Mon cœur se serra, je ne savais pas comment parler de ce que j'avais vécu à un inconnu finalement, mais je savais que je n'étais pas la seule à avoir un passé très douloureux. J'espérais qu'il puisse me comprendre et ne pas me juger ou même me rejeter... Avant de me lancer, je pris une grande inspiration.

– J'habitais encore Paris à l'époque, j'avais un petit ami, Louis, depuis plus de six mois qui se trouvait être le grand frère de ma meilleure amie, Julie. Ce jour là, je venais d'obtenir mon permis et nous avions prévu de fêter ça dans un bar avec des amis. Je devais rester dormir chez lui et au moment de rentrer, quand nous sommes arrivés à son appartement, il est devenu agressif et très pressant.

Des flashs me frappaient soudainement. Je me souvenais de ma tête cognant contre le mur, de ses mains sur mes clavicules, de ses lèvres sur ma peau. Je sentis la bile monter et mon corps se recouvrir de frissons, mais il fallait que je continue.

– Il avait beaucoup trop bu, il voulait aller plus loin mais je ne voulais pas ... Je l'ai supplié plusieurs fois, si tu savais comme je l'ai supplié, mais il ne m'écoutait pas...

Les larmes commencèrent à monter, toutes les images ne revenaient en mémoire sans que je ne puisse les maîtriser. J'entendais encore ma voix sanglotée et mon coeur qui battait à tout rompre. Le vivre avait été un enfer et l'instant présent était une seconde torture...

– Après m'avoir frappé, il m'a jeté sur lit. Ses mains tenaient les miennes au dessus de ma tête... Ensuite, il m'a... Je devais souffler, je devais contrôler mes émotions et ma voix. Il m'a violé.

Je marquais une pause, je ne pouvais pas affronter son regard, ni même sa proximité. Je craquai, je lâchai toutes les larmes. Je fixai mes poignets, je pouvais encore ressentir son emprise sur moi, son souffle alcoolisé dans mon cou, son poids sur mon corps. Je tentai de rassembler mes pensées pour en finir au plus vite.

– Malheureusement, ça ne s'est pas arrêté là, après qu'il eut fini, je me suis réfugiée dans la chambre de sa sœur. Je ne pouvais pas rentrer chez moi, je n'avais nul part où aller alors je l'ai attendue, soufflai-je.

Je n'osais pas croisé le regard de Jake de peur d'y voir du dégoût et il y avait de quoi. Durant des mois, mon corps m'avait repugné. Je ne supportais plus de me voir dans un miroir. Je secouai la tête pour chasser cette sensation-là.

– Le lendemain, j'ai voulu lui en parler à elle, elle qui me connaissait si bien mais elle ne m'a pas cru. Elle était persuadée que je lui mentais et que son frère était un homme bien. Elle a menacé de faire de ma vie un enfer si jamais j'en parlais et que je n'étais qu'une traînée...

Ces révélations me transperçaient de nouveau le cœur. Julie avait été mon pilier durant l'adolescente, ma confidente dans le groupe d'amis que nous avions. Elle était la sœur que je n'avais jamais eu. Je repris doucement.

– J'ai donc décidé de mentir à tout le monde, le bleu sur ma joue était dû à une chute et j'avais rompu avec Louis parce que je préférais me consacrer à mes études. Ce mensonge était parfait jusqu'à ce que je me rendes compte que j'étais enceinte de lui, enceinte à cause de ce viol. J'ai été anéantie, je ne voulais pas d'un enfant, encore moins vu la situation. Je me suis faite avorter et mes parents l'ont su.

Je me souvenais parfaitement quand mon médecin m'avait annoncé la grossesse. Je désirais plus tard être maman, mais pas comme ça, pas à ce moment-là et surtout pas avec lui. Cette décision difficile avait apporté son lot de douleurs, de pleurs et de culpabilité. Ces pensées firent redoubler mes larmes.

– Malgré mon silence, Julie a quand même fait de ma vie un enfer. Je les ai donc supplié de partir, voyant mon mal être et les rumeurs autour de nous grandir, nous avons atterris ici. J'ai coupé contact avec mes parents quand ils ont cru que j'étais tombée enceinte parce que je couchais avec n'importe qui... J'aimerais te dire que j'ai tourné la page sur tout ça depuis longtemps mais ce n'est pas le cas...

Je sais que durant mon récit les larmes n'avaient pas cessé d'envahir mon visage et que je ne pouvais malheureusement pas les arrêter. Il était la seule personne proche à qui je venais de tout raconter, tout ce qui me rongeait depuis trois ans. Je n'osais pas lever les yeux, il ne parlait pas Avait-il fui ? M'avait-il pris pour une folle ? D'un coup, ses doigts caresserent mon visage pour essuyer les traîtresses qui s'étaient échappées.

Il se leva et me tendit la main pour me prendre dans ses bras, ce que j'acceptai. Je posai ma tête contre son torse, mes paumes firent le tour de sa taille. Lui me tenait fermement par mes épaules et avait sa tête posée sur la mienne.

– Je suis sincèrement désolé de tout ce que tu as vécu, j'aimerais tellement pouvoir effacer tout ça...

Je m'écartai légèrement de lui et le regardai, il avait presque l'air en colère.

– Il n'y a rien à faire, j'ai suivi une thérapie, je me sens mieux mais je n'arrive toujours pas à faire réellement confiance. Je m'arrêtai avant de pour suivre. Et comme tu as pu le voir, il a certains gestes, certains contacts que je ne supporte pas... Jake, je comprendrais si tu ne souhaites pas continuer avec moi, si tout ça te freinait et —

Avant même que je poursuives, il déposa un doux baiser sur mes lèvres comme pour me faire taire.

– Cela devrait répondre à ta question. Je te promets que tout ça restera entre nous et je te promets de prendre soin de toi. Je te demande juste de me faire confiance, je ne te ferai jamais de mal.

Il me contourna, enleva la couette du lit et me retourna. Ses mains se posèrent sur ma hanche puis glissèrent près du bouton de mon jean. Ses yeux ne quittaient pas les miens. Mon cœur s'accéléra et il le remarqua car il me murmura de lui faire confiance. Il déboutonna mon pantalon et le fit descendre le long de mes jambes. Il me prit la main pour me faire avancer et me débarrasser de mon jean. Il enleva à son tour son bas. Je n'étais pas gênée par le fait de le voir en boxer mais plus par ma propre nudité, je ne m'étais jamais retrouvée volontairement aussi peu habillée dans une chambre. Il me porta et m'allongea sur le lit.

– Je voudrais juste dormir près de toi comme ça, dans cette tenue...

Nous avions déjà dormi ensemble mais je portais toujours quelque chose en haut, mais cette fois-ci, je n'avais plus peur... Nous avions là franchi un nouveau cap entre nous, la révélation. Il s'allongea sur le dos, je me collai à lui et posai ma tête sur son torse... Ses doigts dessinaient de petits motifs sur ma clavicule. Ce simple geste m'apporta un réconfort nouveau et si agréable. Je m'endormais rapidement sans m'en rendre compte, la chaleur de son corps près du mien, libérée d'un poids, je me sentais soulagée...

Au réveil, j'étais seule dans le lit. Il devait sûrement être en bas pour nous préparer le petit déjeuner. Avant de descendre, j'avais besoin d'un bon gommage après toutes les émotions de la veille. Attrapant un gilet pour me couvrir un peu, je me dirigeai vers la salle de bain qui était en face de la chambre. En ouvrant la porte, je tombai nez à nez avec Jake qui entrait dans la douche et qui visiblement ne s'attendait pas à me voir entrer. Il était nu, complètement nu et malgré ma gêne, je n'arrivai pas à détacher mon regard, il était magnifique et vraiment bien fait. Il attrapa une serviette rapidement, s'excusant de ne pas avoir fermé la porte à clefs. Je m'excusai à mon tour, j'aurai du faire demi tour dès mon entrée et ne pas m'attarder comme j'avais pu le faire. J'avais l'air d'une parfait idiote, plantée là, dans l'embrasure de la salle de bain.

– Je crois que la douche commune ce n'est pas pour tout de suite Em', dit-il en me taquinant.

Il essayait de détendre l'atmosphère, ce qui fonctionna vu que je lui souris. La situation était plus que gênante, je le laissai donc se laver et en profitai pour retourner me coucher quelques instants. Je m'assoupis lorsque je le sentis soudain contre moi. Il était trempé et ne portait qu'une serviette à la taille. Il se frotta contre moi afin de me mouiller, ce qui nous entraîna dans une course poursuite à travers l'appartement. Il finit par m'attraper et me coller contre lui. C'est donc trempée que j'avouai ma défaite. Je profitai de cet instant de calme pour aller prendre ma douche. Une fois lavée, je sortis de la salle de bain en serviette, ce qui le figea.

– Quoi ? lui demandai-je.

Il finit par s'approcher de moi, replaça une de mes mèches de cheveux mouillés derrière mon oreille et me glissa.

– Tu es vraiment superbe.

Ce compliment me fit rougir, je savais que j'étais plutôt une jolie fille, ce serait hypocrite de dire le contraire. Mais l'entendre dans sa bouche alors qu'il n'avait craqué sur personne depuis son arrivée ici me fit fondre.

Je réduisis la distance en m'avançant vers lui, il était torse nu et j'avais besoin d'être proche de lui. Je le détaillai et je pus enfin voir son tatouage de plus près, 'All that we love deeply becomes part of us', je le caressai doucement avec mon index. Je sentis que ce simple contact lui provoquait des frissons mais son regard en disait bien plus. Je compris très vite que je ne devais pas poser de questions même si j'en avais très envie. À ce moment-là, je pris conscience qu'avec Jake, il fallait s'armer de patience et que j'aurais des réponses en temps et en heures...

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Bonjour mes petits lecteurs,
La révélation... Cette partie a été très dure à écrire et j'espère que cela a su vous toucher autant que moi.
Merci à tous et toutes pour vos hypothèses (parfois un peu folles^^)

Un nouveau cap pour nos tourtereaux qui vont pouvoir tenter de se construire ensemble.

J'attends avec impatience vos avis !
Bisous bisous,
L.