Chapitre 17
Sur le chemin pour aller voir Jake, je passai rapidement chez le chinois pour nous prendre à manger. Arrivée là-bas, il m'attendait déjà en bas de l'appartement. Je vis son sourire s'agrandir lorsqu'il m'aperçut, le voir là devant moi, content, fit accélérer les battements de mon cœur. Il s'approcha, porta mes sacs et posa sa main sur mon dos pour me faire rentrer dans l'immeuble. J'espérais qu'il m'embrasse, mais ce ne fut pas le cas, ce qui bien sûr me fit réfléchir sur les raisons de ce non-baiser, que je tentai toutefois d'oublier. Il ouvrit l'appartement, posa les sacs à l'entrée. La porte se referma et avant même que je ne puisse réagir, il me retourna, me prit par la taille et me plaqua contre un mur pour m'embrasser. C'était intense, plus que ce que j'avais imaginé. Cette sensation effaça immédiatement le questionnement que j'avais pu avoir sur notre « non-baiser ».
– J'ai attendu ça toute la journée, murmura-t-il en détachant ses lèvres des miennes
Il me prit par la main et me conduisit dans le salon. Rien n'avait bougé depuis ma dernière visite, il manquait juste le petit chat noir, que j'avais trouvé adorable.
– Où est le chat ? demandai-je gênée de peur de passer pour une idiote.
– Steve, mon pote, l'a ramené chez ses parents...
Après sa brève réponse, mon regard se porta immédiatement sur la table basse. Il avait déjà tout préparé pour faire un chocolat chaud pour moi, un café pour lui, un plaid ainsi qu'un DVD trônait sur la table basse.
– Si je me souviens bien c'est ton film préféré et moi je ne l'ai jamais vu, dit-il en brandissant le DVD de Love actually.
J'acquiesçai timidement, il se souvenait de ce détail ce qui me surprit un peu, je lui avais confié lors de ma première soirée ici, assise contre une porte. Je récupérai notre repas et pris place à côté de lui dans le canapé sous le plaid, les genoux contre mon torse, laissant une petite distance. Je ne savais pas trop comment me positionner par rapport à lui. Je ne savais pas s'il aimait la proximité, s'il me voulait près de lui ou pas. Il me fixait et eut l'air amusé par la situation. Il attrapa mon pied pour tirer vers lui, afin que je puisse me blottir contre lui. Je m'installai alors confortablement ma tête posée sur son épaule, son bras me maintenant près de lui. Le film débuta et je ne pus m'empêcher de réciter la plupart des répliques, c'était plus fort que moi et cela semblait beaucoup l'amuser.
Une fois la projection finie, nous débattions sur le film, les histoires croisées et celles qui nous plaisaient le plus... Je lui avouais sans honte que j'étais touchée par la relation du petit garçon et de son beau-père, ce qu'il semblait approuver. J'étais contente de lui avoir fait découvrir quelque chose que j'aimais et qu'il eut l'air d'apprécier aussi. Le reste de la soirée se passait tendrement, il avait été attentif au moindre détail : ma fatigue, la température de la pièce, ma faim... Il était parfait avec moi. Après de longs baisers, nous nous endormions l'un contre l'autre dans la chambre que j'avais occupée auparavant.
Le dimanche s'écoula merveilleusement bien, j'étais enfin bien avec lui, sans personne autour de nous. Nous avions décidé de nous écarter du campus pour aller manger un morceau et nous balader main dans la main, ce qui me surprit un peu, je pensais que les gestes d'affection en public le dérangeaient.
Nous étions en train de marcher quand soudain je lui demandais :
– Quelle excuse vas-tu donner à Tom pour ton absence ?
Je m'étais moi-même posé la question pour Angie et honnêtement je n'avais aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir raconter
– Je n'ai rien à lui dire et s'il me demande je dirais que j'étais avec un ami et toi ?
– Moi je voulais voir avec toi, si je pouvais mettre Jessy dans la confidence.
– Non Em ! dit-il froidement, ce qui m'arrêta soudainement.
Le changement de ton dans sa voix me glaça, je ne m'attendais pas à autant de froideur de sa part, si bien qu'il détacha sa main de la mienne.
– Jake, je n'ai pas d'autres solutions...
– Dis que tu as décidé de voir tes parents, proposa-t-il calmement.
Mes parents... Il était inenvisageable que je donne ça comme excuse à Angie et parler d'eux m'était devenu difficile. À mes yeux, j'étais seule, presque sans famille alors devoir inventer un mensonge sur eux, cela m'était impossible.
– Mes parents ? Je crois pas non. En trois ans, je les ai vus deux fois et pas par choix et Angie le sait.
– Je ne sais pas Emily ! Invente quelque chose, mais c'est hors de question. Je n'ai pas besoin que quelqu'un vienne se mêler de mes histoires. Et il y a Tom...
Je le sentais tellement perdu à ce moment-là, comme s'il devait faire un choix...
– Allez viens, on ferait mieux de rentrer.
Il me prit par la main et me ramena à la voiture. Je décidai de dire à Angie que j'avais rendu visite à une vieille connaissance qui passait dans le coin afin de ne pas remettre ça sur le tapis avec Jake.
Arrivés près du campus, il déposa un léger baiser sur mon front et je descendis de la voiture sans un mot.
En entrant dans notre chambre, j'étais soulagée de voir qu'Angie ne s'y trouvait pas. Je rangeai mes affaires, préparai mes cours et me mis sans tarder au lit. J'avais vraiment besoin de repos, mais je savais très bien que j'aurais du mal à m'endormir. Je passai plus de trois heures à tourner dans mon lit. Je comprenais qu'il ne voulait pas que les gens se mêlent de notre histoire, mais il avait l'air d'en faire une fixation et je n'aimais pas ça. Je ne comprenais pas sa réaction, je ne comprenais pas qu'il soit aussi discret, j'avais tellement besoin de lui parler et d'obtenir des réponses.
J'avais très mal dormi cette nuit-là. Pas de cauchemars comme j'ai pu en faire auparavant, mais des réveils trop fréquents. Avec ces sursauts, je ne pus m'empêcher de repasser en boucle dans ma tête la réaction de Jake cet après-midi-là... Il avait peut-être honte d'être avec moi... C'est sur cette dernière pensée que je me rendormais à chaque fois.
Le réveil fut donc très difficile, je traînais au lit, mais il fallait que je sorte pour me changer les idées. Je me préparais rapidement pour aller en classe. Je décidai d'appeler Matt pour prendre un verre avant les cours. Le café était sur le campus, je m'y rendis donc assez rapidement. Il m'attendait déjà avec un chocolat chaud à la main et son éternel déca. J'étais ravie de le voir, car je savais que Matt me permettrait de me faire penser à autre chose.
– Coucou Emily, dit-il en me prenant dans ses bras.
Notre relation s'était vraiment améliorée depuis cette bagarre, je n'étais pas fière de cet événement, mais il ne m'en tenait pas rigueur ce qui me soulagea. Nous nous racontions notre week-end, puis nous parlions de nos enseignements en commun, de nos projets futurs avant d'aller à notre heure de critique de l'art puis à ce cours de théâtre qu'il affectionnait toujours autant. Selon lui, cela me permettrait de mieux gérer mes émotions, lui qui me trouvait trop vive... Il me rappela que pour le moment j'avais réussi à échapper à la distribution des rôles et que cette fois-ci, je ne pourrai pas m'y soustraire, le prof m'avait prévenu la fois précédente.
C'est sur ce rappel que nous nous dirigeâmes vers ce que j'avais surnommé l'heure en enfer.
– Bonjour à tous ! dit monsieur Clark en entrant dans la salle. Aujourd'hui, pour poursuivre le travail effectué durant le cours précédent portant sur la relation amoureuse. Je vais demander à deux de vos camarades de mettre en scène, un moment d'amour. Les deux élèves devront jouer la scène d'un premier rendez-vous et nous analyserons ensuite ce qu'ils ont proposé. Emily vous interpréterez une fille complètement sous le charme de Jeremy, le mauvais garçon du lycée qui sera joué par John.
– Est-ce que je peux prendre le rôle de Jeremy ? proposa Matt en sentant ma gêne à l'idée de devoir jouer ce rôle avec un inconnu.
Malheureusement, monsieur Clark refusa et nous laissa une dizaine de minutes pour nous mettre d'accord sur ce que nous allions présenter. Seul hic c'était que pour John, ce n'était pas un rôle, c'était un vrai connard. Je haïssais ce type à partir du jour où je l'avais rencontré, il était saoul chaque week-end, sautait sur tout ce qui bouge c'était plus fort que lui. Il venait souvent aux soirées de la fraternité jusqu'à ce que Shane le mette à la porte suite à une énième bagarre.
Et pourtant nous voilà devant la classe en train de jouer un premier rendez-vous, une sortie au cinéma. L'enfer ! Je devais faire semblant de regarder un film, assise dans un fauteuil, d'être amoureuse de ce type et de le fixer comme s'il n'y avait que lui au monde. Je devais lui avouer mes sentiments et lui devait se montrer indifférent à ma déclaration. Notre petite saynète se déroulait plutôt bien jusqu'à ce qu'il veuille m'embrasser ce dont nous n'avions absolument pas parlé et il en était hors de question. Il m'attira contre lui, commença à me placer sur lui, m'enlaçant au passage, je tentai de le repousser, mais rien n'y faisait. Je sentais la colère monter. Sa bouche approchait beaucoup trop près de la mienne et je sentis ma main se fermer prête à lui mettre un coup de poing. Heureusement pour moi, Matt intervint en expliquant que la suite était hors sujet, qu'il n'était question ici que de sentiments. Je le remerciai silencieusement, car j'étais à deux doigts de lui coller mon poing à la figure.
Monsieur Clark céda face à la demande de Matt. Chacun retourna à sa place et je lançai un regard noir à John, deux minutes de plus et il était mort. Le prof débriefa enfin sur ce qu'il venait de voir, il avait l'air satisfait de la façon dont nous avions interagi. Je n'en pouvais plus, je n'avais envie que d'une chose m'enfuir et malheureusement le cours était encore loin d'être fini, il restait encore une petite heure. Soixante longues minutes de débat sur les différentes possibilités d'exprimer ses sentiments, sur ce qu'il aurait pu se passer ensuite, sur notre façon d'incarner ce rôle sans se laisser déborder par ce que nous étions au fond. Je fus soulagée lorsque le prof annonça la fin du cours. À la sortie, Matt me prit dans ses bras pour me féliciter.
– Tu vois, tu as su te maîtriser, franchement tu as été top, on aurait presque pu y croire, toi et John, c'était à mourir de rire.
– Mais arrête de te moquer de moi, j'ai essayé de me concentrer au maximum. Franchement j'étais à deux doigts de le frapper devant toute la classe ! lui dis-je en lui donnant un coup sur l'épaule, ce qui nous fit rire de plus belle.
– Bonjour vous deux.
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Nouveau chapitre :)
J'espère qu'il vous a plu !
Comme expliqué dans mon post aujourd'hui, je suis en cours d'écriture sur une autre histoire, alors si ça vous tente, dites-le moi :)
Bisous, bisous!
L.
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