Chapitre 40

La main sur mon épée, adossé à un rocher, je fixai le chemin qui serpentait en contrebas. Les autres faisaient de même. Ace, à cause de sa taille, s'était caché un peu plus loin. J'aurais mille fois préféré que mon dragon rouge soit à mes côtés, peut-être cela m'aurait-il rassuré. Nous nous tenions prêt, le coeur battant, les pensées tourbillonnant dans nos esprits, le corps tremblant de hâte et d'appréhension pour notre premier véritable combat.

Des bruits de voix. Des sabots claquaient sur le sol froid. Une charrette ou quelque chose qui s'en approchait roulait assez rapidement, sans prêter attention aux cailloux de la route. Ils étaient là. Les Chevaucheurs. Les destructeurs cruels, meurtriers de mes parents. Ces pensées me redonnèrent un peu d'assurance. À chaque ennemi que je tuerai, je vengerai un tout petit peu mon père et ma mère. Leurs voix devinrent distinctes.

« Ne te fais pas d'illusions. Il reste encore du travaille avant la Grande Bataille. »

L'homme à la longue barbe foncée et au crâne rasé qui avait parlé montait un taureau majestueux, et passait sans cesse de sa main gauche à sa main droite une longue hache de combat. Redoutable et sans pitié, analysai-je.

Celui avec lequel il parlait était légèrement plus petit, moins imposant. Son regard fier montrait son désir d'être reconnu à sa juste valeur, mais sa posture trahissait son manque d'assurance.

« Mais... le roi a dit dans son discours, que...

-Que quoi  ? Que ce serait facile ? Une partie de plaisir ? C'était juste pour motiver et gagner le soutien des troupes.

-Et si vous arrêtiez de parler de ça et de vous disputer comme des gamins pour vous concentrer sur la route ? »suggéra un troisième avec lassitude.

Ce dernier montait un cheval de trait gris pommelé qui tirait la charrette. Apparement, son éclateil n'était pas l'animal qui le portait, mais plutôt le corbeau qui croassait sur son épaule. Je remarquai alors qu'une personne était assise dans la charrette, avec un petit serpent.

Je serrai fort la garde de mon épée, pris une grande inspiration.

« Escouade des Dunes ! »cria la voix puissante de Maître Haken.

Le signal. Je me levai d'un bond, et sautai les deux mètres de haut qui me séparaient du chemin. Je ratteris debout sans difficulté. Mon dragon rugit, et lança un jet de flammes sur nos adversaires avant de se poser. Les Chevaucheurs hurlèrent et se défendirent. Le taureau chargea, son invocateur frappa de sa hache. Maître Haken s'était déjà précipité vers lui. Un trait vert me frôla. Je me tournai vers l'auteur de cet acte. L'homme au serpent s'était levé de la charrette, et me fixai intensément.

Le combat dura de longues minutes. Apparement, le pouvoir de celui que j'affrontais consistait à provoquer une paralysie temporel de la personne touchée par l'énergie verte qu'il envoyait. Malheureusement pour lui, Téméria et moi nous aperçûmes rapidement qu'il n'était pas très doué en combat rapproché.

Maître Haken, je ne savais comment, s'était débarrassé du barbu et de son taureau, et aidait maintenant Idori.

Ace gela ses flammes, et le Chevaucheur, dont le cheval clair se débattait face à Zalden, y coinça sa jambe gauche.

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Plus tard, debout sur le lieu du combat, essoufflé,  j'essuyai le sang qui dégoulinait de ma tempe, contemplant nos ennemis à terre. Je me sentais mal. Aujourd'hui, j'avais tué mon premier humain. Cette pensée me donna des nausées. Ace me rejoignis, et plaqua sa tête contre moi, rassurant.

« Tu t'en est bien sorti, mon grand, complimentai-je. Comment tu te sens ?

-Comment je me sens ? Oh, comme un dragon !

-C'est bien alors, »acquiesçai-je en souriant.

Nous nous approchâmes de Max qui menaçait de son glaive le dernier Chevaucheur, bientôt suivis par Idori, Kate et Téméria. Notre capitaine glissa quelque chose dans sa poche, et fit de même.

L'adversaire était à terre, allongé sur le sable du chemin, peinant à respirer. Ses cheveux sombres collaient à sa tête ensanglantée. Il toussa avant de murmurer dans un rire nerveux :

« Peu importe...peu importe si nous ne sommes...pas là... les autres viendront... l'héritier viendra...la Grande Bataille approche... elle détruira tout...rien ne ... »

Il toussa à nouveau, s'étouffa, cracha du sang.

« Rien ne résistera au Triomphe de l'héritier... »

Sa respiration s'accéléra une dernière fois avant de s'arrêter pour toujours.

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