Chapitre 48

J'esquivai un coup de hache circulaire, répliquai par une attaque plongeante. La pointe de ma lame effleura les côtes de mon adversaire.

Cette fois-ci, ils étaient 8, tous armés d'une hache. La falaise sur laquelle nous étions était le prolongement d'une plaine herbeuse, et surplombait une large vallée qui s'étendait en direction de la Chaîne d'Astarn.

Ace en combattait 3, aidé de Maître Haken. Autour d'eux jaillissaient des rocs, pouvoir de notre capitaine, et le dragon rouge ensevelissait ses adversaires sous une nuée de flammes bleues glacé.

Mon adversaire, fourbe, envoya violemment son pied dans mon tibia gauche. Je flanchai, tombai à genoux. Mais je frappai avec la garde de mon arme le pied de l'ennemi, qui grogna et recula. Je pus me relever.

Je jetai un coup d'oeil vers mon éclateil. Apparement, il n'avait plus de feu. Nous avions découvert lors d'un combat contre un monstre que sa réserve de flamme pouvait s'épuiser. De plus, utiliser cette capacité le fatiguait plus rapidement.

Mais je savais qu'il s'en sortirait. Il était intelligent et courageux, et Maître Haken était avec lui.

Pour le moment, aucun des deux camps n'avait l'avantage.

Si je réussissais à me débarrasser de mon assaillant, je pourrais aller aider les autres, et faire reculer ces Chevaucheurs.

Je tentai alors un coup risqué, téméraire et fou. Je me glissai sous son bras droit, me rendant vulnérable pendant quelques secondes. Je me retrouvai dans son dos, et sa hache me frôla avant de frapper le sol. Ouf ! Juste à temps. Sans plus attendre, j'envoyai ma lame entre ses deux omoplates, et la tranche de mon pied appuyer sur le tendon derrière son genou. L'homme tomba sur ce dernier en lâchant son arme. Je fixai le sang recouvrant peu à peu sa blessure, là où mon épée l'avait ouverte. Je secouai la tête. Cela lui suffirait, inutile d'en faire plus. Tuer des gens me répugnait toujours autant.

Je laissai là mon adversaire qui tentait de se relever pour s'enfuir, et m'élançai à la rescousse de Max et Téméria, qui combattaient deux Chevaucheurs trapus.

L'ennemi reculait peu à peu, et commençait à s'enfuir, lorsque tournant la tête, je vis Kate vaciller au bord de l'immense falaise, tentant d'esquiver la hache de son adversaire.

Elle poussa un petit cri lorsqu'elle bascula dans le vide.

Aussitôt, Idori abandonna son assaillant, et se jeta à son tour du haut de la falaise. Royal le suivit, et piqua vers le sol.

Angoissé, je courus au bord pour les regarder. Le faucon avait récupéré son invocateur en vol, et ils fonçaient à toute allure vers la petite guérisseuse qui chutait. 300 mètres plus bas, le sol. Je retins mon souffle, terrifié. L'animal et le sol s'approchaient tous les deux à vive allure. Je sentis mon corps trembler doucement quand je réalisai que Kate pourrait bien mourir, si l'Archer au Faucon d'Ambre ne parvenait pas à la sauver. Royal passa enfin à proximité de notre amie, et Idori parvint à l'attraper dans ses bras. Je soupirai de soulagement, et une soudaine envie de crier de joie s'empara de moi.

L'éclateil tangua un instant à cause du choc, puis se stabilisa, et reprit son vol, remontant peu à peu vers le haut de la falaise, où Ace avait fait fuir les derniers Chevaucheurs.

Ils furent accueillis par les câlins des autres membres de l'escouade.

Max se jeta sur son meilleur ami et le serra dans ses bras.

« On devrait tous avoir un parapente de secours attaché dans notre dos, plaisanta-t-il.

-Très bonne idée, Tête de Piaf, le taquina le garçon aux yeux argentés.

-Moi j'ai un dragon si vous voulez ! »répondis-je.

Zalden sauta sur Royal, et le couvrit de léchouilles, heureux de revoir son ami sain et sauf. Le loup jappait dans tous les sens, fou de joie.

Je rejoignis Max et Idori, soulagé.

Téméria et Maître Haken rassuraient doucement Kate, encore sous le choc. Le capitaine se releva et s'approcha de l'archer.

« Bien joué P'tit gars ! J'aurais pas fait mieux ! »

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Je mordis avidement dans mon pain chargé de fromage fondu et de viande tendre et grillée. Ces combats m'avaient donné un appétit de Felthorn ! (Oui oui, c'est une expression locale...)

Je balançai mes jambes épuisées dans le vide, assis sur la falaise. Celle de Valtarden me manquait. Et Altaïr aussi, d'ailleurs.

Voyant qu'à côté de moi, Idori ne touchait pas à son dîner, je demandai :

« Ça va, mon pote ? »

Il haussa les épaules. Nous étions seuls sur la falaise, les autres étaient restés auprès du feu.

« J'ai eu tellement peur, aujourd'hui. »

Je vis que ses yeux étaient remplis de larmes.

Je lui répondis que moi aussi, mais je voyais bien qu'il était profondément boulversé. Ça faisait longtemps que je l'avais deviné, mais maintenant, j'en étais à peu près sûr.

« Tu aimes Kate, pas vrai ? »

Il ne répondit rien tout d'abord, puis, il lâcha :

« Je ne sais pas, mais si l'aimer, ça veut dire avoir le coeur en feu dès que je la voie, être angoissé dès qu'elle n'est pas là, au fond du gouffre sans son sourire, et inondé de bonheur dès qu'elle plonge ses yeux dans les miens, alors oui, je l'aime. »

Je souris. Mon ami se tourna vers moi.

« Tu n'as jamais été inquiet pour Elta ? »

Je secouai la tête.

« Elle est douée et intelligente, elle s'en sortira toujours, je lui fais confiance. »

Je compris soudain le sous-entendu que venait de faire le garçon.

« Eh ! Mais n'importe quoi ! C'est mon amie, rien de plus !protestai-je.

-Ok, si tu le dis, » fit-il avec un clin d'oeil.

Je me posai alors la question : et moi, est-ce que j'aimais quelqu'un ? Mais lorsque j'essayai de faire ressortir mes sentiments, je ressentis juste une immense tristesse.

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