Je baissai la tête pour esquiver le fruit que me lançait Idori. Maître Haken avait raison. Nos premières missions ressemblaient plus à des services qu'autre chose. Heureusement, Max et Idori trouvaient toujours un moyen pour s'amuser. Même en transportant des marchandises à la fin du marché...

« Max ! fit Téméria, exaspérée, on est pas censé MANGER les fruits, mais les TRANSPORTER, tu te rappelles ?

-T'en veux un, c'est ça, » tenta le garçon blond, un cageot dans les bras, en lui tendant une prune.

Un deuxième projectile vola.

« Mais... Idori ! T'as quel âge pour lancer des baies sur tes amis ? Et c'est pas à nous, on peut pas faire n'importe quoi !

-Je lance juste les pourris !protesta-t-il.

-Et j'imagine que Max ne mange que les pourris, bien entendu...

-N'importe quoi ! »lança celui-ci, la bouche pleine.

J'étouffai un éclat de rire. Notre capitaine d'escouade discutait avec l'un des maîtres de l'académie Tyr, où nous avions laissé nos affaires, et ne se préoccupait plus de nous pour le moment. Les bras chargés de deux cageots de nourriture, je tentai vainement d'esquiver les baies que me lançait Idori, tout en avançant vers le lieu où nous devions déposer la marchandise. Ace, Rébélior et Rhodes tiraient de lourdes charges, tandis que Royal transportait un panier dans ses serres. Quant à Zalden, il courait après Hoshi et Sora, les deux pandas roux de Kate.

Ne pouvant plus m'en empêcher, je posai à terre ce que je portais, et envoyai une myrtille sur Idori, et, au passage, une sur Téméria.

« Idori ! l'accusai-je lorsque la guerrière se retourna, prête à massacrer le coupable. On t'as dit d'arrêter !

-Eh !protesta mon ami aux cheveux noirs. Tout le monde sait que c'est toi, Hardex.

-Hardex, ne les encourage pas ! »fit Téméria.

Kate pouffa, amusée par nos bêtises.

« Mais Kate, aide-moi ! »se lamenta mon amie aux yeux ambrés.

Un autre fruit l'atteignit au bras.

« Ça, mon p'tit, tu vas me le payer... »

Elle se jeta sur Idori, et tenta de lui faire avaler une des baies pourries qu'il avait lancées. Elle avait tenté jusque-là de conserver son sérieux pour accomplir parfaitement la mission, mais se laissait finalement entraîner dans nos bêtises.

Je tournai la tête vers Ace. Il avait attrapé un bout d'une charrette, et la tirait à reculons. Je souris. Les éclateils étaient bien plus efficaces que nous.

« Aïe ! »

Une prune s'était écrasée sur ma tempe. Je bombardai le coupable, et me défendis tant bien que mal. Soudain, Max, une baie verte égarée dans ses cheveux blonds, s'écria :

« Je crois que le maître a fini de discuter, on ferait mieux de se dépêcher ! »

Alors, chacun saisit ses cageots, et courut les déposer sous le porche qu'on nous avait indiqué, car Maitre Haken pouvait arriver d'un moment à l'autre.