Chapitre 4

« Altaïr est encore trop jeune pour passer la journée en forêt, même avec toi, m'affirma ma cousine. Mais tu peux lui faire faire une balade pour qu'il découvre les bois, si tu veux... »

Une semaine était passée depuis l'attaque des Chevaucheurs. Je m'étais peu à peu habitué à ma nouvelle vie, même si mes parents me manquaient. Sirius, mon cousin, m'emmenait souvent en ville, et m'achetait tout ce dont j'avais besoin, car mes affaires avaient brûlé durant l'incendie. Kirielle, sa femme, était toujours gentille, ne cessait jamais de sourire, et cuisinait mieux que ma mère, même si j'avais du mal à me l'avouer. J'aimais beaucoup Tarkor. C'était un bon éclateil. Il n'hésitait jamais à me promener sur son dos. Quant à Altaïr, je l'adorais. Son caractère timide et curieux le rendait vraiment adorable. Ce jour-là, je voulais l'emmener avec moi en forêt.

« D'accord, juste une petite promenade, alors...répondis-je en cachant un peu ma déception derrière ma bonne humeur matinale. Tu viens, Altaïr ? »

Mon neveu hocha timidement la tête.

« Rentrez avant midi, ajouta le père du petit garçon. »

J'acquiesçai, puis n'y tenant plus, je demandai :

« Quand pourrai-je l'y emmener plus souvent ?

-Nous attendrons ses 6 ans, répondit-il avec son calme habituel.

-Merci ! A tout à l'heure ! »

Impatient, je pris Altaïr sur mon dos, et m'élançai vers la forêt.

Arrivés à l'orée du bois, je lui dis :

« Nous allons longer les arbres jusqu'à la rivière. Là, je t'apprendrai comment la traverser. »

Il hocha la tête, des étoiles dans les yeux. Une fois près de l'eau, je lui fis mettre les pieds dedans, sur le bord, et lui montrai différent endroit de la rivière : ceux avec des galets au fond, assez faciles à traverser, et d'autres avec du sable, où il fallait faire attention aux cailloux pointus et aux bestioles. Puis, je l'emmenai vers un endroit profond, où je l'aidai à mettre une branche en travers et à atteindre l'autre rive en équilibre.

Alors, après l'avoir franchie, nous nous enfonçâmes dans la forêt. Ce coin-là, je le connaissais comme ma poche. Avec Yohito, nous avions déjà exploré toute la partie sud des bois, la plus proche du village. Mais nous ne savions pas où la forêt se finissait ; en effet les cartes étaient très rares, et la plupart étaient fabriquées par des pillards qui les faussaient pour attirer ceux qui s'en servaient dans des pièges. Alors les gens ne faisaient pas confiance aux cartes, et préféraient se servir des étoiles, du vent, du soleil, de la lune, ou encore de leur mémoire ou de leurs sens pour s'orienter et se déplacer. C'est pourquoi les gens voyageaient peu. Le monde entier restait à explorer. Les gens ne connaissaient que le groupe de 2 ou 3 villages près duquel ils habitaient.

Il nous restait une immense partie de la forêt à découvrir.

En marchant vers le lieu où la rivière se séparait en 2 affluents, je lui montrai des terriers de lièvres ou de blaireau. Je lui dénichai même une empreinte de renard.

Au confluent, un gros rocher se tenait au milieu des eaux.

« Comment s'appelle-t-il ?, dit Altaïr en me désignant le roc, avec sa curiosité habituelle.

-Je ne sais pas... dis-je en réfléchissant. Je ne crois pas que quelqu'un lui ait déjà donné un nom.

-Oh... je peux lui en donner un, alors ?

-Bien sûr ! répondis-je. Pendant que tu réfléchis, nous allons manger ça. »

Et je saisis quelques baies rose fuchsia d'un buisson avoisinant. Elles étaient sucrées, et leur goût restait longtemps en bouche. Le garçon aux yeux verts les apprécia, car il déclara d'un ton qu'il voulait solennel :

« Désormais, ce rocher s'appellera « le Roc aux baies ». »

Il avait raison, car là où nous étions, il y avait encore une dizaine d'autres sortes de ces fruits, de couleurs variées.

Quand je lui annonçai que nous devions partir, il avait l'air si triste que je lui dis :

« Quand tu reviendras, tu pourras trouver des noms pour tous les rochers de la forêt !

-Mais je dois attendre d'avoir 6 ans...

-C'est quand ton anniversaire ?

- Dans 1 mois...

- Dans 1 mois ? répétai-je, surpris. Oh, ça passera vite, ne t'inquiète pas. Bientôt, nous explorerons ensemble la forêt. Allons-y, Petit-Frère, où nous serons en retard. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top