Chapitre 16

La seule chose qui me vint à l'esprit c'est que pour une fois, je ne voulais pas me prendre la tête, j'étais bien avec lui, je ne le connaissais pas vraiment. Il avait un passé dont je ne savais rien, mais une part de moi se disait que seul quelqu'un qui avait vécu quelque chose de compliqué pouvait me comprendre. Il n'avait certainement pas vécu la même chose que moi, mais j'avais envie de croire que ça pouvait marcher...

Soudain, quelqu'un frappa à la porte, ma première pensée fut que Jake avait du oublier quelque chose dans la chambre, je me levai et me précipitai pour ouvrir, toujours le sourire aux lèvres. En apercevant mon interlocuteur, je compris qu'enfiler une vraie tenue aurait dû être ma première idée...

– Ian ? Mais... euh qu'est ce qu'il y a ?

– Je sais pas, j'ai cru entendre du bruit et voir ta porte s'ouvrir donc je venais vérifier que tu allais bien.

– Oui oui, ça ne venait pas d'ici ! mentis-je en essayant de me cacher quelque peu.

On était passé pas loin de la catastrophe, si Ian avait vu Jake sortir de là, ça aurait vraiment mal tourné. Il lui aurait certainement sauté dessus, mis un coup de poing et ça aurait achever notre histoire, avant même qu'elle ne commence réellement et ça je n'étais pas sûre de pouvoir le supporter... Il fallait absolument que je ne me sorte de cette situation, je ne voulais pas qu'il me voie ainsi, ni même rester ici, près de lui. Cet échange me gênait trop, j'étais pour la première fois, mal à l'aise devant lui.

– De toute façon, je vais partir, je m'habille en vitesse et je rentre, encore merci de m'avoir laissé dormir ici, c'était vraiment cool, je te laisse les clefs en bas.

– Pas de soucis, reste autant que tu veux. Ça me rassure de te savoir près de moi.

Je rougis et refusai poliment avant de fermer la porte. Jake avait raison, nous devions essayer d'être discrets, je n'étais pas prête à affronter encore une colère de Ian, ni même celle de Tom. Je m'habillai en vitesse, déposai les clefs en bas et décidai de rentrer tranquillement à pied. Un peu d'air frais ne pouvait pas me faire de mal... En chemin, mon téléphone vibra.

– Allô Jake !

J'étais surexcitée, ravie qu'il m'appelle déjà

– Rebonjour toi, tu es toujours là-bas ?

– Non, je suis en chemin pour rentrer. Tu sais, on a eu beaucoup de chance, Ian nous a entendus ce matin, lui racontai-je sur un ton assez léger.

– J'espère que tu n'as rien dit et que Ian ne t'a pas vu dans la tenue que tu portais quand je t'ai laissé ! murmura-t-il, je ne veux vraiment pas qu'on sache pour nous...

– Euh non, j'ai bien compris que tu ne voulais pas qu'on nous voie ensemble, te taper une traînée c'est pas la meilleure des images pour toi ! vociférai-je.

J'étais sous le choc ! Pour qui me prenait-il ? Comme si j'étais du genre à me pavaner en culotte en public et à crier sur les toits que je dormais avec des inconnus... J'eus une folle envie de lui raccrocher au nez, de lui dire d'aller se faire voir, pourtant je ne pouvais pas. Il ne fallait pas que je m'emporte comme j'avais pu le faire la veille, j'avais promis qu'on essaierait...

– Ce n'est pas ça Emily, tu sais que ce n'est absolument pas ce que je voulais dire ! il reprit aussitôt sans me laisser le temps de répondre. Je n'ai pas envie qu'on te voie dans cette tenue, car je suis un peu... un peu jaloux, vraiment. Je ne veux pas que tu parles de nous parce que je veux que tout se passe au mieux sans que personne vienne interférer dans notre histoire ni créer de conflits. Laisse-nous du temps pour trouver nos marques et créer notre bulle avant de nous montrer aux autres s'il te plaît...

– Excuse-moi d'avoir réagi aussi bêtement j'ai eu peur que tu regrettes ce qui s'est passé hier soir...

– Ce n'est absolument pas le cas, au contraire.

Cette phrase me fit chaud au cœur.

– Je voulais t'appeler pour qu'on puisse essayer de se voir aujourd'hui et surtout s'organiser pour se revoir le plus tôt et aussi souvent que possible, enfin si ça te dit.

Il n'en fallait pas plus pour me faire craquer, il était vraiment très prévenant et attentionné avec moi et ça, j'adorais, je fondais littéralement, je ne pouvais pas lui résister.

– Bien sûr, mais entre Angie et Tom ça va être compliqué pour se voir, je veux dire, on peut se voir ni dans ma chambre ni dans la tienne.

– Déjà, ce soir, on peut squatter l'appart de mon pote, il s'est trouvé quelqu'un donc on peut y aller le week-end donc si tu veux on peut essayer de s'y retrouver. Et en semaine, je passe te voir après ton dernier cours de la matinée. On se fixe en rendez-vous le matin par sms pour pouvoir se voir...

– Ça marche ! Pour aujourd'hui, je te propose sept heures, ce soir devant chez ton ami, j'apporte à manger et toi le film.

– Okay, à ce soir alors !

– À ce soir ! dis-je en raccrochant.

Je devais sûrement avoir l'air d'une idiote à sourire aussi bêtement dans la rue, mais j'étais heureuse. J'aimais sa pointe de jalousie, j'aimais sa délicatesse, j'aimais l'attention qu'il me portait, j'aimais son côté protecteur bref je crois que j'avais vraiment envie d'essayer avec lui. Mais je devais absolument travailler sur mon impulsivité. À défaut de pouvoir lui donner toute ma confiance, je devais contrôler mes peurs, mes émotions avant de tuer notre début d'histoire.

Ce jour-là, je me décidai de me remettre activement au dessin. J'avais commencé en arrivant ici, cette activité me permettait de m'évader, je pouvais m'exprimer sans avoir à chercher les mots justes. Là, je me sentais vraiment très bien et j'avais besoin d'essayer de griffonner ce que je ressentais. Je me mis en tête de le représenter, lui, lui qui m'avait embrassé, lui qui m'avait touché, lui qui s'était seulement endormi auprès de moi... Je le dessinai, lui dans son sommeil, puis nous l'un contre l'autre. Chacun de ses muscles parfaits ressortait bien, je donnai à son visage à un air calme et apaisé. J'étais plutôt satisfaite de mes croquis. Peu de gens les avaient vus pourtant je n'avais reçu que des compliments, je n'étais pas du genre à montrer cet aspect-là de moi. Malgré ce petit moment d'occupation, la journée me parut interminable, mais il était enfin l'heure de le rejoindre. Je me préparais discrètement, mettant quelques vêtements dans mon sac à main, sans éveiller de soupçons auprès d'Angie qui venait de rentrer..

Au moment où je m'apprêtais à passer la porte, je fus retenue par ma colocataire.

– Emy, avant que tu partes, je peux te parler ? murmura-t-elle depuis son lit.

Elle était là, assise en tailleur sur son lit. Elle paraissait si fragile en cet instant. Je reposai mon sac et m'installai à ses côtés enlevant mon manteau. Elle avait besoin de moi et je me devais de lui montrer que j'étais là pour elle.

– Mes parents veulent rencontrer Alex, m'avoua-t-elle.

– Mais c'est une super nouvelle Angie ! Tes parents sont géniaux, Alex est un mec bien. Je vois pas où est le problème ? m'exclamai-je.

J'avais eu la chance de rencontrer ses parents lors de ma première année ici. Je me souvenais de ce que j'avais ressenti en les voyant. Ils étaient tout ce dont on pouvait rêver : attentifs sans être étouffants, prévenants sans être envahissants et surtout aimants. Ils poussaient Angie à réaliser ses rêves, lui laissaient faire ses choix. Ils la conseillaient sans la juger. Je ne comprenais pas la réaction d'Angie, sa crainte. Doutait-elle de son amour pour lui ? De ses parents ?

– Emy, ils veulent qu'on vienne à Cleveland. Et qui dit Cleveland, dit Roxane.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Roxane était sa sœur cadette. Je l'avais surnommée la vipère. Toujours dans l'ombre à distiller son venin pour la blesser. Tout y passait, son physique, ses études, ses goûts vestimentaires. J'avais eu le malheur de croiser son chemin lors d'une de ses seules visites à Angie. En un week-end, elle avait tenté de bourrer sa sœur à une soirée, de lui piquer son copain et de me raconter qu'Angie avait attrapé des MST au lycée à force de coucher à droite à gauche. Elle avait omis un détail, ma loyauté. Ce dimanche-là, je l'avais traîné de force en dehors de notre chambre et menacé de ne plus jamais remettre les pieds chez nous.

– Angie, je sais que tu imagines le pire des scénarios. Alex n'est pas Andrew et tu n'es plus cette jeune fille de dix-huit ans. Tu es une femme remarquable, belle, douce, intelligente. Et il y a une chose que tu as oubliée, Alex t'aime, affirmai-je en lui prenant les mains.

Il y a quelques années, la vipère avait volé le petit-ami de sa sœur. Angie les avait retrouvés tous les deux sur le canapé du salon et ils ne jouaient pas aux cartes. C'est cette nuit-là qu'elle avait décidé de venir faire ses études ici, sans donner de raison à ses parents.

– J'ai peur...

– Ne crains rien. Explique tout à Alex. Il est à l'écoute. Et au moindre souci, je débarque ! Je vais lui faire bouffer ses faux cils à la vipère, clamai-je le poing en l'air.

Elle me prit dans ses bras et me remercia. Elle se leva, me tendit ma veste et me fit un clin d'œil. Je rassemblais mes affaires, prête à partir. Au moment d'ouvrir la porte, je lâchai un dernier mot :

– Angie, ne doute jamais de toi. Tu es quelqu'un de formidable.

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Coucou :)
J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu.
On en apprend un peu sur notre petite Angie. Qu'en pensez-vous?

Je remercie, vous qui chaque jour me motivez à écrire ! Merci à tous pour vos votes, vos commentaires, vos messages et merci à tous les lecteurs fantômes :)

Un merci particulier à Zaheis, Jeanne bio, weeknoi, SosoChamcham, nadoutbts, lou_nckbp, Alphy Mimi, Laureen_tlle et teenagebabex.
Des bisous !
L.

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