de la Harde**. »
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***Pour rappel, la Harde est l'armée de guerriers qui fait régner la paix dans Fallen Wortt. ***
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« Tu ne peux pas partir comme ça ! J'ai besoin de toi !
-Je suis désolé, Altaïr, eux aussi ont besoin de moi. C'est n'est pas moi qui l'ait choisi.
-On a toujours le choix !protesta-t-il.
-C'est vrai. Mais alors je choisis d'aller me battre avec mon escouade, pour m'assurer que les Chevaucheurs n'aillent pas jusqu'à Valtarden, et ne te fassent pas de mal. »
Il se jetta dans mes bras et éclata en sanglots.
« Je sais. Mais j'aurais voulu que tu sois là pour mon examen final, que tu me vois devenir un guerrier. Je ne t'ai pas vu pendant un an complet, et tu dois déjà repartir... »
Je fermai les yeux. Moi aussi, toute mon enfance, j'avais souhaité que Yohito soit là pour me voir grandir.
« J'aurais préféré, moi aussi. »
Je le serrai un peu plus fort.
« Mais peut-être que je pars pour moins longtemps, cette fois. Quand je rentrerai, je veux que tu sois devenu le meilleur guerrier. Je compte sur toi pour tout déchirer.
-Promis, »acquiesça -t-il en essuyant ses joues humides.
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Le lendemain, lorsque les lueurs de l'aube pâlirent le ciel clair, je pris mes affaires, et descendis l'échelle de bois qui tant de fois m'y avait vu monter. La porte de la grange s'ouvrit sans un bruit, et attachant le fourreau de l'épée de mon père dans mon dos, je fis signe à Ace de sortir. Après un dernier regard à Altaïr, enfoui dans un sommeil profond, je laissai là la maison encore endormie, et partit pour livrer ma première bataille.
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