Chapitre 37
Je n'osai pas le regarder, c'était une véritable torture. Ses prunelles bleu gris risqueraient de transpercer l'âme de nouveau. Malgré mon cœur brisé, cet homme avait su faire naître en moi des sentiments que je ne pouvais nier.
– Je t'ai laissé fuir une fois, pas deux...
Son pouce ramassa la larme qui coulait le long de ma joue, puis la caressa avec le dos de sa main.
– Tu me manques tellement Em.
Il murmurait en me fixant intensément. Je compris qu'il hésitait à aller plus loin. Je le repoussai en plaçant mes doigts contre son torse. Je n'arrivai pas à le regarder dans les yeux, c'était trop dur.
– Laisse-moi du temps Jake s'il te plaît, j'ai réellement besoin de temps pour pouvoir essayer de passer au-dessus de tout ça... Je suis désolée, soufflai-je en me faisant violence.
– D'accord, mais s'il te plaît, accepte que je te ramène chez Jessy, alors.
J'acquiesçai, j'étais épuisée et je n'avais pas envie de me battre. Il me ramena jusqu'à sa voiture et le trajet se passa sans un mot. La tête posée contre la vitre, mes pensées ne cessaient de se livrer une bataille infernale. Une guerre interminable entre mon esprit et mon cœur. Une lutte dont je ne sortirai pas indemne quoi qu'il arrive.
Nous nous garâmes devant chez Jessy, je le vis alors descendre de la voiture pour m'ouvrir la porte. Je me hissai hors de l'habitacle, mais la fatigue me fit trébucher et atterrir dans ses bras. Je me sentis immédiatement gênée par ce contact que je n'avais pas anticipé.
– Désolée je n'ai pas fait attention.
– Arrête d'être désolée, Em, souffla-t-il.
Il s'écarta et me tendit mon sac tombé par terre.
– Je peux te poser une question ?
Je sentis dans sa voix qu'il hésitait, mais je ne pus m'empêcher d'approuver d'un mouvement de la tête.
– Pourquoi as-tu changé ton prénom ?
Quoi ? Comment savait-il ?
J'avais toujours fait très attention. Je sais que pour beaucoup ce n'était qu'un détail, mais pour moi, il était lié à une douleur qui peinait à cicatriser.
– Je l'ai appris à l'hôpital, répondit-il, comme s'il avait pu lire dans mes pensées.
À dire vrai, je n'étais plus à une révélation près pourtant je ne pouvais nier qu'elle était douloureuse.
– En arrivant ici, j'ai voulu tourner la page sur mon passé, à commencer par mon prénom qu'il n'avait cessé de répéter durant... enfin tu as compris, je crois.
J'espérais au fond de moi que personne d'autre n'avait porté attention à cette précision. Le stress m'envahissait soudainement, sans que je ne puisse le contrôler.
– Oui, murmura-t-il avant de continuer. Je peux te prendre dans mes bras s'il plaît ?
– Jake, s'il te plaît. Je ne veux plus de dispute, ni me fâcher avec toi. Si tu veux mon pardon, apprends à patienter.
Je vis la tristesse marquer son visage et même si j'avais une terrible envie de me blottir contre son cœur, c'est trop tôt trop douloureux.
Au bout de quelques instants, je rentrai à l'intérieur, je m'adossai au mur ne sachant plus quoi penser de tout ça, ça faisait vraiment beaucoup. J'avais du mal à gérer mes propres démons alors comment agir face aux siens ? Je repassais notre rendez-vous en boucle dans ma tête. Je ressemblais à sa sœur qu'il avait retrouvée morte il y a moins d'un an, comment pouvais-je l'aider ? Comment pouvais-je passer au-dessus de tout ça ? Comment pouvais-je lui pardonner ?
Il m'avait trahi et avait trompé sa copine qui était l'amie de sa sœur avec moi. Cette fille savait que j'existais et pourtant elle avait profité de la situation. Il m'avait fait une véritable déclaration, il m'avait ouvert son cœur et moi je l'avais giflé parce que ça me faisait trop de mal... Pourtant je ne l'avais jamais vu comme ça, triste, calme et si vulnérable. Il avait fait tomber le masque qu'il avait gardé depuis notre rencontre. Désormais je comprenais mieux les choses, ce qui s'était passé entre nous ne venait pas de moi. Ce n'est pas parce que je ne lui plaisais pas qu'il avait été avec cette fille, mais parce que c'était l'amie d'Hanna...
Je sentis qu'une partie du trou béant qui était en moi pouvait commencer à cicatriser. Je pouvais enfin essayer de faire le deuil de mon histoire avec Jake, car je ne pourrais ni réparer notre relation ni soulager sa peine. Je m'allongeai dans mon lit et m'endormis calmement. Les cauchemars qui avaient hanté mes nuits auparavant semblaient soudain s'être évaporés.
J'entendis frapper à la porte, ce qui me tira de mes rêves.
– Emy !
– Entre Jessy !
– Où étais-tu cette nuit ? J'ai cru entendre du bruit venant de ta chambre vers cinq heures du matin donc je suis venue vérifier que tu dormais bien et tu n'étais pas là.
Elle s'installa au pied du lit et me fixai. Qu'allais je bien pouvoir dire ? À vrai dire, rien. Je n'étais pas prête.
– Je... euh tu n'as pas vu mon mot ? Je suis sortie prendre l'air...
– Non Emy, je n'ai pas vu ton mot et je te connais assez bien. Tu n'es pas du genre à « sortir prendre l'air » en plein milieu de la nuit.
– J'ai vu Jake, et non Jessy pas de question, nous avons juste parlé et mis les choses au clair, rien de plus.
Je préférais anticiper, je ne voulais pas subir un interrogatoire dont elle seule, avait le secret. Au final, je n'avais rien à lui dire. Les confidences de Jake étaient trop personnelles et moi j'étais trop perdue par rapport la situation...
– Tu n'attends quand même que je te laisse m'annoncer ça comme ça. Dis-moi s'il te plaît, dit-elle en se relevant, choquée par ma révélation.
– Non Jess s'il te plaît.
Elle fit la moue pour me montrer son désaccord. Mais finalement, elle baissa les armes. Elle s'allongea près de moi et me prit dans ses bras.
– Emy, fais attention à toi, s'il te plaît.
– Promis, dis-je en souriant.
– Allez assez parler de lui. Ce soir je t'emmène dans un club avec moi, c'est samedi soir j'ai envie qu'on sorte et qu'on se fasse plaisir, annonça-t-elle en se relevant.
Je n'étais pas plus emballée par l'idée, mais pourquoi pas, après tout je devais profiter de ma liberté et surtout de ma jeunesse. Mais une grande partie de moi voulait rester au lit et réfléchir sur toutes ces confidences. J'espérais songer à ce que je devais faire ou dire la prochaine fois que je le verrais. Mais Jessy en avait décidé autrement, je n'avais donc pas d'autres choix que de la suivre.
Au programme de la journée, ménage, rangement de mes cours, un peu de dessin et préparation de la soirée. Jessy était tellement contente de sortir ailleurs qu'à la fraternité qu'elle choisit pour moi une tenue très sexy : jupe, décolleté et talons aiguilles quant à elle, elle opta pour une combi-short. C'était plus fort que moi, je la jalousais un peu, elle était vraiment très jolie. Pour ce soir, elle avait déjà tout planifié, un restaurant sympa de type français puis départ pour le club.
Nous, nous rendions dans le centre de Chicago, à Streeterville, où je pus de nouveau goûter à de la bonne nourriture française. Elle avait vraiment bien prévu les choses, car elle savait que cela me manquait. Elle était au petit soin, vérifiant que j'avais tout ce que je souhaitais.
Après avoir bien mangé, nous nous rendions dans un club très sympa où ils étaient vigilants sur les gens qui entraient, ce qui me rassurait, je ne voulais pas qu'on tombe sur des mecs trop insistants. J'avais besoin de profiter sans avoir qui que ce soit dans mes pattes. Une fois à l'intérieur, nous commandions chacune une vodka, pour fêter mon retour à la vie « normale », ce fut la première d'une longue série.
Nous dansions comme deux folles en plein milieu de ce club. L'ambiance y était vraiment sympa à la fois cosy et chic. La musique était tout ce que j'aimais, suffisamment entraînante mais pas assourdissante. Le barman me donna son numéro que je jetai aussitôt qu'il eut le dos tourné. Je n'étais clairement pas prête à sortir avec quelqu'un et encore moins avec ce genre de type.
Jessy y rencontra un de ses ex qui tenta de renouer contact, mais qu'elle remballa aussitôt en se collant à moi. Cette action n'eut vraiment pas l'air de lui faire plaisir, mais ça, c'était du grand Jessy. Cependant je lui fis comprendre que je n'étais pas prête pour cela, je ne pouvais pas retrouver nos petits baisers pour faire fuir les hommes. Alors à chaque fois qu'un prétendant nous abordait, on se débrouillait pour se montrer un signe d'affection et ainsi le repousser. Nous passions une grande partie de la soirée assise tranquillement à siroter nos verres tout en critiquant les techniques de drague et de danse de certains des mâles présents. Je me vidais vraiment la tête, toutefois je veillai à ne pas déraper. Je ne voulais pas faire quelque chose que je pourrais regretter le lendemain.
À une heure du matin, Jessy décida qu'il valait mieux rentrer, que nous avions déjà beaucoup trop bu et qu'elle aussi avait peur de déraper avec le premier venu. Elle appela donc un taxi et au bout d'une quinzaine de minutes, nous étions de retour à l'appartement. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée tranquillement, sans prise de tête, sans penser à rien, mais je crois que l'alcool y était vraiment pour beaucoup... Après un bref câlin, je retournai dans la chambre que j'occupais, pour me changer et me mettre au lit, quand elle frappa à la porte.
– Oui Jess ? criai-je depuis mon lit.
Elle ouvrit la porte et passa sa petite frimousse dans l'entrebâillement.
– Tu es fatiguée ? Parce que je crois que j'ai trop bu, je ne suis pas sûre de pouvoir m'endormir de suite....
Elle s'arrêta, je sentis qu'elle voulait me parler de quelque chose. Je haussai un sourcil pour lui faire comprendre que j'attendais la suite.
– Est-ce que je peux te parler de quelque chose ?
J'acquiesçai, je connaissais parfaitement Jessy et si elle me confiait quelque chose, c'était vraiment très important.
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Coucou mes petits lecteurs,
Je m'excuse sincèrement de ne pas avoir posté cette semaine. Avec la reprise prochaine, j'ai eu beaucoup de mal à partager des instants avec ma petite Emy.
Bref, assez parlé de moi. Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Une Emy plus légère, ça fait du bien non ?
Et Jessy, toujours présente, que peut-elle bien vouloir lui dire?
Bisous, bisous 🖤,
L.
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