Chapitre 18
Je reconnaissais cette voix et cela m'arrêta aussitôt, je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir qu'il était là.
Et merde j'avais oublié de regarder mon téléphone où il m'avait certainement dit où nous devions nous rencontrer. Je n'avais pas encore pris le pli de ces rendez-vous. En tout cas, je sentais au son de sa voix que ça ne présageait rien de bon.
– Bonjour Jake ! dis-je en m'approchant de lui, mais il recula instantanément.
– Matt, je te rejoins tout à l'heure, je te tiens au courant.
Après un signe de la main, je m'écartai de lui pour me diriger dans un couloir. Matt eut l'air d'hésiter, mais je le regardai pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de soucis. Alors que je m'avançai dans un couloir quasi désert, je me tournais vers lui.
– C'était quoi ça ? chuchotai-je en serrant fort les dents pour ne pas hurler. Je sais que tu ne veux pas que les gens soient au courant pour nous deux, mais je peux même pas te dire bonjour comme si tu étais juste un ami ?
J'étais en colère, vraiment en colère parce que je voulais juste profiter de lui, le tenir contre moi et pas me disputer avec lui. Il me fixa, les bras croisés, mais je décidai de ne rien ajouter de plus.
– Pourquoi était-il dans tes bras avant que j'arrive ?
J'étais plus que surprise par sa question, je ne comprenais pas sa réaction. Matt était juste un ami rien de plus. Je ne voyais pas pourquoi il était jaloux et surtout je n'avais pas envie de me disputer avec lui en plein milieu du couloir.
– Joue pas à ça Jake, s'il te plaît.
– Je ne joue pas, je t'ai envoyé un sms ce matin, pas de réponse. Je me suis dit que tu devais être en plein cours, que tu n'avais pas entendu ton téléphone, que ce serait cool de te faire la surprise de passer. Et en arrivant là, je te vois avec ton ex, enfin si j'ai bien suivi...
Qu'insinuait-il ? Que j'étais toujours avec Matt ? Je devais essayer de rester zen, il ne fallait pas que je m'importe bêtement ça ne mènerait à rien...
– Je suis désolée Jake, en effet j'étais en cours, je n'ai pas vu ton sms. Et Matt, mon ex, mais qui est surtout un ami me félicitait pour le boulot que je venais de faire, rien de plus. Mais je crois que tu ne peux rien me reprocher, je te rappelle qu'aux yeux des gens nous sommes juste des potes, rien de plus...
Une partie de moi avait envie de lui hurler dessus, car je n'appréciais pas sa petite crise, mais une autre partie de moi avait envie d'une chose, le prendre dans mes bras... Je ne supportais pas de devoir garder notre distance en public, alors qu'à ce moment-là je voulais seulement être auprès de lui. Je sentis son regard se radoucir, ce qui me détendit aussitôt.
– Je sais ce que j'ai dit, mais l'idée de te voir avec un ex, honnêtement ça ne me plaît pas forcément...
Il m'attrapa par la main, m'emmena dans la salle de cours qui était à présent vide. Je restai plantée devant lui attendant qu'il se décide à me parler. Je croisais les bras. Il était hors de question que je fasse le premier pas. Sans un mot, il se rapprocha de moi, prit mon visage en coupe et m'embrassa comme s'il n'y avait que nous au monde.
– Pardonne-moi pour tout à l'heure... Je ne veux pas te perdre, murmura-t-il tout en continuant à m'embrasser.
Je sentis ses paumes se poser sur mes hanches et attraper mes cuisses. Il me porta jusqu'à une table où il me posa dessus de façon à ce que personne ne puisse nous voir. Ses doigts passaient de mes cheveux à ma taille afin de profiter de chaque partie de mon corps. Il m'enleva mon manteau et continua ses caresses. Ces sensations étaient nouvelles. J'avais déjà ressenti une certaine envie pour lui voir même une certaine passion, mais pas ce désir que j'éprouvais là, en cet instant. Il m'avait manqué et me manquait à chaque instant où je ne pouvais être dans ses bras, c'est ce sentiment qui fit grandir mon envie de lui. Il continuait de m'embrasser, ce qui fit naître un sentiment de sécurité.
– Je tiens vraiment à toi, dis-je sans réfléchir, ce qui l'arrêta aussitôt.
Oups, il n'avait pas l'air prêt à entendre ça... J'avais soudainement l'impression d'avoir dit une bêtise. Il stoppa soudainement ses mouvements et me fixa droit dans les yeux.
– Que viens-tu de dire ? souffla-t-il calmement me tenant dans ses bras.
– Je... je.. euh non rien laisse tomber... dis-je en me mettant debout.
Je m'écartai de lui, ramassant mon manteau et mon sac au passage.
– Je dois te laisser, j'ai cours dans peu de temps et je dois aller grignoter quelque chose, si je veux tenir la journée.
Je déposai un léger baiser sur ses lèvres, me retournai et fermai la porte sans aucun regard, je ne pouvais pas. Je me dirigeai immédiatement vers les toilettes, espérant désespérément qu'il n'y ait personne. Par chance, je fus seule, une cabine était vide et je m'y enfermai, le dos plaqué contre le mur. Je sentais cette planche de bois froide contre mon dos, ce qui transcrivait exactement le froid que je ressentais au fond de moi...
C'était ça, la vérité me sautait au visage. Les battements de mon cœur, les picotements, l'excitation, tout ça prenait du sens. Je savais maintenant ce que voulait dire être amoureuse et je n'y étais pas préparée. J'aurais peut-être dû attendre avant de lui dire que je tenais à lui, sa réaction m'avait complètement refroidi... Et pourtant j'allais devoir faire comme si de rien n'était... Comme toujours.
Porter de nouveau mon masque, c'est ce que je fis à merveille tout le long de la semaine enchaînant les cours et les rendez-vous secrets avec Jake. Nous avions réussi à nous voir chaque jour. À la bibliothèque, entre deux rangées de livres des sœurs Brontë, nous nous embrassions comme si nous étions seuls au monde. Nous étions rejoints dans une salle de classe vide, espérant que personne n'ait la même idée que nous pour nous câliner. Nous nous étions programmés un film, dans un ciné assez loin du campus afin de me blottir dans ses bras, mais ces instants ne duraient pas bien longtemps... C'était de plus en plus difficile pour moi. Le pire était de passer près de lui sur le campus, je croisais parfois son regard sans pouvoir pour autant me ruer dans ses bras ou l'embrasser, je ne savais plus où j'en étais...
Chaque fois que nous étions ensemble, nous étions l'un contre l'autre. Lorsque nous étions au téléphone, c'était seulement pour se fixer rendez-vous. Je me rendis compte que nous parlions peu de nous. Nous discutions, certes, mais jamais de lui, jamais de son passé. Je savais qu'il adorait les films traitant de sujets de société, tels que Philadelphia, ou le sport, mais pas à la télé. Son plat préféré était un met français, le bœuf bourguignon, mais il détestait le chocolat. J'avais l'impression de rester en surface et cela m'angoissait un peu.
Un après-midi lors d'un de nos rendez-vous à la bibliothèque, je sautai le pas.
– J'aimerais que tu me parles de toi si tu veux bien...
En voyant son regard s'assombrir, je préférais baisser les yeux, encore une fois j'aurais mieux faire de me taire. Après un bref silence, il me releva le visage et me dit calmement.
– Il n'y a pas grand-chose à dire sur moi. J'aime la musique et la lecture, j'aime les moments qu'on passe ensemble. Je suis quelqu'un de discret... Il y a plein de choses que tu découvriras sur moi au fil du temps. Honnêtement je n'aime pas parler de moi, je te laisse apprendre à me connaître...
J'acquiesçai, je ne savais pas quoi ajouter d'autre, il avait raison le temps ferait les choses, pourtant j'avais tellement envie de le connaître mieux que ça. Nous avions terminé cet après-midi-là, en parlant de nos compagnons de soirée.
Nous n'avions pas non plus reparlé de ce que je lui avais dit ce fameux jour dans la salle de classe, ni lui, ni moi. Chaque fois que je le voyais, je profitai de lui comme si c'était la dernière fois. Chaque fois que je voyais son numéro s'afficher sur mon écran, je craignais qu'il m'appelât pour me dire que c'était fini. Cela faisait deux semaines que notre petite histoire durait et même si ce n'était pas simple, j'étais clairement bien avec lui. Cela faisait aussi deux semaines que j'enchaînais les dessins pour marquer en mémoire chaque instant passé auprès de lui, j'étais à la fois heureuse et effrayée... Heureuse d'être avec lui, de me sentir libre, vivante, attachée, mais effrayée qu'il se lasse de moi, qu'il ne veuille plus de moi, qu'il me quitte, et cette angoisse augmentait de jour en jour...
Nous étions enfin vendredi soir et si on s'en tenait à ce qu'on s'était dit, on devait aller en soirée, se retrouver après chez son ami pour le week-end. Mais j'avais envie d'être un peu seule et me reposer, ce que Jake comprit très bien. J'avais vraiment besoin de ce moment de solitude, le voir en public était devenu une vraie torture et je ne pouvais plus m'infliger ça. Même si quand j'étais dans ses bras, je me sentais en sécurité lorsque je n'y étais plus, ma fragilité, mes doutes, mes angoisses reprenaient le dessus et je ne voulais pas souffrir de nouveau. J'avais vraiment besoin de temps pour moi et pour réfléchir à cette situation. Je n'osais pas lui dire la vérité sur mon absence. Je ne voulais pas l'effrayer avec mes sentiments. Nous avions donc décidé de reporter notre rendez-vous un peu plus tard dans la nuit que tous les deux, après sa soirée... J'avais prétexté auprès des autres des maux de têtes, Angie proposa même de rester pour s'occuper de moi, ce que je refusai poliment, je voulais vraiment être seule. Par gentillesse, elle suggéra de m'envoyer des mms pour que je ne rate aucun des potins, du grand Angie.
Je passai le début de la soirée à réfléchir sur les possibilités que nous eussions de nous voir, mais je me lassai très vite. Je ne trouvais aucune issue, ce qui me démoralisa. Je décidai donc de trouver autre chose à faire, un brin de ménage, un coup d'œil à mes dessins, mais ce n'était pas suffisant pour couper court à ma réflexion.
Allais-je lui manquer ?
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Coucou mes petits lecteurs,
Un petit chapitre en avance (merci les vacances ^^). J'espère que ces petites moments Jake et Emily vous plaisent :) Profitez en surtout ;)
Bisous bisous,
L.
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